Sénégal : la Casamance, en pays diola
Située au sud du Sénégal, la Casamance attire autant pour ses plages fouettées par l’océan Atlantique que pour la douceur de ses balades en pirogue. Cette bande de terre frontalière avec la Gambie au nord et la Guinée-Bissau au sud, isolée du reste du Sénégal, permet de découvrir l’incroyable richesse de la culture des Diola, un peuple qui forme 60 % de la population de la Casamance. Un autre Sénégal à explorer.
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La Casamance, le grenier du Sénégal
Parcourue par le fleuve éponyme, la Casamance est la région la plus luxuriante du Sénégal. Le delta du Saloum, formé d’une concentration d’îlots cerclés de canaux (les bolongs), de mangroves et de bancs de sable, est une réserve biosphère inscrite à l’Unesco.
À l’ouest, la basse Casamance concentre une belle palette de paysages parcourus par des colonies d’oiseaux migrateurs. Entre forêts intenses et plages bordées de cocotiers, ses villages sont une plongée au cœur des traditions millénaires.
La population, profondément animiste même si elle reste très attachée aux religions traditionnelles, continue à danser au rythme de la guitare calebasse à trois cordes et à raconter des histoires autour du feu.
De cet esprit indépendant, la Casamance en a fait un atout, et le redémarrage de la ligne de bateau Dakar-Ziguinchor, symbole d’un lien économique fondamental pour la Casamance, annonce le désenclavement touristique de la région.
Profiter d’un arrêt à Dakar pour visiter l’île de Gorée et sa maison des esclaves avec son émouvante « porte du voyage sans retour ». Avec ses maisons de toutes les couleurs, ses places et ses palais laissés à l’abandon, la nostalgie s’invite dans les entrailles de cette île, site mémoriel inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Ziguinchor et Cap Skirring : deux facettes de la Casamance
Porte d’entrée en Casamance à 500 km au sud de Dakar, le développement touristique de Cap Skirring a longtemps été associé au club Med construit dans les années 1970. Les images des bungalows au bord d’une plage de sable blanc à perte de vue ont fait le tour du monde. Depuis, l’ancien village de pêcheurs s’est agrandi et des hôtels ont fleuri un peu partout sur la côte.
Sous d’impressionnants rouleaux, des surfeurs et des kite-surfeurs traversent la mer bleu azur. Ici, les sports nautiques ont la cote et la température de l’eau est agréable toute l’année. Sur la plage, des oiseaux de fer imaginés par des artistes locaux côtoient un troupeau de vaches. L’image ne manque pas de fantaisie, surtout lorsqu’un veau vient brouter les serviettes de plage !
En continuant à soixante-dix kilomètres au sud de Cap Skirring, sur la rive gauche du fleuve Casamance, Ziguinchor est l’autre visage de la Casamance. C’est la ville économique par excellence avec ses échoppes au bord des routes, son ambiance affairée, ses marchés débordant de fruits et légumes, ses artisans élevés à l’école de la débrouille.
À partir de Ziguinchor, les escapades dans les bolongs (bras de mer) environnants sont faciles. Les iles Karabane situées à trente minutes de pirogue du village de Elinkine sont l’un des premiers comptoirs français au Sénégal marqué par l’histoire de l’esclavage. Elles abritent une architecture coloniale au milieu d’une végétation luxuriante.
En Casamance, l’intérieur des terres est émaillé de goyaviers et de vergers ponctués çà et là de rizières et de mangroves. C’est au pied des palétuviers que les femmes récoltent les huîtres. Séchées et fumées, elles sont vendues sur les marchés de Ziguinchor.
En allant au village artisanal de Cap Skirring, n’oubliez pas d’apporter des idées de trousses, de pochettes d’ordinateur et de vêtements, car plusieurs ateliers de couture proposent de créer vos modèles dans de jolis wax locaux. Ils vous livrent à l’hôtel ou au dernier moment à l’aéroport. Les délais sont courts et les prix très raisonnables.
À la rencontre de l’ethnie Diola
Dominée par les Diola, peuple d’éleveurs et d’agriculteurs, la Casamance se distingue du reste du Sénégal par des coutumes et un folklore uniques en leur genre. Dans cette société matrilinéaire, l’ascendance et l’héritage sont transmis par les femmes, la spiritualité occupe une place importante.
