Bonjour
Savez vous si nous pouvons acheter une statuette de Bhouda sans problème à l aéroport ? J ai demandé à plusieurs français mais les réponses sont différentes.
Merci
Bonjour
Savez vous si nous pouvons acheter une statuette de Bhouda sans problème à l aéroport ? J ai demandé à plusieurs français mais les réponses sont différentes.
Merci
D’après la loi thaïlandaise, pour rapporter une statue de Bouddha en souvenir (je parle bien d’un objet récent et non d’une antiquité) il faut obtenir une autorisation écrite du Fine Arts Department, en s’adressant au National Museum de Bangkok, de Chiang Mai ou de Phuket avec des photos de l’objet et une copie du passeport certifiée conforme par l’ambassade ou le consulat. La procédure prend deux jours. Seules les statues complètes peuvent obtenir une autorisation, pas une tête seule par exemple. Je doute vraiment que beaucoup de touristes s’embêtent avec une si lourde procédure mais je vous cite la loi.
Justement, on (je) aimerait avoir les références “précises” de cette loi, et pas la transcription des “il paraît que”, ou des infos glanées sur des sites plus ou moins bien informés, et souvent moins que plus. En l’occurrence, je suis demandeur d’informations officielles, car, désolé, comme souvent (toujours) en Thaïlande, c’est le flou le plus complet, et les avis et les interprétations se contredisent allègrement sur la toile. Les sites qui avancent des affirmations sans donner les références des textes sur lesquels ils s’appuient sont peut-être tout à fait sérieux et dans le vrai, mais faute de preuve, on est en droit d’en douter.
Il semble que deux législations provenant de deux administrations différentes s’appliquent à ce sujet et se complètent. Du ministère des Beaux-arts, la loi B.E 2504, amendée par la loi B.E 2535, qui règlemente le commerce des antiquités. Ce texte est clair, il ne parle pas spécifiquement des bouddhas, mais plus généralement des objets d’art et des antiquités, car c’est là qu’est l’os, comme dirait de Funès, la Thaïlande, et c’est bien naturel, veut préserver son patrimoine et se montre très vigilante quant aux objets anciens qui sortent du pays. Les innombrables pillages des sites archéologiques et les trafics d’antiquités sont, par exemple, certainement à l’origine des statues des bouddhas décapités qu’on trouve dans plusieurs temples d’Ayutthaya. On se souvient également du linteau du roi Naraï, dérobé au Prasat Phanom Rung dans les années 60 et retrouvé dans un musée de Chicago, linteau qui ne fut restitué à la Thaïlande qu’en 1988, après de longues années de bataille juridique, et qui a inspiré une chanson très patriotique au groupe Carabao : “Gardez votre Coca-Cola et rendez-nous le linteau du roi Naraï…”
Cette loi indique (article 22) qu’on peut exporter sans formalité les copies d’antiquités vieilles de moins de 5 ans et donne une définition d’antiquité : "un bien ancien mobile, qu’il soit produit par l’homme ou par la nature, ou étant une partie d’un monument ancien, d’un squelette humain ou d’une carcasse d’animal, qui, par son âge et ses caractéristiques historiques, entre dans le champ de l’art, de l’histoire ou de l’archéologie. Un objet d’art est défini comme “un objet produit avec adresse par l’homme et qui a une haute valeur dans le domaine de l’art”.
Ceci pourrait s’appliquer aux reproductions (statuettes ou images) de Bouddha, pourvu qu’elles soient vieilles de moins de cinq ans. Mais en ce domaine, il faut compléter par la loi du département des douanes BE 2469 amendée par la loi B.E. 2557. Il ne s’agit plus de beaux-arts et d’antiquités, mais de législation douanière. Cette loi est partout citée comme contenant une liste d’objets faisant l’objet d’interdiction ou de restriction d’exportation, malheureusement, elle ne contient aucune liste, car, comme l’indique le site des douanes, qui publie une petite liste type informative, les listes complètes et officielles sont publiées périodiquement par le Ministère du Commerce, et sont constamment révisées et remises à jour. J’ai cherché désespérement une de ces publications, en vain. Il semble qu’elles soient à usage interne.
