Bonjour,
Mon mari et moi avons passé 3 semaines en Inde du Nord
(Rajasthan + Agra + Delhi) en février 2013. Nos centres d’intérêt étaient la
culture et la nature.
Ayant beaucoup bénéficié des conseils trouvés sur les
forums, voici notre retour d’expérience suivi de notre itinéraire :
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Voyage avec Air India, très bien sans aucun
retard.
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Sur place, parcours en location de voiture avec
chauffeur (Agence ShaluTour, chauffeur Ashok Sharma)
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Voiture = Tata Indica, climatisée (mais pas
besoin à cette période de l’année !) ; peut sembler petite mais nous
étions très à l’aise, et la galerie porte-bagages sur le toit permet
d’envisager facilement d’utiliser ce type de véhicule à 3 adultes voire 2
adultes et 2 enfants en étant un peu tassé à l’arrière. La propreté du véhicule
et son confort ont été appréciables pour les longs trajets. Ashok change
régulièrement de voiture (tous les 4 ans environ), donc aucun problème de
sécurité ou d’entretien. Enfin le choix d’un véhicule avec une bonne puissance
moteur s’est révélé très appréciable pour pouvoir doubler les camions sans
prendre de risque, enfin pour l’Inde.
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Nous avons apprécié sa gentillesse, son humour,
sa disponibilité, son excellente conduite (très souple bien que sportive, mais
c’est vraiment nécessaire pour survivre dans ce pays où le permis s’achète… et
où le code de la route est inexistant). Ashok parle plutôt bien anglais (niveau
oral bien meilleur que le niveau écrit), et a pu partager avec nous des
légendes et anecdotes locales. Il connaît également beaucoup de mots en
français, le comprend « à 50% » mais le parle peu. Sa longue
expérience en tant que chauffeur lui a permis de nous faire découvrir des lieux
un peu écartés des lieux touristiques traditionnels (ou réservés au tourisme
local), comme un impressionnant puits à étages à Abhaneri.
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Enfin, et c’est un gros point fort pour nous qui
souhaitions profiter un peu de la vie sauvage, Ashok connaît des coins nature
très intéressants (je pense notamment à un lac près de Ranakpur, doté de
crocodiles et d’un très grand nombre d’espèces d’oiseaux) et a un regard de
lynx qui lui permet de détecter des bestioles à grande distance ; les
longues étapes ont ainsi été rythmées de nombreux arrêts pour observer
gazelles, vautours, nilgauts, singes de plusieurs espèces, daims,
chauves-souris, mangoustes, entelles et macaques, et d’innombrables espèces
d’oiseaux. Nous avions prévu de passer deux journées « nature » à
Ranthambore et Keoladeo, mais nous avons finalement vu des espèces
intéressantes tous les jours de notre séjour grâce à lui !
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Côté pratique, Ashok nous a demandé 30€ par jour
(ce qui comprenait son salaire, son hébergement et ses repas, l’essence, les
taxes et péages). Nous avons choisi également de nous remettre à lui pour le
choix des hôtels, moyennant 350 euros par personne pour 21 nuits avec petit
déjeuner, un « safari chameau » dans le désert près de Jaisalmer et
une balade à dos d’éléphant pour monter au fort d’Amber.
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Lorsque vous choisissez une agence, je vous
recommande de vérifier la disponibilité du chauffeur. Une agence me proposait
en effet un chauffeur juste pour le transfert d’une ville à l’autre ; or
les distances peuvent être grandes entre l’hôtel, le restaurant, les monuments,
et se débrouiller en rickshaw n’est pas évident (arnaques courantes, danger la
nuit).
