Bonjour,
Votre désir est formidable, mais il y a effectivement deux freins : la durée de votre séjour et la barrière linguistique.
Pour aller dans des coins très peu touristiques, vous allez tout d’abord manquer de temps.
Il y a néanmoins deux approches possibles.
La première serait celle du “slow travel” : prendre vraiment son temps, choisir peu d’endroits et s’y installer plus longtemps que la plupart des touristes, ce qui permet d’en avoir une connaissance très différente, moins “consommatrice” et plus vivante. (voir le fil : "pour un tourisme responsable en Colombie). Dans cette logique, tout dépend de vos goûts. Si vous aimez les grandes villes, il y a de quoi faire et aussi bien Bogotá (même si la ville n’est pas “belle”, au premier contact) que Medellín ou Cali offrent une vie urbaine riche et variée.
À Bogotá, par exemple, les touristes restent cantonnés dans quelques zone (Candelaria, Montserrate, centre, musée de l’or, carrera Septima disons jusqu’au parc National, Chapinero, éventuellement la Macarena et Usaquén ou encore Teusaquillo (ParkWay), mais la plupart n’iront pas dans l’ensembe de ces endroits : la plupart se contentent de deux journées à base de plaza Bolivar, Candelaria, Musée de l’or et Montserrate). Or, la ville est pleine de vie, il y a beaucoup de concerts, de bars sympas, de spectacles de théâtre, d’expos etc. Il faut être curieux, et éventuellemet essayer de s’informer un peu avant.
Pour éviter la “consommation” touristique, une approche possible toute simple est de vous dire que vous “vivez” dans un endroit pendant un temps et non que vous le “visitez”. Cet état d’esprit légèrement différent peut tout changer.
Non seulement, la majeure partie de la ville n’est pas touristique, mais en plus les environs de Bogotá (jusqu’à 3 ou 4 heures de bus, ce qui paraît beaucoup, mais reste proche en kilométrage) ne le sont pas et peuvent être très chouette, aussi bien en allant vers la limite Cundinamarca Tolima (à l’ouest) vers le nord est (vers Boyaca) que vers le sud (direction Villavicencio).
Si, en revanche, malgré le manque de temps, vous voulez aller dans des zones beaucoup plus reculées, la question de la sécurité se posera un peu plus et des régions comme Cordobá, Norte Santander, Chocó, Cesar (par exemple, pour citer des coins presque sans touristes mais accessibles) peuvent recéler des risques, surtout pour des non-hispanophones, qui ne connaissent pas le pays et voudraient se balader complètement au hasard.
Il reste possible aussi de se faire un itinéraire plus authentique qui évite les coins touristiques.
On peut dire que les coins recommandés par les guides le sont pour deux raisons : premièrement ils sont attirants (évidemment, Villa de Leyva, Salento ou Barichara sont des villages magnifiques), ensuite le fait qu’ils soient cités par des guides fait qu’ils s’organisent pour le tourisme ce qui les rend plus recommandables encore, et le conformisme fait le reste (les guides du monde entier proposent à 90% les mêmes destinations).
Pourtant, il y a aussi une part d’aléatoire et il y a plein de petits villages et petites villes qui sont peu touristiques et très sympas. J’ai pu me retrouver dans une multitude d’endroits où jamais un étranger ne passe, pour aller rendre visite à la famille d’amis colombiens, par exemple. Il est difficile de savoir pourquoi ces endroits ne sont pas dans les circuits, alors qu’ils pourraient l’être tout autant que ceux qui le sont.
Mais ne vous méprenez pas. Les touristes vont tous dans les mêmes endroits parce qu’ils ne sauraient pas quoi faire dans des endroits qui ne sont pas touristiques. Faites l’expérience : j’ai déjà croisé plein de routards qui m’ont dit avoir tenté de s’arrêter dans tel bled au hasard d’une halte d’un trajet en bus, sur un itinéraire entre deux points touristiques. Et être reparti deux heures plus tard dans le bus d’après, parce qu’après s’être baladé une heure, ils en avaient conclu qu’il n’y avait “rien à voir, rien à faire”.
Bref, si vous cherchez des “trucs à voir, des trucs à faire” rien ne vaudra jamais un bled bien touristique. À mes yeux, il faut juste prendre le risque de rester au moins deux ou trois jours, dans cet endroit où il n’y a rien à faire, prendre le café au même endroit, discuter, attendre aussi que des choses viennent à soi… et les deux trois jours pourront se transformer en une semaine qu’on sera frustré d’interrompre.
Sur le deuxième point, qui est la barrière linguistique, il me semble que si vous êtes très motivés par votre voyage, vous avez le temps d’acquérir des bases en espagnol, que vous ferez fructifier sur place.
Sinon, de toute façon, comment sortir de relations superficielles ? Là aussi, la majorité des touristes étrangers parlant peu ou pas l’espagnol, les destinations touristiques leur offrent des “services” que n’offriront pas d’autres endroits.
En conclusion, vos envies sont louables, pas totalement inaccessibles, mais pas simples à mettre en œuvre.
Il y a plusieurs horizons “géographiques” sur lesquels je peux essayer de vous orienter en fonction de vos goûts et de vos envies plus ou moins mobiles (plutôt en messages privés) et une solution linguistique qui vous demande un peu de boulot…