Laos du Sud, au pays du slow travel
Tel David contre Goliath, le Laos résiste héroïquement à l’emballement contemporain de nos existences. S’y presser serait gâcher une précieuse opportunité : profiter d’un pays naturellement « slow travel », ce style de voyage lent dont on parle tant.
Entre la capitale Vientiane et le Cambodge, la partie méridionale du pays s’avère un terrain idéal pour booster l’effet d’une « cure Laos ».
En bus, triporteur, à moto, voire à vélo pour les plus courageux, cap vers les dentelles et moutonnements de pierre à l’infini, les falaises couvertes de jungle d’où explosent les cascades, les villages ethniques encerclant les maisons des esprits.
À travers son catalogue de petites et grandes expériences, le Sud du Laos se conjugue à merveille avec un phénomène particulièrement présent en Asie-du Sud-Est : le renouveau de l’esprit routard, sous l’influence d’un « Slow Power » pour tous, de 7 à 77 ans, où les idéaux éco et solidaire auraient remplacé les expérimentations Flower Power des 60-70’s.
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- Un Laos entre Mékong et montagnes
- Thakhek, Savannakhet, Paksé : mélancolies urbaines
- La « boucle de Thakhek » ou le temps de l’aventure
- Excursion sur le plateau des Bolovens
- La café, or noir des Bolovens
- Villages et tissages ethniques
- Champassak, le royaume assoupi
- Le Wat Phu, ancêtre d’Angkor
- Les 4000 îles, entre farniente et distractions
- Fiche pratique
Un Laos entre Mékong et montagnes
800 km jusqu’à la frontière cambodgienne
Le Mékong est bien navigable de Savannakhet au Triangle d’Or et de Paksé aux 4 000 îles. Il a toutefois abandonné son rôle d’artère névralgique à la vaillante Nationale 13, parallèle à son cours mais à quelques kilomètres à l’intérieur des terres.
De nos jours, il se contente de tracer le rivage des vallées méridionales du Laos, qui s’étalent vers l’est selon le bon vouloir de la chaîne annamitique et les incursions des plateaux et hérissements karstiques.
S’égrènent, le long de cette côte, la modeste mais coquette Thakhek, puis sa grande sœur coloniale, nostalgique de son « âge d’or d’avant le pont », Savannakhet. Plus loin, s’impose la dynamique Paksé, précédant Champassak, l’ancienne capitale du grand sud et son talisman, le temple-montagne Wat Phu.
À la frontière, la langueur labyrinthique des 4 000 îles retient le plaisir au maximum avant de s’abandonner aux violents coups de boutoirs des chutes et rapides de Khone.
Dans l’arrière-pays
Vers l’est, l’arrière-pays se drape d’un mystère grandissant, à mesure qu’il gravit les reliefs torturés des montagnes. Seuls quelques itinéraires y pénètrent facilement.
La « boucle de Thakhek » a pour points d’orgue de remarquables formations karstiques, une rivière souterraine et des sections sauvages. Depuis Paksé, les circumnavigations du plateau des Bolovens, rapidement accessibles, crayonnent de riches terres rouges, célèbres pour leurs ethnies, cascades, plantations de café et leur fraîcheur (altitude moyenne 1 000 m).
Il reste les recoins peu documentés des provinces de Sekong, Salavan et Attopeu, autrefois empruntés par la piste Ho Chi Minh – les districts de Ta-Oy, Samouy ou l’étrange plateau de Dak Cheung par exemple – : tous attendent les voyageurs expérimentés, épris d’exploration.
Thakhek, Savannakhet, Paksé : mélancolies urbaines
Thakhek
Thakhek (« Le quai des visiteurs ») inspira à Jean Hougron la fictive Takvane du roman « Tu récolteras la tempête », où il dépeint sans fard la vie des colons.
Sur le puits de la place centrale, des bâtonnets d’encens veillent les victimes d’un massacre perpétré par l’Armée Française en 1946. Aujourd’hui, de pacifiques farangs (étrangers) s’abandonnent aux charmes du quadrillage sino-colonial de la ville.
Pas besoin d’appli, les photos des berges s’optimisent à chaque coucher de soleil : brochettes et bière fraîche, tables négligemment jetées sur le quai ou terrasses plus apprêtées, ombrelles et motocyclettes, accessoires de timides amoureux...
Dans cette atmosphère, un train reliant Singapour à Pékin via Thakhek tient du mirage ! Pourtant, un pont sur la Nam Done rappelle ce projet abandonné dans les années 30, mais récemment ressorti des cartons, pour lequel l’un des plus grands téléphériques mondiaux fut construit au col de Mu Gia (frontière vietnamienne).
