Géographie et paysages Kenya
Géographie
Les paysages sont éminemment variés. On distingue cependant 2 facettes principales : la côte et ses 400 km de plages, d'identité swahilie, musulmane, et ouverte sur l'océan Indien, et le Kanya intérieur, avec Nairobi, africain et tribal, domaine des grands parcs nationaux.
Un grand quart sud-ouest est volcanique et montagneux. Nairobi, la capitale, se situe à l'extrémité orientale de ces hauts plateaux. Vers l'ouest, passé le fossé d'effondrement de la vallée du Rift, les Highlands, généreusement arrosés, étaient au temps de la colonie le domaine d'élection des colons anglais. On y cultive toujours le thé et le café en abondance.
À l'approche du lac Victoria, les collines cèdent le pas à une plaine chaude, intensivement cultivée. Au nord du lac, on trouve le dernier vestige de l'immense forêt primaire qui s'étendait jusqu'au Congo. Le Centre-Nord, très fertile autour du mont Kenya, est lui aussi couvert de plantations. À l'est, les plaines ponctuées de collines s'étendent à l'infini en direction de la Somalie.
Le tiers nord du pays est une steppe désertique entrecoupée de lits de rivières asséchées. À l'approche de l'Éthiopie, l'immense lac Turkana est le plus grand des 8 plans d'eau parsemant la vallée du Rift.
La vallée du Rift
De part et d'autre de la vallée, les plaques continentales - africaine à l'ouest et du Moyen-Orient à l'est - partent en directions opposées, provoquant l'apparition d'une ligne de fracture. La vallée du Rift est-africaine est, avec l'Islande, l'un des seuls endroits au monde où le système de rift océanique se trouve ainsi émergé.
Sur les franges surélevées de la vallée, des dizaines de volcans, à l'instar du Kilimandjaro ou du mont Kenya, agissent comme des bouchons de cocotte-minute. Si la pression souterraine se fait trop forte, ils l'évacuent.
Fidèle à la théorie de la dérive des continents, la vallée continue de s'enfoncer de quelques millimètres par an et s'élargit de plusieurs centimètres.
Environnement
Le système des parcs nationaux kenyans est l'un des plus anciens d'Afrique.
Même si le Kenya est souvent cité en exemple pour sa politique de conservation de la nature (le gouvernement a par exemple mis en place un recensement national de la faune sauvage en août 2021), certains problèmes restent cruciaux. Parcs et réserves, pour commencer, ne bénéficient pas du même statut. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces dernières ne sont pas intégralement protégées. D’une part, les populations locales (les Maasaï en particulier) sont autorisées à vivre dans leur enceinte. D’autre part, elles sont gérées par les instances locales et non par le KWS (Kenya Wildlife Service), l’organisme chapeautant la protection de la faune dans le pays.
Ces problèmes sont complexes : quand on tire la sonnette d’alarme au sujet de la diminution rapide de la population des lions (il n’en resterait qu’un peu plus de 2 000 aujourd’hui au Kenya), les éleveurs s’inquiètent et disent que le gouvernement fait passer la vie des animaux avant la leur... Et pourtant, que serait le Kenya sans sa faune ? Néanmoins, les efforts pour la conservation de la faune sont mis en péril par la sécheresse au nord du pays, dont la fréquence s’accélère dangereusement ces dernières années. Elle décime les animaux et appauvrit les hommes dont le bétail meurt de soif.
La pression pastorale provoque aussi une dégradation inquiétante du couvert végétal. Wangari Muta Maathai (1940-2011), la 1re Africaine à avoir reçu le prix Nobel de la paix, en 2004, a travaillé, avec son Green Belt Movement, au reboisement (30 millions d’arbres plantés depuis 1977). Son combat contre la déforestation est une œuvre de longue haleine : on a ainsi calculé que chaque Kenyan devrait planter 13 arbres par mois pendant 2 ans pour que le pays atteigne les 10 % de sa superficie occupée par une vraie forêt... Et pour cause : aujourd’hui, le Kenya, avec seulement 1,7 % de sa superficie couverte par la forêt, est un des pays les moins verts de toute l’Afrique... Et on continue à déboiser : 700 000 personnes vivent du commerce du charbon de bois.
