Voyage à Taiwan du 30 janvier au 17 avril 2017

Forum Taiwan

Carnet 1
7 mars 2017, Chiayi
Depuis trois jours, nos pénates se nomment «Yes Hotel», le séjour ici ne peut donc être que positif. Deux heures dans un train, wagon type métro, et on s’arrête au centre-ville de Chiayi, petite agglomération du centre ouest de Taiwan. L’échelle de mesure augmente de deux décimales dans cette île / pays; 650 personnes / km2 (Canada : 3.6). Ce matin, au levée, le mercure indique 16°. Cet après-midi, il atteindra 26°. Un juste reflet des variations connues depuis un mois. Résultat : usage intensif de toute la gamme de vêtements.
Les années se suivent et se ressemblent. Geneviève nous dépose à Pierre Trudeau, ce lundi 30 janvier. Des vols successifs vers Toronto et Taipei grignoteront 24 heures à l’horloge bio. Faisons connaissance avec Eva Airways sur ce dernier tronçon de 15,5 heures. Cette société aérienne nous fit une démonstration convaincante de ses prestations : ponctualité, propreté, personnel de bord, en nombre et en amabilité. Et uniquement féminin !
L’aéroport Taoyuan est à 40 km du centre-ville. Il faut prendre un bus pour rejoindre l’hôtel. Nous voilà immédiatement trempés dans cette réalité qui nous accompagnera tout au long du voyage. La langue chinoise dominante laisse peu de place à la langue commune occidentale. Cependant, des aides spontanées se manifestent devant un visage étranger. Une heure de route et nous descendons au « Taipei Main Station ». Manque de peau, le bureau d’info touriste n’a pas encore ouvert ses portes à 7.00H. Tant pis, le GPS du taxi traduit les coordonnées du « Red Cabins Inn » en une calligraphie compréhensible par le chauffeur. Deuxième fausse note, la chambre réservée n’est disponible qu’à 17.00h. Un petit détail qui nous a échappé sur la confirmation. Qui aurait dit que nous allions entamer le programme de visites si tôt ?
Les vols, les délais et les 13 heures de décalage n’ont pas altéré le sommeil de cette première nuitée. Sortons prendre le petit déjeuner. La réceptionniste retire un petit papier sous le comptoir. Il y est mentionné dans la langue de Shakespeare : Souhaitez-vous que l’on procède à l’entretien de votre chambre ? Nous commençons déjà à se faire comprendre !
Nos premiers six jours en capitale de République de Chine servent d’introduction au séjour sur l’île. Ne pas confondre avec la République Populaire de Chine. Dans cette partie du monde, le vocable est mince mais la différence énorme. Pas autant que République de Corée et République Populaire Démocratique de Corée mais…
Nos sorties pédestres journalières ont trouvé à Taiwan un allié utile : la véranda. On nous dit que l’idée fut introduite pendant la colonisation japonaise. Elle servait à protéger les vélos des intempéries. Mais ce modèle permet également de se mettre à couvert du soleil. Tous les édifices sont construits en bordure de rue pour ce qui est des étages supérieurs. Le rez-de-chaussée est en retrait et laisse place à un large trottoir. Cette architecture commune, dans tous les grands centres urbains, connaît une nouvelle vocation. Les mobylettes y trouvent refuge. Et Il faut les compter par millions à Taiwan.
Les points d’intérêt sont multiples à Taipei, mais une incursion au « Chiang Kai Shek Memorial Hall » est incontournable. Parc de huit hectares, trois gigantesques immeubles plantés sur une esplanade proportionnelle, entourés de jardins, composent le site. Une foule nombreuse assiste au changement de garde. Un exercice, tiré d’une chorégraphie militaire, convertit en attraction touristique. Le grandiose des installations et l’intérêt des nationaux alimentent le paradoxe à l’égard de ces leaders historiques. Vénéré, ce héros de l’histoire nationale est pourtant aujourd’hui reconnu avoir été associé à de terribles exactions. L’histoire prend une trajectoire différente selon l’auteur ou l’époque. Nous ne sommes pas à une exception près.
Le National Palace Museum, riche de 690,000 pièces, contient la plus riche collection de l’art et la culture chinoise. Ce musée naît en 1925, dans la cité interdite à Beijing, en Chine. Il fut déplacé dans le sud de la Chine pour éviter des prédations durant l’invasion japonaise. En 1948, il est déplacé à Taiwan, lorsque les tensions s’accentuent entre les Nationalistes et les Communistes. Est-ce que le musée suffit pour faire de Taiwan une province de la Chine ?
La santé économique du pays se reflète dans son taux de chômage de 4%. A l’instar des pays occidentaux, les sans-emplois se situent majoritairement dans le groupe des 16 – 25 ans.
Un pronostic, d’ici peu, il ne sera plus possible de respirer sans un cellulaire. A preuve, un bébé dans sa poussette consultait déjà l’appareil de son papa. Sans « cell », tu donnes vraiment l’impression de constipé…
Le zoo de Taipei est le théâtre d’un nouvel imbroglio. On s’arrête devant une enceinte pour observer la bête recluse. Cachée sous le couvert végétal, il faut souvent mettre un moment avant de localiser l’animal. Il y a bien un tissu jaune, bardé d’inscriptions, accroché à la structure. Une dame, bienveillante s’arrête. L’enclos est temporairement fermé, dit-elle !
Pendant que les autorités américaines se dépatouillaient avec le décret à l’égard des ressortissants de sept pays musulmans, le Président organisait un bal à Mar A Lago sous le thème de l’aristocratie au XVIIIe siècle. Attendons l’annonce de celui sous le thème de la démocratie au XXIe.
Le séjour à Taipei prend fin. Le chauffeur de taxi doit appeler son bureau. Il me tend son cellulaire et souhaite visiblement que j’indique à son interlocuteur la direction à prendre. La gare centrale de Taipei n’est pas de l’ordre de la petite ruelle inconnue. Avec 6000 à 8000 signes calligraphiques pour personne bien éduqué, le bientôt septuagénaire a renoncé à l’apprentissage de la langue. Enfilons deux beignets, assis sur le plancher de la gare avant le départ du train à 9.23h. Gare aux retardataires. Le chemin de fer fonctionne avec la précision de l’horloger. Le voyageur se voit offrir deux types de train : lent ou rapide. On saisit les 20% de rabais pour le premier, n’ayant pas de RV en fin de trajet. Le passager a tout l’espace pour étendre ses jambes. De grandes glaces laissent le panorama se dérouler devant ses yeux, un document en continu jusqu’à Tainan.
Une urbanisation intensive marque l’ensemble du trajet. Des rubans de voies rapides surélevées s’entrelacent dans toutes les directions. Une préoccupation écologique se manifeste. Plusieurs parcs éoliens s’élèvent le long de la côte ouest. Les réservoirs d’eau chaude en inox tapissent les toitures des immeubles, une expression concrète d’énergie alternative. Le pays possède une centrale nucléaire au sud. Depuis la catastrophe de Fukushima au Japon, les Taiwanais font part de leur inquiétude aux autorités.
Plus le train progresse, plus les exploitations agricoles apparaissent dans le paysage. Peu commun de retrouver des champs cultivés dans des zones fortement urbanisées. Habitués à la séparation des genres, ici, des rizières occupent tout le terrain entre de grands immeubles
Taipei a son parc de mobylettes. Mais Tainan peut se qualifier de ruche des deux roues. La plus vieille ville de Taiwan ne tardera pas à dévoiler ses attributs.
Notre hôtel offre des chambres pour deux, trois ou quatre heures. Le calcul est rapidement fait. La journée entière demeure le meilleur rapport. D’autant qu’un petit déjeuner s’ajoute. Un coupon est remis au client à l’enregistrement. Le matin, il se présente au rez-de-chaussée ou des sachets de plastique sont exposés sur une grande table. Ils contiennent, lait de soya, sandwich ou hamburger au poulet.
