Géographie et paysages Égypte
Les terres cultivées s'étendent à peine sur quelques kilomètres de part et d'autre de son cours. 96 % des Égyptiens y vivent (ainsi que dans les oasis du désert Libyque). Sans lui, le Sahara s’étendrait sans discontinuer jusqu’à la mer Rouge.
Dans l'Antiquité, on distinguait 2 parties : la Basse et la Haute-Égypte. Le Nil prenant sa source dans le sud et se jetant dans la Méditerranée au nord, la Haute-Égypte correspond à la partie sud du pays et la Basse-Égypte à la partie nord. De nos jours, on parle également de Moyenne-Égypte pour désigner la région qui s'étend du sud du Caire à Minieh.
La Nubie est la région qui débute au nord d’Assouan (Kom Ombo) et continue jusqu’à la frontière soudanaise. Une partie de la Nubie égyptienne est aujourd’hui recouverte par les eaux du lac Nasser, constituées à la suite de la construction du haut barrage inauguré en 1970.
Le désert, quant à lui, recouvre 97 % de la superficie du pays, autant dire que le sable ne manque pas. On distingue trois grandes zones désertiques en Égypte. :
- Le désert Libyque : partant du Nil jusqu’à la frontière libyenne, il est ponctué par une série d’oasis (Kharga, Dakhla, Farafra, Bahareyya), les trois premières en partant du sud formant la Nouvelle Vallée (Wadi el-Gedid). Plus au nord, les oasis de Siwa et de Gara. Ce désert de sable prend différents aspects, parfois rocheux, parfois noir (autour de Bahareyya), parfois blanc (autour de Farafra).
À l’ouest des oasis commence la grande mer de sable (avec des sables mouvants et des zones particulièrement dangereuses). C’est dans la région de Gulf el-Kebir que se déroule le roman Le Patient anglais, de Michael Ondaatje. - Le désert Arabique : entre le Nil et la côte de la mer Rouge, c’est un ensemble de massifs entrecoupés de wadi (vallées), qui se termine par une longue chaîne montagneuse. Seuls les Bédouins (qui vivent du côté de la mer Rouge) connaissent ce véritable labyrinthe
- Le désert du Sinaï : sa géographie est faite de dunes et de montagnes érodées par le vent et sillonnées par des oueds (wadi) profonds qui connaissent des crues sporadiques. Le point culminant de l'Égypte se situe dans cette péninsule : c'est le mont Sainte-Catherine (2 642 m), qui dépasse donc le mont Moïse (ou mont Sinaï), avec ses 2 285 m.
Un enchantement pour tous ceux qui aiment le trekking et les randonnées. Quelques sites historiques (Serabet el-Khadem, le monastère Sainte-Catherine...) et naturels (canyon des Couleurs), et, pour les moins connus : des dunes de sable, des canyons, des lacs en altitude...
Le Nil
Le Nil s’étire sur 6 671 km. C’est l’un des plus longs fleuves de la planète et l’un des plus mystérieux car il ne possède pas une, mais plusieurs sources, qui n’ont cessé de fasciner les hommes depuis le XIXe s.
Il est formé par 2 grands fleuves : le Nil Bleu et le Nil Blanc. Le 1er prend sa source dans le lac Tana en Éthiopie ; quant au 2d, il naît au sud du Burundi, avant d’atteindre un torrent, qui, lui, vient du Rwanda. Les 2 pays revendiquent donc la source de ce fleuve. Les cours d’eau burundais et rwandais se rejoignent pour devenir la rivière Kagera, qui se jette dans le lac Victoria, limitrophe de 3 pays (Tanzanie, Ouganda et Kenya), puis dans le lac Albert (bordé par la République démocratique du Congo et l’Ouganda) avant de traverser le Sud-Soudan. Nil Bleu et Nil Blanc se retrouvent enfin à Khartoum (Soudan) pour former le fleuve majestueux qui traverse l’Égypte du sud au nord. Après Le Caire, il se ramifie en plusieurs branches, et son delta se jette à Damiette et à Rosette dans la Méditerranée.
Tout au long de son tortueux parcours, le Nil aura traversé 10 pays.
Le Nil, un fleuve nourricier
La vie de l’Égypte, jusqu’à la construction du haut barrage d’Assouan (terminé en 1970), était réglée en fonction des crues du Nil qui apportaient le limon nécessaire aux cultures. En juin, le fleuve commençait à monter, puis, dans la 2de quinzaine de juillet, il gonflait sensiblement pour atteindre son maximum fin octobre. On mesurait alors la hauteur de la crue à l’aide des nilomètres, situés tout au long du Nil, et les autorités fixaient, en fonction de ce niveau, le montant des prochains impôts. La décrue s’étalait ensuite jusqu’au mois de janvier où le fleuve regagnait son lit, et les paysans leurs champs. Les anciens Égyptiens avaient d’ailleurs choisi le 19 juillet (début réel de la crue) pour 1er jour de l’année.
On sait que toutes les 1res civilisations sont nées d’un fleuve, source de fertilité des terres : Mésopotamie (Tigre et Euphrate), Mohenjo-Daro (Indus), Chine (fleuve Jaune)... En revanche, peu de personnes savent que les crues ont permis de renforcer l’autorité des pharaons. Il fallait, en effet, un système très centralisé et très autoritaire afin de stocker la nourriture pendant les 3 mois d’inondation.
