Inde : le Taj Mahal et les trésors de l’Uttar Pradesh
En arrivant à Agra, grosse bourgade polluée de l’État de l’Uttar Pradesh, pas particulièrement séduisante, on n’imaginerait pas que c’est la ville la plus touristique de l’Inde. Chaque année, elle voit pourtant passer des millions de visiteurs, venus admirer les trésors qu’elle recèle, à commencer par le célèbre Taj Mahal. On y découvre aussi deux autres chefs-d’œuvre de l’architecture moghole : le Fort Rouge et le Baby Taj. Enfin, il ne faut pas hésiter à sortir d’Agra pour aller visiter l’ancienne capitale impériale de Fatehpur Sikri, située à une trentaine de kilomètres.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLe Taj Mahal, hymne à l’amour éternel
Inscrit depuis 1983 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, c’est LE monument phare de l’Inde. Dans le monde entier, le Taj Mahal symbolise le pays, au grand dam des nationalistes hindous, qui ont récemment décidé de le supprimer du guide touristique officiel de l’État d’Uttar Pradesh, pour la simple raison que l’édifice a été construit par un empereur moghol, donc musulman…
Cela n’empêchera certainement pas les touristes et les Indiens de toutes confessions de venir l’admirer en masse : selon les sources, on estime qu’il accueillerait entre 3 et 8 millions de visiteurs par an, avec des pointes à 50 000 personnes par jour (certains parlent même de 100 000 !). Les autorités indiennes ont pris la décision de limiter l'accès au Taj Mahal (les étrangers ne sont toutefois pas concernés par la mesure).
Vous imaginez donc aisément que vous aurez de la compagnie lors de votre passage au Taj Mahal. Mais la foule et l’attente pour pénétrer sur le site sont vite oubliées lorsque l’on s’approche du grand portail d’entrée ogival en grès rouge dans lequel la majestueuse silhouette du mausolée s’encadre soudain comme dans un tableau. Un instant magique.
C’est l’empereur moghol Shah Jahan qui, au 17e siècle, ordonna l’édification de ce mausolée hors du commun, pour célébrer le souvenir de son épouse préférée, la belle Mumtaz Mahal (« Bijou du palais »), qui mourut en mettant au monde son quatorzième enfant.
La légende raconte que le monarque fit tuer la fiancée de l’architecte qu’il avait fait venir de Perse, pour que celui-ci puisse comprendre sa douleur et construire un monument dont la beauté égalerait la profondeur de son chagrin. Une bien triste histoire, finalement, mais qui, au fil du temps, fit du Taj Mahal le symbole de l’amour éternel.
Taj Mahal : un mausolée qui ne laisse pas de marbre
Trônant au centre d’un vaste jardin, le mausolée (construit entre 1632 et 1648) apparaît comme un rêve de marbre blanc, flanqué de ses quatre minarets élancés, si bien qu’il semble presque flotter au-dessus des parterres et du long bassin qui s’étirent devant lui.
De part et d’autre sont disposés la mosquée et le pavillon des invités, deux bâtiments en grès rouge coiffés de dômes de marbre blanc (achevés en 1653), parfaitement identiques, qui renforcent l’harmonie architecturale de l’ensemble.
En empruntant les allées qui mènent au Taj Mahal, on ne peut manquer d’observer le manège des touristes qui se prennent en photo : quand ils ne cèdent pas à la tentation du selfie (avec ou sans perche), ils jouent avec l’illusion d’optique consistant à placer ses doigts de telle sorte qu’ils semblent tenir la pointe du dôme en bulbe. Un grand classique !
Puis, vient le moment de monter sur la plateforme sur laquelle l’édifice est surélevé, et de pénétrer dans le saint des saints : le mausolée. Comme le veut la tradition moghole, les vraies sépultures de Mumtaz Mahal et de Shah Jahan sont disposées dans une crypte funéraire souterraine, et ne sont pas visibles.
Ce que l’on découvre, à l’intérieur d’une chambre octogonale, ce sont leurs cénotaphes, entourés d’une balustrade de marbre si finement ciselée qu’elle ressemble à de la dentelle de pierre. Partout, le marbre blanc a été incrusté de pierres précieuses et semi-précieuses représentant des motifs floraux. Une pure merveille ! On comprend pourquoi le Taj Mahal est considéré comme le plus grand joyau architectural de l’art indo-islamique.
En sortant du mausolée, vous pourrez aller faire un tour sur la grande terrasse dominant la rivière Yamuna, vous promener dans les jardins, et, pourquoi pas, aller jeter un coup d’œil au Taj Museum.