Le plan de ville demeure notre principal allié. Nous y localisons les points d’intérêt. Nous visiterons successivement pendant ces six jours, Chihkan Towers, fort Zeelandia, Confucius Temple, Anping…Mais une promenade réserve toujours des surprises. Pénétrons dans un magasin de moyenne surface, dira-t-on. Il se nomme « Hayashi ». Cinq planchers proposent une grande diversité de produits originaux. Nous prenons plaisir à examiner les délicats étalages. Mais il n’y a pas de mystère, la maison cible une clientèle aux goussets profonds. Le dépaysement ne se prolongera pas longtemps. Quelques jours plus tard, on fait connaissance avec « Daiso Japan », le Dollorama local, ancienne version. Un prix uniformisé à 39TWD (1.80$ Can).
Deux cuisines de rue, coup sur coup, nous font découvrir des mets locaux. Les décisions prises à l’instinct font que l’on bouffe le dessert avant les bouchées de crevettes. Paysage commun, une artère aligne fours et plateaux aux mets fraichement cuits. Les clients dégustent assis sur des chaises placées sur le trottoir ou debout. Ces petites cuisines connaissent une abondante clientèle qui se renouvelle la journée durant.
A intervalle, deux chasseurs à réaction volent au-dessus de la ville. Un violent sifflement fait sursauter les non-initiés. La Chine continentale n’a qu’à bien se tenir!
En Grande Bretagne, « Campaign Against the Arms Trade » (CAAT) réclame la fin de la vente d’armes à l’Arabie Saoudite. Le gouvernement se défend mais les preuves démontrent que les bombes anglaises aspergent le Yemen. Le Canada continue de soutenir la vente de matériel militaire à ce pays du golf qui sert de faire valoir dans la lutte contre le terrorisme. M. Trump interdit, par ses décrets, l’arrivée de ressortissants du Yemen sur le sol américain. Quelle gentille convergence des Occidentaux.
Le fort Zeelandia porte aujourd’hui le nom de fort Anping. Construit par les Hollandais, il reste bien peu des fortifications d’origine. Un musée bien structuré permet néanmoins aux visiteurs de mieux connaître ses périodes successives sous les Japonais et les Chinois. Il brosse également un tableau sur la vie des peuples autochtones. Ces derniers n’ont pas reçu un meilleur traitement que nos indiens d’Amérique.
Une conclusion sur la vie urbaine s’impose. Nous appartenons à une espèce en voie d’extinction. Le piéton à Tainan a perdu pied. Mobylettes, voitures et commerces occupent les vérandas.
Un couple de notre génération, sans doute européen, circule à vélo au centre-ville. Leurs effets personnels bien ficelés à l’arrière de leurs deux roues respectifs, ils ne se classent pas dans la catégorie des voyageurs traditionnels.
En ce milieu de deuxième semaine, nous traversons une période particulièrement froide. Le mercure indiquait 13° un après-midi. Le ciel peut s’assombrir, mais il ne pleut pas. La température ne nous empêche pas d’être en mouvement. L’action a commencé à 1.00h. Le lit se met à valser. Lise se lève en trombe pour s’assurer que nous sommes toujours au 11e étage. Un site internet précise chaque secousse sismique que connaît Taiwan avec heure et intensité. Celui-ci avait une amplitude de 5,6. Deux autres petits tremblements se sont succédés par la suite au cours de la nuit.
Les Nationaux s’accommodent bien de la présence des homos sans yeux en amende. Le sourire est invariablement la monnaie d’échange. On s’empresse toujours de tenter de nous orienter au milieu d’une incompréhension mutuelle. Le pourboire n’est aucunement attendu. Depuis l’arrivée, il nous est arrivé une fois dans un café de refiler des pièces au serveur étonné.
Le bus 99 rejoint le « Taijiang National Park », destination du jour. Deux véhicules portent le même numéro pour des destinations apparentées mais différentes. Nous montons dans celui qui a pour destination finale le « Cigu Salt Mountain ». Changement de programme obligé. Nous escaladons plutôt une colline de sel en moins de deux. En route, nous avions aperçu au loin un immense complexe religieux et sa cohorte de pèlerins. C’est l’Orthodox Luerhmen Shengmu Temple. Trois temples en succession occupent un immense quadrilatère. Beaucoup de plaisir visuel mais impossible de connaître la signification des fois exprimées. Il semble qu’il y a juxtaposition de trois cultes. Mais l’étonnante activité se déroule à l’arrière des immeubles. Une équipe, doit-on dire, faisait voler un escadron de perroquets. Les oiseaux reposaient sur leurs avant-bras et ils les propulsaient d’un geste vif vers le ciel. Les oiseaux tournoyaient en altitude jusqu’à ce qu’un coup de sifflet leur signifiait de revenir à leurs maîtres.
Des quinze mille temples que comptent Taiwan, Tainan en possède une somme importante. Mais nous n’avons pas l’ambition de réaliser l’inventaire des centres de culte.
Le Taoïsme, le Bouddhisme et le Confucianisme demeurent les trois courants religieux dominants. Cependant, Taiwan est reconnu pour sa tolérance. Le pays fait également place aux croyances individuelles, et pour certains, à un mélange des genres. La dévotion des uns, comme dans plusieurs pays, fait le bonheur financier des autres. Plusieurs marchands proposent des consommables. Ainsi une pratique commune veut que l’on brûle dans un four, en bordure de rue, des feuillets jaunes, achetés en bloc. Les Québécois se souviennent des lampions…
Ce dernier jour à Tainan coïncide avec la fin du festival des lanternes. Une fête populaire très couru dans tout le pays. Nous en avions senti toute l’effervescence lors du premier week-end à Taipei.
Mettons le cap maintenant sur la ville la plus populeuse, Kaohsiung, 2.8 millions d’habitants. Jusqu’ici, un constat s’impose. Les cigarettiers ont encore de beaux jours devant eux. Les fumeurs s’affichent en grand nombre. Les dépanneurs font état d’une grande variété de marques. La règlementation laisse place à un laxisme que les Canadiens ont combattu jadis. Les cendriers se retrouvent sur les tables de plusieurs restaurants.
L’observation suivante ne découle pas du paragraphe précédent. Le port du masque sur le nez et la bouche est monnaie courante dans les villes. La pollution atmosphérique en est la principale cause. La densité de la population et la mer de mobylettes forment un couple nocif. Mais les cent milles marins du détroit de Taiwan sont une bande bien mince pour diluer l’air polluée en provenance de la Chine continentale. Hong Kong éprouve le même problème d’atmosphère vicié dû à sa proximité avec la mal aimée mère patrie.
Nous voilà repartis pour une première reconnaissance du quartier Xinxing. De très larges boulevards facilitent la fluidité de la circulation. Plusieurs immeubles brillent par leur architecture originale. L’un compte 40 étages et plusieurs confrères de cette taille le côtoient. La rivière Love serpente dans ce secteur. Non seulement les berges sont agréablement aménagés mais la verdure reçoit des soins méticuleux.
La quête d’une vie éternelle ne cesse de nous envouter. Le « Fo Guang Shan Buddha Memorial Center » occupe la première place des démarches à mener. On se rend à pied à la station centrale de métro. Cinq stations franchies, un bus doit nous conduire au site. Dans l’attente, une jeune dame, qui se rend au même endroit, vient de recevoir une offre d’un chauffeur de taxi. Elle cherche des compagnons pour partager les frais. D’origine polonaise, elle a obtenu ces derniers jours son PHD en chimie, après quatre années d’étude ici. Elle enseignera à l’université à compter du mois prochain. Le hasard sait faire.
Dès que le taxi pénètre dans le stationnement, un gigantesque complexe se déploie sous nos yeux. Avant même d’y pénétrer, nous savons y avoir joué la bonne carte. Nous passons l’après-midi entier à marcher, voir, admirer tourelles, monuments, temples, stupa… Les mots manquent pour décrire l’envergure des multiples constructions dédiées à Buddha. Sans omettre le personnage lui-même de plus de cent mètres de hauteur. Des jardins odorants arborent une végétation polyvalente, des personnages animaliers ou de contes pour enfant. Des coffrets aux entrées sollicitent les visiteurs pour le dépôt d’une obole. Il n’y a aucun frais d’admission. Mais les boutiques cadeaux pullulent. Le personnel, certains moines, se montre d’une gentillesse remarquable. Une telle découverte nous ramène sur place une semaine plus tard pour compléter la visite.
