C’est un vieux forum et mon témoignage est dans la continuité de l’objet de ce forum. Autant le continuer et y ajouter un témoignage de plus plutôt que de démultiplier les fora. Merci butterblum1 pour l’avoir créé. J’ai lu tant de témoignages du même genre à travers le web.
De février à mai 2020, j’ai été piégée par un beach boy à Dehiwala-Mount Lavinia, Colombo. Il m’a séduite et m’a fait dépenser beaucoup d’argent.
Il travaillait dans le restaurant de l’hôtel de son cousin avec qui il se faisait passer pour un associé (Jai’s Lounge et Guest House). Il est l’un de ces jeunes du village de Dehiwala - Mount Lavinia. Il travaille également comme guide touristique. Il est dans la fin de la vingtaine. Magnifique, beau sourire, amical, longues dreadlocks.
Je suis allée à la plage pour trouver un café le lendemain de mon arrivée à Colombo. J’ai beaucoup marché et en arrivant à la plage, il est sorti tel Robinson Crusoé de son restaurant et m’a interpellée. Je cherchais la plage, elle était devant moi après deux heures de marche ; j’y suis allée. Nous avons parlé et il ne me laissait jamais tranquille, ce qui m’ennuyait. Je le trouvais lourd alors comment en suis-je arrivée à me laisser embrasser? Après 30 minutes de conversation, il me faisait un massage puis m’embrassait. Il voulait me faire des dreadlocks. Plus tard, j’étais sa petite amie et il m’a présenté comme tel à tout le monde sur la plage. Le soir, il voulait un bébé et se marier. Nous avons passé deux jours ensemble. Je suis repartie et suis revenue un mois après, en mars pour lui dire que c’était fini. Cependant, la pandémie corona m’a attrapée et j’ai décidé de ne pas quitter le Sri Lanka tant que la situation, la pandémie et les voyages ne seraient pas plus calme. J’avais décidé que je rentrerai chez moi en mai et je suis rentrée en mai.
Début mars, nous passons quelques jours à voyager au Sri Lanka. Et puis j’ai loué un appartement pendant 2 mois. Il est resté avec moi. Il ne voulait pas me quitter bien que j’aie essayé de me débarrasser de lui. Mais il était adorable avec son visage de bébé quand il comprenait que je ne le croyais pas. Il s’est juste imposé dans toutes mes activités. Il choisissait toutes les dépenses. Il ne m’a jamais demandé si cela me convenait. J’ai compris que prétendre qu’il était mon petit ami lui permettait de dépenser mon argent. Je payais tous les frais et les dîners avec ses amis. Il était plus dépensier que moi. Moi je faisais des vacances pas chères en raison de mes capacités. J’étais toujours la seule à payer, pour 2, 3 ou 5 mecs. Nous avons eu d’innombrables discussions sur le fait qu’il ne pouvait pas décider comment dépenser de l’argent qui ne lui appartenait pas. Mais il n’écoutait pas. Et la pandémie lui a servi d’excuse pour justifier certaines dépenses liées à ma soi-disant sécurité.
La visite de Colombo et le voyage au Sri Lanka ont été formidables. Le pays est magnifique. Il m’a emmené dans de beaux endroits. C’était paradoxalement un voyage de qualité. À Mount Lavinia, j’ai séjourné dans l’un de ces appartements luxueux face à la plage, ce qui ne m’intéressait pas, même si j’ai rencontré des gens qui m’ont permis de ne pas me sentir isolée car j’étais à la merci de cet homme. Je ne voulais pas être dans cet appartement. Lui était un peu obsédé à ce sujet, l’endroit où vivent les riches, une sorte de symbole de réussite pour les gens du village. De grandes inégalités se côtoient à Dehiwala et Mount Lavinia. Dans les premiers jours, ses deux amis se sont aussi imposés dans l’appartement, ils sont restés avec nous et ils sont partis quand j’ai exprimé ma colère. J’ai réalisé que j’étais censée m’occuper de tout ce petit monde. Les deux mois passés à Mount Lavinia ont été ennuyeux et j’étais heureuse de rentrer chez moi. Il cuisinait ; moi pas, j’avais perdu toute motivation. J’étais paralysée, je ne sentais rien. J’ai compris en partant que quitter l’appartement était difficile pour lui. Même s’il m’avait largement utilisée et avait romantisé sa vie, sa manière de prendre tout ce que je laissais dans l’appartement m’a laissé supposer qu’à ce moment-là il était plutôt désespéré. Ca m’a fait mal au cœur.