Pour visiter le Taj Mahal, il vous en coûtera 1 300 roupies (soit environ 16,5 €), un tarif élevé pour l’Inde. Entrée gratuite pour les moins de 15 ans. Le monument est ouvert tous les jours, sauf le vendredi, du lever au coucher du soleil. C’est justement à l’aube et en fin de journée que la lumière est la plus belle et la foule la moins dense. Les tickets d’entrée sont en vente aux trois portes (Ouest, Est et Sud), et incluent une bouteille d’eau et des chaussons en plastique pour marcher sur le sol en marbre du mausolée.
L’autre incontournable d’Agra : le Fort Rouge
À moins de 4 km du Taj Mahal, s’élève le Fort Rouge, dont les imposantes et flamboyantes murailles de grès, longues de 2,5 km, furent construites à partir du 16e siècle pour protéger l’ancienne capitale de l’Empire moghol successivement dirigé par Akbar, Jahangir, Shah Jahan et Aurangzeb.
Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, cette puissante citadelle abrite en son sein des palais, des mosquées, des salles d’audience et des jardins. Un immense ensemble architectural dont seul un tiers se visite, donnant à voir un éventail de monuments exceptionnels.
Parmi les merveilles à admirer, citons le Jahangir Mahal (littéralement « palais de Jahangir »), qui mêle harmonieusement styles rajput et moghol, le Khas Mahal, le palais que Shah Jahan fit construire pour ses deux filles préférées, le Shish Mahal, le palais des miroirs (rarement ouvert au public, malheureusement). Mais aussi deux salles d’audience aux arches joliment travaillées : le Diwan-i-Khas (1637) et le Diwan-i-Am, toutes deux construites sous Shah Jahan. Et deux belles mosquées de marbre blanc : la Moti Masjid (« mosquée de la Perle »), bâtie sous Shah Jahan, et la Nagina Masjid, édifiée sous Aurangzeb.
Enfin, ne pas manquer la tour octogonale du Musamman Burj, que Shah Jahan fit édifier pour sa femme Mumtaz Mahal, avant d’y être enfermé plus tard par son propre fils Aurangzeb, lorsqu’il s’empara du pouvoir. L’empereur déchu y vécut pendant huit ans, jusqu’à sa mort, en 1666.
De cette prison dorée, il pouvait contempler la rivière Yamuna et le Taj Mahal qu’il avait fait édifier pour sa défunte épouse. Ce palais est particulièrement raffiné, avec son marbre blanc incrusté de pierres semi-précieuses représentant des motifs floraux.
La visite du Fort Rouge coûte 500 roupies (soit environ 6,50 €) + taxe de 50 roupies (sauf si vous avez visité le Taj Mahal le même jour). Entrée gratuite pour les moins de 15 ans. Ouvert tous les jours, du lever au coucher du soleil. Comme pour le Taj Mahal, c’est tôt le matin ou en fin d’après-midi qu’il y a le moins de monde. Attention aux singes qui se baladent dans le fort, pas toujours très sympas…
Le « Baby Taj », une merveille méconnue à découvrir
Installé sur la rive gauche de la rivière Yamuna, le mausolée d’Itimad-ud-Daulah, surnommé le « Baby Taj », vaut vraiment le détour. Construit entre 1622 et 1628, c’est le premier monument moghol entièrement recouvert de marbre blanc, orné de pierres incrustées.
C’est à Nur Jahan, l’épouse de l’empereur Jahangir, que l’on doit la construction de ce mausolée, destiné à honorer la mémoire de son père, Mirza Ghiyas Beg, élevé au rang d’Itimad-ud-Daulah (« pilier de l’État »). Sa mère est également enterrée ici. On dit que Nur Jahan, d’origine persane, était aussi belle que brillante : érudite, poétesse, influente politiquement, elle faisait preuve d’un goût certain.
On peut l’apprécier en découvrant le raffinement extrême des ornements du mausolée et toute la finesse des décorations utilisant la technique de la pietra dura, venue de Florence, via la Perse : l’incrustation dans le marbre polychrome de pierres semi-précieuses (jaspe, cornaline, agate, onyx, topaze), dessinant des motifs végétaux ou géométriques, mais aussi des flacons et des vases.
Bien moins connu que le Taj Mahal, dont il est souvent présenté comme le précurseur, le mausolée d’Itimad-ud-Daulah a aussi l’avantage d’attirer moins de touristes, offrant une occasion de balade paisible et agréable dans le jardin carré, loin de l’agitation d’Agra.