On pourra consulter la page du site des douanes :
http://en.customs.go.th/cont_strc_simple.php?lang=en&left_menu=menu_prohibited_restricted_items¤t_id=14223132414d505f4b
Je suis tombé sur un article du Bangkok Post de 2013, article régulièrement copié/collé sur quantité d’autres sites, sans jamais, comme d’habitude, aucune investigation ni vérification. Cet article mentionne la loi B.E. 2504 du Ministère des Beaux-arts, mais fournit également d’autres informations, sans malheureusement citer aucune source officielle. Je traduis : “Les petits bibelots (trinckets, colifichets), vendus normalement dans les boutiques à touristes, ne demandent aucune autorisation préalable et peuvent être faits dans n’importe quelle matière, telles que l’or, l’argent, le bronze, le marbre ou le bois, mais il y a un maximum autorisé de cinq reproductions.” D’où sort ce chiffre ? Mystère. Comme est mystérieuse, dans le paragraphe suivant, la taille des images de Bouddha qui ne doivent pas dépasser 12cm. Sur d’autres sites, on parle de 5 pouces. Là encore, aucun texte officiel à se mettre sous la dent, des “on m’a dit que”, des copies de copies de traduction, bref, rien de vraiment probant.
Soyons sérieux. Aller remplir un formulaire en x exemplaire auprès du Ministère des Beaux-arts pour obtenir l’autorisation d’emporter de Thaïlande un bouddha en plastoc, en résine synthétique ou en terre cuite qui coûte 5 euros dans n’importe quelle boutique de touristes est évidemment délirant. Mais la Thaïlande a l’art de multiplier les lois et les règlements de façon à ce qu’on ne sache jamais si l’on est dans son droit ou non, et j’ai souvent constaté que même les flics ne savent pas toujours comment interpréter ces invraisemblables codes constamment revus, corrigés, amendés, actualisés, etc. Ce pays est une véritable mine d’or pour les avocats…
Quant à l’affiche de l’organisation 5000s, organisation quasi intégriste créée par la sulfureuse Acharavadee Wongsakon, illuminée auto proclamée, ancienne publicitaire, propriétaire d’un très important commerce de diamants, aujourd’hui gourou à la tête d’une secte qui pratique le “Techo Vipassana” une nouvelle technique de méditation assez nébuleuse, (et qui affectionne et multiplie les collectes de fonds, ben tiens, quand il y a du fric à faire !), elle ferait mieux de s’adresser aux bonzes du royaume plutôt qu’aux touristes. Compte tenu des innombrables scandales qui éclaboussent régulièrement l’ordre monastique, s’il y a des rappels à l’ordre qui s’imposent, c’est d’abord chez les bouddhistes eux-mêmes qu’il faut les lancer. Le bouddhisme est un business très juteux dans le royaume, et ce ne sont pas les touristes qui le font le plus prospérer.
Cordialement.
Ma source est la TAT à Bangkok, avec qui j’avais échangé il y a quelques mois par FB. Elle me servait d’intermédiaire. De mémoire, les Douanes thaïlandaises me renvoyaient vers les Affaires Culturelles et celles-ci ne daignaient pas répondre à mes emails, donc la TAT a servi d’intermédiaire. Je ne publie rien sur mon site sans une vérification à la source.
J’ai cherché sur le web des infos à charge sur cette personne, et j’ai juste trouvé ceci sur Wikipedia : « Acharavadee’s critics were silenced, when the National Office of Buddhism investigated and later endorsed Acharvadee Wongsakon and her foundation, the Knowing Buddha Organization. A top official of Mahamakut Buddhist University foundation subsequently practiced Techo Vipassana Mediation under Acharavadee Wongsakon, confirming this method as a correct path to Enlightenment. »Article peut-être écrit par un prosélyte mais l’approbation en elle-même est cependant bel est bien là.
Pour rire un peu, il faut narrer quelques épisodes des folles aventures de l’ineffable Acharavadee Wongsakon. Son combat contre Disney et le dessin animé Air buddies (“Cinq toutous prêts à tout” en France) dans lequel un chien - fort sympathique au demeurant - porte le joli nom de Buddha et mange dans une gamelle gravée à son nom, suprême insulte, avait pris des dimensions épiques au début des années 2010. Telle une Jeanne d’Arc brandissant haut l’étendard de la pureté bouddhiste, la passionaria avait envoyé des fkits de lettres indignées à la firme Disney et à l’ambassade des États-Unis et avait tenté - vainement - de faire intervenir le gouvernement thaïlandais, qui s’en tamponnait éperdument. Aucun résultat, fort heureusement, le dessin animé continue d’être distribué dans le monde et de réjouir les petits, et les grands (y compris la propre fille d’Acharavadee qui l’avait, paraît-il, téléchargé sur Internet. On n’est jamais trahi que par les chiens).
