Inde : Pondichéry, d’hier et d’aujourd’hui

Inde : Pondichéry, d’hier et d’aujourd’hui
Raj Niwas © Melting Spot - Shutterstock

Ne l’appelez plus Pondichéry, mais Puducherry, de son nom indien. Pour les voyageurs français, « Pondi », cette ville de 700 000 habitants du Tamil Nadu (sud-est de l’Inde), a conservé quelque peu son aura mythique et chargée d’histoire, promesse d’horizons lointains.

Ancien comptoir français fondé au 17e s, Puducherry l’indienne n’a pas effacé les traces du temps où elle s’appelait Pondichéry, ce qui lui confère une atmosphère indéfinissable, à la charnière entre deux mondes.

On y vient aussi attiré par l’ashram de Sri Aurobindo et la cité expérimentale d’Auroville, fondée en 1968. Balade dans une ville vraiment à part…

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Pondichéry : le réveil de la belle endormie

Pondichéry : le réveil de la belle endormie
© Jean-Yves Barralis - Shutterstock

Sur la côte orientale du Tamil Nadu (naguère nommée la côte du Coromandel, au sud-est de l’Inde) au bord de la baie du Bengale, Pondichéry (en tamil Puducherry) fait partie de ces noms de légende, chargés d’histoire et de nostalgie.

La ville a longtemps somnolé à l’écart du grand courant de l’histoire avant de devenir une destination touristique grâce à son charme d’ancien comptoir. Ce « confetti » de l’Inde française a été rattaché à l’Union indienne en 1947, avec un statut spécial voté en 1954.

Comment se présente-t-elle ? Par son physique, elle a gardé son style colonial français, par l’esprit elle est 100 % indienne. La roue du temps a tourné, sans gommer son côté « rétro chic » de sous-préfecture sous les tropiques.

Chambre de commerce © Olivier Page

Un quadrillage de rues droites, des noms français, Royale Street, Dupleix Street, Suffren Street, des demeures blanches, jaunes, roses, enfouies dans des jardins à la végétation luxuriante, derrière des hauts murs d’où retombent des guirlandes de liserons, de flamboyants, et de bougainvillées…

Depuis le 18e siècle, Pondichéry se divise en trois parties : la ville blanche (French area) le long de la mer. À l’arrière s’étend la ville tamoule avec ses petits quartiers ethniques : Muslim quarter, Christian quarter et Hindu quarter.

Malgré les vicissitudes, les bienfaits et les méfaits du progrès, Pondichéry a trouvé un nouveau souffle, à la faveur de l’essor économique fulgurant de l’Inde depuis les années 1990. Résultat : elle est aujourd’hui la perle du Coromandel, admirée et fréquentée par les Indiens et les étrangers.  

Dupleix, gouverneur de Pondichéry

Dupleix, gouverneur de Pondichéry
Basilique du Sacré-Coeur de Jésus © Hari Mahidhar - Shutterstock

Incroyable destinée ! Tout commença en 1664 avec la création de la Compagnie française des Indes orientales. Alors que les Anglais entamaient à peine leur conquête de l’Inde, la France établissait un petit poste à Surate d’abord, puis un autre à Pondichéry en 1670.

Pourquoi ce site géographique au bord de la baie du Bengale ? Ce n’est qu’une longue côte plate, sans rade, sans port, juste un long quai en bois. Les bateaux jetaient l’ancre au large et on débarquait les marchandises sur des barques ballottées par les vagues.

Le colon François Martin fonda une manufacture de toiles peintes, article fort demandé en France. Le comptoir prit son essor. Enhardi par son succès, Martin créa de nouveaux comptoirs à Chandernagor en 1690, et à Calicut en 1701. À sa mort, il laissait une ville remarquable par sa beauté, la largeur de ses rues, l’architecture de ses bâtiments administratifs.

Nommé gouverneur de Pondichéry en 1742, voici le célèbre Dupleix qui favorisa l’expansion de l’Inde française et l’embellissement de la ville. Au siècle des Lumières, Pondichéry était une des villes les mieux agencées de la côte du Coromandel.

Ce grand administrateur fut aussi un aventurier peu recommandable qui s’enrichissait sur le dos de la compagnie. Peu importe, grâce aux habiles intrigues diplomatiques de Dupleix, « l’Inde française » n’a jamais été aussi influente. Fin 1752, elle s’étendait sur l’immense Deccan (grosso modo le nord de l’Inde actuelle), où résidaient seulement quelques dizaines de Français !