Encore quelques années, le tissu des jambes de mes vieux pantalons devrait céder. Ce sera une belle aubaine. Cela m’évitera de chercher des vêtements mode dans de couteuses boutiques.
Les Yéménites, les Syriens et bien d’autres souhaiteraient sans doute avoir une vie de chien. Les Nationaux affectionnent les animaux de compagnie. Leurs maîtres en prennent un soin passionné qui ferait l’envie de tout réfugié.
Descendons, via le métro, à Ciaotou, un village qui a connu ses années prospères au XXe siècle. Il abritait une grande usine de raffinage de sucre. La zone agricole immédiate produisait de la canne à sucre. Cette usine s’est développée au cours des périodes coloniales successives sous les Hollandais et les Japonais. Les autorités locales ont pris grand soin de conserver intact bâtiments et machineries depuis la clôture des opérations au début des années 2000. Le visiteur a libre cours de se promener dans les bâtiments garnis d’équipements costauds. Toutes les étapes de raffinage y sont décrites. Un musée, intégré dans un édifice de production, joue bien son rôle pédagogique. Il a également pour principale vertu de présenter la transformation de la TSC (Taiwan Sugar Corporation) vers une économie nouvelle. Comme bien des secteurs, les Shawiniganais connaissent, l’industrie sucrière a connu un irréversible déclin. Les dirigeants ont vu venir. Ils ont su utiliser capitaux et ressources humaines dans la R&D. Aujourd’hui, l’entreprise s’est renouvelée dans l’agriculture, les loisirs, la biotechnologie…
A Kaohsiung, le lavage des voitures atteint un niveau d’excellence encore inconnu jusqu’ici. Suite au lavage et séchage à la main, une dernière étape s’ajoute. L’employé à l’aide d’un jet à air comprimé élimine toute particule qui aurait échappé à la vigilance de l’opérateur. La vénération pour l’automobile ne flétrit pas.
Histoire de retrouver l’air de la campagne, un deux jours à Meinong est au programme. Nous laissons le bord de mer pour pénétrer le centre de l’île. Le bus met 1,5h avant d’entrer en gare au centre-ville. Les indications affichées ne nous sont d’aucun secours. Guichet désert, aucun taxi en vue, traversons la rue pour réclamer de l’aide au « 7 Eleven ». La caissière tente de localiser sur le plan de ville notre hôtel, mais en vain. Une bonne samaritaine se présente pile. Olivia, d’origine sud-africaine, accompagnée de son conjoint Sam, s’offrent à nous déposer au B&B. Ils restent à disposition en nous laissant leurs coordonnées.
Le « Renzji Village B&B » se situe au nord du lac Meinong. Nous y sommes accueillis par la propriétaire. Une procédure d’enregistrement peu commune s’engage alors. Elle déroule une grande carte du monde. Les clients sont priés d’y inscrire leurs noms vis-à-vis leurs lieux de résidence. Du Canada, seule une personne de Toronto et une seconde de Vancouver ont préalablement marqué leur présence.
Le gite se compose d’une enfilade de structures entourée de végétation sous plusieurs formes. Il faut traverser un ponceau surplombant un étang pour se rendre à la chambre. L’établissement s’affiche sur un panneau extérieur sous le nom de Range B&B. Ce ne sera pas le seul hébergement qui présente une raison sociale différente sur place, sur internet et sur les cartes de visite. Ne pas voir subterfuge. Il s’agit souvent d’une question relative au passage d’une langue à l’autre. Nous parlons traduction, il est plutôt question de signification. Prière de ne pas mettre cette explication en doute.
Meinong, village hum de 42,000 habitants, se découvre à vélo. On s’arrête voir la mise en terre des plants de riz. La technique traditionnelle nous était familière. Mais ici, les agriculteurs ont mécanisé l’opération. Les plants sont achetés sous forme de bande, comme est vendue la tourbe chez nous. Les rouleaux sont ensuite montés à l’arrière d’un petit tracteur. Ses roues élevées en métal donnent la traction nécessaire et évitent à l’engin de s’enfoncer dans le bassin.
Faisons connaissance avec l’ethnie Hakka, majoritaire dans ce village. Un musée leur est consacré. Il loge dans un bâtiment moderne et bien conçu. Juxtaposition d’objets, photos et écrans nous ouvrent sur leur culture. Les Hakkas cultivaient dans le passé le tabac. Des marques de cigarettes fabriquées de leurs feuilles en disent longs sur les vertus de cette plante. Que diriez-vous d’une «Long Life Mild»!
Notre hôte nous dépose en voiture au terminus. Il insiste pour un départ précoce. A notre insu, il nourrit l’idée de prendre une photo souvenir des Québécois devant le temple du patelin. Nous comprenons que le geste a une signification. Lors de l’achat d’une nouvelle voiture, les gens de Meinong viennent la garer devant le temple et font une offrande, dit-il. Ils ont ainsi souscrit une forme d’assurance, pense-t-on. On se dirige ensuite vers le terminus. Il immobilise sa voiture devant l’entrée et nous accompagne jusqu’à la plateforme d’attente. Il nous salue chaleureusement. Cette attitude demeure un trait commun des Taiwanais dans le commerce. Ils font montre d’une vitesse d’exécution et d’un empressement à répondre aux attentes du client.
Retour dans la méga-cité et son flux automobile. Faisons connaissance avec la « Luxgen », une voiture taiwanaise. La calandre porte le «L» de la marque. Il y a peu pour confondre son effigie avec le «L» de Lexus. N’y va-t-il pas d’une petite manœuvre toute chinoise !
Le hasard mène à une église catholique, une denrée rare. Elle a grimpé l’échelle des valeurs de l’institution. Après l’atteinte du niveau cathédrale, elle est consacrée du titre basilique mineure, soit du St-Rosaire. Un préposé remet un dépliant aux visiteurs et les invite à compléter un cahier de présence. Nous prenons quelques minutes pour contempler les lieux et admirer les vitraux. Une si vaste cité laisse aux infatigables piétons le plaisir de toujours emprunter une rue non encore découverte.
Le camion des éboueurs fredonne quelques notes musicales pour annoncer son passage. Il est suivi par un véhicule compagnon voué au ramassage des matières à récupérer. Les gens surgissent de toute part remettent leurs sacs de plastique au chargé de la réception des déchets. Les citadins, au son caractéristique, se dirigent précipitamment vers l’un des camions attendus.
Des dizaines de commerces, à proximité de l’hôtel, ont une vocation commune. Ils vendent robes de mariées et accessoires apparentés. Trait culturel, le couple s’assoit à une même table en compagnie d’un conseiller. Les marchands laissent entrevoir derrière les mannequins en vitrine une salle garnie de plusieurs tables de consultation. Ils discutent des produits avec un épais catalogue en main. Cette tradition ne peut disparaître au risque de voir s’écrouler un pan de l’économie.
La cuisine locale, variée et savoureuse, se révèle remarquablement peu sucrée. Nous ne pouvons pas faire un rapprochement avec le faible taux d’obésité observé jusqu’ici.
La visite du consulat britannique, immeuble historique, propose des scènes d’époque reconstituées avec des personnages en cire, taille humaine. Sont exposées des cartes géographiques anciennes. Le tracé des pays et cours d’eau n’était pas le fruit de l’observation satellitaire, un réel sujet d’émerveillement. Certes mieux que les membres contemporains de la famille royale au mur ou sur les tasses émaillées en exposition.
Le développement de l’industrie du transport mu à l’électricité ne se limite pas à l’automobile. Les manufacturiers de mobylettes ont emboité le pas. Certaines ont la taille quasi d’un vélo. La gamme s’étend jusqu’au gabarit standard de la mobylette à essence. Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir pour gagner une part de marché conséquente.
On plie bagages à 11.30h puis roulons les malles sous les vérandas jusqu’au terminus. Notre bonne étoile suit. Achat de deux billets pour Kenting, et sans attendre, le bus se pointe en gare. Les bagages introduits en soute, le choix du siège nous appartient dans un véhicule au tiers rempli.
