La Vendée, côté îles : Noirmoutier et Yeu

La Vendée, côté îles : Noirmoutier et Yeu
Thierry RYO - stock.adobe.com

Réputée pour la douceur de son climat et les 140 km de plages de sable fin de son littoral atlantique, la Vendée se décline également en version insulaire avec deux îles au large de ses côtes et non des moindres : Noirmoutier et Yeu, qui comptent parmi les plus belles de France.

Ces îles vendéennes sœurs n’ont pourtant rien de jumelles, Noirmoutier et Yeu jouant plutôt la carte du contraste. Destination balnéaire de choix qui a su maintenir sa tradition agricole pour la première, bout du monde sauvage pour la deuxième, elles offrent des paysages, des atmosphères et des histoires divergentes avec, pour points communs, l’immensité de l’océan comme témoin et des identités aussi singulières qu’affirmées.

Noirmoutier et Yeu : deux îles et deux univers à explorer, le temps d’un séjour en Vendée !

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Noirmoutier : une île façonnée par l’océan et les hommes

Noirmoutier : une île façonnée par l’océan et les hommes
Passage du Gois à marée basse © Jean-Philippe Damiani

N’oubliez pas de consulter les horaires des marées ! Si un pont la relie à la côte vendéenne depuis 1971, c’est par le passage du Gois qu’il faut se rendre sur l’île de Noirmoutier. Détail d’importance, cette route de quelque 4 km est submersible et n’est praticable que 6 heures par jour à marée basse. À marée haute, le passage disparaît complètement, recouvert, jusqu’à 4 m, par l’eau de la mer. Quelques heures plus tard, vidée de son eau, l’immensité de l’estran répond à celle du ciel, et, sur les côtés du Gois, des pêcheurs à pied récoltent des coquillages, composant un fascinant tableau.

Sorte de rite initiatique, la traversée de cette route mythique et précaire, unique au monde par sa longueur, permet d’appréhender au mieux le caractère insulaire de Noirmoutier : un bout de terre de 49 km2 au large de la Vendée, soumis depuis toujours aux caprices des vents et de l’océan Atlantique.

Car, de polders en jetées, et de dunes en marais salants, les paysages de Noirmoutier, dont les deux tiers se trouvent sous le niveau de la mer, racontent une lutte : celle de l’homme contre les éléments. Ce joyau insulaire a été façonné par l’homme au fil des siècles.

Hôtel Jacobsen © Jean-Philippe Damiani

Dans le village de Noirmoutier-en-l’Île, l’hôtel Jacobsen (du nom de la richissime famille hollandaise qui a remodelé et développé l’île au 18e s), reconverti en 2019 en Centre des patrimoines maritimes, permet de mieux comprendre la formation de Noirmoutier.

À l’intérieur du musée, l’exceptionnelle salle La forme d’une île retrace la « création » de Noirmoutier par l’homme, la protection apportée par les dunes et les jetées, l’exploitation des marais salants, l’assèchement des terres avec la construction de polders dès le 17e s et la formation de zones de cultures très fertiles ou encore le rôle du Gois, utilisé depuis le 18e s. Des aménagements exceptionnels qui ont fait la fortune de l’île aux 17e et 18e s.

Noirmoutier-en-l’Île : une capitale de charme

Noirmoutier-en-l’Île : une capitale de charme
Jetée Jacobsen - Château - Eglise © Didier San Martin - stock.adobe.com

Enrichie par le commerce maritime et plus particulièrement celui du sel, l’île possède un joli patrimoine historique que l’on découvre en se promenant dans sa « capitale », Noirmoutier-en-l’Île : un château du 12e parmi les plus vieux de Vendée (superbe panorama depuis le donjon), l’église Saint-Philibert (patron de l’île) avec sa magnifique crypte du 11e s, quelques hôtels particuliers cossus (mairie, hôtel Général d’Elbée) ainsi que la jetée Jacobsen (1,5 km de long), construite en 1812 pour protéger le port et aménager le marais de Müllembourg.

Entre l’église et la jetée, le pittoresque quartier du Banzeau est un petit bijou, avec ses adorables maisons de pêcheurs blanches aux volets bleus ou rouges. Un vrai coup de cœur.

