Attention à l’arnaque organisée qui
sévit à Delhi. En congés pour 3 semaines, nous sommes partis en Inde début
août. A notre arrivée à l’aéroport de Delhi vers 23h, nous avons pris un
pre-paid taxi afin justement d’éviter tout problème. Ce taxi, tout au long de
la demi-heure de taxi jusqu’au centre, nous explique que Delhi est une ville
très dangereuse, voire carrément coupe-gorge la nuit. Et qu’en ce moment il y a
à Delhi des fêtes hindoues et musulmanes ce qui plonge Delhi dans le bazar. Au
cours du trajet, il se rend vite compte, à travers nos réponses à ses
questions, que c’est la première fois que nous venons en Inde et que nous ne
nous sommes pas renseignés sur Delhi. Nous arrivons à une route fermée par des
barrières, et le taxi nous dit que c’est la rue de notre hôtel. Celui-ci se
situant dans un quartier où les rues sont trop étroites et où la police peut
donc difficilement intervenir en cas d’émeute, elles sont barrées. Nous demandons
si l’hôtel est loin derrière les barrières : le taxi nous répond que non, mais
il ne peut pas nous laisser descendre sous peine d’amende : la police punit
sévèrement les taxis qui laissent les touristes la nuit sur le trottoir. Il
nous rassure et nous dit qu’il a une solution pour nous : par chance, une
agence gouvernementale est exceptionnellement ouverte cette nuit et va pouvoir
nous aider. Il nous y emmène. Nous arrivons dans « l’agence ». Un
monsieur bienveillant nous y accueille, nous offre un thé et nous fait asseoir.
« Comment puis-je vous aider ? ». Nous expliquons que nous
voulons quitter Delhi au plus vite pour avoir le temps de faire un bon tour du
Rajasthan, et qu’il nous faut donc soit 2 billets pour Jaipur à bord d’un train
qui part ce soir, soit une nuit d’hôtel et nous prendrons le train demain. Il
nous demande où nous voulons aller au Rajasthan, et nous alarme sur le fait
qu’avec les fêtes qui ont lieu dans tout le pays, ce sera mission impossible de
trouver de la place dans les trains et dans les hôtels, et il faut donc
absolument que nous réservions tout à l’avance, sous peine de perdre nos
journées à faire le tour d’agences de voyages pour trouver des billets de
train. Il semble à la fois sûr de lui et bienveillant, il est difficile de ne
pas le croire. De fil en aiguille, il nous propose un tour du Rajasthan avec
toutes les nuits réservées dans des hôtels « gouvernementaux, meilleur
rapport qualité-prix du pays » et un chauffeur à disposition avec voiture
pendant 10 jours. Tout compris : essence, parking, salaire du chauffeur…
Pour 600€ par personne ! Je suis éreintée, à bout de nerfs, et je crois
naïvement ce monsieur qui a l’air honnête. Nous n’avons que 17 jours en Inde,
et effectivement nous n’avons donc pas de temps à perdre. Heureusement, mon
ami, qui est plus têtu que moi et meilleur financier, divise le prix annoncé
pour comprendre à combien revient la nuit d’hôtel. En comparant avec les prix
indiqués dans le Lonely Planet, il s’obstine à refuser de payer un tel prix. La
négociation continue. Le monsieur de l’agence nous propose de retirer les nuits
d’hôtel… Epuisés, nous n’arrêtons pas de répéter que nous avons besoin de
dormir, reviendrons demain pour décider, mais c’est peine perdue : le
monsieur compose pour nous les numéros d’hôtel que nous avons dans le Lonely
Planet, échange quelques mots avec la personne qui décroche, et cette personne
nous affirme que l’hôtel est complet / à 300€ la nuit, soit 10 fois le prix
indiqué dans le Lonely Planet. Il appelle l’hôtel que nous avions réservé, et
la personne que nous avons au bout du fil nous confirme qu’on ne peut pas
accéder à l’hôtel, qu’il ne peut rien faire pour nous. Dans une impasse, le
chauffeur de taxi, qui est resté tout ce temps-là avec nous et a régulièrement
corroboré les arguments du monsieur de l’agence, nous propose de nous emmener
dans une autre agence. Nous acceptons. Il doit être à ce moment-là dans les
2h30 du matin. Dans l’autre agence, on nous joue exactement le même
scénario : “Welcome, please have a seat. So, you want to go to Rajasthan. Where do you
want to go?” “For the moment, we just need to sleep, we only want a hotel for
tonight, we’ll plan our trip tomorrow”. Même chose : vous devriez tout planifier
avant de partir, vous ne trouverez aucune place dans les trains ni les bus…
Nous refusons. Je pleure et les supplie presque “Please help us: we just want
to sleep…”: rien n’y fait. Ils ne peuvent pas nous aider à trouver un hôtel à
Delhi (une agence de voyage qui ne connait pas d’hôtel à Delhi, cela frôle l’absurde…).
Cette seconde agence ferme. Le chauffeur de taxi nous ramène donc à une
troisième agence, aux bureaux en sous-sol. Exactement le même scénario se
reproduit : ils ne peuvent pas nous aider à trouver d’hôtel pour cette
nuit, par contre pour les tours du Rajasthan ils ont des propositions à nous
faire… Un vrai dialogue de sourd, car nous ne cessons de leur répéter que l’on
n’achètera rien cette nuit, que nous voulons juste un hôtel où dormir. Nous
tenons bon. Le taxi finit par nous ramener à la première agence. Ils ont pris à
leur propre piège : c’est finalement nous qui les avons eus à l’usure. Ils
sont épuisés. Le taxi cède et accepte de nous emmener dans un hôtel : le
monsieur de l’agence nous dit qu’il y en a plein sur Market Road. Nous payons
la chambre 3000 roupies alors que l’employé qui a porté nos bagages nous
indique qu’elle vaut 700 roupies. Mais nous avons atteint un stage de lassitude
et d’épuisement qui nous ôte la force de nous battre encore. Il est 4h30 du
matin, et nous sombrons dans le sommeil.
Nous avons eu de la chance :
nous en sommes sortis pour quelques milliers de roupies
« seulement ». Mais si nous avions cédé… L’affaire est extrêmement
lucrative pour ces gens malhonnêtes : un couple arnaqué par mois, et c’est
1200€ dans la poche.
A notre retour à Delhi après
notre tour du Rajasthan, nous nous sommes rendus à l’hôtel que nous avions
réservé : à l’accueil, on nous a certifié que le quartier de l’hôtel
n’avait jamais été fermé durant le mois qui venait de s’écouler. Le chauffeur de
taxi nous avait donc montré une toute autre rue, qu’il savait fermée à la
circulation. Mais ne connaissant pas Delhi, nous n’étions pas en mesure de
savoir que ce n’était pas la bonne rue. D’autant que nous n’avions aucune
raison de douter de ses dires. Quant aux coups de fil passés, nous avons
compris que le monsieur de l’agence faisait d’autres numéros que ceux que nous
lui donnions : il appelait des complices, qui nous racontaient le baratin
convenu.
Soyez donc prudents et insistez dès le début pour que le taxi vous emmène à votre hôtel, soyez têtus: ne descendez pas du taxi tant que vous n’avez pas vu l’enseigne de l’hôtel.