(Suite des carnets 12) 13
Nous avons une longue route à faire ce matin pour rejoindre Calakmul en début d’après-midi.
Nous devons remonter la route par laquelle on est venu jusqu’à Escarcega. Nous craignons retrouver les nombreux tops qui jouxtaient les travaux sur une cinquantaine de kms mais heureusement ce sens en est épargné.
Nous arrêtons à Escarcega pour déjeuner. N’ayant pas le temps de chercher, nous nous rabattons sur un genre de Mac Do, où les portions de frites et la taille des hamburgers sont, comme aux Etats-Unis, impressionnantes. La musique y est diffusée à tue-tête comme souvent les bars et les boutiques du Mexique et l’on se demande comment ils ne deviennent pas fous…Laissant la moitié de ce que l’on a commandé, nous nous sauvons de l’établissement après avoir rencontré quelques français que nous saluerons.
Avant de filer sur Calakmul, on demande à des policiers s’il y a une station service plus loin. Serviables, ils se penchent pour regarder notre indicateur de jauge d’essence avant de nous conseiller de faire demi-tour car il n’y en aura pas avant un moment.
Dans les stations service, ils sont toujours 5 ou 6 autour d’une pompe à nous faire signe de venir vers eux plutôt que la pompe d’à côté. L’un s’empare du pare-brise qu’il va rendre rutilant, l’autre se charge de l’essence, un autre fait la conversation, un autre passe un coup de chamoie sur la carrosserie…On est toujours dans le doute à savoir s’ils agissent par pure sympathie ou s’ils attendent chacun un proprina. On distribue ainsi pas mal de pesos à longueur de journée. Même sur les parkings de grands supermarchés dans lesquels nous allons par pure curiosité, on aura mis comme par enchantement, sur notre pare-brise, un pare-soleil en échange de quelques pièces.
Nous arrivons enfin aux portes de Calakmul. Il est presque 13h, et j’avais calculé qu’il fallait qu’on soit arrivé au site pour 13h30 et je sais qu’il nous reste encore une heure à traverser la jungle, avec une vitesse autorisée à 30km/h.
Nous entamons les 62 kms qui nous relient au site, en se permettant une vitesse de 50, 70 kms/h. Car nous avons conscience qu’il est déjà tard pour visiter le site. La route est assez rectiligne, carrossable…Nous présumons que cette limite de vitesse est faite pour ne pas effrayer les animaux. Et pour cause, nous n’en voyons aucun, hormis des dizaines de mi-faisans, mi-paons, que je manque à chaque fois de photographier car ils se sauvent à notre approche.
Nous croisons durant cette heure de route, deux voitures qui en sens inverse roulent aussi vite que nous et juste à la sortie des rares virages, il manquerait plus qu’on cartonne…
Enfin, nous arrivons au site. Il fait une chaleur à crever, et j’ai opté pour la dernière fois de mon accoutrement d’apiculteur. Je réalise enfin que s’il n’y a pas là de moustiques ici, il n’y en aura jamais…
A l’entrée du site, il y a des latrines écologiques, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de chasse d’eau mais de l’eau dans un seau et de la sciure de bois dans un autre. Le tout est très propre et il y a des explications en français pour s’en servir.
Nous voilà devant des panneaux qui indiquent 3 chemins différents à prendre, rapide, moyen et long. Vu l’heure avancée (il est 14h), nous choisissons le moyen en 2h et empruntons le petit chemin. Surprise, il est bétonné alors qu’on pensait que ce serait le site le plus sauvage que l’on ferait. On se dit qu’à un moment où un autre la nature va reprendre ses droits. Et ben non ! même le jardinier est passé par là, on voit de longues traînées de balai sur la terre fine. Quelle déception ! On se croirait dans un parc, un parcours de santé ! Il ne manque que les écriteaux avec les exercices à faire…Je râle tout le long et les monuments qui n’arrivent pas ; Où sont-ils ? Ils nous faudra une heure et quart avant d’en rencontrer un. Et pas d’animaux ! Où sont les singes hurleurs, les jaguars, les pumas ? Non, sans rire, je savais qu’il ne fallait pas rêver, que ce genre d’animaux ne se rencontre pas en plein jour…Mais j’avais imaginé quand même plus sauvage…moins surfait.
Nous ne nous attardons pas sur les monuments, ne les prenons même pas en photos. On en a tellement vus déjà et puis, là, sans guides pour nous expliquer, c’est moins intéressant…
Nous arrivons enfin vers les grandes pyramides. Nous en gravissons une, sensée être la plus haute. A son sommet, grandiose, on échange nos appareils photos avec un couple pour se prendre par deux. Il est mexicain, elle est américaine. Il lui fait découvrir son pays. On est les rois du monde ! On aperçoit au loin d’autres pyramides…c’est sublime et là, il y a du vent pour nous rafraîchir.
La descente est plus délicate, je pense à l’anglaise qui s’est tuée à Chichen Itza…Nous discutons avec un groupe de gens alanguis par la chaleur, à l’ombre des arbres, l’une parle un peu français, c’est la sœur du mexicain qui nous a pris en photos.
Il nous faudra 45 bonnes minutes pour rejoindre l’entrée.
Au parking, je troque mes vêtements longs contre une tenue d’été. C’est fini, je ne m’habillerai plus que comme cela. J’enlève mes basquets pour enfiler avec bonheur mes pieds-nus. Dénude, mes épaules, enfin…
Direction Chicana, chez l’anglaise chez qui nous allons passé la nuit…
(suite au prochain épisode)