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Littérature

La naissance du finnois écrit

Si la prononciation du finnois ne comporte aucune de ces irrégularités qui empoisonnent la vie des étudiants en français ou en anglais, c'est que sa transcription écrite est récente : jusqu'au milieu du XVIe siècle, personne n'avait eu l'idée de l'écrire !
L'idée a germé peu après l'introduction autoritaire de la Réforme en Finlande, dans le cerveau d'un proche de Luther, l'évêque Mikael Agricola. Celui-ci utilisa l'alphabet suédois pour transcrire le finnois avec des intentions très orientées : après avoir publié un Abécédaire (1542), il s'attela à un livre de prières pour le clergé (1544) et à une traduction du Nouveau Testament (1548). Ainsi rendue accessible au peuple, la nouvelle religion se répandit bien plus efficacement.

Les balbutiements de la littérature finlandaise furent quand même rédigés en suédois car, même après Agricola, le finnois écrit s'est limité pendant deux siècles aux ouvrages religieux. La langue de la classe cultivée demeurait le suédois et, comme partout en Europe, celle des savants, le latin.

Le Kalevala et ses conséquences

L'absence de tradition écrite ne veut pas dire absence totale de littérature. De génération en génération s'était transmis un florilège de chants épiques que les bardes accompagnaient de l'instrument national, le kantele, sorte de cithare à cinq cordes. Il fallait un catalyseur : c'est là qu'apparaît Elias Lönnrot, aujourd'hui considéré comme un héros national. Il sillonne l'Est du pays, recueillant poèmes, légendes et histoires populaires qu'il réécrit en 12 078 vers ordonnés en 32 chants. Le Kalevala est né.

Ne rabaissez pas le Kalevala à une quelconque Chanson de Roland. C'est une conception philosophique de l'univers, une cosmogonie populaire dont les héros sont des humains doués de pouvoirs extraordinaires.

Avec le Kalevala, les Finlandais d'expression finnoise découvrent soudain qu'ils possèdent une tradition et une littérature qui ne doivent rien à personne, et surtout pas aux occupants suédois ou russes. Ce constat nourrit un mouvement artistique appelé « romantisme national » et un irrédentisme opiniâtre qui opposera une résistance passive sans faille aux tentatives de russification du tsar Nicolas II.

Jusqu'à aujourd'hui, il n'est guère d'artistes finlandais qui n'aient été inspirés par le Kalevala. De nos jours, le Kalevala est fêté le 28 février, date anniversaire de sa publication.

Pendant ce temps les Suédois...

Pendant ce temps, les suédophones ne se laissent pas intimider par ces mouvements qualifiés de « fennomanes » et rivalisent même de nationalisme finlandais. Johan Ludvig Runeberg, aujourd'hui appelé « poète national finlandais », écrit l'hymne national intitulé Notre patrie. Point commun avec la poésie issue du Kalevala : le sentiment de la nature omniprésent.
Quant à Johan Vilhelm Snellman, il écrit une Théorie de l'État inspirée de Hegel, professant que le peuple finlandais ne trouvera son identité qu'en hissant sa langue traditionnelle sur un pied d'égalité avec le suédois.

... et les Finnois

Dès lors, après quelques débuts difficiles, la littérature finlandaise d'expression finnoise allait exploser.
Tout d'abord avec Aleksis Kivi, dont le destin fera pleurer dans les chaumières : il met toute son âme à donner au finnois sa première œuvre romanesque, Les Sept Frères (1870). Incontournable aujourd'hui de la littérature finnoise, l'ouvrage était trop surprenant pour son époque. Il est composé en partie de dialogues théâtraux présentés comme ceux d'une pièce et, en partie, d'un récit enchâssé de contes, légendes, poèmes, fables et chansons populaires.

Puis le courant réaliste et naturaliste dresse le constat de l'état de la jeune nation à l'aube du XXe siècle. Juhani Aho, disciple de Maupassant, puise dans ses souvenirs d'errances enfantines entre lacs et forêts.

Dans le courant du XXe siècle, floraison d'auteurs : Frans Emil Sillanpää, Prix Nobel 1939, Mika Waltari, qui se fait connaître par des fresques historiques comme Sinouhé l'Égyptien. Mais comme vous n’allez pas au bord de la Baltique pour vous plonger dans une action tropicale, nous vous suggérons plutôt Danse parmi les tombes.

Musique

Il existe plusieurs spécificités de la musique finlandaise. La plus surprenante est peut-être... le tango, qui a trouvé en Finlande sa seconde patrie ! Ici, le rythme est plus lent et moins syncopé qu'en Argentine.

Côté musique classique, c'est bien sûr Sibelius qui mène la danse. Mais il ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt et, en particulier, deux grands compositeurs contemporains : Einojuhani Rautavaara et Kaija Saariaho.

Au pays du heavy métal

Le métal finlandais est l'une des scènes les plus novatrices et prolifiques d'Europe, voire du monde. Ses groupes ont obtenu de beaux succès internationaux, tout en conservant leur particularisme culturel. Ainsi, Amorphis, dont les titres des premiers albums sont un manifeste national. Depuis, le groupe s’est orienté vers le métal symphonique. Moins tourné vers son patrimoine, Stratovarius a été considéré par certains comme le plus grand groupe de métal progressif au monde.

Dans un style plus jusqu’au-boutiste, s’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait sans conteste Impaled Nazarene, le groupe le plus provocateur du pays, auquel les fans vouent un véritable culte. Le groupe pratique depuis le début des années 1990 une musique sauvage et sans concession, mélange de black métal, de punk et de trash accompagnés de hurlements passionnés sur leurs thèmes de prédilection que sont la mort, le sexe à outrance, l’alcool, les drogues, la guerre russo-finlandaise, le satanisme et la destruction de l’humanité.

Mais là où le métal finlandais replonge dans les racines de la culture traditionnelle, c’est avec les groupes de folk métal apparus dès 1997. Finntroll combine black et death avec la humppa, variété finlandaise de la polka. Quant à Korpiklaani, dont la musique mélange aussi heavy métal, humppa et instruments folk, on perçoit dans ses textes, outre le lien intime à la nature révélateur de la culture finlandaise, un aspect très festif volontiers ponctué de libations déconseillées aux petites natures.

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