Pondichéry oubliée, mais préservée

Pondichéry oubliée, mais préservée
© Olivier Page

Pondichéry sombre ensuite dans le déclin et l’oubli. Après 23 ans d’occupation, les Anglais la restituent à la France en 1816. Paris récupère une ville ruinée, envahie par les herbes folles. Les nouveaux gouverneurs successifs s’attachent à la reconstruire.

Les bâtiments publics sont restaurés, comme l’hôtel du gouvernement, un palais de 1768, œuvre de l’architecte Bourcet, le monument le plus remarquable de Pondichéry, « irruption du siècle des Lumières dans l’univers tropical indien ». Sous le Second Empire, elle retrouve son lustre d’antan, mais elle a perdu sa prépondérance économique.

Pondichéry invite à la rêverie et engendre la nostalgie. Pierre Loti y passe en 1900 : « Oh la mélancolie d’arriver là, dans cette vieille ville lointaine et charmante où sommeille, entre des murailles lézardées, tout un passé français ».

Un voyageur note que « les lymphatiques y deviennent nerveux, les nerveux irritables, les irritables enragés et les enragés mordent ». La vie semble belle, mais elle est loin d’être facile. Les scorpions, les scolopendres et les serpents pullulent. Un climat accablant, toujours la chaleur !

À la fin du 19e siècle, la confection reste une activité rentable, les cotonnades de Pondichéry continuent d’envahir les marchés coloniaux de l’empire français (Afrique, Indochine).

Balades dans Pondichéry

Balades dans Pondichéry
Promenade de Pondichéry © Melting Spot - Shutterstock

La ville se parcourt aisément à pied. Déambuler d’abord sur la longue promenade piétonne bordée par les flots de la baie du Bengale.

Voici la mairie (Town Hall) sur la Goubert Avenue. Une enseigne indique « Le Café », vestige bien vivant des mœurs françaises. Sur la terrasse couverte de ce petit troquet, de jeunes Indiens enjoués dégustent le café de la maison en grignotant des samoussas.

Un phare maritime surgit au-dessus des toits, non loin d’une statue de Gandhi, un grand phare spirituel, le père de l’Inde indépendante. « La grande âme » regarde le très vert Bharathi Park, cœur battant de la French Area. Des femmes en sari de couleurs éclatantes s’éventent à l’ombre des arbres centenaires.

Raj Niwas © Olivier Page

Derrière une large enceinte formée par de hauts murs et fermée par des grilles se cache le Raj Nivas, un superbe palais du 18e s, d’une blancheur lumineuse, avec sa longue véranda à balustrades, rythmée par des colonnes ioniques. Naguère résidence des gouverneurs français, c’est aujourd’hui le siège du lieutenant-gouverneur indien de Pondichéry. Une Indienne, ex-diplomate à l’ONU, le docteur Kiran Bedi, assume cette haute charge.

À côté, le musée de Pondichéry est installé dans une demeure patinée par le temps. Nous y découvrons l’histoire méconnue du très ancien comptoir indien Arikamedu dont le site ruiné (à 4 km au sud de Pondichéry) nous rappelle que l’Inde commerçait déjà avec la Rome antique.

Pondichéry est restée en dehors des tensions ethniques et religieuses, une cité multiethnique et multiconfessionnelle. Temples hindouistes, mosquées, églises ponctuent la promenade, et traduisent la tolérance qui règne dans les esprits. Le nombre et la beauté des églises valurent à la ville le titre prétentieux de « Rome du Coromandel ».

L’ashram de Sri Aurobindo

L’ashram de Sri Aurobindo
Ashram Sri Aurobindo © Olivier Page

Poète et philosophe bengali, étudiant à Cambridge, puis professeur dans l’Inde anglaise, Sri Aurobindo se lança dans la politique et devint le leader d’un mouvement nationaliste. Pourchassé par les Anglais, il se réfugia en territoire français, à Chandernagor (proche de Kolkata), avant de gagner Pondichéry.

