Edo et Meiji : du Japon des samouraïs au Japon moderne

Edo et Meiji : du Japon des samouraïs au Japon moderne
Ville relais Naraijuku ⓒ gandhi / PIXTA

En partenariat avec l’Office National du Tourisme Japonais - JNTO

Les estampes, le théâtre kabuki, la calligraphie, les geishas, les sumos, mais aussi le goût de l’innovation et la prospérité économique… Le Japon actuel doit beaucoup à deux périodes fastes de son histoire : les ères Edo et Meiji, qui s’étendirent du XVIIe au début du XXe s. Aujourd’hui, plusieurs villes et sites touristiques témoignent de ce Japon d’antan. Partons à la découverte du Japon des samouraïs et des capitaines d’industrie qui ont pavé la voie du Japon contemporain.

Le Japon durable et fertile d'Edo

Le Japon durable et fertile d'Edo
Théâtre Kabuki ⓒ JNTO

Le règne du clan Tokugawa (de 1603 à 1867) marque l’une des périodes les plus intéressantes et fertiles du Japon. A son arrivée au pouvoir, en 1603, le shogun Tokugawa Ieyasu transfère la capitale de Kyoto à Edo (ancien nom de Tokyo), qui donne son nom à une nouvelle ère qui s’ouvre pour près de trois siècles.

Parmi les grandes mesures prises par ce nouveau pouvoir féodal, les shoguns (généraux) Tokugawa mettent en place le « sakoku », la fermeture du pays, qui aboutit à un miracle écologique : la population est stable, vit en autosuffisance, ne consomme presque pas de charbon et recycle le peu de ressources naturelles dont elle dispose. Un mode de vie sobre qui n’a en rien entravé l’essor de l’archipel, désormais pacifié après des décennies de guerres civiles.

Plus de deux siècles de paix et d’isolationnisme permettent le remarquable développement économique et culturel du pays, qui façonne en partie le visage actuel du Japon et fascine aujourd’hui encore le monde entier.

De nombreux arts et coutumes emblématiques du Japon voient le jour : estampes gravées sur bois ukiyo-e, théâtre traditionnel kabuki, kintsugi (l’art de réparer les objets cassés à la poudre d’or), calligraphie, arrangement floral, geishas et sumo…

Lors de l’ouverture du pays au monde à la fin du XIXe s, la découverte de cet immense patrimoine exerce une grande influence sur les artistes européens, particulièrement les peintres impressionnistes et les créateurs de l’Art nouveau qui lance la mode du « japonisme ». Depuis, l’archipel du Soleil levant n’a plus cessé d’être attractif aux yeux des Occidentaux.

Où ressentir l’époque Edo ?

Où ressentir l’époque Edo ?
Ville de Sawara ⓒ kazukiatuko / PIXTA

Plusieurs villes, dont le paysage n’a guère bougé depuis l’époque d’Edo, donnent une juste idée de la vie au Japon entre 1603 et 1867. La route du Nakasendo était une importante voie reliant Kyoto (la capitale d’alors) à Tokyo. Soixante-neuf villes relais ponctuaient le trajet : des postes de repos qui offraient logis, couverts et divertissements aux marchands, samouraïs, moines errants et autres voyageurs fatigués. La partie la mieux préservée traverse la vallée de Kiso, au nord-est de Nagoya.

Certaines sections semblent tout droit sorties d’une estampe de Hiroshige ou d’un animé des studios Ghibli ! Vous pouvez flâner à Kiso Fukushima et Narai, la plus riche des villes relais, ou encore randonner de Magome à Tsumago, deux des étapes les mieux conservées de la route du Nakasendo. Leurs rues principales sont bordées de superbes maisons en bois. Un trajet pittoresque de 9 kilomètres, soit trois heures environ.

Autre option : Kawagoe, à seulement 30 minutes en train du centre de Tokyo, dans la préfecture de Saitama. « Petite Edo », comme on la surnomme, abrite un quartier des entrepôts marchands dans son jus et la voie Taisho, qui est la rue commerçante historique de la ville. On peut aussi y observer les vestiges du temple Kita-in, et déguster des confiseries à l’ancienne. Idéal pour une excursion à la journée. Sachez que Kawagoe accueille un festival le troisième week-end d’octobre.

À Sawara, dans la préfecture de Chiba, les quelques commerces toujours en activité depuis l’époque Edo donnent à la ville une atmosphère surannée. Dans les rues, maisons de marchands, vieux entrepôts et bâtiments historiques se succèdent, comme si rien ou presque n’avait bougé au fil des siècles. Plusieurs superbes ponts enjambent les canaux. Une vraie carte postale du vieux Japon. La meilleure période pour visiter Sawara est lors du festival de la ville, en juillet et en octobre, ou au moment de l’Ayame Matsuri, festival qui célèbre la floraison des iris.

