Laos : Luang Prabang, un bijou sur le Mékong
Visiter Luang Prabang : que voir, que faire ?
Des collines verdoyantes, des monts couverts de forêts et le fleuve Mékong, au confluent de la rivière Nam Khan. Capitale culturelle du Laos, Luang Prabang, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est la destination la plus prisée des voyageurs au Laos.
Architecture splendide, climat agréable en saison sèche (novembre-février), Luang Prabang invite à la contemplation et au lâcher-prise. Cette ville pas bien grande se visite aisément à pied.
Un bijou laotien qui oscille entre authenticité, vintage et branchitude, pour notre plus grand plaisir.
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Luang Prabang : un peu d’histoire
- Les temples de Luang Prabang
- Tak Bat et Phousi : Luang Prabang de l’aube au couchant
- Palais et musées de Luang Prabang
- Spectacles, arts et artisanat de Luang Prabang
- Balades terrestres aux environs : rives opposées des fleuves et parc Nahm Dong
- Excursions et croisières autour du Mékong : grottes de Pak Ou, cascades de Kuang Si
- Fiche pratique
Luang Prabang : un peu d’histoire
Luang Prabang a été capitale du royaume Lan Xang du XVe au début du XVIIe siècles seulement mais elle concentre toujours ce parfum insidieux et hypnotique du « pays du million d’éléphants ». Soustrayant son roi des mains des bandits chinois Ho en 1887, Auguste Pavie initie une relation à l’origine du protectorat français qui durera jusqu’en 1954.
Un métissage culturel « lao-franco-indochinois » s’installe avec la construction de demeures aux toits et vérandas plus élaborés et de quelques bâtiments administratifs dans le style colonial des XIXe et XXe siècles. Cette combinaison est à l’origine de la plastique si particulière de la ville.
Affectée par la révolution nationale, Luang Prabang émerge fantomatique à l’orée des années 1980. Heureusement, la cité va bénéficier d’un projet de réhabilitation international appliqué notamment à 600 bâtiments. Ayant retrouvé sa superbe, Luang Prabang est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1995.
La ville est bien partie pour retrouver le million de touristes annuels qu’elle atteignait en 2019. D’autant que le « train chinois » la relie désormais à Vientiane, la capitale, et à cette superpuissance régionale, pesant toujours plus en investissements et visiteurs.
Les temples de Luang Prabang
Architecture, décoration, nombre... Luang Prabang doit son prestige à ses exceptionnels temples bouddhiques. Contrebalançant l’austérité du bouddhisme theravada, les savantes courbures de leurs toits superposés projettent un équilibre parfait, à l’élégance organique.
Quintessence du style Lanxang, le wat Xieng Thong, veillant sur l’extrémité de la péninsule depuis la moitié du XVIe siècle, est le plus élégant de la ville, et peut-être de tout le Mékong. Décollage garanti en fin d'après-midi, quand ciel et soleil d'Indochine téléportent ses ors et mosaïques vers le divin.
Autre merveille, à l’ouest du palais royal, le wat May Souvanhna Phoumaram, historiquement lié au Phra Bang (statue de Bouddha la plus vénérée du Laos). Une inhabituelle véranda flanque sa façade couverte de fresques dorées annonçant ses majestueux Bouddhas. Le moine supérieur de la ville réside ici, comme la pirogue aux 50 rameurs des joutes annuelles.
Au-delà du palais, la grand-rue égrène les temples comme un chapelet. D’autres se cachent dans les perpendiculaires.
Temple des 100 000 trésors, le tricentenaire wat Sene impressionne par sa façade dorée et ses flancs d’un ocre rouge profond. En face du Banneton, les wat Sop Sickarum, Syrimoungkhoum et Sibounheuang s’enchaînent. Côté opposé, l’élégante annexe coloniale du wat Souvannakhiri héberge les archives bouddhiques, dont de magnifiques photos.
Il y a toujours un temple à découvrir au dernier moment, comme le wat Hosian Voravihane, à l’ouest de la péninsule.