À vélo, dans le nord de Noirmoutier

À vélo, dans le nord de Noirmoutier
Anse rouge © didierbabarit - stock.adobe.com

La meilleure façon de découvrir Noirmoutier, qui culmine à 23 m (!), c’est le vélo ! Pas moins 83 km de pistes cyclables permettent de sillonner facilement l’île, avec notamment trois itinéraires thématiques. De Noirmoutier-en-l’Île, on peut ainsi s’élancer sur la boucle du nord (entre plages et ports, 19 km) qui permet de rallier l’iconique plage des Dames avec ses pittoresques cabines de bain et sa jetée en bois à l’atmosphère très « Belle époque ».

Juste à côté s’étend l’autre haut lieu du Noirmoutier balnéaire et chic : le Bois de la Chaise, un poumon vert planté de chênes, de pins maritimes et de mimosas à l’atmosphère quasi méditerranéenne. Nichées au cœur de cette verdure luxuriante sillonnée de chemins privés, de belles villas (appelées « chalets ») de styles éclectiques semblent couler des jours heureux depuis le début du 20e s. Blotti dans une crique, le merveilleux croissant de sable de l’Anse rouge invite le baigneur à y poser sa serviette à l’abri des regards (ou presque)…

Le temps de quelques coups de pédale, l’atmosphère se fait nettement moins bourgeoise en arrivant à Le Vieil, un coquet village de pêcheurs aux maisons blanches et basses. Sur la plage du Mardi-Gras, les cinéphiles reconnaîtront la maison aux volets bleus de César et Rosalie avec Romy Schneider et Yves Montand. Plus loin, au nord de l’île, L’Herbaudière abrite toujours un port de pêche (crustacés, sole, bar…), mais aussi de plaisance, très animé avec la présence de cafés et de bonnes tables.

Noirmoutier, des marais salants au polder de Sébastopol

Noirmoutier, des marais salants au polder de Sébastopol
Marais salant © Thierry RYO - stock.adobe.com

Au sud de Noirmoutier-en-l’Île, deux autres boucles cyclables (entre marais et moulins 18 km ; entre Gois et forêts 23 km) permettent d’explorer l’île. L’occasion de découvrir la face agricole de Noirmoutier, dont près du tiers de la superficie se compose de marais salants, situés pour la plupart au centre de l’île, à L’Epine.

Très réputé, le sel de Noirmoutier fit la fortune de l’île entre le 13e et le 19e s et, aujourd’hui, quelque 130 artisans saulniers passionnés produisent encore, selon des méthodes ancestrales, 3 000 tonnes d’or blanc en moyenne par an dans leurs dédales de canaux et de bassins d’argile. En été, lors des récoltes, le spectacle est magique et il est possible d’effectuer des visites commentées chez certains producteurs.

Autre trésor de Noirmoutier, la délicate pomme de terre bonnotte, récoltée à la main et vendue uniquement la 2e semaine de mai, se cultive au cœur de l’île, avec une production réduite (100 tonnes), ce qui explique son prix élevé… Enfin, impossible de sillonner l’île sans faire une halte au port ostréicole du Bonhomme pour faire ses emplettes d’huîtres fraîchement pêchées (à consommer sur place ou à emporter).

Polder de Sébastopol © Didier San Martin - stock.adobe.com

Au sud-est du Bonhomme, juste avant le passage du Gois, on rejoint le fascinant polder de Sébastopol, un territoire de 4km de long et de 600m de large qui fut gagné sur la mer à la fin du 19e s. En 1978, la digue le protégeant a cédé et le polder fut envahi par les eaux, mettant un terme à sa vocation agricole.

Aujourd’hui transformé en réserve naturelle, il est devenu le sanctuaire de quelque 230 espèces de plantes et plus de 200 espèces d’oiseaux sédentaires ou migrateurs (limicoles, sternes, mouettes, goélands…), notamment d’avril à juillet. Un circuit de 3,2 km permet de le sillonner et, avec un peu de chance, vous croiserez même une belle vache maraîchine en chemin !