Il existe une légende selon laquelle, dans l’Égypte ancienne, chaque année au 15 août, les pharaons célébraient la crue en jetant une jeune fille dans le fleuve : c’était la « fiancée du Nil ». Plus tard, les Arabes auraient supprimé cette pratique, mais la coutume demeura et, à la place d’une jeune fille, on lançait des poupées habillées en mariée.
En 1965, avec la construction du grand barrage d’Assouan, le Nil a vu disparaître ses crues qui rythmaient la vie agricole depuis la nuit des temps, ses fêtes et aussi sa « fiancée ».
Pour les Égyptiens, le Nil est source de vie, d’autant que 85 millions de personnes vivent dans la bande fertile qui borde le fleuve, soit à peine 3 % du territoire.
Une source de vie tarissable ?
Le Nil reste un fleuve vital, car il permet des cultures dans un environnement hostile et désertique. C’est aussi un problème crucial à cause de l’augmentation de la population, du développement industriel et de la pollution des eaux.
Près de 80 % de l’eau du Nil utilisée sert à l’irrigation des cultures, alors que la situation hydrique est déjà très tendue. En 1997, l’Égypte avait choisi de créer un « 2d Nil » en creusant le long canal Toshka qui permettrait l’irrigation d’une « Nouvelle Vallée », parallèle au Nil, et passant par les oasis de Kharga, Dakhla et Farafra. Un projet très ambitieux, pour l’instant à l’arrêt, seuls 80 km de ce canal (sur 30 m de large) ayant été creusés. Néanmoins, quelques domaines agricoles à perte de vue se développent. Le coût de Toshka est colossal et l’approvisionnement en eau n’est plus garanti.
Une ressource stratégique
Le Nil soulève aussi un vrai problème de politique régionale. Cette tension extrême est liée à la quasi totale dépendance au fleuve, qui pourvoit 90 % des besoins en eau des Égyptiens, ces derniers étant 95 % à peupler ses rives. Or, parmi les 10 pays traversés par le Nil, l’Égypte est le dernier. Mais les États en amont (hormis le Soudan) bénéficient d’une pluviométrie plus abondante. Avec cet argument, l’Égypte signe en 1929 un 1er accord avec la Grande-Bretagne sur son accès aux eaux du Nil, un autre en 1959 avec le Soudan, sous l’égide des Britanniques (jamais loin). Grâce à ce partage historique, le pays récupère 55,5 milliards de mètres cubes à lui seul, contre 15 milliards pour le Soudan Nord et Sud et 13 milliards pour les 8 pays riverains restants. Or l’Égypte, qui ne représente que 28 % de la population des pays du bassin du Nil, utilise à elle seule 66 % des ressources du fleuve, les Soudan Nord et Sud 18 %, tandis que les autres pays n’ont droit qu’à 16 % de ce débit, bien qu’ils soient en amont.
De plus, Le Caire bénéficie d’un droit de veto sur tous les ouvrages en amont qui modifieraient le débit du fleuve dans son pays. Rappelons que c’est le Nil Bleu (qui vient d’Éthiopie) qui assure 85 % du débit du fleuve millénaire. Au fil des décennies, les besoins en eau ont augmenté dans tous les pays. Les différends autour du quota d’eau alloué à l’Égypte ne sont pas nouveaux, mais le pouvoir du Caire s’est toujours retranché derrière ses droits historiques, faisant valoir les fortes pluies dont bénéficie l’Afrique centrale par rapport aux zones désertiques qu’elle possède. La construction du barrage éthiopien remet en cause ces accords.
Le barrage de la discorde
En 2011, l’Éthiopie présente son projet de barrage de la Renaissance. Avec 1,8 km de long, 145 m de haut, doté d’une puissance 3 fois supérieure à celle produite par le barrage d’Assouan, il est destiné à devenir le plus imposant d’Afrique. Le lac de retenue mesurera 246 km. L’enjeu est essentiel pour ce pays aride qui manque cruellement de ressources énergétiques et qui doit développer son agriculture pour nourrir une population aujourd’hui supérieure à celle de l’Égypte.
En 2015, l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan signent un accord qui garantit à l’Égypte et au Soudan le maintien du débit du Nil. Mais à l’approche de sa mise en eau, les inquiétudes se réveillent. L’Égypte pourrait voir son débit d’eau réduire de 25 % : une catastrophe pour le pays, avec le grand risque de pousser des millions de fellahs (paysans) vers les villes déjà surpeuplées. Autre effet attendu : une production d’électricité moindre au barrage d’Assouan.
L’Égypte demande que la mise en eau (remplissage commencé en 2020) se fasse en 12 à 21 ans pour ne pas altérer le débit du fleuve. Mais le barrage a été inauguré en février 2022 et fonctionne déjà partiellement. Dans ce bras de fer, l’aspect géopolitique ne doit pas être négligé : l’Éthiopie entend devenir une puissance qui compte en Afrique de l’Est. Il n’est pas question de céder face à l’Égypte, ce pays qui a fait peu de cas de l’Éthiopie par le passé.
Quant aux médiateurs internationaux sollicités sur un nouvel accord tripartite, ils peinent à trouver une solution. En attendant, Addis-Abeba poursuit le chantier, coûte que coûte. Certains veulent croire que ce barrage encouragera l’Égypte à accélérer ses réformes structurelles pour une meilleure gestion de l’eau.
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