Savannakhet
200 km au sud, commandant la plus grande plaine du pays, Savannakhet fut élue capitale régionale par les Français. Mais en 1997, le « Pont de l’Amitié 2 », construit 6 km au nord, a plongé la vieille ville dans le sommeil, ce qui accéléra l’abandon de la plus belle collection d’architecture coloniale à 500 km à la ronde.
Nombre de « compartiments » à colonnades, de villas et bâtiments Art Déco voire modernistes se résignent à leur sort. Fatalités asiatiques.Ou presque ! Puisque la centenaire église « vietnamienne » rougit encore comme une demoiselle au coucher du soleil. Elle veille obstinément sur la place Talat Yen, fidèle à son plan original.
Non loin, Lin Cafe et ses « carreaux béton » années 30 sert d’office de tourisme et de vitrine à ce patrimoine en péril.
Paksé
250 km en amont, Paksé fut développée par les Français pour contrôler l’immersion complète du Mékong dans le grand sud, protégeant Champassak, le Wat Phu et les 4000 Îles de l’appétit siamois.
Quasi détruite lors de la guerre du Vietnam, la ville se consacre plus à son boom économique et touristique qu’à son patrimoine. Porte d’entrée privilégiée du pays, elle offre un bon choix d’hébergements, restos et services. En fin de journée, filez vers les guinguettes du Mékong.
La « boucle de Thakhek » ou le temps de l’aventure
Sur la piste Ho Chi Minh
Voie de ravitaillement Viet Cong, la piste Ho Chi Minh (plutôt un réseau qu’une seule voie) filait nord-sud à travers les terres montagneuses du sud-est laotien. Pour la couper, les Américains larguèrent autant de bombes que les Alliés sur l’Europe pendant la Deuxième Guerre mondiale. Sans succès !
Cet axe n’étant pas encore réhabilité, il faut réaliser des itinéraires circulaires depuis la plaine. Ample et exaltante, la « boucle de Thakhek » (450 km moins les digressions) est très populaire. Les tuyaux s’échangent entre voyageurs, les plans sont fiévreusement annotés.
Synonyme de liberté, la location de petites motos ne contredit pas le « slow travel » - terrain, monture et prudence de rigueur n’incitent guère aux excès de vitesse -, mais compense la quasi absence de transport public.
Forêt de pierre, grottes et jungle
Dans le sens des aiguilles d’une montre, une longue remontée de la N 13 vers Vieng Kham précède la bifurcation vers l’intérieur. Rapidement, une spectaculaire forêt de pierre se referme sur les lacets.
40 km plus loin, l’aller-retour de 80 km vers la grotte de Kong Lor est impératif. Les pirogues glissent sur une rivière souterraine longue de 7,5 km avant d’émerger dans une vallée perdue. Un tour de passe-passe dont la piste Ho Chi Minh sut tirer profit... Protégée par ses murailles calcaires, la campagne reste verte toute l’année. De dépaysantes pensions familiales invitent à prolonger le plaisir.
Revenu sur la route, en contrebas du pont de Tha Bak, des réservoirs de carburants aériens ont été convertis en pirogues effilées. Rappel insolite de l’Histoire et balade possible.
Après Laksao, ville sans intérêt, une longue montée à travers jungle débouche sur le plateau du gigantesque réservoir du barrage Nam Theun II. Pistes caillouteuses, squelettes d’arbres noyés, brrr...
Redescendu dans la vallée, le panorama des karsts de Khammouane se déroule de Mahaxai jusqu’à Thakhek. Les formations calcaires dissimulent des vals secrets et une collection de grottes. Proches de la route et aménagées, ou recluses au bout des pistes, elles font l’objet de dévotions. En 2004, un villageois découvre plus de 200 bouddhas antiques à Tam Pa Fa.
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Excursion sur le plateau des Bolovens
Sur les terres rouges d’Indochine
50 km à l’est de Paksé, s’esquisse le grand ovale d’environ 1000 km² du plateau des Bolovens. Ses fameuses terres rouges sont nées de la décomposition de coulées de lave, vieilles de 500 000 ans.
Avec les proches régions de Kantum (Vietnam) et du Rattanakiri (Cambodge), les Bolovens appartiennent aux « terres rouges d’Indochine », une communauté géologique renforcée par la parenté des ethnies, chassées des plaines par les Khmer, Viet et Lao.
Fin XIXe s, le rouge des terres échauffe les esprits des premiers colons. Ils y voient un signe de fertilité du sol, voire de présence d’or. L’excentrique toulonnais Mayréna mystifie le peuple Sédang, s’autoproclame roi Marie Ier de cette nouvelle Terre promise, puis finance ses errances grandiloquentes à Saigon et Paris en vendant les titres de noblesse de son royaume d’opérette !