Tak Bat et Phousi : Luang Prabang de l’aube au couchant
Chaque lever du jour, environ 200 moines sortent des temples pour quêter leur nourriture. Rituel du bouddhisme theravada, le Tak Bat renvoie aux vœux de pauvreté des moines : ils dépendent de la générosité des fidèles qui, en retour, gagnent du mérite.
Extra-photogénique et célébrissime, ce défilé de robes safran souffre évidemment de corruption touristique. Elle culmine dans la section Est de la rue Sisavong Vong où de nombreux visiteurs s’installent parmi les donateurs. Laotiens écoulant du vieux riz gluant, agences proposant l’activité, bus suivant les moines (!), touristes aux tenues ou attitudes inappropriées… tout le monde est responsable.
Passons de l’aube au couchant avec l’ascension du mont Phousi, modeste (100 m d’altitude), mais assez fier pour retarder le confluent de la Nam Ou. Au fil de la grimpette depuis la grand-rue (autres accès par le TAEC et la Nam Khan), défilent des temples, des bouddhas couchés et une petite grotte.
Du monde, beaucoup de monde au sommet fiché d’un stupa le that wat Chomsi, érigé sur une pyramide à 3 gradins ! Grandiose mise en scène, le Mékong se fraie un passage entre les collines aval. Quelle que soit la lumière, patienter après le couchant jusqu’à l’heure bleue, embrasée de lueurs orangées.
Le Tak Bat est un rituel religieux : il convient de garder une certaine distance en signe de respect (se mettre sur le trottoir d’en face, par exemple) ou participer en s’agenouillant auprès des authentiques donateurs en ayant prévu un bol de riz ou d’autres. La discrétion est de mise.
Palais et musées de Luang Prabang
Talisman national baptisant la ville, le bouddha Phra Bang (« Le Très Vénéré ») aurait été sculpté au Sri Lanka avant le IXe siècle. Installé à Angkor avant d’être offert au prince Fa Ngum en 1359, il ne mesure que 83 cm et fut restitué par les Siamois en 1867.
Depuis 2013, Phra Bang réside paisiblement dans le pavillon Haw Pha Bang, adjonction récente au palais royal. Le 3ejour du Pimai (nouvel An lao), ses fidèles l’emportent en procession prendre son bain rituel au wat Mai.
Datant de 1904, musée depuis 1976, l’ancien palais royal est un élégant compromis lao-colonial surmonté d’un toit en spire, à son aise entre la grand-rue et la berge. Dans la salle du trône, on l’admire, accompagné de la grande amulette de cristal, d’une regalia en or massif (XIX-XXe siècle) et collection de bouddhas (XVII-XVIIIe siècle). Autour défilent des salles d’une élégante sobriété – bibliothèque, chambres, salles de musique, du Phralak (voir plus loin), des costumes – et des vitrines remplies d’objets d’une finesse artisanale aujourd’hui disparue – sceaux, broderies, cannes en bambou, bois laqué, pipes à opium, etc.
Petit mais remarquable, le TAEC est consacré aux ethnies laotiennes. À l’expo permanente centrée sur les Akha, Hmong, Tai et Khamu s’ajoutent des temporaires. L’ensemble bénéficie d’une muséographie multimédia de qualité et d’objets remarquables. Revitalisant les traditions menacées, la boutique attachée enrichit l’expérience.
Centré sur le précolonial, l’écomusée Heuan Chan Heritage House anime – expos, évènements, ateliers et café – l’une des dernières demeures bourgeoises typiquement lao ayant survécu.
