27.04
La journée est annoncée comme pluvieuse, ce qu’elle fut avec des épisodes de crachin tenace.
Départ en direction du Nord de Manhattan dans son enclave qui se trouve dans le Bronx : Marble Hill.
Ce tout petit secteur qui se trouve sur une colline, comme son nom l’indique, est très facilement couvert à pied. Le but de ce début de journée était de s’approcher au plus près de la maison de Charlotte Brontë à Spuyten Duyvil.
On s’y rend facilement via la ligne 1 du métro, arrêt 225th St ou via le metro North, arrêt Marble Hill.
En traversant le quartier pour rejoindre le 2501 Palissade Avenue, adresse de la résidence ciblée, j’ai réalisé que j’avais déjà sillonné ce secteur et que, lors de mon précédent passage, il s’en serait fallu de peu pour que je tombe sur cette avenue.
Il n’est jamais franchement déplaisant de refaire une route sauf à considérer qu’on s’y trouve au moment où les éléments se déchainent.
Bien équipées, F. et moi avons malgré tout poursuivi notre route pour sinuer dans le quartier de Marble Hill à travers duquel j’avais tracé un parcours de découvertes.
Sur papier, tout est simple. Il suffit de relier les points et rues entre elles. Sur le terrain, c’est parfois autre chose. Quand on se trouve face à une palissade condamnée ou une butte infranchissable, les centaines de mètres à faire pour les contourner, sous la pluie, se transforment en corvées.
Notre persévérance et mon entêtement à aller au bout d’un projet dont j’avais rêvé à travers mes lectures ont été récompensés.
Par contre, c’est en vain que nous avons cherché à nous approcher du
Big C Rock.
Nous avons crapahuté dans des chemins assez boueux pour faire chou blanc. Ce n’est qu’une fois le pont de Broadway traversé que nous avons pu le voir.
Eh, oui ! Cette marque historique n’est visible que depuis Manhattan et pas du Bronx. Une barre d’immeuble au pied duquel nous nous sommes trouvées au plus fort de l’ondée, avec accès privé, en empêche l’accès en surplomb.
En traversant le Broadway Bridge, nous avons gravi la partie la plus septentrionale d’Inwood Hill Park pour redescendre sur Broadway afin de nous poser face à un café chaud.
Une légère accalmie a facilité la poursuite de notre promenade en direction de la Dyckman Farm House, dernier vestige intact sur Manhattan d’une ferme datant de 1785.
Cette habitation de style colonial érigée par William Dyckman, un hollandais, a été transformée en musée gratuit (un don est apprécié) et est présentée meublée.
Un petit jardin extérieur rend compte de son environnement vestige d’un terrain de cent hectares au cœur duquel elle se trouvait.
En sortant j’avais repéré que nous n’étions pas loin des Cloisters à Washington Heights.
Mon intérêt pour le site est réel mais pour le musée que les Cloisters légitiment, ce n’est pas la même chose.
N’étant pas seule et cherchant à partager ma connaissance des lieux, toujours sous un ciel qui menaçait à tout moment de nous arroser, nous sommes convenues de nous y rendre sans nécessairement en faire la visite intérieure complète.
En effet, depuis quelques mois, il n’est plus possible de payer ce que l’on veut pour y accéder. L’entrée, rattachée à celle des musées du MET est fixée à 25 $. Pour cette somme un billet permet sur trois jours consécutifs de passer du Metropolitan Museum of Art de la 5th Ave, au MET Breuer ou aux Cloisters.
Le problème est que ni l’une ni l’autre n’avions l’intention de passer l’une des deux journées à suivre dans un musée et que payer 25$ pour ce seul site, que je n’affectionne pas, n’était pas envisageable.
Après avoir encouragé F. à s’y rendre seule, reconnaissant un argumentaire plutôt à charge, elle a décidé d’employer son temps autrement.
Le site a un mérite. Il offre un accès gratuit aux toilettes sans nécessité d’avoir en main le titre d’entrée.
En sortant, nous avons emprunté un long couloir qui, photos après photos, retrace les grandes étapes de la construction de l’édifice.
La réflexion de F. m’a autant fait rire que satisfaite. « On dirait la construction d’un de ces bâtiments que l’on trouve à Disneyland ». Bien vu ! Et pour cette remarque, je n’y suis pour rien !
Le ciel restait plombé mais la pluie ne tombait pas encore. Nous avons donc parcouru en tous sens, de long en large et de haut en bas, sur les niveaux accessibles, le Fort Tryon Park. La végétation était en retard mais les espaces fleuris apportaient une légère gaité appréciable.
Nous avons traversé dans sa largeur la pointe nord de Manhattan pour nous rendre côté Harlem River à l’
Inwood’s North Cove.
En chemin, nous avons été sidérées de voir le nombre de coiffeurs et de barbiers dont les échoppes mitoyennes étaient pleines de clients, certains attendant même leur tour, sur le trottoir.
A croire que ce quartier essentiellement sud-américain est la Mecque du rasage ou encore que les résidents ne savent pas manier le leur, voire n’en possèdent pas.
Ce n’était pas une clientèle de nantis qui patientait mais bel et bien une population ordinaire en adéquation parfaite avec l’ambiance un peu misérable du coin rendue encore plus lourde par le gris sombre du ciel.
La pluie a d’ailleurs décidé qu’il ne fallait pas trop y trainer ce d’autant que l’accès au bord de la rivière était empêché par des barrières de chantier.
A ce moment-là, nous avons décidé de nous séparer chacune ayant des projets différents pour sa fin de journée.
Après une petite marche de plus en plus humide le long de Broadway, je me suis engouffrée dans la première station de métro croisée pour rejoindre l’hôtel, me concocter un diner sur le pouce et repartir pour Times Square où j’allais assister à mon premier grand show du séjour : Rocktopia.
Ce fut une soirée tonique, extraordinaire, parfaite. Le show est un savant équilibre fusion entre la musique classique et certains standards de la musique pop-rock.
Une bien belle compensation de cette journée maussade, un feu d’artifice qui m’a fait rentrer raisonnablement vers 23 h.