Pas découragée pour autant, Acharavadee s’en prit à l’ambassade de France et des Pays-Bas lorsqu’elle apprit - horreur ! - qu’une marque d’équipements sanitaires européennes fabriquait des sièges de toilette à l’effigie de Bouddha (drôle d’idée tout de même, faut avouer). Réfutant les éventuelles vertus laxatives d’une telle représentation, la belle Acharavadee et ses 7.000 affidés revendiqués mena campagne - par courrier et par mails - contre l’auberge Le Moulin de Broaille, à Issy-l’évêque, en Bourgogne, qui osait utiliser les accessoires blasphématoires. La croisade a fonctionné au moins pour le fabricant, la société Olfa, qui a supprimé les abattants sacrilèges de son catalogue. Mais il semble que le Moulin de Broaille, loin d’obtempérer aux injonctions de Mme Wongsakon, ait mis en avant la particularité de ses toilettes afin d’attirer des clients - peut-être souffrant de constipation rebelle - séduits par la sérénité de lieux forcément propices aux épanchements intestinaux. Le Nirvana, ça peut te prendre n’importe où, hein…
Régulièrement, Acharavadee organise des marches et des défilés - parfois 200 personnes, la foule ! - particulièrement dans les quartiers touristiques, Kao San Road est une cible de choix, pour dénoncer l’usage commercial du Bouddha. Curieusement, elle reste très silencieuse sur les scandales qui secouent régulièrement la communauté monastique thaïlandaise. Plus facile de s’en prendre au pauvre touriste qui achète innocemment un tee-shirt ou un vase décoré de la tête de Bouddha que de s’attaquer à un ordre religieux riche, puissant, et globalement soutenu par le palais royal et le pouvoir politique. Quelques vagues protestations de principe contre le consumérisme qui se développe chez les talapoins, mais pas de réaction sur l’affaire des voitures de luxe du patriarche suprême entrées frauduleusement dans le royaume en pièces détachées pour échapper aux droits de douane et remontées sur place, pas de réaction sur l’affaire de Wirapol Sukphol, le bonze extradé des USA et condamné à 114 ans de prison pour détournements de fonds, fraude fiscale, escroquerie, etc, pas de réaction sur l’affaire de Phra Dhammajayo et du Wat Dhammakaya, un détournement de fonds sur fond de scandale politique, mais tout de même un butin de plus de 12 milliards de bahts, pas de réaction sur le scandale du Tiger Wat de Kanchanaburi et les millions de bahts récoltés en maltraitant (euphémisme) des animaux, pas de réactions sur le supérieur du Wat Si Saket, ses 10 comptes bancaires totalisant 130 millions de bahts, j’arrête là, la liste prendrait des pages. Pas plus tard que le mois dernier, le supérieur d’un temple de ma ville est parti avec la caisse. Fait divers tellement banal que plus personne ne s’en émeut. Au-dessous du million de bahts, ça ne fait même pas cinq lignes dans la presse locale.
Le temps n’est plus où le sangha avait le monopole incontesté de la religion, avec ses obédiences, sa hiérarchie, ses enseignements, ses sacrements, son autorité, son financement (110 millions de bahts de subventions attribuées annuellement à la communauté monastique, ce qui, avec les dons des fidèles, représente un formidable budget). Internet et les réseaux sociaux ont révolutionné la donne. Désormais, n’importe qui peut monter son petit commerce, fabriquer sa petite religion personnelle, s’autoproclamer bonze, gourou, moine, pape, archevêque, prophète, messie, illuminé, etc., dispenser son enseignement et rameuter suffisamment de gogos crédules pour lever des fonds et créer une Église, une secte, un mouvement, une chapelle, sans rien devoir aux Églises officielles. C’est la raison pour laquelle Acharavadee Wongsakon est farouchement détestée du sangha thaïlandais, et est actuellement dans le colimateur de la justice pour les innombrables et juteuses collectes de dons - qui permettent notamment d’imprimer les belles affiches qui font si forte impression sur les touristes.
Heureusement qu’Acharavadee Wongsakon est thaïlandaise. Transposons-la en Arabie Saoudite ou au Yémen, elle a l’étoffe de ceux / de celles qui demandent l’égorgement des infidèles pour blasphème envers le Prophète. Car oui, il y a un intégrisme bouddhiste. Fort heureusement, devant un abattant de toilette à l’effigie du bouddha ou un chien de dessin animé, les vrais bouddhistes haussent les épaules et méditent la phrase du Bodhicharyâvatâra de Shântideva : “Ceux qui détruisent et outragent les statues, les stûpas et la doctrine, ne méritent pas ma haine, car les bouddhas et les saints n’en souffrent pas…”
Cordialement.