La première demie du trajet s’effectue quasi exclusivement sur des voies rapides. Ces dernières ont la particularité d’être surélevées sur des poutres de béton. Ce type de construction routière fut déjà observé au nord. La saison des pluies et les crues inhérentes contraignent sans doute de telles constructions coûteuses. Les lignes électriques à haute tension sont également boulonnées sur des socles en béton, hautes de plusieurs mètres du sol. Le bus conserve une énergique vitesse de croisière. Un tableau électronique à l’avant informe les passagers en continu de la progression du trajet, et ce dans les deux langues. Les sexagénaires sur la fin croyaient à tort que la destination finale du bus était également la leur. Notre certitude inquiète, on se précipite vers le chauffeur. Sa main montre Kenting derrière nous, à deux kilomètres. Avec l’aide d’une bonne âme, nous remontons dans un bus en sens inverse. Pour ajouter au cafouillage, personne sur place ne connaît le « Seashell Bay GH ». Nous avons pourtant une réservation en main. Les raisons sociales multiples, curiosité rencontrée précédemment, se répète.
Kenting connaît deux visages en 24 heures. Les commerces tournent au ralenti jusqu’au milieu de l’après-midi. Puis les kiosques mobiles en bordure de rue, retirés en fin de soirée la veille, reprennent leur place. La foule progressivement augmente et s’agite tout au long de l’artère principale. La restauration se décline en plusieurs cuisines du monde. Des bars présentent des spectacles musicaux mode. Des jeunes filles en tenue suggestive tentent d’appâter la clientèle. Les comptoirs de babioles fourmillent des plus inutiles souvenirs. Une atmosphère «Old Orchard» se déploie.
Aucun bureau d’info touriste en vue. Sans matériel de repérage, il est difficile de choisir une direction. L’entrée proprement dite du «Kenting National Forest Recreation Area» se trouve à quelques enjambées de l’hôtel. Seule inscription comestible, passons sous l’arche et empruntons la voie goudronnée, laquelle monte vers la montagne. L’entrée proprement dite ne doit plus être éloignée. Progressons sur une pente ascendante. On y parvient après 4,5 km de marche. Nous y reviendrons deux jours plus tard. Nous consacrerons alors nos énergies à la découverte des 6km de piste.
La chambre bouclée pour 4 nuitées ne peut être renouvelée. C’est le long week-end du «Peace Memorial Day». Kenting est très couru pour ce congé férié. Il faut faire une recherche pour un nouveau pied à terre. Le prix des hébergements s’envolent. Nous l’apprenons à nos frais. Un second hébergement est réservé pour trois fois le prix et prestation moindre.
Ce séjour sur la péninsule la plus au sud de l’île n’allait pas se clore sans l’exploration de ce remarquable parc national. A la guérite, le préposé s’assure de notre excédent de 65 ans. Perspicace, le jeune homme. Même les expatriés ont droit au tarif réduit : 10$ au lieu de 100$ (Taiwanais). Un plan précis des lieux nous est remis. Les infrastructures du parc sont admirables. Des kilomètres de sentiers en béton ou en pierres permettent aux visiteurs de circuler en forêt. Dans les pentes escarpées, des escaliers facilitent l’ascension. On retrouve une habile combinaison de jardins plantés d’arbres, de fleurs ou d’arbustes au sein du couvert végétal d’origine. Le site se compose d’un milieu calcaire unique. La pierre tapissée de trous laisse une étrange impression d’énormes éponges grises. Que dire des arbres imposants qui croissent sur cette surface rocheuse. Ces mastodontes ont des racines qui se confondent avec les branches. Au cœur de ce parc, une tour d’observation s’élève sur 7 étages. Restaurant climatisé à l’étage supérieur. Gens à mobilité réduite y ont accès par un ascenseur.
Une pointe exploratoire dans les petites rues en retrait laisse découvrir une rangée de B&B. Architecture originale et colories audacieux attirent l’attention. C’est une occasion renouvelé d’apprécier un bâti soucieux de beauté et d’harmonie. Depuis notre arrivée sur l’île, l’architecture, souvent originale jamais banale, demeure un trait dominant des constructions.
Un medium profane nous introduit à M. Robert Mercer. Il finançait la campagne de Ted Cruze avant son retrait de la course. Il n’abandonne pas pour autant la campagne républicaine. C’est 13.5M$ qu’il injecte dans l’équipe de M. Donald. Ami de longue date de Steve Bannon, démocratie et presse libre motivent sans doute tant de générosité.
L’au revoir à Kenting se concrétise en montant dans le bus en fin de matinée. Ce dernier accuse un aménagement singulier. Sur la droite de l’allée, une rangée de banquettes doubles, sur la gauche une rangée de simples sièges. Un confort supérieur pour une capacité réduite en passagers. Nous apercevons les deux dômes de la centrale nucléaire locale. Les pales de trois éoliennes voisines tournent à bonne vitesse. Un vent puissant de l’océan Pacifique frappe la péninsule en permanence.
De retour à Kaohsiung au « Centre Hôtel », nous sommes accueillis chaleureusement par le personnel féminin à la réception. On rebelote les séances d’autoportraits. Se verra-t-on un jour sur des sites non désirés ?
La ville possède son Central Park. Un quadrilatère naturel en milieu urbain aménagé avec soin, comme le pays nous y a habitués. Une séance de mise en forme pour troisième âge s’y tient. On se tape allègrement sur les mains, puis les cuisses. La physio examine avec attention. La popularité est manifeste, majoritairement féminine. Ces parcs publics sont également populaires auprès des gens en chaises roulantes. Aux capacités visiblement limites, ils sont accompagnés d’une personne qui pousse le fauteuil, un autre remarquable trait de la culture locale.
Une Ford «Jésus» se gare. Il attire l’attention des voyageurs canadiens. La société québécoise, imbue de laïcité, ferait-elle un bon accueil à ce modèle. Avec le dénigrement des signes religieux, le propriétaire risquerait-il de se faire vandaliser sa voiture ?
Ce pays ne nous a pas seulement initiés aux saveurs de leur cuisine. Il faut également utiliser les outils qui l’accompagnent. La formation est encore incomplète mais la maîtrise des baguettes s’améliore de jour en jour.
Ces 12 jours, en 3 temps à Kaohsiung, n’eut pas été complet sans cet après-midi au musée d’art contemporain. Le néophyte de culture chinoise ne trouve pas son compte dans toutes ses salles. Mais l’exposition «Suspense» à elle seule valait le déplacement. On a reproduit, salle de bain, cuisine, salon… sept pièces différentes d’une maison. Chacune représente une scène tirée des ouvrages de 7 grands auteurs dramatiques, tel Agatha Christie. Effet sonore, éclairage illusionniste et mouvement des objets brillent par leur conjugaison.
Chiayi compte plus d’un quart de millions de citoyens. Les immeubles moins impressionnants, les artères moins larges et la notoriété moindre que Kaohsiung n’en réduit pas la densité humaine. La petite rue de notre hôtel connaît la même fébrilité et la même effervescence qui anime les petits commerces. Un restaurant coréen nous a déjà dévoilé un échantillon de son savoir-faire. Les découvertes culinaires se multiplient. Même si elles ne sont pas l’unique intérêt du pays, elle demeure au centre des joies du voyage.
A la prochaine

Carnet 2
17 avril 2017, Taipei
Départ de Taïwan à 1.00h et descendons à Montréal à 7.00h. Une cure de rajeunissement de 12 heures rend possible cet amalgame de 15 heures de vol. Les voyages en Asie des dernières années se situaient dans une plage de température moyenne de 25° à 35°. Taïwan nous a plutôt fait étalage d’une mesure entre 15° et 25°. La garde-robe a ses limites dans un tel cadre calorifique.
Le « City God Temple », à Chiayi, compte plusieurs pièces et regorge de personnages tout aussi bizarres que monstrueux. Le temple taïwanais se caractérise par son caractère surchargé de détails et de couleur. Un fervent agenouillé devant l’autel, lance au sol deux bâtonnets. Leur position ou localisation lorsqu’immobilisés, semble-t-il, a une signification. Il répète l’opération à plusieurs reprises. Symbolisme et superstition de ces gestes font réfléchir les ignorants de ces pratiques.
