Culture Égypte

Le plus célèbre des cinéastes égyptiens. Cet Alexandrin est révélé au public avec Ciel d'enfer (1954), qui décrit l'affrontement entre paysans et grands propriétaires terriens et dans lequel joue le célèbre Omar el-Sherif (Omar Sharif).
Chahine impose un ton différent, une vision éclatée du réel. Parmi ses films les plus connus, Gare centrale (1958), dans lequel il joue le personnage principal. Dans Le Sixième Jour (1986), il met en scène une Dalida, austère, voilée de noir. Un de ses derniers films, Le Destin (1997), est un hymne courageux à la tolérance, à travers l'histoire du philosophe arabe Averroès.
Sorti début 2008, Le Chaos, son dernier film, met en scène un officier de police aussi véreux qu'autoritaire, véritable ombre planant sur le quartier de Shoubra, mais dont le cœur s'enflamme pour une jeune femme qui n'a que faire de son amour. Chahine ne mâchait pas ses mots pour dépeindre les maux d'une Égypte corrompue.

Dans les années 1980, un nouveau style cinématographique apparaît avec Mohammed Khan et son Oiseau sur la route (1981), Atef el-Tayeb, L’Innocent (1986), et le film de la réalisatrice Inas el-Deghidi, Ô Loi, excusez-moi (1985). Le cinéma tend à dépeindre la société égyptienne avec son lot de problèmes et de violence. On dénonce le triomphe de la vulgarité et le culte de l’argent. Terrorisme, rapports hommes-femmes, problèmes des jeunes (chômage...) et corruption deviennent des thèmes fréquents.
Les grands acteurs qui marquent la fin du XXe et le début du XXIe s sont Adel Imam (le de Funès égyptien, avec plus d’une quarantaine de films) dans Le Terroriste (1994), Mahrous garçon du ministre (1999), ou Le Leader (1999) ; Ahmed Zaki (1949-2005) avec L’Empereur (1991), L’Épouse d’un homme important (1998) et, parmi ses 2 derniers grands rôles, Sadate (2001) et Halim (2006, inspiré de la vie du grand chanteur Abdel Halim Hafez). Fares Fares qui vit en Suède depuis qu’il est enfant, connaît une carrière internationale et retrouve régulièrement le réalisateur Tarik Saleh, lui aussi suédois d’origine égyptienne.
Côté actrices, bien sûr Yousra dans Les Oiseaux des ténèbres (1996), Dentella (1998) et L’Immeuble Yacoubian (2006) ; Laila Eloui dans Ô vie, mon amour (1997) ; Nadia el-Gendy, Raghda... s’imposent plus que jamais dans le star-system et participent directement au succès de leurs films. L’Immeuble Yacoubian de Marwan Hamed (2006), avec Adel Imam et Yousra, tiré du best-seller d’Alaa el-Aswany, a eu un succès international et a lancé ce jeune réalisateur.
En 2010, Yousry Nasrallah, ancien assistant de Youssef Chahine, recueille, de son côté, d’excellentes critiques en France pour son film Femmes du Caire, et en 2012 pour Après la bataille, sur la rencontre de 2 jeunes, l’un révolutionnaire, l’autre manipulé par l’ancien régime. Les Femmes du bus 678, de Mohamed Diab (sorti en 2010 en Égypte, 2012 en France), évoque pour la 1re fois la question du harcèlement que subissent les Égyptiennes. Ces dernières années, on retiendra Al Midan, de Jehane Noujaim (2014), The Blue Elephant (2014), de Marwan Hamed et Clash de Mohamed Diab (2016), ainsi que Le Caire confidentiel (2017), de Tarik Saleh, un polar récompensé aux festivals de Beaune et de Sundance. Yomeddine d’Abou Bakr Shawki faisait partie de la sélection du Festival de Cannes en 2018. En 2019, Marianne Khoury présente Parle-moi d’elles, quand une mère et sa fille revisitent l’histoire familiale au travers de 4 générations de femmes. Omar el Zohairy présente Plumes à Cannes en 2022 et reçoit le grand prix de la Semaine de la critique, une première pour un film égyptien. Tarik Saleh a obtenu le prix du scénario lors du même festival pour La Conspiration du Caire, un polar sans concession. La même année, le Festival international du film du Caire a décerné le prix de la meilleure fiction arabe à 19 B, d’Ahmed Abdallah.