Rien de tel qu’un passage à l’écomusée Kadioute à la sortie de Cap Skirring, à Boucotte, pour s’en rendre compte ! Chez les Diola, le monde animiste – croyances dans les esprits de la nature –, est très présent et le culte des fétiches est pratiqué dans les forêts sacrées.
Valère est notre guide au cœur de ce bois peuplé de fromagers centenaires. Au milieu d’une atmosphère feutrée, tous les outils du quotidien et les instruments de musique sont passés en revue. Il propose de s’exercer à porter un panier sur la tête. L’exercice est périlleux, sauf pour les Africaines qui ont appris à le porter dès l’âge de huit ans !
Au pied d’un fromager sacré, Valère déroule l’histoire des couleurs, la signification des danses et la collection de vanneries utilisées pour la pêche avant d’évoquer l’histoire des croyances. La nuit commence à tomber et la présence d’os et d’offrandes au pied d’un fromager rend les pratiques sacrées encore plus mystiques. La vénération des ancêtres et des esprits de la nature font partie de l’univers spirituel de l’ethnie diola. Réservation +221 783 517 696.
Dormir dans le campement solidaire de Seleki permet de découvrir l’architecture en terre chapeautée d’un toit de chaume. Ces Impluviums sont liés à la culture de la basse Casamance, ils appartiennent aux villageois. Leur construction en forme de couronne autour d’un patio central permet de récupérer les pluies. Réserver auprès de Jean Bassene par WhatsApp +221 777 316 830.
Expériences et projets solidaires
Dans un bâtiment de la banlieue de Ziguinchor, le rendez-vous est pris avec deux représentants de l’association Atlantic Africa. Le cadre un peu formel est nécessaire pour comprendre le projet de fabrication de fours en terre visant à réduire la consommation de bois.
Chaque année, une partie de la mangrove et de la forêt de Casamance disparaît pour servir de bois de chauffage. Une famille de douze personnes utilise environ six kilos de bois par jour.
En contribuant à la fabrication des fours, élément en pisé muni de deux foyers réalisés sur mesure, l’association s’engage avec peu de moyens (un four coûte 25 €) à changer durablement les pratiques quotidiennes pour économiser les ressources naturelles.
La preuve sur place dans le village de Kabiline. Au milieu de danses rituelles, le chef du village fraie un passage aux membres de l’association venus superviser la construction du four. Tout se fait sur place.
Le secret ? Un mélange de terre et de bouse de vache laissé au repos pendant plusieurs heures. À charge maintenant aux habitants du village de faire d’autres fours ce qui permettra de réduire de 30 % la consommation du charbon et éviter ainsi la déforestation.
Au nombre des projets solidaires valorisés par l’agence de voyages Vision Éthique la visite de la coopérative JIITO dans le village de Mandina Mancagne. Vingt-quatre groupements de femmes travaillent ici, à tour de rôle, pour transformer les fruits en confitures, jus et chips. Les mangues séchées valent à elles seules le détour ! Les produits sont vendus sur place et à Cap Skirring
Fiche pratique
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Comment y aller?
Depuis Paris, 2 vols directs Air France par jour en direction de Dakar. Compter un peu moins de 6 h de vol.
Pour rejoindre Cap Skirring, les compagnies Transair et Air Sénégal assurent plusieurs liaisons par jour. Compter 50 min de vol.
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Quand y aller ?
Plutôt à la saison sèche de novembre à juin. Les températures sont comprises entre 25 et 30 °C.
Bonnes adresses
– Hôtel Djoloff : 7, rue Nani, Fann Hock. Construit de manière responsable et durable, cet hôtel de trente-trois chambres est centré sur un patio noyé dans la végétation. En plein Dakar, un vent de fraîcheur souffle à l’intérieur. Au dernier étage, le restaurant-terrasse et le bar sont ouverts à tous. Au sous-sol, un club de jazz. Chambre à partir de 100 €.
– Hôtel Kadiandoumagne : embarcadère de Boutody, à Zinguinchor. L’établissement est situé face au fleuve Casamance dans un jardin luxuriant. Le nom des quarante-sept chambres correspond à un village des alentours. En guise de décor, la fameuse pagaie que l’on retrouve partout en Casamance. Chambre à partir de 55€ .
Pour un tourisme engagé, l’agence de voyages Vision Ethique propose des voyages en Casamance impliquant les voyageurs au financement d’associations locales. Des visites sont organisées au sein des communautés et un bilan carbone est proposé pour chaque voyage.
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Texte : Barbara Divry
