Fleur noire
Auteur : Kim Young-ha
Editeur : Éditions Philippe Picquier, coll. Poche
394 Pages
« La tête enfoncée sous l’eau, au milieu des plantes aquatiques ondulantes du marais, I-jeong vit une multitude d’images défiler devant ses yeux, des scènes qui s’étaient déroulées dans le port de Chemulpo, des épisodes qu’il croyait avoir oubliés depuis longtemps ». Il y a des romans dont la première phrase vous dit que ce qui va suivre vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. Fleur noire , récit épique de l’aventure vécue par un millier de Coréens au début du XXe siècle, en fait partie.
S’inspirant d’une histoire vraie, Kim Young-ha nous raconte l’émigration de ce groupe d’hommes, de femmes et d’enfants qui quittèrent leur pays, alors en train de passer sous la coupe du Japon, pour s’installer au Mexique où ils espéraient pouvoir s’enrichir par leur travail. Se trouvaient parmi eux des paysans, des soldats, des voleurs, des pêcheurs et même des nobles.
L’auteur nous fait suivre le parcours de quelques-uns d’entre eux tout au long d’une saga pleine de rebondissements. On monte avec eux sur le cargo Ilford, on découvre en leur compagnie le Mexique dont ils ignorent tout, on partage leurs souffrances dans les haciendas du Yucatan où, devenus de quasi esclaves, ils coupent des plants de henequen (ou sisal), sorte d’agave aux feuilles tranchantes qui donne une fibre très résistante. Que deviendront-ils ? Ne gâchons pas le plaisir que vous prendrez à la lecture de ce roman, mais disons que certains personnages vont se révolter, d’autres trahir leurs proches, d’autres encore parviendront à trouver leur place dans la société mexicaine…
Au deux tiers de l’ouvrage, le souffle de l’aventure devient tornade car Kim Young-ha plonge plusieurs de ses héros dans les combats de la révolution mexicaine puis nous fait suivre un groupe de mercenaires dans la jungle guatémaltèque où, engagés dans une nouvelle guerre civile, ces soldats perdus tentent d’établir un État coréen autonome sur la rive du lac Petén, près des pyramides de Tikal…
Texte : Michel Doussot
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