Jour 11 : Ko Muk et Emerald cave
Pour éviter les sorties des tours opérators qui donnent ça :
alors qu’on doit voir ça :
On décide de se lever tôt et de se débrouiller tout seul…
Comme prévu, on se lève à 6h15… la lumière est déjà claire comme souvent sous les tropiques à ces heures matinales… On ne traîne pas, on prend un sac, des frontales et un petit sachet de congélation hermétique pour les papiers et autres téléphones, appareils photos… On mangera plus tard… On file à pieds sur la plage louer un canoë au resto de gauche où on a mangé hier midi. Le loueur est bien là dans sa case, on lui laisse quelques affaires, il nous donne quelques conseils précieux et nous propose gratuitement des frontales… il est adorable… Il fait beau mais il y a pas mal de vent, la mer est formée, ça va être sportif… On se jette à bord, on est seul que ce soit sur l’eau ou sur le sable… maintenant c’est à nous de jouer!!!
Après 30 minutes de rame intense, on est passé de l’autre côté de la falaise, ça n’est pas très engageant : l’eau est d’un bleu profond, ça bouge pas mal… on aperçoit l’entrée de la grotte qui est dans l’obscurité totale…Peut-t-on vraiment entrer ??? quelle est la distance exacte a effectuer dans le noir ??? peut-t-on s’y perdre ??? y a t il des dangers particuliers ??? Mon coéquipier ne le sent pas… Du coup, je suis à mon tour un peu refroidie… Heureusement, un petit vieux du style “capitaine Haddock” sorti de nulle part débarque avec sa petite annexe un jeune couple en combinaison devant l’entrée de la grotte. Ouf, nous ne sommes plus seuls… Ils nagent comme ils peuvent, nous, on a des frontales et un canoë, on s’engage donc les premiers… On trouve finalement le chemin facilement, de toute façon il n’y en a qu’un, ça zigzag un peu mais on aperçoit finalement la sortie… Avec le recul, la distance à parcourir est plus courte que ce qu’on a entendu, ça se fait facilement, encore faut il y être à la bonne heure…
Par précaution, je n’incite pas le premier venu à faire ça seul, car ça reste dangereux malgré tout… Vous n’êtes pas à l’abri d’une crise d’angoisse, d’une piqûre de méduse ou même d’une mer pas très avenante… la prudence est donc de mise… Sachez que de nombreuses agences proposent cette sortie, en groupe évidemment…
On arrive donc de l’autre côté et on comprend pourquoi ce nom… On laisse l’obscurité derrière nous, une mini plage de sable en forme de lune nous tend les bras, elle est parfaitement circulaire et sa couleur d’Emeraude nous fascine. A l’arrière de celle-ci : une bande de forêt digne de Jurassic Parc avec des fougères et des arbres gigantesques, tout ceci prisonnier d’ une immense paroi de calcaire. L’endroit est totalement coupé du monde, vierge de tout, seul la traversée de ce tunnel permet de venir ici. On se retrouve là, tous les 4, personne ne parle, on échange quelques regards complices, on est je crois, tous subjugués devant cette beauté…et on sait qu’on a de la chance de l’avoir vue dans ces conditions…
On profite quelques minutes de cette magie, je suis un peu stressée par le temps qui s’écoule…On reste là, figés devant les faisceaux de lumière vive qui traverse toute cette verdure. Finalement, après un bon quart d’heure, nous sommes rejoints par de nouveaux arrivants un peu bruyants… Notre moment de grâce est fini et déjà notre paradis… perdu…
On repart pour laisser place, l’endroit reste petit et n’est pas fait pour accueillir des foules… Je garde un bon souvenir de ce moment, de cet endroit… On retraverse notre tunnel en croisant quelques kayaks, tout le monde a cette même excitation qui nous animait il y a quelques minutes… on ressort sur cette mer qui ne s’est pas calmée… Après quelques coups de rames, je recroise le couple qui s’était présenté la veille sans frontale et qui avait eu peur de pénétrer dans le tunnel. Ils sont en canoë et ont cette fois de la lumière… elle me demande si on peut y rentrer en bateau, elle a l’air inquiet mais déterminé… Ils doivent quitter l’île en fin de matinée, c’est donc pour eux l’ultime chance de pouvoir voir cet endroit… Je l’encourage vivement et réponds par l’affirmative en souriant, elle a encore du temps avant que la mer ne soit trop haute… Je suis contente qu’ils aient pu accéder à la grotte, même si comme nous, ils ne devaient pas être seuls… On se quitte avec la complicité de ceux qui ont partagé quelque chose…
Il est maintenant 8h, la journée a bien commencé, on donne nos derniers coups de rame, le soleil est brûlant, je suis tellement heureuse… je n’ai pas pu prendre toutes les photos que je voulais par peur de l’eau mais c’est pas grave, c’est maintenant dans ma tête à jamais… Vous me direz que j’en fait peut être beaucoup pour juste une grotte… Mais au delà de ça, j’aime ces moments où on est déconnecté du quotidien, ces moments où on vit les choses pleinement, on se sent vivant… ça fait tellement de bien!!!