Le braconnage au Kenya
Autre problème, et de taille, le braconnage ; il a été ramené à des proportions nettement plus faibles que dans les années 1970 mais n’a pas été éradiqué, loin de là (on a même constaté une nouvelle explosion au début des années 2010). L’hécatombe, encouragée par la corruption des responsables de nombreux parcs, atteignait alors des proportions faramineuses. Les poachers, presque tous des Somalis chassés par la sécheresse et la destruction de leurs troupeaux, descendaient en bandes, munis d’armes automatiques.
Sous l’égide du remuant Richard Leakey, l’ancien président du KWS, c’est une véritable guerre que le gouvernement a engagée contre les braconniers. Des patrouilles surarmées ont été organisées avec ordre de tirer à vue. Des responsables politiques ont été démis de leurs fonctions, la corruption traquée. Sans faune, pas de tourisme...
Mais l’instabilité chronique de la Somalie depuis le milieu des années 2000 a entraîné un nouvel afflux de braconniers vers le Kenya. L’État kenyan a beau tenter de marquer l’opinion, la situation n’en est pas moins très difficile. Tant que la demande d’ivoire sera croissante en Asie, la situation restera difficile. En février 2015, Pékin a suspendu pour un an l’importation d’ivoire sculpté, moratoire dérisoire quand on sait la part minime de l’ivoire sculpté comparée à celle de l’ivoire brut. Mais la Chine a annoncé en 2017 l’interdiction du commerce domestique de l’ivoire, avec, dès mars, la fermeture des ateliers de transformation. Hong Kong, haut lieu du trafic, a interdit la vente d’objets en ivoire depuis 2021. Reste toutefois à renforcer les contrôles au port de Mombasa qui demeure, avec celui de Zanzibar, en Tanzanie, une des plaques tournantes du trafic.
L’autre animal emblématique de la lutte contre le braconnage est le rhinocéros, dont les effectifs avaient dramatiquement fondu au cours des années 1970 et 1980. Aujourd’hui, on ne compte plus (enfin, façon de parler, ils sont une bonne douzaine) les Rhino Sanctuaries qui ont permis non seulement d’arrêter l’hémorragie, mais aussi de faire repartir les effectifs à la hausse, de manière volontariste. Mais la menace reste réelle.
De nouvelles approches pour de nouveaux problèmes
La protection de la faune sauvage pose aussi le problème de la gestion durable des parcs et des réserves. À Amboseli, l’explosion de la population des éléphants, concentrée sur un très petit territoire, est devenue inquiétante. On a pu recenser jusqu’à 1 800 animaux sur moins de 400 km2. L’écosystème est mis à mal par la destruction massive des arbres, et les habitants des environs craignent pour leurs cultures, et même pour leur vie (il y a eu des morts).
Le service des parcs a créé une unité chargée de se pencher sur ces problèmes. En 2005, 400 éléphants des Shimba Hills ont été transférés dans le parc de Tsavo Est en raison du « surpeuplement » de la réserve où ils se trouvaient.
Des études sont menées concernant l’impact des nombreux visiteurs sur le milieu naturel. Outre les incendies accidentels, les effets sur la faune sont considérables : le guépard, chasseur diurne, en est presque venu à chasser à midi, pendant que les touristes déjeunent, pour être tranquille !
Des transferts peuvent aussi être nécessaires dans le cas inverse de « sous-peuplement » à la suite d’une sécheresse dramatique comme celle du 2d semestre 2009 : début 2010, le KWS a décidé de réimplanter 7 000 zèbres et gnous dans le parc national d’Amboseli, en vue de restaurer l’équilibre prédateurs/proies, mis à mal après la mort de milliers de ces ongulés. Privés de leurs proies favorites, hyènes et lions seraient devenus un danger bien plus grand pour les troupeaux des populations villageoises des environs du parc...
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