L’Isan est une province pauvre au nord de la Thaïlande. Elle représente un tiers de la superficie du pays et l’activité est principalement agricole (Riz, canne à sucre). Nous y avons passé 6 jours en décembre 2019 et on se rappellera des températures fraîches auxquelles nous ne sommes plus habitués et d’une atmosphère lourde des fumées de brûlis. Mais ce fut surtout une plongée au cœur d’une Thaïlande authentique et traditionnelle.
Udon Thani et le lac des lotus rouges
Nous passons en coup de vent dans la principale ville de l’Isan pour sauter dans un Songtaew en direction de Kumphawapi. On rejoint le fameux lac aux lotus rouges au coucher du soleil. La balade y est magnifique avec les cabanes de pêcheurs qui se reflètent dans l’eau sombre du lac. Pas encore de lotus dont les fleurs se referment en milieu de journée.
Le lendemain, à l’aube et avec le bonnet sur la tête, un tuktuk nous conduit à l’embarcadère où nous attend une multitudes d’embarcations. Nous sommes les premiers et étonnamment nous ne croiserons pas grand monde pour notre plus grand plaisir.
La pleine saison est plutôt en janvier et février.
La balade en barque est extraordinaire: nous glissons silencieusement sur l’eau lisse comme un miroir. Hérons, hirondelles et autres espèces d’oiseaux inconnues tournoient et nous frôlent comme s’ils voulaient jouer avec nous. Mais toute notre attention est dévolue au spectacle de ces fleurs de lotus roses qui envahissent le milieu du lac.
Red Lotus Lake
Perdue au milieu des rizières asséchée en périphérie de Kumphawapi , la gare accueille 3 trains par jour sur une voie de chemin de fer unique. En attendant notre train pour Udon Thani, nous voyons surgir sur les rails un équipage de 4 thais entassés sur un chariot rudimentaire; on apprendra par la suite que l’on parle de draisine à moteur en français! : rencontre improbable qui fait échos à notre imaginaire des pionniers de chemin de fer américain. Avec un billet à 0,60 €, le train est le moyen de transport le moins cher en Thaïlande. Le paysage défile lentement par la fenêtre: buffles qui paissent dans des champs d’herbes rases, rizières sèches, et au loin les nuages de fumée des raffineries de sucre ou de champs défrichés par le feu.
Nong Khai & Sala Keaku
Le train nous emmène au nord, jusqu’à Nong Khai où le Mékong marque la frontière avec le Laos. Nous profitons de la fin d’après-midi pour nous promener en vélo le long des quais qui sont plutôt bien aménagés ce qui n’est pas courant. En route nous nous aventurons dans les ruines d’un hôtel abandonné: Il a beau faire grand jour, nous ne sommes pas rassurés en nous engageant dans les pièces défoncées des différents étages.
Le véritable intérêt de Nong Khai réside dans le parc de Sala Keaku qui rassemble des centaines de statues monumentales d’un artiste laotien des années 1980. Envahi de sculptures bouddhiques et hindouistes contemporaines et agrémenté de plantes magnifique, le parc est un véritable havre de paix. On recommande le détour lorsque le parc est baigné de la lumière de fin de journée.
De Nong Khai à Chiang Khan
Notre prochaine destination est Chiang Khan, une ville assez touristique, aussi au bord du Mékong. Et quoi que plus attirant que de remonter les rives du fleuve depuis Nong Khai pour y aller? Sauf que cela nous a pris 12 heures, avec 4 correspondances…
Première déconvenue: le bus de 7 heures dont nous avions entendu parlé n’est pas là ce matin. On se rabat sur un songtaew qui nous propose une correspondance supplémentaire. À la première correspondance, on peine à trouver le départ de la suivante avec des infos contradictoires des locaux qui préfèrent nous donner un renseignement incorrect plutôt que d’admettre qu’ils ne savent pas (ou qu’ils ne comprennent pas la question). Finalement on embarque dans une camionnette remplie de sacs de riz, qui ne cessera de faire des arrêts pour décharger sa cargaison. La suite du voyage est du même genre, plus ou moins tassés sur les banquettes, dans les gaz d’échappement et à 45 km/h de moyenne. On arrive finalement à 19 heures à Chiang Khai où on trouve enfin une chambre chez une mamie après s’être cassé le nez sur booking et appelant plusieurs hôtels, tous complets. Ouf
Chiang Khan est située au nord de la Thaïlande, le long du Mékong qui délimite la frontière avec le Laos. La ville est assez touristique mais encore plus en ce week-end prolongé. Pas facile de trouver un hébergement. L’endroit est principalement connu pour sa rue piétonne (une rareté en Thaïlande) et ses anciennes maisons avec ses façades en bois. C’est plutôt charmant même si ce soir là, il y a beaucoup de monde qui déambule devant les échoppes à touristes. On préfèrera traîner le long des quais aménagés le long de la rivière. C’est super joli, romantique et silencieux malgré les terrasses des bars chics.
A l’aube, les Thaïs se pressent sur les bord de la rue pour faire des dons aux moines en échange d’une bénédiction. Une tradition vivace à Chiang Khan mais quelque peu dénaturée par des “fidèles” qui achètent une panier d’offrandes tout prêt et qui tiennent surtout à ce qu’on les prenne en photo pendant leur don.
