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Histoire Slovénie

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Les lointaines origines : d’un empire à l’autre

À l’âge du fer, la Pannonie entretient une étroite relation avec les Celtes de la civilisation d’Hallstatt, en Autriche, tandis qu’au sud-ouest de l’actuelle Slovénie ce sont les Illyriens qui jouent les 1ers rôles. Durant l’Antiquité, les Romains prennent l’ascendant sur ces différentes tribus : au Ier s apr. J.-C., l’empire fonde notamment Emona (future Ljubljana) et Poetovio (qui deviendra Ptuj). Pendant presque 500 ans, la Pax romana (période de paix et de stabilité imposée par Rome à ses ennemis) permet à ces provinces de prospérer. Jusqu’à ce que surviennent, au Ve s, plusieurs vagues d’invasions : d’abord les Huns et, in fine, les Slaves (originaires des Carpates, les ancêtres des Slovènes). Au VIIe s, ils mettent en place la principauté de Carantanie, mais, au milieu du siècle suivant, ils doivent se rapprocher de la Bavière pour faire face aux attaques extérieures : débute ainsi leur christianisation. Quand le duché bavarois passe sous l’autorité de l’Empire carolingien, en 788, il en va de même pour la Carantanie, qui est colonisée par les Francs. Issu de la décomposition de l’Empire carolingien, le Saint Empire romain germanique étend à son tour sa suprématie sur la région, au Xe s : il impose la germanisation, alors même que les 1ers écrits en langue slovène avaient été publiés, sous le nom de Feuillets de Freising, manuscrits actuellement conservés à Munich.

La longue domination des Habsbourg

À partir du XIIIe s, la dynastie des Habsbourg prend le pouvoir pendant 6 siècles : jusqu’en 1867 en tant que seuls maîtres de la région habitée par les Slovènes, puis, lors de la création de l’Empire austro-hongrois, comme double monarchie, jusqu’à sa dissolution en 1918. Le renforcement du contrôle impérial et de l’oppression entraîne progressivement l’éveil d’un sentiment national slovène, avec la revendication d’une identité propre, en particulier à travers la langue.

Une partie de ces aspirations est d’ailleurs encouragée par Napoléon Ier, qui règne de 1809 à 1813 sur les Provinces illyriennes (la Carniole – autour de Ljubljana ; la Carinthie occidentale – au nord du pays ; Gorica ; l’Istrie, dont Trieste ; une partie de la Croatie ; la Dalmatie et Dubrovnik), dont la zone occupée par la Slovénie d’aujourd’hui. Laibach (ou Laybach), l’ancien nom de Ljubljana, en est la capitale. Durant cette courte parenthèse, le slovène est enseigné à l’école et utilisé par les fonctionnaires. À la suite de la défaite de l’empereur français en Russie et de l’issue du congrès de Vienne en 1815, les Slovènes retournent dans le giron de la maison Habsbourg, qui serre la vis.

La Première Guerre mondiale et ses bouleversements

Les Slovènes se retrouvent engagés dans le conflit aux côtés de l’Empire austro-hongrois. Les combats sont particulièrement sanglants entre l’été 1915 et fin 1917, lors des batailles de l’Isonzo, ainsi baptisées en référence au fleuve Isonzo, « Soča » en slovène (foncez voir l’intéressant musée de Kobarid, dans le village du même nom, qui retrace ces événements). En tout, 12 affrontements se succédèrent autour de la vallée de la Soča, qui constitue un point stratégique, située à l’extrême nord-ouest de la Slovénie telle qu’on la connaît à présent.

Le déclenchement des hostilités intervient après l’entrée en guerre de l’Italie, en soutien à la Triple Entente (Russie, France et Royaume-Uni), contre les Austro-Hongrois et leurs alliés. Cette guerre de montagne fut très meurtrière : au moins 300 000 morts et plus de 700 000 blessés dans les 2 camps confondus. Le dernier et 12e combat, la « bataille de Caporetto », ville baptisée « Kobarid » dans l’actuelle Slovénie, se conclut finalement par la victoire des Austro-Allemands. Cet épisode guerrier fut relaté par Ernest Hemingway dans son roman d’inspiration autobiographique L’Adieu aux armes, puisque l’écrivain américain s’était lui-même engagé comme brancardier auprès de la Croix-Rouge italienne.

Mais ce succès n’est que relatif... L’empereur autrichien Charles Ier abdique fin 1918. Aussitôt est proclamée l’union du royaume de Serbie et des pays de l’État des Slovènes, des Croates et des Serbes en un seul royaume, sous l’autorité du roi Pierre Ier de Serbie. Elle devient, en 1929, le royaume de Yougoslavie. La désillusion est grande pour les Slovènes, qui n’arrivent pas à tirer leur épingle du jeu politique, face à la prépondérance des Serbes. La contestation se fait notamment entendre par la voix du parti communiste, dans lequel Josip Broz, le futur maréchal Tito, prend du galon...

