Bonjour,
Je ne ferai qu’aborder l’investissement au costa rica, par un abord critique mais sincère, car je pense qu’il faut contrebalancer l’aspect commercial “rose” de sites d’agences immobilières françaises et étrangères. Celles ci dépeignent tellement faussement la réalité que je ne peux m’empécher d’ajouter mon grain de sel. J’ai bien peur que ceux qui rèvent de “développement durable” ou cohérent partent en courant, mais il faut bien dire l’envers de la monnaie ! Désolé si les propos qui suivent vous choquent, mais ils sont tous vérifiables. Pardon aussi à mes amis et famille vivant au costa rica ou aux gens ne procédant pas de la même manière, intégrés profondément depuis 20 ans, ayant fait de belles choses ou combattant pour la conservation des richesses naturelles et sociales de ce pays face à l’afflux des nouveaux riches.
Avant toute chose, je vous invite à séjourner au minimum 6 mois dans le pays afin de voir si vous pouvez vous adapter aux mentalités, sachant qu’elles évoluent localement vitesse grand V vers une indifférence (et aujourd’hui une xénophobie à san josé) causée par l’abondance d’étrangers les mains dans les poches sirotant une piña colada servie par de gentils costariciens gentiment colonisés. Il y a encore 2 ans, les projets touristiques et les arrivées de gringos et européens étaient saluées d’un sourire, mais cela évolue très vite et cela est fortement compréhensible malgré la haute valeur du respect de son prochain du costaricien, les étrangers se partageant allégrément le pays.
L’inflation à des prix aujourd’hui exagérés pour la plupart des familles, le foncier qui a multiplié jusqu’à 1000 en 10 ans, les routes qui se sont améliorées pour de nouveaux 4x4 surpuissants roulant à 120 sans respect de son prochain ni de celui qu’ils enpoussièrent sur le bas coté, tout cela en raison des étrangers qui ont la monnaie pour se payer le soleil, qui profite aussi à des costariciens surfant sur la vague, souvent sans foi ni loi sinon la leur et celle de leur 4x4.
Quelques petits faits :
- Pacifique nord (province du guanacaste) : “guanacaste ya no pertenece a los ticos” disent les ticos, dans une province où la région cotière a multiplié jusqu’à 1000 en 10 ans. Aujourd’hui, les villas luxueuses exigeant de l’air conditionné sont la cause en saison sêche de coupures de courant dans la capitale, sans préavis, d’une matinée ou d’un après midi où un boulanger, un mécano, arrètent donc de travailler; 10000 ha devraient être noyées d’ici peu pour subvenir aux besoins en eau faramineux des nouveaux colons (projet dikis + caraibe sud) dans des régions bien sur habitées où il est question de déplacer des villages, chose qui a déja été faite sans sommation à plusieurs reprises notamment dans le Pacifique sud.
Un fait important, le costa rica étant une montagne dans la mer, les sources alimentent directement les villages en contrebas. Les cultures d’ananas, de banane ou de café, le manque de stations d’épurations des maisons et hotels, font que nombre de ces eaux sont contaminées. Les eaux encore pures qui descendent de la montagne directement vers la plupart des villages costariciens sont souvent prélevées à la source par des aqueducs emmenant l’eau dans dez zones résidentielles luxueuses, en bord de mer, avec piscine, etc. La loi costaricienne stipulant que l’eau est le bien de tous, un projet d’aqueduc devant alimenter 74 hotels en construction sur une zone déja saturée dans le pacifique nord a été stoppé. C’est une première, et une victoire, pour le costa rica et les défenseurs de ses ressources naturelles. C’est en tout cas une goutte d’eau si l’on peut dire, face au boom actuel.
Il ne faut pas oublier qu’en amérique, l’argent et l’opportunisme sont rois. Le Costa Rica est en vente, il suffit d’y aller pour s’en rendre compte (je parle des panneaux partout).
Si vous allez au costa rica en pensant faire de bonnes affaires, sachez que sans connaitre les rouages de ce systPme de cousinage et magouilles, ou controler le processus de votre business de A à W, X ou Z, vous y êtes un bébé. Apprenez avant cela ce dicton que j’ai appris au tout début d’une entreprise que j’ai monté (et me rappeller ce dicton m’a souvent aidé!) : “En Europe, lorsqu’un entrepreneur ne t’aime pas ou que tu le dérange, il te cloue une hache entre les deux yeux, et tu es mort. Au Costa Rica, il t’ouvre les boyaux avec un scalpel, te vide, te recout, tu continues B marcher, mais en fait tu es déja mort”. Désolé pour l’aspect macabre, mais avouez que c’est parlant …
Quelques exemples et actualités de dernière minute montrant le peu de conscience du boom immobilier actuel :
- manuel antonio : projet de fermeture du Parc au 26/02 reporté de 3 mois (eaux noires se déversant dans le Parc, contamination des eaux très élevées, alors que le parc rapporte en entrées plus de 1000 millions de colons par an!). La faune de ce Parc n’est plus équilibrée : les singes à tête blanche n’ont qu’une zone restreinte pour se reproduire, le parc est petit et la pression humaine de plusieurs centaines de visiteurs émerveillés par jour qui leur donne des ailes de poulet du KFC du coin rendent les singes agressifs, dépendants. C’est un exemple de la surfréquentation actuelle d’un Parc et du peu de souci de développement durable, d’autres exemples existent, faunbe déplacée qui prend le territoire d’une autre, etc.