Combinée aux bleus et verts fondamentaux du ciel et des forêts, reconnaissons à cette terre un caractère paradisiaque, amplifié par la fraicheur et les précipitations apportées par l’altitude moyenne de 1.000 m. Idéal pour les cultures mais aussi pour les voyageurs, surtout en saison sèche...
Comment explorer les Bolovens ?
Deux boucles d’explorations s’interconnectent sur le plateau. Au choix : 200 ou 300 km, soit de 2 à 4j. (ou plus), pour l’essentiel réalisable en transport public, ou évidemment à 2 roues.
Jaillissant des lèvres et canyons du plateau, les multiples cascades servent d’attraction aux 2 zones de résidence les plus connues: Tad Lo et Paksong-Tad Fan. Au programme : observation, baignade et randonnée ; bonus villages pour la 1ère, grand spectacle pour la 2e.
Proche de l’extrémité Est de la grande boucle, Katamtok dispute à Tad Fan la barre des 120 m. Non loin, une piste mène à Tad Tayicsua et ses 7 cascades, véritable jardin d’éden. En surplomb, un lodge s’apprête à croquer la pomme.
L’atmosphère ethnique du plateau, le côté Far West des comptoirs de Paksong et Thateng alimentent le dépaysement. Les engagements solidaires et bio de certaines plantations et home stays apportent leur caution éthique.
La café, or noir des Bolovens
Un café de qualité
Au sommet du garde-manger laotien, le plateau des Bolovens agrémente le riz des plaines de ses patates douces, choux, ramboutans, entre autres fruits et légumes.
Ses particularités géologiques et climatiques encouragèrent la plantation du café. 1e tentative en 1915, 1e récolte en 1930. La production atteint rapidement 5000 t/an, l’Eldorado se rêve en noir. Presque à l’arrêt suite aux guerres d’Indochine, elle est remontée 20 000 t/an.
L’accent a été mis sur la qualité, avec l’amélioration des techniques et l’augmentation de la production d’arabica (le caféier le plus petit, environ 2 m de haut), grâce à la sélection de variétés plus résistantes et productives. Ne boudons pas le robusta pour autant, adouci par l’altitude des Bolovens.
Où goûter au café des Bolovens ?
Principalement produit familialement, sur de petites surfaces (moy. 3 ha), le café se marie très bien au tourisme sur le plateau, motivant dégustations et visites (récoltes nov- mars).
On le goûte et l’achète un peu partout : au Sala Bolaven Shop, à 12 km de Paksé ; à proximité des cascades, comme à Tad Fan chez Koffie’s ; dans les hébergements, chez le producteur. Mention spéciale à Mr Vieng’s Katou Home Stay (chambre chez l’habitant) à Ban Houay Houn, quelques km avant Tad Lo. À Paksong, les barista de Jhai-JCFC animent un sympathique café-boutique, doté de tout l’arsenal nécessaire pour tirer le meilleur de leurs moutures.
Supportée par l’AFD (Agence Française de Développement), la coopérative CPC (N 13, km 2, sud de Paksé) rassemble aujourd’hui 2000 familles dans plus de 50 villages autour de la production d’un café certifié équitable et bio. En saison, organisation de visites très intéressantes.
Moins délicat à cultiver, le thé pousse également très bien sur le plateau. De même pour le murier à soie, dont on tire un breuvage parfumé (Mulberry Tea) sans théine ni caféine mais plein de vertus pour la santé, comme le prouve la vitalité des vers tisserands...
Villages et tissages ethniques
Des traditions et un mode de vie préservés
Boloven vient de « Laven », l’ethnie majoritaire du plateau. Les provinces de Saravan et Sekong comptent plus de 15 groupes ethniques différents. Ceux que les Français appelèrent « Montagnards » sont dorénavant classés dans le groupe « Lao Theung ».
Relatif aux Bolovens mais bien réel vers la frontière vietnamienne, l’isolement a favorisé le maintien de coutumes et croyances animistes, largement disparues ailleurs.
Le plateau compte de nombreux villages, juste au bord de la route ou rejoints par des pistes. Certains font joliment cercle autour de leurs maisons des esprits. Malgré modestie et faible nombre, les frises sculptées et totems entraînent l’inconscient vers d’autres rivages. Bornéo, Papouasie...
Une retenue de principe dans le comportement et l’habillement s’impose lors des visites. Ce n’est pas la plage malgré les cascades voisines, ni une chasse photographique. À certaines périodes, les villages peuvent être fermés aux étrangers, un fait difficile à discerner sans l’aide d’un guide. Si vous percevez une gêne, rebroussez chemin humblement, on ne vous en voudra pas.
