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Les Indiens

Qui est amérindien ?

Les populations amérindiennes ont été maintes fois déplacées au fur et à mesure du non-respect des traités. Cette mobilité forcée est à la source d’un important brassage entre les tribus.
Par exemple, les Shinnecock, qui possèdent leur réserve un peu à l’ouest de Southampton – la ville balnéaire la plus chic, la plus snob de Long Island, près de New York –, sont aujourd’hui très métissés, fruit d’unions tant avec des Européens qu’avec des Afro-Américains.
Sur le long terme, ces mariages ne sont pas faciles à gérer : génération après génération, qui peut encore être considéré comme indien ?

Certaines tribus s’appuient exclusivement sur une affiliation généalogique. D’autres imposent un quota de sang (1/4, 1/8, 1/16...) minimal pour pouvoir être considéré comme membre de la « nation ».
L’enjeu est parfois important : ceux qui ne répondent plus aux critères perdent les droits que confère l’appartenance à la tribu ! Et cet enjeu peut être de taille : les Amérindiens osages, en Oklahoma, ont ainsi découvert du pétrole sur leur territoire à la fin du XIXe siècle. De 1906 à 1972, les royalties leur ont rapporté 800 millions de dollars...

Bref, rien n’est simple ni uniforme, même si une réalité s’impose : à une époque où la notion de propriété est devenue cruciale, même les anciennes terres peu convoitées prennent aujourd’hui de la valeur, surtout lorsque l’on découvre que leurs sous-sols abritent quelques matières 1res intéressantes.

Les Indiens du Southwest

C’est en Californie que les Amérindiens sont les plus nombreux (environ 633 000) mais ils n’y représentent que 1,6 % de la population. La proportion y est beaucoup plus forte en Oklahoma, où furent déportés les Indiens de l’Est dans les années 1830, avec plus de 372 000 personnes, soit 9,4 % de la population de l’État. On en dénombre 233 000 au Nouveau-Mexique (soit 11 %, de la population) et 379 000 en Arizona (soit 5,3 %). Wyoming (2,7 %), Utah (1,6 %), Nevada (1,7 %) et Colorado (1,6 %) viennent loin derrière.

Le groupe le plus important est celui des Navajos (environ 400 000), installé sur un territoire de 70 000 km² situé dans la partie nord de l’Arizona et débordant sur l’Utah et le Nouveau-Mexique. C’est la plus vaste réserve indienne des États-Unis, plus grande que certains États de l’Est !
Leurs proches cousins apaches (70 000) occupent des territoires voisins, tout comme les Hopis (15 000), dont le territoire est enclavé dans la réserve navajo.
Au nord, en Utah, se trouvent les Paiutes (10 200), puis les Shoshones (8 400) dans la région du Grand Lac Salé et les montagnes du Wyoming.
Mentionnons enfin une constellation de petites tribus dans le sud de l’Arizona, comme les Papagos (Tohono O’odham), les Pimas (Akimel O’odham) et les Yumas (Quechan), sans oublier les Havasupais sur les rives du Grand Canyon.

Au nord-ouest du Nouveau-Mexique et dans la région du Rio Grande, vivent les Pueblos (52 000), baptisés ainsi par les Espagnols car ils occupaient déjà des villages (« pueblo » en espagnol) au moment de la colonisation.
À bien y regarder, la région est d’ailleurs constellée de ruines de ces anciennes agglomérations, souvent bâties au creux et à flanc de canyons par leurs ancêtres, les Ancient Puebloans.
Les plus beaux sont encore visibles au Navajo National Monument et au canyon de Chelly (Arizona), au Mesa Verde National Park (Colorado) et au Nouveau-Mexique (Aztec Ruins, Chaco Culture).
Leur apogée dura de 1100 à 1300, avant que les populations ne se dispersent vers le sud, où vivent encore leurs descendants, répartis en 21 tribus – Zunis, Hopis, Keresans, Towas, Tewas, Taos, Picuris...
Au nord, dans l’actuel Colorado et au nord-est de l’Utah, vivent 8 200 Ute – qui ont donné leur nom (« terre du soleil ») à l’État.
Plus au nord encore, on trouve les Arapahoe, anciens alliés des Cheyennes et des Dakotas. On touche là aux peuples des plaines qui visitaient autrefois la région au gré d’échanges commerciaux ou de razzias. C’est aussi le cas des Comanches (13 500).