Le bouddha d’Or (Phabang ou Prabang) est la statue la plus vénérée du Laos. C’est sous sa protection que le pays est placé. La statue pèse 50 kg et mesure 83 cm de hauteur. D’après la légende, elle aurait été coulée à Ceylan au début de l’ère chrétienne et aurait été offerte à Fa Ngum, fondateur du Lane Xang, par le roi khmer, et volée à deux reprises par les Siamois qui la restituèrent à la fin du XIXe siècle. Une histoire qui rappelle celle du fameux Bouddha d’émeraude thaïlandais…
Spectacles, arts et artisanat de Luang Prabang
Version lao de l’épopée Ramayana d’origine hindoue, le Phralak Phralam est donné au palais (réserver sur place) par la troupe royale. Âgée, sa direction sollicite des dons pour former de jeunes chorégraphes. De son côté, Garavek propose un spectacle intime de contes narrés en anglais, accompagnés de l’hypnotique orgue à bouche khène.
Capitale culturelle très fréquentée, Luang Prabang procure un écrin idéal au remarquable artisanat laotien, accompagné, c’est la tendance, de cours et ateliers. En vedette dans les rues et boutiques, tissages de cotons et soies, tressages de rotin et bambou (objets, paniers) et peintures de scènes typiques sur papiers artisanaux à base de fibres de mûrier (saa), bambou, banane, voire de bouses d’éléphants !
Autrefois QG exclusif des vendeuses Hmong détaillant leurs fameuses broderies à l’infini (bourses, taies d’oreillers, etc.), le marché de nuit déploie centaines de stands et myriades d’articles, dont de l’alimentaire (café, bière, épices etc.). Quelques belles pièces restent à chiner, d’autres ont du sens : couverts fabriqués dans l’acier des bombes, pailles et amplis pour smartphone en bambou, etc.
Des organisations à but social se distinguent par leurs créations originales, réoxygénant l’artisanat. Citons Ock Tock Pop (« East Meets West ») pour leurs tissages (Ikat, batik Hmong, etc.) aux teintures naturelles et motifs uniques. Visiter leur Living Crafts Centre – à 10 min du centre, super coucher de soleil sur le Mékong, logement possible – ou au moins leur boutique-resto Silk Road du centre.
Balades terrestres aux environs : rives opposées des fleuves et parc Nahm Dong
Traverser la Nam Khan par l’une des deux passerelles en bambou, prélude à une balade dépaysante.
Filant à gauche depuis Dyen Sabai, arrêt au temple wat Phon Sa pour sa vue sereine sur la péninsule. Au-delà du confluent, suivre la rive gauche du Mékong vers les villages de l’artisanat.
Accessible en ferry, la rive droite du Mékong émerge en un éclair dans l’iconographie laotienne campagnarde, cerclée de collines et fichée de temples émergeant de verdure.
À pied ou à moto, droite toute par la belle rue en brique du village de Chomphet. À sa sortie, après un arrêt au beau temple, un escalier grimpe au wat Chomphet, d’où la vue superbe profite aussi à Phra Mae Thorani, essorant ses cheveux pour noyer Mara, le démon tentant Bouddha.
Redescendu, poursuivre jusqu’au wat Longkhun où le roi méditait trois jours avant d’être couronné au wat Xiengthong, pile en face. La grotte Sakhaline sans intérêt passée, wat Hat Siew, ses fresques mi-effacées, peut-être de petits filous jouant avec des éclats de mosaïques, un jeune couple consultant un moine... annonce le Laos intemporel.
À 10 km de la ville, le génial parc Nahm Dong combine jardins zen, ponts de singe, accrobranche, tyroliennes (six pour 1 400 m au total), canyon, sentier de rando, luxuriante forêt tropicale, café-resto (produits bio du jardin), terrasse-solarium, camping arrangé autour de maisons ethniques et des ateliers, enrichissant encore la visite.
Excursions et croisières autour du Mékong : grottes de Pak Ou, cascades de Kuang Si
Des compagnies et bateliers indépendants de Luang Prabang organisent croisières ou excursions au départ de la ville : sunset trip d’environ 2 h ou plus longues sorties filant jusqu’à Pak Ou ou Kuang Si, du très abordable au luxueux.