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Coté hôtels, le choix était globalement correct,
nous avons regretté à deux ou trois reprises qu’Ashok ne nous ait pas proposé
un forfait légèrement plus cher pour éviter certaines adresses. Dans certains
villages, il n’y a en effet rien en catégorie intermédiaire, on passe de
l’hôtel « routard pas trop regardant » au palace… Certaines adresses
ont été très très bien (hôtel Mandawa Heritage pour ses décorations, mais surtout
l’excellent et très confortable Sunder Palace à Jaipur). A noter tout de même
que nous avons quasiment tout le temps eu de l’eau chaude (pas évident en
Inde), évidemment pas pendant des heures mais c’est déjà ça. La cuisine de la
majorité de ces adresses était également bonne. Par contre, il ne faut pas du
tout s’attendre à des catégories de confort équivalentes à ce que l’on peut
trouver en Indonésie par exemple pour le même genre de prix, au risque de très
grosses déceptions. Il ne faut pas hésiter à réclamer très vigoureusement des
draps (les Indiens n’en utilisent pas), ainsi que du PQ. Nous avions dans nos
valises des draps de soie mais n’avons eu à les utiliser qu’une seule fois, à
Bundi. Et comme plusieurs voyageurs l’ont déjà écrit, mieux vaut fermer sa
porte à clé quand on est dans la chambre, les garçons d’étage ne frappent pas
toujours avant d’entrer. Enfin notre chauffeur montait vérifier avec nous la
qualité et la propreté de la chambre au moment de l’arrivée dans l’hôtel, et
s’est révélé d’une précieuse aide.
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La paire de boules quies est ZE accessoire
indispensable pour espérer fermer l’œil. Un masque pour les yeux du type de
celui qui est distribué dans les avions est également appréciable.
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Il faut savoir que, quelle que soit la catégorie
de confort, l’entretien laisse franchement à désirer ; une chambre peut
être équipée d’une TV écran plat géante et d’un lit king size tout confort,
mais avoir des fenêtres aux vitres fêlées, des tâches de peinture partout sur
le sol, des moisissures sur les murs… Cela ne dépend absolument pas du standing
de l’hôtel ou du restaurant, nous en avons fait la triste expérience dans un
palace 5* d’Udhaipur où les nappes du restaurant étaient très tâchées. Là
encore le Sunder Palace de Jaipur est une exception très agréable. A noter
toutefois que même si la propreté pouvait être améliorée, nous n’avons jamais
trouvé de cafards ou d’autres insectes dans les hôtels où nous sommes allés.
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Côté restaurants, il était rare de trouver des
nappes et serviettes propres, et les verres et couverts étaient souvent tâchés
et/ou gras. Ne pas hésiter à relaver avec de l’eau minérale, c’est notre guide
qui nous l’a lui-même suggéré. Très peu d’adresses en dehors des villes
disposent de toilettes, celles qui en ont sont souvent de gigantesques
restaurants pour cars de touristes. Par deux/trois fois nous avons préféré un
restaurant plus « populaire », et nous l’avons amèrement regretté,
pas pour le goût (mais alors vraiment pas) mais pour l’hygiène : cafards, rats,… Ne pas hésiter à demander à
manger dehors, les Indiens préfèrent les intérieurs mais des tables sont
souvent prévues pour les touristes dans le jardin. Il a été très difficile d’obtenir un plat non
épicé, malgré notre demande pressante. La nourriture végétarienne est bonne
mais très grasse… les légumes baignent dans l’huile. Tout est
« très » dans la cuisine indienne, un plat épicé est très épicé, un
dessert forcément très sucré, un plat salé très salé… Le service est souvent
très lent. Si vous ne faites pas l’appoint, le serveur peut ne pas vous ramener
la monnaie, faisant semblant de considérer que le reste constitue son pourboire…
même si la somme constitue 50% du prix du repas !
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La mendicité est omniprésente, et très agaçante.
Certains mendiants nous ont accompagnés pendant 30 minutes sans se décourager. Les
arnaques à la monnaie rendue sont courantes, et ce quelle que soit la somme
considérée. Félicitations au gardien de chaussures du temple Lakshmi Narayan de
Jaipur pour sa très grande honnêteté (il a tenu à nous rendre la monnaie sur 5
roupies !), et honte au « gardien des toilettes » des tombeaux
d’Humayun de Delhi, qui refusait de me laisser entrer si je ne multipliais pas
le prix affiché (5 roupies) par 20 ( !) ; il a fallu que des
touristes indiens à proximité interviennent… Et bravo à la poste centrale
d’Agra qui m’a vendu un timbre fiscal pour oblitérer mes lettres ! et qui
m’a indiqué un mauvais tarif (les cartes doivent être affranchies à 15 roupies, les lettres à
25…). Ne parlons pas non plus de certains gardiens vénaux de monuments,
certaines portes se fermaient à notre arrivée pour ne se rouvrir que contre 50
à 100 roupies supplémentaires. Dans les plus gros palais, il suffisait
d’attendre l’arrivée d’un groupe de touristes indiens pour que par magie ces « péages »
disparaissent, mais dans les coins les plus reculés, il fallait bien céder.
