C’est incroyable ce que les deux provinces juste au nord de Hanoi peuvent recéler de trésors historiques, peu connus même des locaux. Il est vrai qu’historiquement, c’est le berceau des Viêts (kinh), une tribu du sud de la Chine appelée yue au 3<sup>e</sup> siècle avant Jésus-Christ. J’ai posté il y a quelque temps une description du remarquable village de Tho Ha à 8 km au nord-ouest de Bac Ninh (qui est à 25 km au nord de Hanoi). Je suis retourné dans le village, car je n’avais pu visiter ni la maison communale, ni la pagode, fermées entre 11h30 et 14h donc je remets cette description, plus complète.
Direction banlieue nord-ouest de Bac Ninh, le quartier de Van An. A gauche d’un grand virage gauche, il y a une structure neuve au-dessus d’un canal, avec de grandes vannes ; vous continuez tout droit sur la petite route au lieu de suivre la grande sur la gauche ; ensuite, bien surveiller pour voir sur votre droite (environ 100 m) une petite allée qui descend au ferry de la rivière Cau. Vous arrivez en plein Moyen-âge, dans un village comme on en voit plus, Tho Ha, un véritable retour 1000 ans en arrière (hélas d’une effarante saleté). C’était autrefois un grand centre de poteries et d’urnes funéraires (on y a retrouvé un four du 9e et le village en comptait 50 au 19e), il a périclité par manque de bois ; il ne reste plus qu’un seul artisan, dont j’ai visité la maison, qui se trouve à gauche de la grande pagode, le long du petit canal (demander la maison de M. Trinh Đac Than, décédé, mais son frère continue). Rien d’autre n’a changé depuis des temps immémoriaux. La maison communale (Đinh) est la 2<sup>e</sup> plus grande du Nord (27 m de long sur 16 de large), mais elle est fermée. Elle date de 1663 et des descendants de plusieurs des familles qui l’ont financée habitent encore dans le village. Elle compte deux grands bâtiments : une « pièce des Sacrifices » avec 5 arches, et une salle de prière de plus de 500 m² ; quel dommage que l’on ne puisse pas visiter, pour une raison que je n’ai pu découvrir !
Par contre, on peut admirer l’intérieur de la grande pagode Đoan Minh, qui date de 1633 et contenant de belles statues et brûleurs d’encens en céramique locale. Particularité exceptionnelle ; les piliers intérieurs, en bois de fer (lim) sont placés en oblique, ce qui donne une grande élégance par rapport à des piliers verticaux.
La grande « industrie » du village est maintenant la fabrication des grandes galettes de riz, cuites au-dessus de gros fourneaux en terre ; baladez-vous dans les ruelles du village et vous en verrez partout. Village exceptionnel, avec beaucoup de belles petites maisons et une myriade de temples minuscules ; on sent vraiment qu’à une certaine époque, c’était une riche communauté !
Ensuite, direction nord vers Bac Giang (route No. 1, qui est la nationale Hanoi-Lang Son). Au kilomètre 10, tourner à droite sur la 37, direction Viet yen (Bich Đong) et Hiep Hoa (Đuc Thang). Traverser Hiep Hoa et prendre à gauche la petite route 295. Vous arrivez dans le village même de Hiep Hoa ; le traverser ; après avoir passé de nombreuses boutiques, vous aurez sur votre droite un petit bâtiment avec une façade noire marquée « Ngan Nam Plaza » ; vous prenez le chemin bétonné en face et arrivez en plein champ. Vous verrez une enceinte en latérite. C’est le tombeau Đinh Huong (demander ce nom si vous êtes perdus, mais je vous préviens, rares sont les locaux qui savent que ça existe, un phénomène qui nous étonne mais qui est fréquent au Vietnam ; je n’ai pas rencontré un seul habitant de Bac Ninh qui connaissait l’existence des tombeaux de Bac Giang, à 40 km de chez eux !). Construite en 1727, c’est selon les experts celle d’un mandarin : le tombeau couvre 200 m², avec de nombreuses sculptures qui sont magnifiques (celles d’un homme près de son cheval représentent des mandarins militaires).
Retour au rond-point à la sortie nord du village et on prend à gauche la petite route 288, direction Thai Son. Là, vous ne trouverez jamais, donc il faut demander « Lang Ho Ngo (prononcé « gno »). Même mur en latérite. Si la grille d’entrée du chemin est fermée, faites le tour et entrer juste derrière dans la maison d’une famille adorable, les Ngo Van tuyen ; Le tombeau se trouve dans sa propriété et il est très fier de vous le montrer. Même belles sculptures et d’anciens porches sculptés. J’ai donné 100 000 D à M. Tuyen ; il les mérite bien car il entretient tout cela à ses frais.
Le plus incroyable de tout cela est qu’on se sait pas pourquoi ces deux très beaux tombeaux (et il y en a d’autres dans la région) ont été construits là en plein champ ; aucun document écrit et ceux qui y sont ensevelis ne sont même pas originaires de la région. Bref, en une journée facile, vous verrez de belles choses complètement « hors des sentiers battus ». 1<sup>ère</sup> photo , la maison communlae de Tho Ha, 2e le tombeau de Hiep Hoe, 3e et 4e celui de la famille Ngo
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