Site bouddhique le plus célèbre des environs de Luang Prabang, Pak Ou désigne plusieurs grottes sacrées, situées dans une falaise abrupte en aplomb du Mékong, 30 km au nord de la ville, et trouée à sa base. Les grottes sont truffées de milliers de bouddhas de toutes tailles. Venir le matin, question de lumière. En face, le village de Pak Ou et son beau temple mérite une pause.
Un séjour serait incomplet sans l’excursion aux cascades de Kuang Si, proches de la rive gauche du Mékong, 30 km en aval de la ville. Ses multiples niveaux et piscines calcaires composent un univers toujours enchanté, malgré la fréquentation. Arriver le plus tôt possible, monter par le chemin bitumé pour atteindre rapidement le poste d’observation.
Un sentier escarpé sur la droite gagne les étages supérieurs (attention s’il a plu) qu’on peut traverser pour redescendre côté opposé. D’autres panoramas, un resto, bassin de baignade et un centre de réhabilitation des ours ponctuent le sentier retour.
Environ 15 min en aval sur la rive droite du Mékong, le jardin botanique Pha Tad Ke devrait rouvrir fin 2023 ses jardins exubérants (gingembre, orchidées) et éducatifs (plantes pour les femmes, l’esprit, l’estomac), points de vue, arboretum et bambouseraie débouchant sur un très zen pavillon café-resto.
Ban Houeisai/Chiang Khong (Thaïlande)-Luang Prabang est la plus populaire croisière du Mékong. Ses 2 jours avec escale à Pak Beng s’insèrent bien dans les itinéraires. Mais qu’en sera-t-il si le barrage de Pak Beng voit le jour ? Pour exemple, la plus spectaculaire et sauvage Nam Ou, où les barrages chinois limitent aujourd’hui l’intérêt des navigations au secteur de Nong Khiaw-Muang Ngoi, heureusement magnifique.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
En avion : vols depuis Vientiane, Paksé mais aussi Bangkok, Singapour, Hanoi. Possibilité d’obtenir le visa à l’arrivée à l’aéroport. Trouvez votre billet d’avion.
Bus : Vang Vieng, nombreux départs 5 h-15 h, env. 5 h de route et 10 € ; Vientiane matin ou soir (sleeper), 8 h-10 h de trajet, à partir de 15 € ; L. Namtha, 7 h de route, à partir de 15 €.
En train : surtout intéressant pour la section Luang Prabang-Vang Vieng/Vientiane : 3 départs/j., 1 h-1 h 30/2 h-2 h 30 de trajet, env. 7-10/13-20 €, selon la classe.
Où dormir ?
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Bonnes adresses :
– The Silk Road café : Grand-rue. Plats locaux et petite sélection world.
– Dyen Sabai : Nam Khan rive droite (super vue). Happy hour 12 h-19 h. Plats 6-8 €, set barbecue lao à partir de 10 €.
- Khaiphaen : 100 Sisavang Vatana Road , Ban Vat Nong. Resto-centre de formation pour jeunes en difficulté, cuisine « lao creative ». Plats 4-6 €.
Croisières : Sasa, sunset cruise 2 h, 9 € ; Nomad , sunset cruise/Kuang Si ou Pak Ou, 50-60 €/pers.
Quelques spécialités à goûter
– soupe de nouilles Khao Soi, vedette du petit déj au faux air de bolo exotique ;
– ragoût orlam de bœuf fumé, peut-être le plat de la ville ;
– saucisses de porc sai oua cuisant sur leurs petits BBQ ;
– lanières de bœuf boucané sin savan (« viande du paradis »), favorite des apéros, trempées dans la purée de piments grillés jaew bong ;
– Kai Phaen, algue comestible des eaux vives, compliquée à élaborer mais simple à cuire (1 s au wok !) ;
– l’emblématique laap, hachis de poulet le plus souvent (sinon de poisson, bœuf, canard…), servi subtilement assaisonné et rafraîchi, avec une assiette d’herbes et de légumes.
Texte : Dominique Roland
Mise en ligne :