Noirmoutier, côté plages

Noirmoutier, côté plages
Plage de Luzeronde © Jean-Philippe Damiani

Entre deux coups de pédale, en plein cœur de l’été, il est tentant de piquer une tête dans l’océan et, avec 40 km de plages, Noirmoutier offre l’embarras du choix. Outre les plages intimistes du Bois de la Chaise, c’est sur la façade atlantique que se trouvent les plus beaux rubans de sable fin. À Barbâtre, le long du cordon dunaire bordé de pins maritimes, se déploient pas moins de 7 km de plages face à l’air tonifiant de l’Atlantique. Le spot idéal pour la voile, le kitesurf et les sports de glisse !

Plus au nord, les plages de La Guérinière, s’étendant sur 8 km le long d’une anse, font face au sud de l’île. En pente douce, toutes de sable fin, elles sont bordées de dunes et de forêts de pins, mais aussi, à la dune de la Court, d’anciens moulins à vent du 19e s, transformés en maisons de vacances. L’un d’entre eux appartenait à Agnès Varda, une amoureuse de Noirmoutier, qu’elle a filmé à plusieurs reprises (Les Glaneurs et la Glaneuse, Les plages d’Agnès).

Après La Guérinière, les plages de l’Epine, surplombées par le bois des Eloux (point culminant de l’île, 23 m), forment la façade occidentale jusqu’à la pointe du Devin, offrant la possibilité de belles balades.

Au-delà, juste au sud de L’Herbaudière, s’étend notre plage coup de cœur : celle de Luzeronde, délicatement lovée au creux d’une baie. En partie naturiste, cette étendue de sable blanc à l’atmosphère intimiste semble épouser l’immensité de l’Atlantique, à l’ouest toute. Les couchers de soleil, dans une fabuleuse lumière dorée, laissent dans le regard une impression d’éternité.

L'île d'Yeu : si loin, si proche

L'île d'Yeu : si loin, si proche
Château - Côte sauvage © fannyes - stock.adobe.com

À moins d’une heure de bateau de Noirmoutier (liaison directe en été seulement) et à 17 km du continent, l’île d’Yeu a beau être la sœur vendéenne de Noirmoutier, elle n’est en rien sa jumelle. Plus petite (10 km sur 4 seulement), quelque peu secrète et sauvage, Yeu n’est accessible qu’en bateau et sillonnée par une poignée de petites routes et de nombreux chemins de terre.

Peu urbanisée, cette île de pêcheurs, longtemps premier port thonier de l’Atlantique, fait figure, quand on débarque à Port-Joinville, de petit bout du monde. Et même si le littoral vendéen se devine à l’horizon, Yeu n’en demeure pas moins l’île la plus éloignée des côtes atlantiques françaises.

Largement préservée, avec un tiers de son territoire classé en zone naturelle protégée, l’île d’Yeu concentre une formidable diversité de paysages : face nord (et à l’est de Port-Joinville), la côte dunaire déploie 8 km de plages de sable fin bordées de dunes et de pinèdes rappelant Noirmoutier ; face sud, la côte sauvage évoque un bout d’Écosse et d’Irlande échoué au large de la Vendée avec un littoral découpé alternant falaises spectaculaires, landes rases et criques de sable.

Au nord-ouest, les récifs rocheux et la côte tourmentée de la pointe du But, battue par la houle de l’océan, composent un tableau des plus romantiques. Au cœur de l’île, bocage et forêts de chêne font écho à la nature vendéenne.

Port-Joinville, capitale d’Yeu

Port-Joinville, capitale d’Yeu
Port-Joinville © d_e_r_i_c - stock.adobe.com

Oubliez votre voiture. Comme à Noirmoutier, c’est à vélo et/ou à pied qu’il faut arpenter l’île d’Yeu. Le relief est très peu vallonné, les loueurs de vélo nombreux à Port-Joinville et les distances sont courtes : 4 h 30 suffisent pour faire le tour de l’île (sans compter les chemins de traverse). En outre, de nombreux chemins sont interdits aux voitures en été. Quant aux sentiers de randonnée, ils permettent notamment de longer au plus près les plages ou les paysages tourmentés de la côte sauvage (sentier côtier GR80 de 27,5 km).