Cette histoire est une leçon. J’ai levé ma méfiance et cela m’a coûté cher. J’ai vu ce qu’il faisait et j’ai refusé de l’accepter, ce qui m’a piégée pendant quelques mois. C’était juste une question d’argent et de sexe. Tous les signaux d’alerte ont sonné dès les premiers moments de notre rencontre et je les ai niés car je sortais d’une relation difficile avec un homme narcissique ouvertement méchant et j’avais besoin d’affection. J’ai aussi des antécédents de relations abusives ce qui fait de moi une victime potentielle et malgré toutes les connaissances que j’ai acquises sur la manipulation, je reste vulnérable.
Aussi, si cela vous arrive, ne vous reprochez pas d’être piégée par des personnes manipulatrices, c’est leur travail de vous piéger. Ce sont des pros de la tromperie, de la tricherie et de la duperie tout en vous amadouant par leur intérêt et leur malheur. C’est leur mode de vie et leur gagne-pain. Et même si vous connaissez les astuces, vous pouvez être piégées comme moi car il faut être fort pour résister et surtout dire ‘non’ immédiatement. Or, l’approche immédiate basée sur la gentillesse et l’intérêt a pour but de désarmer et d’endormir la méfiance (même si vous êtes dérangés par certaines attitudes qui constituent les signaux d’alarme). La pression que vous subissez pour aller vite a pour but de vous empêcher de penser et de vous forcer à faire quelque chose que vous ne feriez pas autrement si vous aviez le temps de réfléchir (technique de vente basique appelée la vente forcée; technique des gens en grande insécurité comme les manipulateurs et les narcissiques). Une personne saine ne force pas et prend le temps tout en étant à l’écoute et dans la discussion. Je dis cela car j’ai encore du mal à faire le deuil et à accepter cette expérience.
Cet homme jouait la victime, il était trop amical trop tôt, il était collant, il contrôlait, prenait des décisions sans demander, imposait sa volonté. Et même s’il était amical, il manquait de considération et de respect. Il m’a menacée de me tuer au téléphone. Il a eu quelques crises de colère dans l’appartement. Il était needy et abusif de manière passive agressive, provoquant mes colères pour se présenter comme une victime ensuite. Il m’a volée et dupée. Finalement tout tournait autour de lui. Et tout était caché par sa triste histoire et son attitude affectueuse, ses mensonges sa soi-disant générosité même s’il ne donnait rien. Comme dit je pouvais voir parfois qu’il était mal dans sa peau et désespéré. Mais il est un manipulateur, son malheur et son mal-être ne lui donnent aucune excuse pour faire du mal aux gens.
Je me suis documentée sur le Sri Lanka quelques mois après mon retour ; je ne savais rien de ce pays en y allant, je voyageais en demandant aux personnes que je rencontrais où aller, quoi faire. J’ai donc appris récemment ce qu’étaient les beach boys et le tourisme sexuel pour mieux comprendre mon expérience. Je me suis sentie très mal ; j’ai eu honte. J’ai contribué malgré moi au tourisme sexuel et j’en ai été une victime. J’étais si naïve alors même que je connaissais la pratique dans l’un des pays dont je suis originaire, la Turquie. C’ets chose connue et là-bas je suis très méfiante. Les gens que je rencontrais au Sri Lanka avaient l’air sympathique et à la fin je ne savais plus qui était réellement sincère. J’étais un objet ; il n’y avait aucun sentiment. Inutile de dire que c’est extrêmement violent à vivre car le seul fait de manipuler et tromper quelqu’un est une violence.
Malheureusement ces personnes sans scrupules nuisent à l’image de leur pays.