L’homme d’entretien, de passage à la chambre pour vider les poubelles, répète inlassablement la même action. Il exécute sa tâche répétitive en coup de vent comme tous les Taïwanais assignés aux petits boulots.
Le programme de la journée tombe à l’eau, au propre et au figuré. Nous affrontons l’averse seulement pour chercher une pâtisserie, avec un parapluie de l’hôtel. Un lecteur du « Devoir » dénonce la campagne BDS (Boycott, Divestment, Sanctions). Il prétend qu’elle vise à l’extinction d’Israël. Ce serait une première qu’une puissance nucléaire soit détruite par un pétard mouillé.
Comprenez bien que les Taïwanais ne préparent pas de repas à la maison. Ils se rendent chaque jour récupérer un plat dans une cuisine de rue ou au resto. Dès que vous entrez dans quelque endroit où l’on sert des aliments, la question suit immédiatement : manger sur place ou emporter ?
Les appareils gobe-sous jouissent d’une grande popularité. On les retrouve partout dans des locaux qui en comptent chacun plus d’une trentaine d’unités. Le mécanisme fait appel à un peu de dextérité mais surtout à la gourmandise du joueur. L’adepte articule, à l’aide d’une manette, un grappin monté à l’intérieur d’un cube en verre. Il tente d’accrocher l’objet convoité, une futilité. Est-ce le goût soi-disant inné des Chinois pour les jeux de hasard?
Une consultation auprès du précieux bureau d’Info Touriste précise les horaires des deux courts déplacements en train nécessaires pour se rendre à Jiji, la nouvelle destination.
Ce midi, en attente du train, les passagers défilent devant nous sur le quai d’embarquement. Ils ont quasi tous en main un sachet contenant leur repas. C’est un scénario commun. Que dire des emballages de tous ces plats pour consommation immédiate ? Ils génèrent quantités de cartons et plastiques dont on a du mal à imaginer la fin de vie.
Familiers maintenant avec la double nomination des hébergements, on se réjouit d’entrer dans l’hôtel Villa. Notre réservation, sur booking.com, précisait pourtant le « Nantou Jiji Mt Breeze B&B ».
Mais l’hôtel ne nous a pas encore révélé son plus beau secret : le petit déjeuner. L’inclusion dans le prix de la chambre n’est certes pas un indice de qualité. Il n’est pas exagéré d’affirmer que nous n’avions jamais été servis de la sorte. C’est une formule buffet, nature et variété des mets est à nul autre pareil. A la panoplie des plats taïwanais, nous avons compté plus de vingt pâtisseries, café filtre à volonté et choix de fruits.
Les vélos, mis à la disposition des clients, sont précieux. Ce joli centre urbain de 10,000 habitants a des aires de village. Piste cyclable goudronnée d’excellente facture, absence de tumulte automobile, la végétation abondante assure une constante protection.
La popularité du baseball s’affiche en grand format. Dans l’immense stationnement du « Wu Chang Temple » se dresse une mascotte gonflée de plus de six mètres. Elle personnifie un joueur au moment de frapper la balle. Cette juxtaposition du religieux et profane ne surprend plus, une forme de culte religieux qui frappe l’imaginaire des Québécois de souche catho. Cependant, la renommée de ce lieu, prisé par les touristes chinois, repose sur son histoire tragique. Les vestiges d’un premier temple, effondré lors d’un tremblement de terre en 1999, occupent une enceinte voisine.
Notre interprète, préposé au ménage, bénéficie de quatre jours de congé par mois; cependant, le moment choisi à sa discrétion. Ces conditions de travail, pour du personnel non qualifié et expatrié, n’ont rien d’exceptionnelles. Nous en apprendrons plus en fin de séjour.
A 35 minutes de bus et 748 mètres d’altitude, le Sun Moon Lake est envahi littéralement par les touristes. Plus de 50 bus occupent un stationnement public à l’arrivée ce matin. Une foule de tout âge, de bébés à grands parents, pédale, marche, court sur un sentier aménagé dans une ambiance relaxe autour du lac.
Cet oasis en montagnes a une vocation majeure dans le réseau électrique publique. Ce lac permet la production de 62% de l’hydroélectricité du pays. Plusieurs réservoirs en aval alimentent une succession de centrales. L’un d’eux, le réservoir Mingtan, utilise les surplus d’électricité la nuit de deux centrales nucléaires pour pomper de nouveau l’eau dans le Sun Moon Lake en amont.
Les cinq jours à Jiji et ses environs ont été un bain salutaire en pleine nature, sans fébrilité urbaine. Ce séjour n’aurait pas été le même sans les prestations exceptionnelles de l’hôtel, la gentillesse de son personnel en particulier. Exprimons notre gratitude à cette jeune femme des Philippines. Elle accompagne sa patronne pour nous reconduire à la gare. De sa fonction à l’entretien, nous en retiendrons surtout son rôle déterminant d’interprète.
Le train entre en gare à la seconde près. Un transfert à Ershui précède une séquence ferroviaire de moins d’une heure vers Changhua. La journée s’annonce fraîche. Le vent s’élève lentement. La météo américaine prévoit la tempête de l’année sur la côte est. Sommes pourtant à bonne distance…
Le rez-de-chaussée de l’immeuble où loge l’hôtel ne prête pas de mine. Un sombre couloir, mal entretenu, mène à l’ascenseur. La réception du « Sanmin Hôtel » se trouve au dixième étage. Sommes reçus avec la courtoisie habituelle. Un préposé à la réception nous accompagne à la chambre, une première. Depuis le premier jour, on refile la clé au client après paiement sans plus.
Découverte de Sushi Express, version locale. Le mobilier du resto se compose de longs comptoirs, bordés de petits bancs. Les clients alignés regardent passer devant eux, sur un tapis roulant, les plats offerts. Ils circulent à vitesse constante. Le client retire au passage le plat de son choix. L’addition des couverts consommés, à prix unique, simplifie la gestion à la sortie.
Malgré quelques points d’intérêt, Changhua est une ville dortoir à notre programmation. Lukang, à une demi-heure de bus, demeure le point focal. Sa zone historique justifie notre engouement. Jadis ville portuaire, les activités commerciales sous-jacentes ont décliné au fil des années. Aujourd’hui, les autorités tentent de faire revivre cette agglomération de plus de quatre-vingt mille habitants. Réhabiliter les quartiers anciens est au cœur de cette renaissance.
La ville est parsemée de temples de tailles variées. Rues et passages sont décorés de petites lanternes rouges en papier. Tout est en place pour célébrer le pèlerinage Matsu, événement national qui s’arrête dans plusieurs villes de l’île. Cette année, il se tient du 17 mars au 15 avril. Puis, on s’engage dans de jolies rues étroites, tapissées de tuiles rouges brunâtres. Elle conserve jalousement l’âme du passé. Les maisons de briques, en majorité rénovées, le sont dans le respect intégral de la tradition. Il y a bien les étals de pacotilles pour touristes en mal de souvenirs. Mais plusieurs boutiques proposent des produits de création. Et Taïwan n’est jamais en rupture d’innovation. On visite la salle de montre d’une petite entreprise spécialisée dans la fabrication de robinetterie hors norme. Elle fait preuve d’une inépuisable imagination. Que dire d’un magasin vieillot exigu aux horloges de conception géniale ! Avons conservé le bijou religieux, le « Long Shan temple » pour clôturer la visite de Lukang. Beaucoup de fidèles et beaucoup d’acheteurs de papiers à brûler. A chacun ses sortilèges.
La Banque Nationale allonge 26.7 millions à ses plus hautes têtes dirigeantes. C’’est une augmentation de 24% par rapport à l’année précédente. Le Président du Conseil de la banque, Jean Houde, s’empresse d’ajouter qu’il faut replacer la hausse dans son contexte. Ces ténors avaient essuyé une baisse notable de rémunération en 2015, dit-il. Il faut comprendre qu’ils sortent du purgatoire !
Les nombreux temples visités depuis le début de l’escapade ont en commun des plafonds noircis. Les fervents s’agenouillent devant l’autel, tenant dans les mains des bâtons d’encens en feu. Le geste répété tous les jours par des milliers de dévots produit une fumée continue. Murs et plafonds en sont carbonisés. Il n’y a pas relâchement dans l’entretien général des lieux. Ces surfaces tapissées de sculptures complexes en rendent cependant l’accès difficile.