Les villages à visiter
Quelques suggestions : Ban Kok Boun Tai, entre Tad Lo et Thateng ; 17 km plus loin sur la route de Sekong, Ban Kandone Village, via 4 km de piste ; les villages autour de Tad Lo (belles randos) et bien d’autres au gré de la route, parfois indiqués par un panneau.
Si les coutumes de se tatouer le visage, porter de lourdes boucles d’oreilles ou fumer la pipe à eau dès le plus jeune âge disparaissent, la tradition du tissage demeure très forte.
Quelques km avant Tad Lo, la maison des esprits sert de show-room à Ban Houay Houn, le plus connu et accessible village de tisserandes. Les mat mee ou ikat (fils de la trame teintés avant le tissage) sont réalisés à l’aide d’un simple métier fixé à la hanche.
Dans le district de Toumlan (48 km de Saravan, route 23), les Katang tissent coton et soie sur des métiers classiques ou parfois verticaux et d’une complexité effarante. Lors de l’excursion, ne manquez pas Ban Heuan Nyao (2 km au sud de Toumlan) et sa maison de 40 m de long. Autrefois, une vingtaine de demeures s’étiraient jusqu’à 100 m.
Champassak, le royaume assoupi
Quand le Mékong devient immobile…
De Paksé, il ne faut guère plus de 40 mn aujourd’hui pour rejoindre le Wat Phu par la rive droite du Mékong. De nombreux visiteurs font l’excursion à la journée sans s’arrêter à Champassak, à seulement 12 km du sanctuaire. Haletant aux mauvaises heures sur les raides escaliers du temple–montagne, ils reviennent parfois déçus.
Il en va autrement de ceux qui s’imprègnent de cette région si « mekongienne », où le Laos méridional enjambe le fleuve et repousse la frontière thaïlandaise à 50 km.
Dissous dans le ciel blanchi par le soleil, noirci par une pluie de mousson et le métronome des nuits tropicales, le Mékong coule-t-il encore ? Oui, mais il flirte avec l’immobile, comme s’il voulait faire durer le plaisir, avant la séparation orageuse des 4 000 îles.
A la recherche du temps perdu
Le projecteur du temps ralentit de même et s’attarde sur les célèbres dessins de Louis Delaporte, réalisés pendant la mission du Mékong (1866-1868) de Doudart de Lagrée-Francis Garnier. Ils réveillent les souvenirs de l’ancien Royaume de Champassak où nos explorateurs, vaincus par les chutes du Mékong, récupèrent physiquement et moralement.
Fascinés par le goût de la population pour les festivités, ils n’y trouveront pas le temps long, bien au contraire. Quand des hommes aussi pressés apprécient la pause, quelque magie doit forcément émaner des lieux....
Le présent n’a pas chamboulé Champassak. Un embryon de rond-point pour toute complication, compter les écoliers à vélo, deux demeures colonialo-royales rougies par la poussière, un verre en terrasse sur le fleuve, la gaieté communicative d’un boun (fête lao) de mamies déchainées.
Les traditions sont préservées par la remarquable Association du Théâtre d’Ombres de Champassak. En alternance, 15 artistes animent l’histoire de Phralak et Phralam, un extrait du Ramayana est passé à la moulinette du burlesque lao, et un film muet « Chang », tourné en 1924 dans la jungle laotienne par le réalisateur de King Kong, est présenté au public.
Le Wat Phu, ancêtre d’Angkor
Un grand sanctuaire khmer
« Phu » signifie montagne, « Wat » temple. Comme aux sanctuaires khmers du Phanom Rung (Thaïlande) et du Preah Vihar (Cambodge), l’installation en pente du Wat Phu symbolise le Mont Meru, axe du monde et demeure des dieux.
Mais le Wat Phu (Unesco) ne coiffe pas une élévation comme ses pairs : il fait preuve d’une retenue supplémentaire en demeurant le serviteur du mont Phu Kao sur lequel il s’appuie.
1400 m d’altitude (l’absence de piémont est trompeuse), une forme évoquant un lingam (symbole phallique) et la proximité du grand fleuve... Quand des brahmanes découvrent ce site il y a environ 2000 ans, la construction d’un temple s’impose pour cultiver ces magiques auspices.
Les traces écrites de l’histoire régionale remontent au Ve s, celui de Sresthapura, l’une des plus anciennes villes d’Asie du Sud-Est, enfouie entre Champassak et le Wat Phu.
