Les lacs italiens, côté jardins
Lac Majeur : Isola Bella, l’extravagante
Isola Bella (photo), avec sa silhouette de pièce montée, était à l’origine plate comme une limande ! La métamorphose est totale en 1630, quand le puissant Carlo III Borromée la rêve en galion voguant sur le lac Majeur.
À la poupe, le jardin culmine à 36 m au-dessus des eaux, du haut de ses 10 terrasses successives. La darse est installée à la proue, tandis que le palais fait office de pont central. Carlo baptise l’île en l’honneur de son épouse Isabella. Il ne vivra pas assez longtemps pour voir la transfiguration d’Isola Bella, après un demi-siècle de travaux. Qu’importe, il aurait été fier du résultat.
Sous le signe du baroque, le palais comme les jardins semblent ignorer la devise familiale "Humilitas"… Encadré de haies épaisses, le passage par un portique ménage le suspense jusqu’à un élégant portail.
Le Teatro Massimo surgit au bout d’un tapis d’herbe où se pavane un paon blanc. Follement exubérants, ses trois gradins pyramidaux abondent de statues allégoriques, de niches et de bénitiers. Au sommet, l’Art et la Nature encadrent la Licorne, emblème des Borromée. En contrebas, le jardin de l’Amour, aux parterres brodés d’arabesques végétales, est chaperonné par d’imposants buis à la coupe irréprochable.
Nourriciers à l’origine, les jardins changèrent de vocation et de physionomie au fil du temps. Si les jardins d’Isola Bella font tant d’effet, c’est avant tout pour leur esthétique baroque qui séduisit Jean-Jacques Rousseau. Il renonça pourtant à y faire vivre les personnages de La Nouvelle Héloïse de peur que tant d’ornements et d’art ne les étourdissent.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Stéphanie Déro et Dominique Roland
Mise en ligne :