Visiter le « Baby Taj » vous coûtera 200 roupies (env. 2,60 €) + 10 roupies de taxe (sauf si vous avez visité le Taj Mahal le même jour). Entrée gratuite pour les moins de 15 ans. Ouvert tous les jours, du lever au coucher du soleil.
Fatehpur Sikri, la « ville de la victoire »
À une petite heure d’Agra, il ne faut pas manquer d’aller visiter Fatehpur Sikri, la « ville de la victoire ». Bâtie entre 1571 et 1573 par l’empereur Akbar, souverain éclairé et curieux qui supervisa lui-même les travaux, elle ne fut la capitale de l'empire moghol que pendant une douzaine d'années.
En 1619, elle accueillit pour trois mois la cour de l’empereur Jahangir, pendant une épidémie de peste à Agra, avant d’être définitivement abandonnée. Des problèmes liés à l’approvisionnement en eau furent fatals à la cité.
Aujourd’hui, les habitations ordinaires ont disparu, seuls les palais et la mosquée ayant résisté au temps, à l’intérieur d’une enceinte fortifiée de 6 km. Fatehpur Sikri n’en reste pas moins remarquable et a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco pour la richesse de son architecture, qui mêle les traditions hindoue, indo-musulmane et persane.
Parmi ses nombreux monuments, mentionnons le Diwan-i-Am, la cour des audiences publiques, où l’empereur rendait la justice et recevait les ambassades. Au centre du Diwan-i-Khas, la cour des audiences privées, s’élève un énorme pilier finement sculpté. On visite aussi les appartements privés d’Akbar et ceux de ses trois épouses : une chrétienne, une musulmane et une hindoue. Cette dernière était, semble-t-il, la préférée de l’empereur et résidait dans le vaste palais de Jodh Bai.
Quant aux femmes du harem (au nombre de 5 000 !), elles pouvaient observer le palais du haut du Panch Mahal, un pavillon élevé sur cinq niveaux, comptant 176 piliers, qui comportait autrefois des écrans ajourés permettant de voir sans être vu.
Pour conclure la visite, rendez-vous dans l’impressionnante Grande Mosquée, la Jama Masjid, qui pouvait accueillir 10 000 fidèles. Au centre de la cour, on découvre un tombeau en marbre blanc richement décoré, et, au sud, la Porte Sublime, un véritable chef-d’œuvre de l’art moghol, commémorant les victoires militaires de l’empire.
Pour visiter Fatehpur Sikri, il vous faudra débourser 500 roupies (soit environ 6,50 €) + taxe de 10 roupies. Entrée gratuite pour les moins de 15 ans. Ouvert tous les jours, sauf le vendredi, du lever au coucher du soleil. L’entrée de la Grande Mosquée est libre.
Fiche pratique
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Site officiel du tourisme en Inde
Comment y aller ?
Agra est reliée plusieurs fois par jour à Delhi en train. Compter de 2 h à 4 h 30 de trajet. Également des liaisons par bus.
Comment se déplacer ?
Ici, comme partout en Inde, on oublie l’idée de conduire une voiture de location (trop dangereux !). Si vous souhaitez vous déplacer à Agra, étant donné que les distances sont assez grandes entre les différents sites, le mieux est encore de louer les services d’un rickshaw ou d’un taxi à l’heure ou à la journée, cela évite de renégocier la course à chaque fois.
Attention : de nombreux chauffeurs de rickshaws tentent d’imposer des arrêts shopping à leurs clients dans l’espoir de récupérer une commission sur leurs achats.
Pour aller d’Agra à Fatehpur Sikri, vous pouvez emprunter le bus (1 h de trajet) ou le train (1 h à 1 h 30), ou alors faire appel à un chauffeur privé (bien plus cher, évidemment). À noter que des tours organisés à Fatehpur Sikri sont organisés depuis Agra.
Où dormir ?
- Saniya Palace : Chowk Kagziyan, à proximité de la South Gate. Petit hôtel recommandable notamment pour sa terrasse sur le toit offrant une belle vue sur le Taj Mahal. Doubles 500-1 000 roupies.
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Où manger ?
Sur la jolie terrasse du Maya Hotel (18/184 Purani Mandi Circle), agréable avec ses arbres et son sol couvert de mosaïque. On y sert tout l’éventail des plats indiens traditionnels (dal, tandoori, curry, chicken masala, thali…), pour des prix certes un peu élevés, mais pas non plus excessifs.
Texte : Olivia Le Sidaner