Salut,
Je m’appelle Adeline et j’ai une expérience à partager. Il y a peu de temps je suis allée toute seule en Indonésie où j’ai passé deux semaines chez le peuple indigène Mentawaï, aussi connu comme « les hommes-fleurs ». Il faut voler à Jakarta et puis à Padang. De là, il faut prendre un ferry (un trajet de quatre heures) à l’île de Sumatra. Et puis une heure de voyage en pirogue à travers la jungle pour arriver enfin chez les Mentawaï. C’est looooong…
Je n’ai pas pris trop de photos car ça m’aurait distrait. Je préfère me concentrer sur l’expérience et l’immersion (et de plus, comme vous pouvez voir la qualité d’image sur mon portable se passe de commentaires mdr). Cela dit, ce serait dommage de ne pas partager celles qui pourraient vous intéresser !
Au début j’avais un grand choc culturel—on peut bien apprendre le faits sur un endroit lointain comme j’ai fait mais la réalité frappe de plein fouet quand même ! J’avoue que je me sentais un peu anxieuse lors de la première nuit dans une « uma » (une hutte en bois). Les bruits d’animaux et la chaleur ce ne faisait qu’aggraver ma détresse.
Une arrivée ensoleillée à Sumatra
Cependant, la tribu a fait de son mieux pour que je me sente bien accueillie. En particulier une femme qui s’appelle Bai Lau Lau, moi j’ai commencé à l’appeler « Ina » (mère) car elle était si chaleureuse et maternelle envers moi dès le début du séjour !
L’accueil chaleureux m’a permis de me lancer dans l’expérience sans souci. Je m’habituais à me baigner dans la rivière, cuire à feu ouvert, chanter des hymnes anciens, faire caca derrière un arbre (non, je rigole pas) et j’en passe. Le deuxième jour j’ai fait une randonnée avec Levi, le super guide. La boue était difficile à traverser (pour moi, mais non pour lui !) et mille sangsues m’ont mordue, mais ça valait la peine pour voir la cascade incroyable a l’autre côté de la jungle ! Il va sans dire qu’il y a aussi pas mal d’animaux exotiques.
Il est trop mignon, ce langur !
Même ces crânes de singe ont une âme selon les Mentawaï, qui sont des animistes
Les Mentawaï croient que les « titi » (tatouages) permettent à leurs aïeux de les reconnaître après la mort. De plus, ils croient que ces tatouages leur protégent des mauvais esprits qui se cachent dans la jungle
Puisqu’on en parle, les Mentawaï chassent beaucoup d’animaux pour se nourrir; les cochons et les poulets sont des proies faciles. Ceux-ci sont cuits à l’intérieur des huttes alors qu’ils sont encore intacts et sanglants. Mais ils mangent BEAUCOUP de farine de sagou, ce qui vient de la partie molle à l’intérieur des palmiers. Elle n’a pas vraiment beaucoup de saveur, une texture caoutchouteuse et les Mentawaï la mélange avec n’importe quoi. Mon plat préféré est un ragoût de poisson dont le nom m’échappe. La pêche est pratiquée par les femmes, c’est un art qui m’a pris du temps à maîtriser !
Une femme Mentawaï fait la pêche
La connaissance des femmes Mentawaï sur les endroits exacts où se trouvent les courants et les concentrations de poissons est remarquable. Ils utilisent un filet fait à la main et portent un tube en bois sur le dos dans pour stocker ce qu’elles capturent. Pour cette activité elles portent aussi une jupe en feuilles de bananier, ce qui donne aux poissons un faux sentiment de sécurité. Moi je l’ai trouvée plus confortable que je ne l’imaginais. Je peux dire la même chose sur la vie quotidienne : un atmosphère très détendue, ils ne se précipitent jamais et j’aime bien ça.
Après quelques jours, Ina m’a proposé de m’habiller en tenue traditionnelle des femmes Mentawaï : une simple jupe taille haute, un collier fait de fils jaune vif et des jolies fleurs aux cheveux. Les hommes, quant à eux, portent un pagne en écorce d’arbre. Les deux sexes ne portent pas de chemise; Ina m’a convaincue d’enlever la mienne… ou plutôt, elle a essayé de me l’arracher! J’étais un peu réticente mais je voulais être polie alors j’ai enlevé le haut. Je me sentais mal à l’aise au début, mais chez les Mentawaï la poitrine d’une femme n’est pas de tout sexuelle. Ça m’a fait réfléchir à quel point les attitudes occidentales envers les seins sont ridicules. Se balader à moitié nue et pieds nus dans la jungle, c’est ressentir en osmose avec la nature. C’est pourquoi ça ne me dérange pas de partager ici une photo de moi en tenue de tribu.
On veut toute la ventilation possible dans l’humidité de la jungle indonésienne…
La mode de vivre Mentawaï mérite la protection, mais l’assimilation forcée au niveau gouvernementale est un problème. Ces dernières années les choses ne sont pas aussi grave que ça—on m’a dit que le tollé des peuples indigènes a empêché la construction d’une plantation forestière. Mais malheureusement l’attitude du gouvernement indonésien n’est pas constante… ah comme ça me met en colère.
L’architecture d’une « uma » est remarquable
Ina, tu me manques ! T’es toujours souriante
Les jeunes Mentawaï sont plus occidentalisés que leurs aînés, ils voyagent parfois loin de la jungle et apprenent même un peu d’anglais. Levi me dit qu’il faut apprendre à s’adapter et que l’utilisation de la technologie est essentiel pour l’avenir de la tribu. Selon lui la tribu peut ainsi transmettre leur message et garder leur ancienne culture vivante. En rentrant en France avec un petit « titi » sur mon poignet j’espère pouvoir sensibiliser ceux qui le remarque.
Pour terminer sur une note légère j’ai quelques petites anecdotes amusantes :
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Un jour un groupe d’hommes avait chassé un énorme sanglier pour un sacrifice rituel. Ils en étaient tellement fiers. Et puis quelques chiens décidaient de le dévorer avant que le rituel ne puisse commencer.
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Le chaman peut faire un tour de magie où il retire une cigarette (oui les Mentawaï fument beaucoup) de derrière l’oreille de son fils. Je me demande si c’est un truc que les touristes lui ont appris ou si cela fait partie de sa culture depuis longtemps…
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Une voisine d’Ina a même essayé de me faire allaiter son bébé ! Cela est venu à l’improviste mais c’était assez drôle quand même. Elle ne semblait pas comprendre que je n’avais pas de lait…
Bref, il reste plein de choses à dire ici mais les mots ne suffisent pas pour décrire cette expérience incroyable, voire spirituelle. Je recommande !