Franchement au bout de 3 semaines, c’est vraiment très fatigant. Nous avions le
sentiment de ne plus pouvoir faire confiance à qui que ce soit.
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En ce qui concerne l’artisanat local, nous avons
trouvé que globalement les prix étaient très similaires aux prix européens…
après marchandage ! et exorbitants avant. Exemple après marchandage une
écharpe en cachemire à 30€, un dessus de lit à 50€ pour les premiers prix, un
tabouret avec ornementations en pierre à 250€ ! Mais il faut reconnaître
que nous n’aimons pas beaucoup cette pratique, et avons souvent préféré ne rien
acheter.
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Dans les magasins, ne pas espérer faire un achat
rapide : il faut s’asseoir, accepter une tasse de thé, et surtout endurer
le déballage commercial des « plus belles » pièces du magasin avant
de pouvoir commencer à regarder ce qui nous intéresse vraiment. Les
argumentaires des vendeurs sont toujours les mêmes, et franchement on se pose
vite des questions sur leur véracité. Bref pas moyen de s’en sortir à moins
d’une demi-heure de palabres, ce qui amène à acheter pour rentabiliser
l’investissement en temps… ou à supprimer toutes les haltes shopping du
parcours pour ne justement pas perdre de temps !
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Les routes sont plutôt de très bonne qualité
(quelques ornières à proximité de Mandawa et de Bundi) ; mais le non
respect du code de la route par leurs usagers fait qu’il est difficile d’y
rouler très vite. Au maximum nous sommes allés à 90 km/h. La signalisation est
presque uniquement en hindi… Il est difficile de prévoir un temps de parcours
entre deux villes, le moindre aléa (accident par exemple et ils sont fréquents)
peut provoquer de grands bouchons et immobiliser complètement le trafic pendant
plusieurs dizaines de minutes à plusieurs heures. A part sur Delhi, pas de
bouchons dus aux heures de pointe, nous avons été surpris de la fluidité du
trafic même dans les grandes villes (Jaïpur, Jodhpur…)
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Côté pourboires, il faut compter 5 roupies pour
des toilettes (sauf lorsque le prix est affiché), 10 roupies pour le
gardiennage de 2 paires de chaussures, 10 roupies par bagage dans les hôtels
(dans les grandes villes ils demandent plus), 50 à 100 roupies pour un guide
improvisé (ou 10% de la somme pour les grands parcs), 50 roupies ou 10% au
restaurant… Dans certains hôtels des boîtes à pourboire sont laissées à la
réception, et cela évite bien des dérives et permet un partage plus équitable
entre l’ensemble des membres du personnel. Les offrandes dans les temples ne
sont pas obligatoires, dans les temples sans droit d’entrée nous avons laissé
10 roupies lorsqu’il n’y avait pas de visite guidée.
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Il est très difficile d’obtenir de petites
coupures, c’est incroyable le nombre d’indiens qui n’ont plus de monnaie
lorsqu’on leur tend un billet de 50 ou 100 roupies. On m’a même dit que les
billets de 5 roupies n’existaient plus, ainsi que les pièces. C’est faux. Amis
collectionneurs de pièces de monnaie, bon courage ! Notre guide avait
prévu le coup et nous en avait mis de côté (lui n’avait curieusement aucune
difficulté à en obtenir ).
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Pour les vêtements, les épaules, les jambes et
le haut des bras doivent être couverts. Certains temples demandent à ce que le
bas des bras soit également couvert mais c’est rare (entre parenthèses ce sont
souvent les temples qui sont couverts de fresques érotiques… allez
comprendre !). Pour les femmes, il faut que le T-shirt couvre bien les fesses,
et qu’il soit suffisamment ample pour cacher les formes de la poitrine (ne
parlons même pas des décolletés). Gestes et regards déplacés sont très
courants. En février, un pull se porte bien dès le coucher du soleil, et dans
les intérieurs. Si vous prévoyez une visite matinale à Ranthambore, le bonnet,
l’écharpe et les gants ne sont pas de trop… même si beaucoup d’hôtels prêtent
des couvertures pour se protéger dans la jeep.