Visiter le Wat Phu
Amateurs de sites au superlatif, préparez-vous mentalement. Le Wat Phu impressionne au moins autant pour son cadre et son atmosphère que pour l’impact visuel de son bâti. Ce n’est ni Angkor Vat, ni le Bayon. Les vestiges actuels datent des X-XIIe s (époque angkorienne) peu avant la conversion des lieux au bouddhisme.
L’orientation est-ouest définit l’heure idéale de visite, matinale. Encadrée de deux grands réservoirs (baray) où aime s’ébrouer le bétail, l’allée centrale mène à deux temples symétriques. Il sont encore ornés de plusieurs linteaux sculptés de mythes hindous, de fausses portes et fenêtres à balustre.
Au-delà, de raides escaliers à moitié écroulés, embrassés par de superbes frangipaniers grimpent vers le sanctuaire. Dissimulé aux regards jusqu’au dernier moment par un écran de verdure, il se révèle cruciforme, richement sculpté et « chargé ».
Les férus de magnétisme, se régaleront de ses alentours : source sacrée, pierres étranges, témoins de bonnes ou sinistres cérémonies, sculptées de trinités, d’éléphants...
Les 4000 îles, entre farniente et distractions
Un monde amphibie
À l’extrémité méridionale du Laos, les 4000 îles (Siphandone) concluent parfaitement le voyage.
Le Mékong se mue en grand lac (50 km de long sur 14 max) semé d’îles et bordé de chutes et rapides spectaculaires. Un monde amphibie, parcouru en barques motorisées, kayak, à vélo ou à pied. Une terre de relaxation où pousse le hamac, mais avec des distractions à portée de main.
Trois îles à visiter
3 îles se partagent les visiteurs : Don Khong, la plus grande (env 150 km2) mais un peu éloignée, avec ses villages et temples; Don Det, la plus « backpacker », un peu bondée et, reliée à elle par l’ancien pont du train; enfin, Don Khône, selon nous le meilleur compromis.
S’étendant sur 15 km, les chutes de Khone se réduisent parfois à de simples bouillonnements et toboggans. Leur à-pic maximum est de 20 m. Pourtant, elles brassent annuellement 4 fois plus d’eau que le Niagara et comptent 2 sections particulièrement spectaculaires !
Au sud de Don Khône, la belle et sauvage Liphi retient les épaves, d’où son nom lao de « nasse aux fantômes ». À l’est, accessible par la terre ferme, Phapeng est la plus puissante, des pêcheurs équilibristes la tutoient au péril de leurs vies.
Démantelée, la voie métrique de 7 km parcourant Don Khong et Don Det fut le 1er train du Laos. Et le demeure, à part les 3,5 km du Pont de l’Amitié... Système de transbordement permettant aux passagers et marchandises des bateaux de franchir les chutes, elle incarne une vaine revanche prise sur un rêve brisé : atteindre la Chine par voie fluviale. En service de 1897 à 1940, elle ne sera jamais profitable.
Un site menacé ?
Ban Hang Khône, l’ancien quai sud du train (loco, panneaux explicatifs) est à la saison sèche un bon spot pour observer les derniers dauphins d’eau douce (dit de l’Irrawaddy).
Mais leur survie, tout comme celle, économique, de millions de riverains du Mékong est dorénavant menacée par un projet dramatique : un barrage à l’entrée du chenal de Don Sahong. Que représente la modeste production envisagée (260 MW) par rapport aux menaces potentielles sur la voie migratoire prioritaire des poissons à travers les chutes ?
Il y a 10 ans, un projet de dynamitage pour ouvrir la navigation a été abandonné, croisons les doigts pour qu’il en soit de même.
Fiche pratique
Consulter notre guide en ligne Laos
Comment y aller ?
Aérien
Aéroports internationaux : Vientiane, Luang Prabang (surtout), Paksé et Savannakhet (qques vols slt vers villes régionales). Les vols transitent le plus souvent par Bangkok ou le Vietnam.
Bus/Route
- Routes dorénavant honorables sur beaucoup d’axes principaux et quelques secondaires. Attention : dans les recoins du pays (notamment vers l’est), une nationale indiquée sur un plan peut se résumer à une piste, oubliée depuis l’époque coloniale.
- Le sud du pays s’étire sur plus de 900 km : attention aux durées de voyage ! Comptez en moyenne 50 km/h, parfois moins...
- Depuis Vientiane: Kong Lor (village et grotte), 350 km ; Thakhek, 360 km; Savannakhet, 483 km; Paksé, 736 km ; Champassak, 771 km ; Don Khong, 880 km. Bus couchettes sur la Route 13.
- Transport vers/sur le plateau des Bolovens : nombreuses liaisons/j. jusqu’à 16h env entre Paksé et Paksong (env 1h30 de route), Thateng, Sékong et Saravane. Mais aller d’un site à un autre s’avère souvent problématique ou cher (chartérisation nécessaire), d’autant plus sur la grande boucle. L’idéal : louer une moto.