Mais finalement le spectacle offert par le lever du jour sur le Mékong a été la véritable récompense à notre lever aux aurores: Un brouillard délicat couvre la surface de la rivière.
Il enveloppe les embarcations, les pontons et les berges herbeuses qu’il dévoile subrepticement au gré du vent. Le paysage ne cesse de changer tandis que l’horizon se teinte des couleurs du soleil levant. Grandiose. On restera jusqu’à la dissipation de la brume pendant que les Thaïs enchaînent les selfies en pyjama par 12°.
Pour le petit déj, nous retournons prendre un Roti qui avait déjà été notre dessert la veille. Il s’agit d’une sorte de crêpe un peu épaisse légèrement frite et fourrée avec du lait concentré sucré, un oeuf et de la banane. Celui du stand dans la rue principale est délicieux! À l’inverse nous avons été plutôt déçus par les restaurants de Chiang Khan.
Nous consacrons la matinée à une balade en vélo le long de la rivière. À peine sortie de la ville, nous ne croisons plus personne sur la très belle piste cyclable. La luminosité est belle et la vue sur le Mékong est très chouette. Malheureusement la piste ne va pas bien loin. La route que nous empruntons ensuite est très fréquentée et s’éloigne des berges. C’est sans intérêt.
Le parc National de Phu Kradung
Le parc de Phu Kradung est une montagne plate au sud de Chiang Khan. Avec un plateau qui culmine à 1200 mètres d’altitude, sa géologie est très impressionnante. Il est accessible aux randonneurs pendant la saison sèche. Le parc est (trop?) bien aménagé et ne laisse pas de place à la découverte. Nous n’avons pas été impressionné, ni par la faune (inexistante), ni par les paysages brumeux. En revanche, c’est une bonne occasion de découvrir comment les Thaïs appréhendent la randonnée.
La veille nous avons séjourné au pied la montagne dans un petit village au bord de la grosse route. Partout des chiens aboient à notre passage, de vieilles femmes font la cuisine sur des braseros à même le sol, les enfants nous saluent. Les gens ne parlent pas anglais mais on se régale dans des bouibouis qui ne paient pas de mine.
Il est 8 heures du matin, le songtaew tarde à arriver et on finit par accepter l’offre d’un Thaï qui propose de nous emmener à l’entrée de parc. Sauf que l’on n’avait pas compris que c’était à deux dernière lui sur sa moto! Et pour finir, les gardes se sont marrés quand il leur a dit combien il nous avait fait payer…
À 9 heures, on débute tout excités l’ascension sous un soleil de plomb. Le chemin est bien tracé et très emprunté. On mange pas mal de poussière et ça coince aux endroits étroits avec ceux qui redescendent. Tous les kilomètres, on tombe sur des baraquements qui proposent des T-shirts et autres goodies en plastique! On tombe des nues de voir ça au milieu d’un parc naturel!
Nous avions déjà été choqué par le service de portage à bagages: de pauvres gars (et femmes et ados) portent des charges jusqu’à 60 kg sur un bâton posé sur une épaule pour une somme dérisoire. Ça fait mal au ventre de les voir avancer péniblement avec des valises à roulettes, des packs d’eau ou des bouteilles de gaz suspendus aux extrémités de leur bambou.
On arrive sur le plateau après un peu moins de 3 heures d’ascension continue et régulière. Quelques escaliers métalliques mais rien de bien méchant. Il faut encore marcher 3 kilomètres sur une piste plate peu intéressante pour atteindre le camp. Un énorme camping, qui ressemble à un camp militaire ou à un camps de migrant s’étend au milieu d’une clairière. Plus de 500 tentes nous attendent collées les unes aux autres et parfaitement alignées. On trouve aussi des sanitaires et une dizaine de gargotes.
On nous donne notre paquetage en arrivant: un tapis de sol, un duvet, un oreiller et nous prendrons 2 couvertures en plus pour la nuit froide qui s’annonce. Il ne manque plus que quelques boites de conserves!
On part ensuite se promener dans les environs. D’un coup, il y a plus personne et on découvre quelques coins charmants au bord des ruisseaux. Les cascades promises sont ridicules mais la balade est agréable.
Toujours motivés, on décide de pousser jusqu’à l’extrémité ouest du plateau pour y voir le coucher de soleil. On arrive juste à temps avec plus de 20 kilomètres dans les pattes. Nouvelle déception: un troupeau de touristes nous attend. Il faut faire la queue pour se mettre en avant sur un rocher surplombant, et le soleil est voilé. Mais le plus dur reste à venir: encore 9 km de marche pour rallier le camps dans l’obscurité. Certains Thaïs avaient loués des vélos et ce n’est pas une mauvaise idée.
Complètement claqués et frigorifiés, on n’a même pas profité du ciel étoilé. Énorme journée de plus de 30 km (Itinéraire).
Dès 4h30 du mat’ le camps s’agite déjà (on n’a pas compris pourquoi…). Quant à nous, on renonce à aller voir le lever du soleil pour nous reposer un peu. Mais pas longtemps car à 7 heures les hauts-parleurs du camps nous tirent du matelas.
On redescend tranquillement en 2h45, on enchaine avec un tuktuk, un bus et nous voilà à l’aéroport de Loei. Enfin c’est plutôt un aérodrome avec seulement 3 avions par jour qui rallient tous Bangkok
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