Pour percevoir un peu mieux ces mondes refermés sur eux-mêmes, vous pouvez brancher la radio : une quinzaine de stations amérindiennes émettent dans le Sud-Ouest (navajo, zuni...).

Les Amérindiens et les touristes

En traversant une réserve amérindienne, les fantasmes se réveillent. Pour ne pas être déçu, ne vous attendez à rien.
La grande majorité des Amérindiens ayant rapport avec les touristes le fait dans un but exclusivement commercial (B & B, vente de bijoux, tour en 4x4 dans la réserve, casino...). Ça ne les amuse pas forcément d’avoir à vous rencontrer. Rien à voir avec la décontraction américaine, les beaux sourires et les grandes embrassades.
Distance, pudeur, retenue : voici les attitudes que vous rencontrerez le plus souvent. Si vous avez l’occasion de converser avec eux et que vous souhaitiez évoquer leur mode de vie, faites-le par petites touches, sans forcer la main. Parlez plutôt du présent, pas du passé. Bien souvent, votre interlocuteur bottera en touche, surtout s’il voit que votre propos est emprunt de compassion – rarement appréciée. Bref, soyez naturel et prudent, ayez du tact. Une prudence de Sioux.

Population : la plus forte concentration de tribus indiennes

On rencontre aujourd’hui des Amérindiens dans l’ensemble du pays, mais la répartition actuelle n’a rien à voir avec celle qui prévalait avant l’arrivée des Européens. Elle obéit à une règle simple : les Amérindiens ont été refoulés sur des terres arides, souvent difficiles d’accès. Pas étonnant, dès lors, que l’Ouest abrite la plus forte concentration de réserves.

Des Latinos de plus en plus nombreux

Dans les États de l’Ouest, vous aurez presque autant de chances de parler l’espagnol que l’anglais ! En 2019, les Latinos représentaient environ 18,5 % de la population américaine, mais 49,3 % au Nouveau-Mexique ; 39,4 % en Californie, 31,7 % en Arizona (83 % dans le comté de Santa Cruz) ; 29,2 % au Nevada, 21,8 % au Colorado, à peine 14 % dans l'Utah et 10 % dans le Wyoming.
Certes, les États du Sud étaient en territoire mexicain avant qu’ils ne tombent dans le giron américain au milieu du XIXe siècle... Mais la population hispanique a plus que doublé à l’échelle nationale depuis 1990, atteignant près de 58 millions de personnes (davantage que les Afro-Américains).Joe Biden, qui avait annoncé une politique migratoire plus humaine que son prédécesseur, ne fait que repousser la mise en pratique de ses promesses électorales face au nombre important de migrants qui tentent toujours de traverser la frontière mexicaine. Plus de 400 personnes meurent ainsi en moyenne chaque année en tentant de passer aux USA.

En cause notamment, le border fence voulu par l’équipe Bush puis suspendu par Barack Obama, un « mur » dressé le long de la frontière. Donald Trump déclarait le prolonger sur l’ensemble de la frontière (plus de 3 000 km !) pendant sa campagne. Le financement de ce projet a été refusé par le Congrès, provoquant une crise politique. Le président a alors annoncé des sanctions économiques sur le Mexique, juste réaction de son gouvernement.

En attendant, la nouvelle administration a mis en place une politique de « tolérance zéro ». Pas envers la misère non, mais envers les personnes migrantes, qui sont systématiquement, déférées devant un tribunal puis expulsées.
Pourtant, les wetbacks, les « dos mouillés », comme on les appelle en référence à ceux qui traversent à la nage le Rio Grande, continuent de tenter leur chance.

Comme souvent, l’afflux de cette population « illégale » sert de nombreux intérêts. Les travailleurs clandestins d’origine latino-américaine sont aujourd’hui à la base de l’économie agricole de la Californie et du Texas.

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