- Boucle de Thakhek/ Kong Lor : pour Kong Lor bus directs ou songthaew depuis Vieng Kham sur la rte 13 via Ban Nahin. Service aussi vers Lak Sao, mais pour faire la boucle, il est quasi impératif de louer une moto.
Bateau
Plus de navigation régulière dans le sud du pays. Paksé/ Champassak/ 4000 Îles : des hôtels et agences privées peuvent affréter des bateaux. Cat. luxe, voir : Vat Phou Cruises www.vatphou.com
Location de vélo et petites motos
Respectivement à partir de 1,5 et 5 €, selon modèles et durée de loc. Consulter « Le Routard » pour les meilleures adresses et les conseils dans «Transport- Vélos et motos ».
Frontières terrestres du sud Laos (en partant de Vientiane)
- Depuis la Thaïlande : Nakhom Phanom/Thakhek, Pont de l’Amitié III, sur le Mékong ; Mukdahan/Savannakhet, pont de l’Amitié II ; Chong Mek (Ubon Ratchatani)/Vangtao (Paksé), bus internationaux depuis Ubon (env 200 HB, 3h de trajet).
- Depuis le Vietnam, postes les plus pratiques : Cau Tréo/ Nam Phao, pour Vinh-Thakhek notamment (200 km en tt) et Lão Bao/Dan Savan, pour Hoi An/Hue/Danang-Savannakhet/Paksé, bus tlj dans les 2 sens (Savannakhet-Hué 410 km, env 12h de rte).
- Depuis le Cambodge : Trapaeng Kriel (au nord de Stung Streng)/Veun Kham ( « 4 000 Îles »). Liaisons entre toutes les villes cambodgiennes et Paksé, via les 4000 Îles.
Attention : côté laotien, infos fantaisistes sur les durées de voyage + surcoût de 5$ mini si on confie son passeport à la compagnie. Phnom Penh-Paksé : env 13h de trajet (étape à Kratie ou Kampong Cham judicieuse et justifiée...).
Depuis Siem Reap, choisir les vans empruntant la nouvelle route filant vers Stung Treng ( env 11h de route ; voir : asiavantransfer.com).
Argent, téléphone, Internet
Les distributeurs de billets (ATM) fleurissent un peu partout, jusqu’au village de Tad Lo, c’est dire ! Pour changer des espèces, préférer les changeurs aux banques (meilleurs taux et horaires).
Comme ailleurs en Asie du Sud-Est, une carte SIM avec un forfait de datas mobiles (renouvelable par ticket recharge ; 2015, SIM Unitel avec 750 Mb, 1,5 € !) complète idéalement le wifi (dans quasi tous les hébergements ; gratuit sinon boycott !).
Adresses
Thakhek :
- Phonepadidh Guesthouse (020-56726111) : rue Vientiane, à 500 m du Mékong. Peu de charme mais bien tenu. Dble avec sdb à partir de 10 €.
- Restos et gargotes des berges du Mékong : les meilleurs se trouvent au nord de la place de la fontaine.
Boucle de Thakhek
- Konglor : 2 km avt l’entrée, plusieurs adresses sympas: Kounmee Restaurant, Chanta House ou Xokxay Guesthouse. 5-10 € la dble et 2-4 € les plats.
- Green Climber’s Home : à 12 km de Thakhek, panneau sur la droite. Ouv oct-mai. Centre d’escalade dans un superbe paysage karstique. Voies : 12 à 40 m de long, niveau 3 à 8B. Management occidental. Hébergement, bar-resto.
-Sabaidee Guesthouse (020-554-299-50): village de Thalang, proche du pont sur la Nam Theun. Le patron se débrouille en français. Grand pavillon resto, bonne cuisine. Dble ds bungalow rustiques avec sdb, env 6 €.
Savannakhet
- Leena Guesthouse : 500 m à l’est de la place Talat Yen. Carrelages colorés omniprésents, resto dans un pavillon. Dble env 5 €.
- Lin’s Café : nord-ouest de Talat Yen. Sert d’annexe à l’Office de Tourisme et de rdv des voyageurs de la ville. Carreaux-béton, mobilier vintage, expo patrimoniale au 1er. Plats occidentaux, desserts (2-8 €).