Première étape obligée des voyageurs débarquant à l’île d’Yeu, Port-Joinville (2 000 habitants) aligne au fil de ses ruelles tortueuses de coquettes maisons blanches aux volets bleus, lui donnant un petit air de Grèce. Cœur vibrant de l’île d’Yeu, ce port de pêche toujours en activité compte de nombreux commerces, bars, restos et terrasses sympas face à la mer. Ambiance à la fois animée et relax, rythmée par les allées et venues des ferries et bateaux de pêche.

Sur les hauteurs de Port-Joinville, au cœur d’une forêt de chênes verts, le fort de Pierre-Levée, ancienne prison édifiée au 19e s, est entré dans l’histoire comme le lieu de détention du maréchal Pétain de 1945 à sa mort.

Yeu : un tour de l’île à vélo

Yeu : un tour de l’île à vélo
Pointe du But © Jean-Philippe Damiani

De Port-Joinville, quelques coups de pédale permettent de se retrouver très rapidement au cœur de petits paradis naturels. L’idéal pour explorer la diversité de l’île reste d’emprunter la piste côtière (non balisée) qui en fait le tour. Comptez au moins une bonne demi-journée pour la parcourir, voire une journée en prenant votre temps.

Plusieurs sites méritent une halte sur le chemin. En bordure de mer, à une dizaine de minutes de Port-Joinville, le dolmen de la Planche à Puare, avec ses trois chambres funéraires, est le témoignage le plus éloquent de la Préhistoire à Yeu (l’île compte une centaine de sites préhistoriques, la plupart des pierres à cupules).

À quelques encâblures, la pointe du But, battue par les vents à l’extrémité occidentale de l’île, fait face aux courants de l’Atlantique et aux dangereux écueils des Chiens-Perrins qui occasionnèrent bien des naufrages.

Port de La Meule © Dominique VERNIER - Adobe Stock

C’est ici que débute la côte sauvage du sud dont les rivages déchiquetés évoquent la Bretagne ou les îles Britanniques. Un festival de falaises abruptes où se fracassent les vagues, de criques tourmentées, de landes rases recouvertes d’ajonc et de bruyères, de chemins creux traversant les combes et de caps s’élançant vers l’immensité du grand large comme la pointe du Châtelet surmontée d’une immense croix.

Clou de la visite de l’île, les ruines du vieux château (14e s), perchées sur la falaise au-dessus de la mer, nous transportent illico en Écosse. Vue sublime et atmosphère romantique en diable, contrastant avec celle du port de La Meule voisin, niché au creux d’une calanque. Bordé de pittoresques cabanes de pêcheurs et dominé par la silhouette blanche d’une petite chapelle, il a tout d’un havre de paix, à l’abri des tempêtes du large. Un bar permet de s’y désaltérer et de se restaurer.

Saint-Sauveur © Christoph Walter - stock.adobe.com

Passé la pointe des Corbeaux, à l’extrémité orientale, l’impression d’avoir changé d’île domine. Comme en écho au littoral vendéen, la côte se fait plus douce et, sur près d’une dizaine de kilomètres, de longues plages de sable adossées à des dunes, dominées par des forêts de pins maritimes et de chênes verts se succèdent jusqu’à Port-Joinville. Un terrain de jeu idéal pour toutes sortes d’activités nautiques.

Depuis la plage, quelques minutes de vélo suffisent pour rejoindre, à l’intérieur des terres, le petit bourg de Saint-Sauveur, où la douceur de vivre semble avoir pris ses quartiers. Son église romane, ses ruelles flanquées de basses maisons blanches fleuries aux volets colorés et son petit marché en été laissent le promeneur sous le charme.

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Office de tourisme de l'île de Noirmoutier

Office de tourisme de l’île d’Yeu

Pour les infos pratiques et les adresses, consulter nos articles Noirmoutier, nos coups de cœur et Île d’Yeu, 5 raisons d’y aller

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Texte : Jean-Philippe Damiani

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