Si certains sont tentés par l’aventure, il faut donc compter une heure de rame aller retour depuis Charlie beach et 100 baths de location de canoë, à vous de voir combien de temps vous serez à l’intérieur…En tout cas, soyez prudents et prenez soin de ne rien abîmer là-bas…
De retour au loueur, je lui laisse un pourboire pour ses conseils et sa gentillesse, on récupère nos affaires, notamment un ananas frais acheté au resto la veille au soir. On le déguste sur la plage qui s’éveille doucement en guise de petit déjeuner… Les choses simples sont souvent les meilleures…
On retourne au bungalow pour se changer et déposer nos affaires puis on se met en route pour explorer l’autre côté de l’île. J’adore ce chemin, il est rustique, bordé de forêt, de fleurs, de cases… on croise quelques tuks-tuks qui trimbalent ceux qui n’ont pas voulu marcher (50 baths par personne pour traverser l’île)…Après quelques minutes de marche, ce n’est plus de la terre mais une route conventionnelle en ciment… On croise le “Hill top”, une petite pension au milieu des bois où on peut boire et manger. Un compagnon de voyage sur le bateau qui nous faisait faire la traversée nous en a dit le plus grand bien…On essaiera d’y aller…
Après une bonne demi heure de route, on arrive tout droit dans un village de pêche semblable aux gitans de la mer… C’est un cul de sac. Comme d’habitude : la mangrove emprisonne les déchets charriés par le courant, il y a là quelques bateaux traditionnels échoués, la marée est toujours basse à cette heure, c’est désert, il y a quelques pensions… L’ambiance est ici très différente de Charlie beach…
On revient sur nos pas en direction du village principal et de la jetée. Les gens paraissent très pauvres, ils vivent en système D, tout le monde à l’air de se connaître. On s’arrête dans une petite épicerie locale où on vend toute sorte de fruits et légumes… je reconnais une sorte de “quenettes”, petits fruits en grappe un peu comme des litchis… ils m’ont accompagnés toute mon enfance… j’achète ce qui lui reste… c’est un peu mes madeleines de Proust à moi. C’est assez marrant, on voit bien que l’île est en train de se transformer, on est par moment au milieu des locaux, avec leur maison, leurs épiceries, leurs jardins et parfois au milieu d’un hôtel, d’une pension ou même d’un grand resort assez moderne… le mélange des 2 est assez atypique. Pour l’instant tout ceci cohabite assez bien mais combien de temps encore cette île va garder son âme… On croise des chèvres, des chiens… on s’approche de la jetée qui est très longue mais très étroite, juste la largeur d’un tuk tuk… La vue est très belle, on voit les côtes de Trang plus à l’est et pas mal de petits îlots dont on ne connait pas les noms…
On longe le bord de mer sur la droite de la jetée, on arrive à Sibalai beach. Changement de décors total, on n’est plus dans un village de pêcheurs locaux, mais dans un resort plutôt luxueux qui s’est installé là et qui se termine plongeant dans la mer turquoise le long d’une langue de sable immaculé. Je pense que lorsqu’on est en plein hiver en Europe, qu’on se caille, qu’on attend ses vacances avec impatience et qu’on rêve d’endroits de rêve à l’autre bout du monde, on imagine exactement ce paradis là. Rien que pour le plaisir des yeux, cet endroit mérite le détours, pour ceux qui ont un peu d’argent (130 euros la nuit la moins chère) et qui souhaitent se la jouer farniente, je conseille cet endroit qui est d’un grand raffinement. Tous les clichés sont là : magnifique plage (même si le sable me parait bien trop blanc pour être naturel…), bande de cocotiers, frangipaniers, hibiscus et des bungalows grand luxe, en teck, d’une décoration soignée avec d’immenses terrasses et tout le confort moderne, tous donnant sur la mer. Je contemple cet endroit qui est magnifique il faut bien le dire, mais qui me met un peu mal à l’aise ne serait ce que par la misère qui se trouve à quelques encablures de là… D’autres diront que ce genre d’établissement fait tourner l’économie locale… A chacun de voir…