Paksé
- Nang Noi GH (0309562544 ; bounthong1978@hotmail.com ) : rue 5. Un bon rapport qualité-prix dans cette catégorie. Dortoir 4 €, chambre 8-20 €
- Sabaidee 2 : rue 24. Guesthouse routarde historique où on apprécie les belles chambres du bâtiment arrière (architecture traditionnelle, loggia) et le petit bar-resto de la cour, propice aux conversations entre voyageurs. Par contre, éviter les dortoirs et chambres budget sauf rénov-coup de peinture avant votre venue.. Dble (bâtiment arrière), 11-14 €.
- Alisa Guesthouse : confortable et bien tenu. Dble avec sdb à partir de 15 €.
- Paksé Hotel : bravo à ce petit hôtel indépendant et soigné, au sud du marché central. Excellent accueil, Français parlé, organisation d’excursions. 5 cat. de dbles, env 25-50 €, bon et généreux déj inclus. Sur le toit-terrasse avec vue sur le Mékong, le Panorama : excellentes spécialités asiatiques et occidentales (bonnes viandes). Bien aussi pour l’apéro. 16h30-23h30 (resto jusqu’à 22h) plats 2,5-8 €.
- Daolin Restaurant : angle des rues 13 et 24. Terrasse simple mais soignée, comme la cuisine. Grand choix de pâtes et tous les classiques lao-thaïs. Shakes délicieux. Plats 2-6 €.
- La Terrasse : rue 24, sous un auvent, à un angle. Plats lao et quelques occidentaux dont du magret de canard. Toutes boissons, même du lao lao arrangé ! Ambiance souvent festive, rdv de francophones. Plats 2-7 €
- Stands, gargotes et restos des berges du Mékong : à la parution de ce reportage, l’incertitude demeure quant au futur des berges, entièrement démolies courant 2015. Promenades et espaces verts, buvettes et commerces ou pas ? À suivre et... à voir !
Plateau des Bolovens
- Tad Fan Resort : route 23, km 38. En surplomb des chutes. Resto et « Mr Koffie », spécialiste du... café. Bâtisses de plain-pied en bois sur pilotis et avec terrasse. Pas de vue sur Tad Fan en fait, mais site plaisant. Dble à partir de 40 $.
- Tad Lo Lodge (034-21-18-89 ; souriyavincent@yahoo.com) : village de Tad Lo, au bord de la cascade. Jolie terrasse-resto avec vue. Balades à dos d’éléphants. De l’autre côté des flots, un super plan : chalets à partir de 20 $, autres dbles, à partir de 40 $.
- Homestays du village de Tad Lo : hébergements +/- rustiques, prix plancher (5-6 €) et, souvent, table d’hôtes au dîner, aux Sabai Sabai, Mama Pap, Chomp, Parami. Mention spéciale au Fandee : espace commun super mimi, petits bungalows dans le jardin, cafés, shake et sandwiches super, accueil tip-top.
- Katu-Mr. Vieng Homestay : à 60 km de Paksé, sur la rte de Tad Lo. Cafés préparés façon moka. S’y arrêter même sans y loger! Visite de plantation possible en saison. 3 lits dbles à l’étage, 2 € /pers et 1,5 €/repas.
- Sinouk Garden : à 6 km de Thateng, sur la route de Paksong. Plantation magnifique dans un site enchanteur. Pause idéale. Bar-resto, magasin
- Platinum : « grande boucle », village de Ban Nong Oy (proche des chutes de Tad Tayicseua, direction Paksong). Dble avec sdb 8-10 € + poignée de chambres budget à l’arrière ( 5 €). Bon resto vietnamien pas loin.
- Savanna (0205790613) : Paksong, au nord du marché. Bonne adresse, en face d’un resto typique, le Phaivanh, où il vaut mieux ne pas abuser de la gnôle « médicinale » du patron Dble :8-10€.;
- Tayic Seua Lodge (02099837777) : au-dessus des plus belles chutes des « Bolos ». Nécessaire couchage fourni, installation dans le grand pavillon ou de petits chalets rustiques alentours. Espérons que les travaux en cours ne ruineront pas le site. 3 €/pers, plats, env 2 €.
- A Salavan : Jindavone Guesthouse (034211065), centre-ville (vers le marché) ou Sinsamay Hotel (0205548054), proche de la gare routière : dbles à partir de 8 €. Ladda Cafe, cabanon-café pittoresque.
- A Sekong : Pixaxay Guesthouse (038-211-271) : rte d’Attopeu. Petit resto-bar viet attaché. Dble 6-10 €. Hongkham Hotel : rue principale. Dble à partir de 15 € simili petit-déj inclus. Khamting Restaurant : en face du Sékong Hotel (proche de la rivière). Carte pléthorique, anglicisée avec humour. Bons plats « sino- lao-viet ».