Taïwan remporte la palme de l’emballage. Impossible d’acheter un produit non recouvert d’une pellicule de plastique, d’un carton, de styromousse… ou une combinaison de ces derniers. On a même trouvé un maïs en épi, emballé sous vide, dans un étui de plastique.
Le tabagisme a non seulement un effet dévastateur sur la santé mais il est également coûteux pour les hôteliers. Malgré l’interdiction de fumer sous peine d’amendes, la chambre porte à l’occasion des marques de brûlure sur l’évier de salle de bain, le sol ou les rideaux.
Notre connaissance du milieu templier progresse. On s’interrogeait sur des murs complets, près des autels, constitués de petites cellules. Dans chacune d’elles, une minuscule ampoule brille. Dans certains temples, ces alvéoles sont disposées sur des cônes métalliques. Le fidèle paie une redevance pour une année, nous dit une préposée. Elle n’a pas précisé quel était le retour sur investissement attendu!
La veille, une technicienne en beauté canine pratiquait son art et faisait montre d’une dextérité remarquable dans la vitrine du salon de toilettage. Pendant que la propriétaire du chiot casse la croute au resto voisin, elle fait une coupe, teint le poil, coiffe, brosse la petite bête immobile. Ces entreprises de service pullulent dans le paysage commercial de Taïwan. Leur présence donne la mesure de l’intérêt porté aux animaux de compagnie.
Le train met moins d’une demi-heure pour atteindre la gare centrale de Taichung. Une immense structure neuve et moderne se dresse devant nous. Rien de bien surprenant dans une agglomération de plus de deux millions six cent mille habitants. Des travaux en cours rendent plus difficile de localiser le bureau d’info. Une jeune fille, observant le regard chercheur de deux routards, vient quasi nous y reconduire par la main.
Munis de l’indispensable plan de ville, nous voilà en route vers le « Moon Lake Hôtel ». Il est 13.00h et la chambre ne sera disponible qu’à 15.00h. Bagages en consignes, nous sortons pour une première reconnaissance de ce nouvel environnement. Débouchons sur le Taichung Park. Désinvoltes, nous circulons dans ce vaste espace parsemé d’arbres de grande taille et d’un étang. Plusieurs 3ième âge, profitent du parc pour causer et se détendre. Deux couples de futurs mariés se pointent avec leurs photographes pour immortaliser la future cérémonie.
Le plan de ville obtenu la veille recèle de multiples renseignements dans les deux langues. Mais sa conception reçoit sans doute une meilleure note de la part du lecteur asiatique. Faisons amende honorable et reconnaissons notre ignorance. Mais le matériel d’orientation occidental fait également défaut. « Lonely Planet » invite ses lecteurs à visiter le « Rainbow Village ». Non seulement avons eu du mal à s’y rendre mais il n’aurait pas obtenu de notre part une mention. La foule de touristes asiatiques traduisent leur engouement pour ce site. Mais les quelques maisonnettes peintes de dessins enfantins ne nous ont pas convaincus. On circule péniblement tant les fervents de la photo sont nombreux à agiter leurs cellulaires au-dessus des têtes.
Le bus met plus d’une heure pour le retour à la gare centrale. Avons la sensation d’un court trajet tant il y a de plaisir à la vue des nouveaux immeubles. Juxtaposition heureuse de matériaux, originalité des formes, sobriété ou audace des couleurs, cette diversité immobilière agrémente le déplacement.
George T. Conway III vient d’être nommé responsable civil du Ministère de la justice américaine. Avocat de carrière au parcours bien garni, il est l’époux de KellyAnne Conway, la créatrice des « faits alternatifs » et conseillère du Président Trump. Le club sélect se rétrécit.
En ce dimanche à la température agréable, la promenade en montagne s’inscrit à l’agenda de nombreuses familles. A l’orée de la ville, plusieurs sentiers d’excursion offrent une variété de niveau de difficulté. Le visiteur n’attend pas la quiétude de la forêt et le silence du marcheur solitaire. Il est question d’une joyeuse rencontre de tout âge. Lieu de repos de l’effervescence urbaine, on y retrouve des casse-croutes et plusieurs kiosques de fruits et légumes. L’effort de l’escalade fait regretter les pantalons courts. Mais une tenue légère au départ peut se convertir en un sérieux inconfort par la suite. Il faut toujours compter jusqu’ici sur de brusques revirements de température. Le pays nous a appris à ne jamais prendre pour acquis une trajectoire météorologique.
Pendant ce temps au centre-ville se déroule une exposition dans un parc public. Des tentes sont montées et une foule importante grouille aux abords. Elle s’adresse manifestement à une clientèle cible : des musulmanes. Jusqu’ici, nous n’en avons croisé quasi aucune. Voilà qu’aujourd’hui, des femmes totalement couvertes déambulent dans tout le voisinage de l’hôtel.
« Kim Jong Un interdit à tous ses collaborateurs de l’approcher avec un vaporisateur en main » une rumeur
La cuisine de rue propose des sun cakes, fourrés de fèves, d’œufs, de fruits…… Il se déguste en quelques bouchées et est cuit dans des alvéoles au revêtement de téflon. On le vend sitôt cuit.
Depuis le début du voyage, nous observons une situation commune. Des boîtes en plastique sont disposées à la sortie des commerces ou autres endroits en vue. Ils contiennent des coupons de caisse. Taïwan a mis en place une loterie pour inciter les citoyens à acheter chez des commerçants qui émettent des reçus. Le pays souhaite ainsi dissuader les marchands d’évasion fiscale. Le tirage a lieu tous les deux mois. Le citoyen choisit de conserver ses reçus de caisse éligibles à de substantiels prix en argent. Ou il les dépose dans ces boîtes transparentes ou l’éventuel prix serait remis à l’organisme de charité indiqué.
Découverte d’un dé à jouer en version locale. Pas d’arithmétique, mais des sinogrammes sur les six faces. Les employés à la réception de l’hôtel me viennent en aide. Un garçon s’applique à inscrire sur un papier les six choix possibles. C’est une distraction populaire entre amis. Du « vide ton verre » à « je passe mon tour », vous comprenez les options qui s’offrent aux joueurs. Ne pas égarer le lexique car le dé perd toute utilité.
Andrew Potter a supplanté la popularité de son homonyme Harry en une seule lettre. Il a suscité l’ire de nombre de Québécois dans le magazine Macleans mettant en doute la solidarité citoyenne au Québec. Il se ravise et s’excuse. On a peine à croire un geste sincère. Il est un universitaire réfléchi. D’autre part, la réaction populaire peut aussi trouver son origine dans une douloureuse autocritique
Le Musée National des Beaux-Arts de Taïwan est un incontournable. Il a une superficie de cent mille mètres carrés sur quatre niveaux, sans compter un jardin splendide. Ce dernier met en valeur plusieurs œuvres qui en retour enrichissent ses vastes espaces verts. Le visiteur admire des tableaux d’artistes taïwanais, des productions numériques et des performances transdisciplinaires. C’est une autre expression créative sur laquelle le pays s’est bâti une enviable réputation.
Nouvel épisode de culture urbaine tiré du chapitre sur les animaux de compagnie. Le propriétaire d’un joli chiot étend une feuille de journal au sol. Il place correctement le cabot pour récupérer le soulagement sans laisser de trace.
Nous avons toujours encouragé les enfants à travailler fort. On poursuit dans la même veine avec les petits-enfants. Ils en seront assurément récompensés. Voyez Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, la liste de Forbes précise que sa fortune a cru de 27 milliards l’an passé. Il s’est vraiment donné à fond.
L’hôtel « Tong Bing Express » se trouve à 100 mètres de la gare de Hsinchu d’où l’on descend du train. Prenons possession de la chambre toujours après avoir réglé la note pour la durée du séjour. L’inventaire des produits d’hygiène mis à la disposition des clients fait exception. C’est la norme dans les hôtels du pays mais cette fois variété et quantité sont sans équivalent, brosse à dents, dentifrice, peigne, bonnet, crème, tampon et la liste s’allonge.
