Oui ! J’ai un avis, même si je vais passer pour une grooooosse rabat-joie, mais j’ai l’habitude.
N’y allez pas.
Si vous y allez, vous passerez sans doute un bon moment, avec l’impression d’avoir vu quelquechose de peu commun. Mais l’envers du décor c’est une ethnie qui était déjà en danger avec la réduction de son territoire, et qu’on finit d’achever avec le tourisme ethnique (different du tourisme folklorique, un autre sujet).
Les Hadzabe, ce sont des gens qui n’avaient aucun notion de l’argent il y a 20 ans; à qui on a apporté la monnaie mais aussi de quoi la dépenser pour qu’elle retombe dans les poches de l’investisseur.
On les a poussés à substituer les plantes qui servaient aux rituels ponctuels par une consommation quotidienne de marijuana et d’alcool.
On les a poussé à substituer leurs chasses responsables par des démonstrations chaque matin en saison haute alors qu’ils n’ont pas besoin de tant de viande.
D’ailleurs le gibier sauvage, déjà poussé hors du territoire par le bétail des tribus d’éleveurs qui les encerclent, et l’urbanisation, a fini de fuir avec l’arrivée des 4x4 dans les territoires au nord du lac Eyasi.
Le district, le bureau des guides traducteurs (qui ne sont même pas Hadza), et les agences se partagent le butin et laissent des miettes et des sodas aux chefs Hadza, qui dans leur culture magnifique, ne laissent aucune place au pessimisme et ont confiance en l’avenir car les dieux sont bons.
De semi nomades beaucoup de jeunes passent sedentaires, rejoignant les baraques des villages de Gorofani et alentours, on comprend que la vie dans les grottes ne les fasse plus rever, mais c’est toujours l’alcool qui gagne sur l’absence de travail.
Les femmes Datogas broient inlassablement leur farine de mais sous nos appareils photos, mais l’accès à l’eau n’est pas plus facile depuis que les voitures affluent. On affublent les vieux des vetements traditionnels en peau de chevre que personne ne porte plus depuis longtemps.
Oh pardon j’arrete… mais quand j’ai commencé à me plonger dans le tourisme responsable, je suis allée sur place plusieurs fois plusieurs jours de suite pour comprendre tous les tenants et aboutissants, voir si on peut faire du tourisme durable autour de la question Hadzabe. La réponse est non, ou presque.
Pour ma part j’ai choisi de les laisser tranquille. Je crois malheureusement que toutes les agences proposent cette sortie. Certaines même théatralisent leur “découverte inopinée d’un groupe de Hadza lors d’une marche dans la brousse”, alors qu’ils ont bien sur passé quelques coups de fil la veille, car oui quelques chefs Hadza ont des Nokia
Une seule agence peut etre recommandée, c’est Dorobo Safaris, et voilà pourquoi:
Avec eux on ne peut pas aller rencontrer les Hadzabe moins de 4 jours et non une demi-journée. C’est assez cher je crois. C’est aussi dans une autre zone que celle où tout le monde va. Et surtout, c’est une agence qui les a toujours vraiment soutenus: ils ont acheté des terres en leurs noms, les ont borné avec des geometres, les ont fait reconnaitre par les autorités. Ils sont proches d’eux et connaissent les familles de la zone.
Je n’ai aucun intéret, je n’ai rencontré les directeurs de Dorobo qu’une fois, et vérifié leurs dires auprès de l’UCRT, l’Ujamaa Community Resources Team basée à Arusha.
Après, si vous décidez quand même d’y aller, n’apportez rien d’autre que des moustiquaires, car la malaria y fait beaucoup de victimes parmi les enfants en bas âge, et les dispensaires sont loin. Il y a de temps en temps des docteurs mobiles qui font des visites.
Voilà, après moi j’y étais en 2018, si ça se trouve aujourd’hui tout va pour le mieux en terre Hadza