Champassak et Don Daeng
-Kamphouy Guesthouse (020-22279922): au sud du rd-point. Café et thé gratuit. Chambres dans la maison (salle commune plaisante) ou le bâtiment de plain-pied. Dble 4-7 €.
- Anouxa GH (21-32-72): 1 km au nord du 1er rond-point, côté Mékong. Bungalows ou chambres en dur, avec petite terrasse privée sur le fleuve. Joli jardin, bon resto lao. Dble 7-20 €.
- Inthira Champanakhone : au sud du rond-point. Belle conversion de demeures coloniales et annexes modernes sur la rivière. Bon confort et déco soignée. Resto charmant au rdc et à l’étage avec balcon à colonnade. Dble, compter 35-60 $, petit déj compris.
- Terrasses au bord du Mékong : pour les rêveries fluviales, on a le choix à Champassak.
-Homestays : île de Don Daeng, village de Hua Don Daeng (pointe nord de l’île, là où on débarque). Compter 2,5 € /pers, petit dej compris et idem pour chaque repas. Chambres chez l’habitant, confort rustique pour un dépaysement assuré.
- La Folie Lodge : Don Daeng. Vue sur le Mékong omniprésente depuis l’établissement. 12 bungalows bi-chambres, construction traditionnelle avec terrasse. Resto proche de la belle piscine. Plats asiatiques et occidentaux. Dble, compter 90-170 $, petit déj compris.
4000 Îles : Don Khong (village de Muang Khong)
- Don Khong Guesthouse (020-220-1777) : balcon et chambres lumineuses au 1er, certaines avec vue sur le fleuve. Un peu daté mais bien tenu. Resto-terrasse typique sur le fleuve. Dble env 6-10 € ; plats 2-4 €.
- Mekong Guesthouse : au sud du village. Maison principale en bois ou villa récente en face du Mékong. Resto et piscine ! Dble, env 13-25 €.
- Pon's Arena : au nord du village. Hôtel moderne et très confortable, de chaque côté de la rue de la berge. Selon vue, dble 35-85 $, petit déj compris
4000 îles : Don Khône et Don Det
- Pakha Guesthouse : Don Khône, au nord du pont (gauche en venant de Don Det). 1er prix dans la bâtisse avec terrasse en surplomb du fleuve ; coté terre, resto sous paillotte et bungalows. Bonne cuisine, accueil familial et francophone. Dble avec sdb 7-10 €.
- Auberge Sala Done Khône et Sala Phae : Don Khône. Chambres dans l’ancien siège des Messageries Maritimes et beau jardin. Autres options : maison laotienne ou... flottante ! Cuisine lao de qualité. Dble avec sdb 40-70 $, petit déj compris.
-Sengaloun Restaurant : au sud du pont. Terrasse parfaite pour un verre au soleil couchant, les yeux dans le Mékong.
- Fleur du Mékong (020-557-216-81) : au-delà de Sengaloun, côté opposé. Belles histoires et bons tuyaux si le patron, guide francophone est là. Madame, cuisinière émérite, prépare de délicieux curries de canard ou de poulet et d’autres plats (2-4 €), aussi bons que généreux.
Festivals, spectacles
- Pleine Lune (Full moon) au Wat Phu : oct, nov, fev et mai (se rens), 18-21h. 4000 lumières arrangées sur les ruines, musique traditionnelle.
- Association du Théâtre d’Ombres de Champassak : Champassak, voisin de l’O.T. Spectacles à 8h30 de 2 fois(mer et sam) à 4 fois par sem. Voir dans le reportage. Absolument recommandé et donation bienvenues !
- Suang Heua : île de Don Khong, village de Muang Khong. Début déc (sem qui suit la fête nat). Course spectaculaire de pirogues et kermesse très animée.
Informations touristiques, divers
- Sites utiles : www.ecotourismlaos.com ; www.provincedechampassak.free.fr/01accueil.htm
- Offices de tourisme : à Thakek tourismkhammouane.org à Savannakhet savannakhetguides2@yahoo.com où Lin’s Café sert d’annexe, Paksé et Champassak www.champasaktourism.com.
- Monument Book : à Paksé, lun-sam 9h-20h (dim 18h). Seule librairie internationale du sud Laos. Cartes postales, ouvrages touristiques, romans et beaux livres. Petite sélection en français.
- Green Discovery : Paksé, rue 10. Antenne locale d’une agence très pro, orientée écotourisme. Pas donné, forcément
- Noy Moto : Paksé, Noy ou Yves fournissent un plan à jour et des conseils éclairés à ceux qui viennent louer une moto chez eux.
- Dragon massage (020-95804425) : Paksé, Ban Phonxay. Cpter 4-7 € pour 1h. Bien après la boucle à moto...
Texte : Dominique Roland