- zone sud : projet de nouvel aéroport de Palmar Sur, 3è aéroport international dans une des zones les + pauvres du pays mais où le moindre terrain entre Dominical et Palmar (donc toute la côte sud située à moins d’1/2h de voiture de la côte et avec vue mer) se situe à environ $200000 l’hectare et est déja divisé en lots. Le décret pour ce nouvel aéroport est passé mais au vu de la crise actuelle (50% en moins de tourisme américain et 15% en moins de tourisme européen) le projet est arrété comme beaucoup d’autres (ouf…). Lorsqu’il passera, le golfo dulce, lieu de reproduction des baleines à bosse, risque de se transformer en zone à jet skis et bananes tirées par de beaux bateaux à moteur. Alors on prie pour que l’endroit reste tranquille.
- allez faire un tour sur ce beau projet immobilier dans un endroit comme tant d’autres qui mèle pécheurs précaires et immobilier luxueux dans la caraibe sud : Ne peut il pas y avoir un autre développement que celui là? http://www.islamoin.com/ heureusement, arrété lui aussi en raison de la crise …
- “nous proposons des propriétés harmonieusement intégrées dans le paysage du Pacifique Sud et dans le plus grand respect de la nature.” nous dit immobiliercostarica.net
“Allons nous laisser longtemps encore les Nord Américains tout acheter dans ce pays pour ensuite nous revendre des morceaux B prix d’or. Dans cinq ans, il sera trop tard pour investir au Costa Rica.” nous dit terre de rèves. Je ne fais que citer, sans commentaires, à vous d’aller vérifier avec leurs informations et les miennes. - Dans la vallée centrale, les condos et édifices fleurissent à des prix exhorbitants : $600000 l’appartement est monnaie courante, les ticos aussi surfent sur la vague du tourisme et s’en mettent plein les poches. J’ai entendu dire que Mel Gibson a failli racheter Bahia Pirata à Corcovado 7 millions de dollars mais a choisi finalement le nord moins pluvieux … et c’est un costaricien qui a acheté la baie plus cher encore ! La photo de la zone vierge, vue d’avion fait envie, mais en fait le but serait d’y construire un bel hotel 5 étoiles.
- Vous voulez savoir quelle est l’opinion de costariciens sur le sujet dont nous traitons? Allez voir la tribune de Teletica par exemple, “una mentira color verde”.
http://www.teletica.com/blogs/?id=MzM
Alors, quoi penser après cette lecture?
Que tout d’abord la nature est fragile, et très fragilisée au costa rica en raison de l’installation massive et anarchique de projets ne respectant aucune règle, facilités en cela par un état perméable et opportuniste. En cause? Européens et américains, costariciens profitant de la manne, sans respect pour la nature qui leur a donné ces moyens. Qui se réveille parfois, parfois … Que s’installer dans un pays avec de bonnes intentions sans le connaitre, c’est comme vouloir emmener des puits en Afrique sans savoir ce que recherche la population. Le péché d’ignorance a de grandes conséquences sur ses finances et sa propre vie lorsqu’on investit tout son argent parce qu’on a été séduit par un coucher de soleil ou la douceur du climat. Il est égoiste s’il ne prend en compte que son plaisir personnel et ne se penche pas sur les réalités des gens autour. Ces réalités s’en trouvent modifiées, dégradées ou bien au contraire enrichies, cela dépend de la conscience avec laquelle on décide d’agir. Or en ce moment, la conscience a cédé la place à l’inconscience concernant les projets immobiliers au costa rica … alors attention, pour vous, pour le pays et pour les autres, à ce que vous entreprenez. Et surtout, ne mettez pas sur le compte de votre retraite dorée un quelconque soupçon de “durabilité” ou “conscience”, ce serait discréditer des projets qui eux, en ont. Assumez votre choix, comme on peut assumer toute décision n’allant pas dans le sens des équilibres entre les hommes et avec la nature.
“Je suis vie au milieu d’autres vies qui veulent vivre” dit Albert Schweitzer et “nul n’a le droit d’être heureux tout seul”. Cela est particulièrement à prendre en compte lorsqu’on veut s’installer dans un pays où le salaire oscille autour de $400 par mois en moyenne et où les mentalités n’ont rien à voir avec les notres, subtilement parlant. Or s’installer est un acte durable, et ces subtilités sont celles qui font que l’on reste ou pas dans le pays, que l’on y reçoit de la chaleur humaine ou de l’indifférence, que l’expérience est géniale ou catastrophique.
Des français réussissent à s’intégrer et à être heureux au costa rica ou ailleurs, dans la simplicité, ou même avec un certain confort, cela importe peu qu’il y en ait, mais dans une conscience réaliste et sincère, respectueuse, intégrée à la mouvance locale, sans s’enfermer derriPre des grilles avec une caméra et un jardinier comme il arrive à beaucoup d’entre eux disant accéder au bonheur, trop fiers et trop critiques envers la France pour deigner un jour y revenir et s’y réadapter. A vous de voir. Après cette lecture, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. J’espère vous avoir apporté un regard critique. Bonne chance à vous si vous y allez, dans ce pays auquel je suis très attaché, où on trouve le meilleur comme le pire. Merci d’y regarder les choses avec un oeil neuf, loin des valeurs de contrôle et de possession importés de la vieille europe, et dans une conscience plutôt globale.