La poste à Hsinchu innove en matière de service à la clientèle. Elle met à la disposition des clients des verres correcteurs. Certains, à la vue déficiente, préparent sur place leur courrier.
La ville présente un visage ou les immeubles modernes récents s’harmonisent avec ceux des périodes précédentes. Un cours d’eau se tortille au centre de la ville entouré d’une abondante végétation. Des sentiers pédestres se faufilent au milieu de cet environnement de campagne urbaine. Un parc public possède des équipements d’entrainement nouveau genre. Ils ont une armature d’acier et peints de couleurs vives. Les adeptes peuvent y réaliser de multiples mouvements. Un habitué fait montre d’un remarquable équilibre et endurance. Il nous a suffi de tenter de l’imiter pour en apprécier la performance.
Dinons dans un excellent resto japonais. Ils ont la cote à Taïwan. Mais le Taïwanais qui nous reçoit est un concitoyen. Élevé à Vancouver, il a la citoyenneté canadienne depuis 2014. On ne compte plus le nombre de nationaux rencontrés qui n’ont pas un lien familial sur la côte britanico-colombienne.
La montagne Guqifeng se trouve à cinq km au sud de la ville. Nous entrons dans l’enceinte du « Pu Tian temple ». Gigantesque personnage aux yeux méchants domine le site. On déambule au hasard au milieu des pèlerins. La curiosité nous amène dans une salle à l’écart. Une machine à sous en état de marche motive une expérience jusqu’ici contenue. Une pièce de 10 TWD active une petite dame à l’intérieur de la boîte de verre. Elle se rend dans une pièce à l’arrière et revient verser un minuscule tube dans la chute. Lise récupère ce cadeau du ciel…
Le train en moins d’une heure nous dépose dans une plaque tournante du métro de Taipei. C’est un crochet obligé pour attraper un bus, direction Wulai. Petit centre urbain, couru pour ses bains d’eau chaude. Il ne comporte qu’une artère étroite et longe la rivière Nanshi. Des travaux d’excavation de la rivière en basse saison entraîne un ballet de camions remorques. Apprenons une leçon dès le premier soir, les restos ferment leurs portes à 20.00h. Sommes contraints de manger des sandwichs au Family Mart (Couche-tard local).
Une excursion pédestre sur les flancs de montagnes justifie pleinement le court séjour dans ce coin de pays. On atteint une large jetée avec vue sur les trois colonnes d’eau d’une très haute chute. Un téléphérique fait des allers retours sur la montagne en façade. Lise n’a pas le cœur pour une envolée sur les câbles. Des escarpements impressionnants bordent la rivière. Bénéficions également de la période brève de floraison des arbres-cerises.
De retour au village, nous faisons la rencontre d’un original personnage. Ne jamais juger aux apparences en tirons de nouveau la leçon. Dès qu’il sait avoir devant lui des Canadiens, il s’empresse de demander si nous sommes mieux avec le fils qu’avec le père Trudeau ? Et il enchaîne sur la question du nombre de centaines d’années pour parvenir à l’indépendance du Québec ! Avec son allure de clochard, nous en sommes demeurés bouche bée.
Monsieur le Président a toutes les raisons de bien s’entendre avec son gendre Jared Kushner. Les deux ont des paternels, promoteurs immobiliers. Et ces derniers ont tous deux entretenus la controverse. Fred Trump fut sanctionné pour avoir refusé des locataires afro-américains ou porto ricains. Charles Kushner a fait de la prison pour évasion fiscale et contribution politique irrégulière. Qui s’assemble se ressemble.
Retour à Taipei pour prendre un bus vers Jiufen. Les passagers sans carte prépayée doivent avoir en main la monnaie exacte. Deux demoiselles se voient coincées avec un billet de 500. On leur fait la monnaie. Elles sont tirées d’impasse. A l’arrivée, elle s’empresse de se rendre dans une boutique pour acheter un cadeau reconnaissance à notre insu. Lise le reçoit quelques instants plus tard. Nième témoignage de la générosité taïwanaise.
Le « 5 Fan Keng Park B&B » allait nous réserver une surprise. Cherchons une sonnerie, frappons à la porte, personne ne répond. La commerçante en front vient réveiller la propriétaire. C’est une vieille dame qui nous laisse le choix entre deux chambres. Ce « homestay », le moins qu’on puisse dire, a un décor rustique. Ce caractère original et simple lui a valu une mention du guide voyage. Nous avons des hôtes serviables mais ce sera l’hébergement le plus modeste du périple.
Jiufen également sert de village pied à terre. Le musée de l’or de Jinguashi occupera une après-midi entière. Au début du XXème siècle, les japonais ont rapidement mis en place un site industriel pour profiter des richesses minières de l’île. Le scénario des villes mono-industrielles se répète. Les habitants vécurent de cette activité jusqu’à sa fermeture dans les années 80. Les autorités ont conservé les installations dans leur état d’origine. Des bâtiments ont été aménagés pour en expliquer l’histoire et faire la genèse des minerais tirés du sol. Un habile présentoir rappelle aux visiteurs que l’or n’a pas pour seule vocation les bijoux mais s’intègre dans l’industrie pharmaceutique, la dentisterie, des coussins gonflables à la musique pour faire court. Un lingot de 220kg d’une valeur de 14M$ ajoute à la qualité du musée. Un millier de britanniques, fait prisonniers pendant la deuxième guerre mondiale, ont travaillé comme esclaves dans cette mine.
Quittons la ville en début de matinée. Déjà les touristes ont envahi la petite allée, seul passage vers le point d’embarquement du bus. Une heure et demie plus tard, tous les passagers descendent au « Berri De Montigny » de Taipei. On se dirige à pas rapides vers le comptoir des billets. Une longue queue attend devant les trois seuls guichets ouverts. On écarte d’abord l’idée d’acheter le billet au comptoir femme enceinte, vieux et handicapés. Il faut se raviser. Pas une minute à perdre. Cette décision de dernière seconde nous évite une heure d’attente pour le train suivant.
La pluie vient frapper les vitres du wagon. Assis en tout confort, le paysage alterne entre vue sur la mer et le passage à répétition de tunnels. Plusieurs kilomètres d’autoroute, toujours en élévation, sont en construction. Une courte distance nous sépare du « Her Huan Hôtel » de Hualien. C’est la raison d’affaire pour touristes étrangers. Personne dans les environs ne connaît l’existence de l’établissement.
La réservation sur Booking ne faisait pas mention du petit déjeuner inclus. Étonnant d’omettre un service Et le buffet fait écarquiller les yeux. Savoureux et varié, il est servi dans une salle meublée Louis XIV, peut-être XV…
Malgré les milliers de temples et ses divers cultes religieux asiatiques, d’autres fois se manifestent dans le paysage. Quelques rares églises de foi chrétienne sont rencontrées. Le Royaume des Témoins de Jéhovah annonce son local en lettres géantes sur un immeuble commercial en front de l’hôtel.
Partons à la découverte du Pine Garden. Selon le guide de voyage, ce parc a servi à héberger les aviateurs kamikazes la nuit précédente leur mission suicidaire. Plaisir et vin leur étaient offerts. Mais sur les lieux, ces événements historiques sont totalement passés sous silence. Les années de colonisation japonaise ont laissé les Taïwanais respectueux de l’envahisseur. L’appellation du site n’est pas fortuite. Il recèle de volumineux pins mais tous très âgés. Des médecins sont appelés à leur chevet chaque année pour combattre les maladies dont ils souffrent. D’imposants tuteurs assurent la verticalité de certains. Ils sont tous sujets à l’aide médicale à revivre.
Une promenade nous ouvre les yeux sur une boutique de vêtements. Elle expose des vêtements unisexes, camisoles, robes, gilets variés. Mais ces produits sont destinés à habiller l’animal de compagnie chéri des nationaux : leurs chiens.
Hualien, sur le plan du transport urbain, présente des similitudes avec les villes nord-américaines. Il n’y a pas à proprement parler de réseau de bus. L’automobile règne en maître. Le parc de mobylettes semble moins important dans cette ville.