Enfin, Ouchi-juku, dans la préfecture de Fukushima, donne à voir un Japon vraiment rural. De nombreux bâtiments d’époque, au toit de chaume, ont été préservés. Ce relais de poste se situait sur l’un des itinéraires les plus fréquentés jusqu’à l’ère Meiji. Les daimyos (seigneurs) faisaient escale ici en allant vers Edo. À tester absolument : le petit train pittoresque avec tatamis et tables basses, ainsi que les nouilles negi-soba, délicieuse spécialité de la ville !

Musées et parc d'attractions pour revivre l'époque Edo

Musées et parc d'attractions pour revivre l'époque Edo
Parc à thème ⓒ EDO WONDERLAND Nikko

Deux remarquables musées vous permettront de bien appréhender cette période fascinante. D’abord le musée d’Edo-Tokyo (fermé jusqu’en 2025), qui reconstitue des paysages urbains datant du XVIIe au début du XXe siècle et qui est situé à Tokyo. En se promenant entre les maisons et les échoppes de l’époque, on s’y croirait ! Un vrai voyage dans le temps.

Si vous êtes en famille, le parc à thème Edo Wonderland Nikko Edomura est un moyen ludique de faire découvrir la culture et l’ambiance de l’époque Edo aux enfants. Le parc recréé une petite ville dans les moindres détails. On peut prendre un selfie avec des acteurs costumés, qui jouent chacun un rôle dans les attractions, les restaurants, etc. Les activités sont très divertissantes : entraînement de ninjas, labyrinthe, spectacles… Une sortie vraiment chouette !

Et si vous passez par Nagano, faites un détour à Obuse (à seulement 30 minutes en train) pour visiter le musée Hokusai. C’est à ce peintre et graveur de génie que l’on doit les « Trente-six vues du mont Fuji », dont la célèbre estampe « La grande vague de Kanagawa ». Le travail de Hokusai a influencé certains des plus grands artistes européens, comme Monet et Van Gogh. 

L'ère Meiji et les sites de la révolution industrielle

L'ère Meiji et les sites de la révolution industrielle
Musée Saiseikan, ancien hôpital construit à l'époque Meiji ⓒ luiji / PIXTA

Le crépuscule de l’ère Edo commence lorsqu’en 1853, une flotte américaine, commandée par le commodore Perry, arrive dans la baie de Tokyo et demande officiellement à l’archipel de s’ouvrir au commerce international. Un an plus tard, les premiers traités de commerce sont signés avec les Etats-Unis, puis d’autres pays occidentaux : un tournant dans l’histoire du Japon. En 1867, le shogunat Edo, miné par les crises économiques, politiques et sociales, s’effondre et Tokugawa Yoshinobu remet le pouvoir en décembre entre les mains de l’empereur Meiji.

Des années 1870 au tout début du XXe siècle, le pays connaît une transformation rapide, passant d'une société féodale fermée à un pays industriel doté d'une puissante flotte militaire. À une époque marquée par l'impérialisme occidental, l’industrialisation fulgurante d’une nation d’Asie orientale fait exception. Le Japon fait irruption dans la modernité, ne cessant de se développer depuis jusqu’à devenir l’une des trois grandes puissances mondiales au XXe s.

Aujourd’hui, 23 sites datant de la révolution industrielle Meiji sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Essentiellement concentrés dans la préfecture de Yamaguchi et sur l’île de Kyushu, ils témoignent de cette période florissante pour l’économie japonaise.

En visitant la charmante ville de Hagi (les ruines d’un four à réverbère, le chantier naval…) on découvre l’histoire passionnante des pères fondateurs du Japon moderne, surnommés les « cinq de Choshu ». Partis étudier en Grande-Bretagne, alors que les voyages étaient interdits, ces jeunes hommes sont revenus avec des idéaux politiques qui ont mené à la modernisation du pays. Tous étaient issus de familles de samouraïs originaires de Hagi et des alentours.

À l’ouest de Kyushu, Nagasaki, la ville portuaire est connue pour avoir accueilli les premiers commerçants étrangers qui foulaient la terre nipponne, notamment portugais et néerlandais à l’époque Edo. Cette ouverture précoce a marqué le paysage de la ville qui a connu un essor important à l’époque Meiji : Nagasaki est la plus européenne des métropoles japonaises. Véritable musée en plein air sur l'architecture occidentale, le parc Glover Garden concentre neuf superbes villas d’anciennes familles étrangères. Parmi elles, la résidence du négociant écossais Thomas B. Glover, classée au patrimoine mondial, est parfaitement conservée. Et très bien placée, puisque le parc offre un point de vue à couper le souffle sur la ville, en particulier à la nuit tombée.

Nagasaki compte aussi plusieurs ruines majeures datant de l’ère Meiji. L’île de Hashima inhabitée - surnommée Gunkanjima - l'île du cuirassé en raison de sa forme qui évoque un navire de guerre, au large de la ville, renferme les mystérieux vestiges d’une mine de charbon, envahie par les herbes hautes. On y découvre les ruines en béton de logements ouvriers, un escalier surnommé « stairway to hell » (« l'escalier vers l’enfer »), un temple shinto. Et tout autour, la mer... Un site terriblement photogénique !

Pour en savoir plus

https://www.japan.travel/fr/fr/

Texte : Routard.com

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