La plage étant ouverte à tous, on décide de rester un petit moment et de se baigner car le soleil tape de plus en plus fort, l’eau est d’un glacis parfait, très peu de personnes sont là, c’est ça aussi le luxe… On aurait vraiment tord de se priver. On trouve plein de petites étoiles de mer, l’eau est cristalline et chaude. C’est le bonheur, cet endroit est merveilleux et hyper reposant…même si des soucis d’érosion semblent faire leur apparition, contrecarrés à grand renfort de sacs de sable…
Ici non plus, aucun français…Cette plage est orientée est puis sud, elle est donc très agréable pour le matin… On reste là 2h puis on poursuit notre route le long de la plage… Quelques hôtels et bungalows ça et là, mais on ne voit personne… pour les gens qui veulent du repos, cet endroit paraît tout indiqué…
On s’arrête au “Tara” où on voit quelques personnes attablées, c’est marrant, la déco paraît très design par rapport au paysage ambiant… On se met à l’ombre, on crève de chaud…Le repas est bon, on rigole de voir le rouleau de papier toilette blanc dissimilé dans un joli emballage en vannerie sur la table… et oui, c’est polyvalent à l’extrême, ici ça fera aussi office de serviette…comme dans beaucoup d’endroits de l’île… Pas de chichi, on rationalise à max…
On revient par la rue commerçante qui s’est animée depuis le matin. Un varan traverse la rue juste devant nous, dans l’indifférence générale… Ici, tout est farniente, les gens vivent à la cool, même si pour eux, la vie semble dure… L’île est assez préservée d’un tourisme de masse, on croise pas mal de petits hôtels, quelques beaux resorts et des pensions familiales mais ça reste acceptable pour le moment. Elle est loin d’être sauvage, on trouve tout à condition de ne pas être difficile.
On retourne toujours à pieds de l’autre côté de l’île… on va jusqu’au “Charlie Minimart”, où on trouve de tout et pas cher, on achète des cartes postales, des serpentins et de la citronnelle. C’est marrant d’ailleurs, car il n’y a pas grand choix en ce qui concerne les cartes de Ko Muk, comme si on venait de découvrir l’île… Je précise que nous n’avons pas souffert particulièrement des moustiques mais on se dit que pour le bungalow, en prévention, l’odeur peut être pas mal pour éviter le gros gecko d’hier, même si malheureusement c’est carrément chimique…
On s’écroule sur Charlie beach, notre petite plage à nous…en attendant le coucher de soleil…
Replis sur le bungalow pour la douche avant la nuit… L’ouverture de la porte de la salle de bain se fait toujours au ralenti avec quelques palpitations cardiaques en prévision du gros gecko qui peut être nous attend… Et bien oui, il est encore là !!! ça doit être son heure… un de mes cris le fait partir… Autant dire que je me douche vitesse grand V… On retourne manger au restaurant qui est sur la gauche de la plage, celui des kayaks…ça ne fait que 2 jours que nous sommes là mais on est déjà complices avec les patrons, c’est ça aussi l’avantage des endroits minuscules…
On choisit une table un peu excentrée et au bout de quelques minutes, on sent le “cramé”. On se retourne, une des lampes extérieures vient de rendre l’âme dans un concert d’étincelles et de fumée…le feu commence à prendre le long de la balustrade… Panique à bord!!! le gérant fait tout disjoncter et tente une réparation express. Il vaudrait mieux que ça s’arrête car ici, tout est en bois…On se retrouve maintenant à la lumière de la lune, tout le monde se marre après que le départ de feu ait été éteint. C’est ça aussi la Thaïlande, tout est un peu “borderline” même les installations électriques ne répondent à aucune norme, c’est sous la pluie, dans la végétation… peut importe, on fait confiance au système D…
On finit au Ting Tong bar, il est 22h30, on est naze, des éclairs illuminent le ciel, le temps se gâte… On verra bien demain…
Le Mookies a pris soin de faire un semblant de sapin de Noël qui a lieu dans quelques jours. Délicate attention dans cette île où la religion catholique n’est pas vraiment représentée…
On se couche après une journée riche en émotions comme je les aime… J’adore cet endroit… Demain, poursuite de la découverte de l’île à pieds.