La perle touristique de Taïwan est au menu du jour : Taroko Gorge. Il y a cinq millions d’années, Taïwan s’est élevé au-dessus du niveau de la mer de la collision des plaques eurasiennes et de celle des Philippines. De là, d’énormes cratères se sont formés, merveilles naturelles.
Au terminus, l’achat de passe d’un jour octroie des arrêts multiples au gré du visiteur. Un plan indique horaire et point de chute. Cependant, la réalité entraîne son lot de difficulté pour les touristes occidentaux. Avons du mal à faire l’équation entre le plan et les arrêts du bus. On s’en remet finalement à notre intuition. On retient son souffle lorsque le bus avoisine les pants rocheux à la verticale et laisse voir la beauté naturelle de cette formation géologique unique. De la position assise, on allonge le cou pour voir le cours d’eau au fond de la gorge. Plusieurs tunnels rendent possible ce trajet acrobatique. Visite d’un temple accroché à une falaise, excursion pédestre de 2km en montagne s’additionnent au menu du jour. Une telle route de montagne nécessite des travaux d’entretien permanent. Toute une conciliation que de gérer bus de touristes et matériels lourds de voirie.
De retour en capitale, vingt minutes de marche nous séparent de l’établissement réservé : « Many Flower Business Hôtel ».
La bourse de New York réservait un gain inattendu aux investisseurs du secteur automobile. La capitalisation boursière de Tesla termine le 4 avril à 49G$ devant les 46G$ de Ford. Cette dernière société vendait en un siècle 350M de véhicules. En 2016, Tesla a vendu 76,230 voitures contre les 6.65M de véhicules chez Ford. Les 7M$ de vente de Tesla se sont conclus sur une perte de 746M$ alors que les 152G$ de Ford ont eu pour résultat un profit de 10.4M$. Depuis lors, Tesla est passé devant GM. Les attentes de l’investisseur font la valeur du titre.
La promenade du jour débouche sur le « Hushan 1914 Creative Park ». Dix minutes de marche et cette vieille usine de vin construite par les Japonais s’élève devant nous. Elle occupe un vaste terrain dont tous les bâtiments ont été judicieusement réhabilités. Ils font place à des locataires qui brillent tous par l’originalité et la créativité des produits vendus, authentiquement taïwanais.
Une salle d’exposition réunit exclusivement les œuvres du dessinateur français : Jean-Pierre Sempé. Faisons alors la connaissance de Ginou (Geneviève), professeur de français à Taipei en compagnie de quatre de ses étudiants. Elle nous invite à se joindre à eux pour casser la croûte ce midi. On a beaucoup de plaisir à échanger sur nos cultures respectives. Alternons français et anglais pour une meilleure compréhension de ses élèves.
Puis la visite se poursuit dans un local destiné à sensibiliser le public à la vie des travailleurs étrangers. Taïwan n’est pas seul à accueillir une forte immigration pour remplir des postes en usine ou en service domestique. L’objectif de l’organisation ici est d’améliorer la compréhension entre arrivants et nationaux. On a bien rigolé avec Esther, notre guide de nationalité Indonésienne. Elle explique, en s’appuyant sur des tableaux muraux, les salaires, les horaires et les obligations financières et familiales des travailleurs expatriés. Nous croyons entendre l’histoire d’un travailleur fictif du nom de Michael Worker. Elle fait plutôt état de conditions d’un « migrant worker » !
Demeurons émerveillés par cet ensemble immobilier, respectueux de conserver une page d’histoire en mariant la promotion d’idées nouvelles dans un cadre artistique.
Tamsui est une banlieue au nord de Taipei. Ancien port important avant son ensablement, c’est une destination prisée. Elle possède une jolie jetée sur la rivière du même nom. Cette petite agglomération porte une grande dévotion à un canadien qui débarqua ici en 1872. George Leslie Mackay laissa une marque indélébile comme médecin et comme révérend de l’Église presbytérienne. Un grand hôpital pour enfants au cœur de Taipei porte également son nom.
Changement quotidien de literie et serviettes, on en finit plus d’ajouter les petits accessoires d’hygiène jetables. Dépenses inutiles et gaspillage de ressources, la gérance devrait plutôt se concentrer sur l’essentiel. Il est vrai qu’une clientèle se décline sous de multiples formes et exigences. Le mauvais fonctionnement du wifi nous paraît plus essentiel. Que dire de la climatisation excessive sur laquelle nous n’avons aucun contrôle. Les Québécois ont retrouvé la température hivernale. Le paiement de cinq nuitées nous contraint à prendre notre mal en patience.
Lise a procédé à une investigation minutieuse du site de réservation. Il y a toujours une part de risque. L’hôtel Fun prend le relais et s’avère dès l’arrivée un heureux choix. Ne voulant s’engager pour la semaine restant, une réservation de quatre nuitées est bloquée. Il faudra se déplacer une dernière fois, puisqu’il n’est pas possible d’allonger la réservation. Les week-ends connaissent toujours une forte affluence, à preuve la hausse substantielle des tarifs.
Les Taïwanais prennent un soin remarquable de leur espace vert. Le jardin botanique, paradoxalement, dans un souci de conserver le site dans son état d’origine, a des airs négligés. Il y a cependant un heureux mariage entre la faune et la flore. L’architecture prend ici le pas sur la nature. Un immeuble à appartements, en bordure du jardin botanique, valait à lui seul le déplacement. Matériaux nobles, impressionnantes terrasses verdoyantes, le fonctionnement du portail métallique incurvé nous retient quelques minutes.
Sur le chemin du retour, les maisons d’enseignement se succèdent, écoles primaires, universités, instituts de technologie supérieure. Ces nombreuses heures de promenade à pieds dans de nombreux quartiers font prendre conscience d’une observation commune. Les maisons d’éducation fourmillent, et ce, avec de vastes espaces récréatifs, en plein centre urbain.
La recherche de la boutique de thé Wang porte fruit. Une journaliste québécoise en vante les mérites dans le quotidien « le Devoir ». Une source d’approvisionnement fiable, dit-elle, pour les amateurs du divin liquide. Réception amicale et professionnelle, nous avons droit à la visite des ateliers de raffinage et de séchage de la maison qui a plus d’un siècle d’existence. Ce lundi, jour de relâche des sites touristiques, est mis à profit pour faire des provisions.
Le « Taipei Fine Arts Museum » se trouve dans les premiers rangs des incontournables de la capitale. Un préposé à l’entrée annonce la gratuité des lieux; il s’est informé au préalable si les gens devant lui sont suffisamment âgés… Une hôtesse explique le fonctionnement de plusieurs produits ingénieux de conception taïwanaise. Ils sont partis à un concours d’excellence sous l’initiative du Ministère des affaires économiques.
Huit stations de métro et les deux routards pénètrent dans le nec plus ultra de la consommation à Taipei. Il s’intègre dans le célèbre complexe « Taipei 101 – World Trade Center ». Le vaste centre commercial sur cinq étages sert de socle à cette tour phare de 508 mètres de hauteur. Une terrasse d’observation est accessible aux étages 88 et 89. Mais les 600TWD (30$can) pour accéder à l’ascenseur avec horaire rigide ont refroidi les ardeurs. Le shopping Mall loge des suites de magasins selon les capacités financières des clientèles attendues. Vous devinez que les grandes marques se trouvent au cinquième plancher.
Nous nous sommes rassasiés à la section restaurants. A 15.00h, avons du mal à localiser une place pour s’assoir. Tous les comptoirs de bouffe fonctionnent à plein régime. Commande et paiement, la caissière nous remet une rondelle électronique. Elle vibre dans nos mains dès que notre plateau est prêt au comptoir de réception.
Pas de lassitude dans les promenades découvertes, le marché des fleurs et celui du jade allaient couronner ce dernier week-end à Taipei. Ils sont singulièrement érigés sous une importante autoroute surélevée. Il est plus juste de renommer le premier de marché des produits végétaux sous toutes ses formes. Son demi kilomètre de longueur en donne toute la mesure. Il est l’indéniable reflet de l’intérêt des Taïwanais pour la nature. C’est sans doute le caractère le plus senti que nous retiendrons de ce très agréable périple. Les Portugais avaient baptisé l’île, à juste titre, « Ilha formosa ».

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