Élève de l’académie Julian, la Parisienne Mirra Alfassa (1878-1973), passionnée par les théories du philosophe indien, rejoignit Aurobindo en 1920. Disciple dévouée, elle prit une telle importance qu’on la nomma « la Mère ». Sri Aurobindo se consacra au yoga et à son travail spirituel.

Le couple fonda au cœur de Pondichéry un ashram qui comptait au début 12 disciples (aujourd’hui, ils sont environ 1 600). Le terme ashram signifie « travail sur soi ». Sa philosophie est à la fois une manière de vivre, de voir le monde, d’approcher le divin, grâce à la méditation collective et à la pratique du yoga. À la mort du philosophe, la Mère réalisa le rêve de cité idéale à laquelle elle donna le nom d’Auroville (voir ci-dessous).

Pauvre au départ, l’ashram est devenu avec le temps une riche et active organisation. Ce serait à présent le plus gros propriétaire immobilier de Pondichéry. Leurs immeubles présentent les mêmes façades grise et blanche. Il gère un hôtel, une cantine, des fermes, des laboratoires, des usines, une imprimerie, une clinique…

Ne l’assimilons pas à une secte, même si cela en a l’apparence. Les candidats à l’ashram y entrent librement et sans contraintes, et en sortent quand ils veulent… Aucun bourrage de crâne ou lavage de cerveau : l’ashram n’est pas une fabrique liberticide.

Aujourd’hui, la maison où vivaient Sri Aurobindo et la Mère est ouverte à la visite. Dans la cour, le couple repose dans un tombeau de marbre blanc et, à la librairie, les ouvrages du maître sont disponibles en plusieurs langues.

Voir également notre article sur Auroville.

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Comment y aller ?

Vols quotidiens (avec correspondance) jusqu’à Chennai avec Air India, Emirates, British Airways, Lufthansa… 

Puducherry se trouve à 4 h de bus de Chennai. Trouvez votre billet d'avion

Où dormir ?

- Micasa Hostels  : 461, Mahatma Gandhi Rd. Lit en dortoir env 600 INR (environ 8 €). Petite auberge de jeunesse privée, tenue par des jeunes Indiens aimables et dynamiques. Le petit immeuble abrite des dortoirs (4, 6, 12 lits) répartis sur 3 étages. Propres, tous avec clim ou ventilo, et casiers, lampes de chevet et prises électriques pour chaque lit, toilettes communes sur le palier. Cuisine à disposition. Petit resto-snack bar sur place.

- Swades Guesthouse : 26, Chanda Sahib St. Doubles 1 200-1 600 INR (15-21 €). Son nom signifie : « nous le peuple ». Très bien situé, dans une rue agréable et calme du quartier musulman. Les 5 chambres sont décorées dans le style indo-mogol avec des lits à baldaquin, du mobilier ancien, et des tissus colorés. Le lieu est tenu par Mujib un aimable indien qui apprend le français.  

- Patricia Guesthouse : 20-28, rue François-Martin. Doubles 3 300-4 000 INR (43-52 €). Superbe maison d’hôtes tenue par Patricia Michel, une Franco-Pondichérienne amoureuse de sa ville, secondée par son fils, le jovial Olivier. Beaucoup de goût et de charme.

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Où manger ?

- Anugraha (resto du Surguru Hotel) : 104, Sardar Vallabhai Patel Road. Tél. : 233-90-22. À l’extérieur de la vieille ville, c’est une des meilleures tables végétariennes. Les Indiens y ont leurs habitudes. Une annexe plus centrale propose la même carte et une cuisine tout aussi bonne : le Surguru   99, Mission Street, dans une salle vaste un peu sombre, mais aérée et populaire.

- Café des Arts : 10, rue Suffren St. Port : 99-94-48-19-14. Tlj sauf mar 8 h 30-19 h. La meilleure adresse de la ville pour le petit déjeuner à la française (avec de délicieux croissants, du beurre et de la confiture) ! Installé dans une charmante maison ancienne, avec une cour-jardin calme et verdoyante.

- Villa Shanti : 14, Suffren St. Tél. :  420-00-28. Tlj 10 h-22 h 30. Ce bel hôtel de charme abrite un remarquable restaurant (chef français) proposant une fine cuisine qui marie subtilement les saveurs de l’Inde à celle de l’Occident. Cadre de caractère, avec un service de brasserie haut de gamme. 

Texte : Olivier Page

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