La Seconde Guerre mondiale et la naissance d’une nouvelle Yougoslavie

Au printemps 1941, les troupes italiennes entrent dans Ljubljana, et la Slovénie est ensuite partagée en 2 zones d’occupation : les fascistes à l’ouest, les nazis et leurs alliés hongrois à l’est. Lorsque les 1ers capitulent, en septembre 1943, les Allemands élargissent leur hégémonie à tout le territoire et poursuivent la germanisation forcée, avec l’interdiction de l’usage du slovène en public.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Slovénie devient un membre fondateur de la République fédérative socialiste de Yougoslavie, cocréée, fin 1945, avec 5 autres entités : la Croatie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine et le Monténégro. Elle est dirigée par Tito jusqu’à sa mort, en 1980. Celui-ci ne tarde pas à s’affranchir du grand frère soviétique. D’abord en lançant, dès 1948, le titisme, dont le principal théoricien est le Slovène Edvard Kardelj : il s’agit de suivre « sa propre voie vers le socialisme, en utilisant ses propres ressources et en usant de politiques adaptées à son propre contexte national ». Puis en impulsant le mouvement des non-alignés, en 1956, avec les dirigeants égyptien Nasser, indien Nehru et indonésien Sukarno. Ils refusent de choisir le camp des États-Unis ou de l’URSS, dans un contexte de bipolarisation lié à la guerre froide.

La Slovénie est le pays yougoslave qui se modernise et se développe le plus vite sur le plan économique. L’écart se creuse avec d’autres républiques de la fédération, surtout celles du Sud.

Quand Tito meurt le 4 mai 1980 à Ljubljana (où il était hospitalisé), la guerre de succession est ouverte, entre partisans de la centralisation et promoteurs de la décentralisation. Dans un contexte de grandes difficultés économiques, l’ultranationalisme serbe monte, alors que les aspirations à plus de liberté et de démocratie progressent en Slovénie.

Au printemps 1989, les partis d’opposition rendent publique la « déclaration de Mai » pour un « État souverain de la nation slovène », favorable au pluralisme politique et au respect des Droits de l’homme. À la fin de l’année, ils constituent la vaste coalition Demos. Elle remporte les 1res élections libres, organisées en avril 1990, avec 55 % des voix. Puis, lors du référendum du 23 décembre 1990, auquel participe 89 % du corps électoral, l’immense majorité des votants (88,5 %) se prononce pour une Slovénie souveraine et indépendante.

L’indépendance, enfin !

Comme le prévoit ce référendum, 6 mois plus tard, le Parlement slovène proclame officiellement l’indépendance de la Slovénie le 25 juin 1991. C’est la 1re république de Yougoslavie à quitter la fédération. La Serbie et son président depuis 1989, Slobodan Milošević, lancent immédiatement les représailles. L’armée fédérale, dont la majorité des officiers est serbe, intervient en Slovénie, où elle rencontre une forte résistance. Après 10 jours de combats qui provoquent la mort d’une soixantaine de belligérants (dont un peu plus d’1/3 de Slovènes), un accord est signé le 7 juillet, sous l’égide de la Communauté européenne. L’armée fédérale se retire progressivement jusqu’à ne plus être présente en Slovénie à partir de fin octobre 1991.

Une monnaie nationale est mise en circulation, le tolar, et une Constitution est adoptée le 28 décembre 1991. Des élections pluripartites sont programmées 1 an plus tard, gagnées par les libéraux-démocrates. Entre-temps, en janvier 1992, la Communauté économique européenne (CEE) reconnaît la Slovénie, qui intègre, en mai, l’Organisation des Nations unies.

Pour la 1re fois de son histoire, la Slovénie a fini par conquérir son indépendance, après avoir été ballottée d’un empire à un autre. Cette volonté, qui a perduré malgré les vicissitudes traversées, a pu se maintenir grâce au sentiment national transmis par la langue et la culture, véritables piliers de l’identité slovène, à défaut de la concrétisation d’un État avant 1991.

C’est donc un honneur hautement symbolique que de faire de la 2e plus grande ville slovène, Maribor, la capitale européenne de la culture en 2012.

La Slovénie aujourd’hui

Outre un passage réussi à la démocratie, la Slovénie parvient à transformer son appareil productif pour l’adapter avec succès à l’économie de marché. Tout en poursuivant le processus d’intégration sur la scène politique internationale. L’année 2004 est ainsi marquée par 2 temps forts : l’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et l’entrée dans l’Union européenne.

Enfin, depuis le 1er janvier 2007, la Slovénie appartient à la zone euro, elle est le 1er pays ex-communiste à l’avoir intégrée.

Néanmoins, l’année suivante, il faut faire face à la crise financière mondiale qui conduit à une austérité économique pour continuer dans la voie de la stabilité. 2008 est marquée par un 2d moment important : la Slovénie assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pendant 6 mois. Mission de nouveau endossée durant le 2d semestre 2021. Une période qui connaît des controverses à cause de la personnalité du 1er ministre slovène, Janez Janša. En poste depuis mars 2020, il est surnommé « Maréchal Twitto » à cause de sa propension à provoquer des polémiques par ses messages et insultes envoyés sur Twitter. Admirateur des dirigeants conservateurs et populistes, comme Donald Trump et le leader nationaliste hongrois Viktor Orban, il s’attaque à la liberté de la presse et revendique son euroscepticisme, entraînant de nombreuses protestations au sein de son pays.

Avec son Parti démocratique slovène (SDS), il est finalement battu aux élections législatives d’avril 2022. 

Le quinquagénaire Robert Golob, ancien entrepreneur dans l’énergie solaire à la tête du parti libéral, lui succède pour apaiser la vie politique et promouvoir une société libre et ouverte, sur la base d’un programme de centre gauche et écologiste. La même année, en novembre, pour la 1re fois en Slovénie, une femme est élue à la présidence de la République. Victorieuse du conservateur Anže Logar, candidat du SDS, la libérale Nataša Pirc Musar, avocate réputée et nouvelle venue en politique, entend donner plus d’épaisseur à sa fonction, surtout protocolaire, en incarnant une forme d’autorité morale.

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