Bonjour,
Le 9 mars 1945, suite au coup de force japonais contre les forces françaises, le Général Alessandri a pris la maquis avec les troupes françaises pour traverser le Vietnam depuis Hanoï vers la Chine en passant par le Laos.
Qui a des informations à ce sujet ,
Merci
J’ai écrit un livre de 1010 pages non-encore publié sur l’histoire du Vietnam, en fait, l’histoire des relations sino-vietnamiennes des origines du royaume du Vietnam à aujourd’hui. Voici le passage sur la colonne Alessandri (ce qui précéde expliquant que l’Indochine étant sous le régime de Vichy avec le remarquable DECOUX comme gouverneur général, et les Japonais étant alliés des Allemands, ils se sont conduits correctement avec les Français jusqu’au 9 mars 1945.
Conscient du danger d’une attaque japonaise suite à l’arrivée de la division japonaise le long de la R.C. 4, l’excellent général Sabatier, commandant de la Division du Tonkin, avait préparé un plan de repli en direction de la Chine du Sud-Est en cas d’une telle attaque. Prévenu le 8 mars de l’imminence de l’offensive japonaise - renseignement que les autorités militaires de Hanoï ont refusé de croire, car il y avait eu trop de fausses alertes, d’où le succès de l’attaque nippone du 9 - il regagne son poste à Vietri, d’où il organise le repli immédiat des unités de la Haute Région sous le commande-ment du très coriace général Alessandri. Le repli est resté célèbre dans l’histoire de l’Indochine sous le nom de « Colonne Alessandri » alors qu’il y en avait en fait trois, l’une directe-ment vers le Yunnan en suivant les pistes à l’est du fleuve Rouge et en passant la frontière entre Lao Cai et Ha Giang, et deux se dirigeant vers le Laos en passant par Đien Bien Phu, puis remontant nord-est pour arriver également au Yunnan. Talonnés par les Japonais, les Français arrivent épuisés en Chine, mais 5700 hommes, dont 3200 Indochinois, ont échappé au massacre nippon ; avec les plus valides est immédiatement formé un bataillon de marche de la France Libre de 650 hommes. Dans L’Humiliation, Lucien Bodard écrit ce que lui a raconté Alessandri :
Je commandais la brigade du Fleuve Rouge au Tonkin. Au début de 1945, je savais que les Japonais allaient attaquer nos troupes, mais le commandement d’alors ne le croyait pas vraiment… Le 9 mars, toutes les autres garnisons étaient faites comme des rats, massacrées ou capturées. Moi, quand les Nippons s’approchèrent de ma base de Tong, j’avais pris la piste avec mes milliers d’hommes…. Nous avons marché du 8 mars au 2 mai 1945. Nous avions 50 kilomètres d’avance sur les Japonais, mais, nous poursuivant sans trêve, ils nous rattrapaient peu à peu. Il a fallu combattre…. Toutes les maladies tropicales rongeaient mes hommes… Enfin, au bout de 53 jours, nous atteignîmes la Chine et la poursuite s’arrêta.
Pourquoi raconter ce glorieux épisode ? Parce que la suite illustre bien les rapports franco-chinois et franco-américains de cette époque, signe avant-coureur de l’attitude des Chinois et des Américains envers la France en Indochine à la fin de la guerre mondiale et au début de la guerre d’Indochine. Alessandri poursuit :
Et tout cela pour se battre autrement, mais presqu’aussi durement. Pour le Kuomintang et les Américains, nous étions des gêneurs ; c’était l’époque où Roosevelt voulait donner l’Indochine à Tchang Kai-check… Nous avons débouché à Szemao, une bourgade perdue, loin de tout et sans rien. Le sous-préfet me dit : « Nous allons vous désarmer » ; j’ai répondu : « Essayez ! » Mais en passant à travers le pays thaï, j’avais pris les kilos d’opium de la Régie et les piastres de la Trésorerie. C’était de puissants arguments et on nous laissa continuer en armes jusqu’à Kunming, où siégeaient les grands états-majors de l’Américain Wedermeyer et du Chinois Ho Hin Shin. Nous avions marché encore quelques centaines de kilomètres. L’accueil fut glacial. L’on nous confia à l’Intendance chinoise, qui nous aurait laissés crever tout bonnement. Mais, heureusement, la Chine, c’est la Chine. Avec mes piastres, j’eus tôt fait d’acheter tous les fonctionnaires chinois ; je me procurais de la bonne nourriture américaine, des bons médicaments américains, de bonnes mitraillettes américaines… Comme je ne voulais pas d’uniformes américains, j’acquis du tissu kaki, dont les tailleurs chinois firent de bonnes tenues françaises. Au bout de quelques semaines, ma troupe avait de nouveau fière allure.
Lors du repli, les Américains ne font rien pour supporter les colonnes. Dans son livre The Scrutable East, Robert Trumbull, alors correspondant du New York Times, écrit : « La violence des sentiments de Roosevelt fit que les forces américaines stationnées en Chine, dans la province du Yunnan… reçurent l’interdiction de se porter à l’aide des troupes françaises. » Cette ostracisme continue à l’arrivée des colonnes en Chine. Le général Gallagher prévient Alessandri que, si ses troupes essaient de retourner au Tonkin, elles seront traitées comme des « fauteurs de trouble ». Elles sont parquées dans des camps infects de deux bourgades perdues, Tsao-pa et Sze-mao, où elles sombrent dans l’ennui alors qu’elles ne pensent qu’à se battre *
Merci beaucoup pour ce récit riche et passionnant. Mon père faisait parti de la Colonne Alessandri au départ de Hanoï en passant par Dien Bien Phu puis au Laos pour finir à Kunming. J’ai le livre de Yves Bréhéret “L’odyssée de la colonne Alessandri” (un peu trop romancé à mon gout). Et je recherche celui de José Combes “La longue marche ou l’épopée de la colonne Alessandri” malheureusement introuvable.
Merci encore,
A.P
malheureusement introuvable.
Demandez à Indo Editions
C’est une mine !
Il y a un grand passage sur la colonne Alessandri dans un des 2 premiers tomes de La Guerre d’Indochine de Lucien Bodard, mais, évidemment, maintenant que je veux le trouver, je m’y perds. C’est sûrement dans *L’Enlisement" ou 'L"Humiliation", le 3e tome relatant la saga De Lattre, mais j’ai trouvé ça, excellent.
C’est dans L’HUMILIATION
Xin Chao
La longue marche ou l’épopée de la colonne Alessandri est disponible au format électronique, sur les sites comme Fnac. Decitre Amazon… pour 10 euros
Vous avez des ohotos prises par votre père ??? Si oui, les 2 meilleures m’intéressent pour metrtre dans mon livre avec la légende “Colonne Alessandri - Photo de …”