Suède Stockholm
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Histoire et dates-clés Stockholm

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Les débuts de Stockholm

La première mention de la ville date de 1252. Difficile de parler de ville et même de cité pour désigner quelques maisons blotties derrière une barrière de pilotis face à la petite île de Gamla Stan (la vieille ville actuelle). Selon Erik (un chroniqueur de l’époque), Stockholm fut fondée par Birger Jarl, régent de Suède, afin de protéger le pays des invasions par des flottes étrangères venues de la mer. Il y fit construire une forteresse, qui contrôlait le trafic maritime entre la mer Baltique et le lac (sur ses fondations sera construit le palais royal). En 1264 débuta la construction de la Grande Église (l’actuelle Storkyrkan). Sous l’influence du roi Magnus Ladulås (Magnus III de Suède), la ville prospéra grâce à ses relations commerciales avec la Hanse (l’association des villes marchandes d’Europe du Nord), devenant même l’un des grands ports de la Ligue. En 1289, elle devint la plus grande ville du royaume, mais la peste noire la ravagea en 1349.

L’union de Kalmar

L’union de Kalmar, traité signé en 1397, réunit les peuples scandinaves sous une même Couronne. Mais le Danemark était avide de pouvoir et, du fait des intérêts commerciaux trop divergents, les Suédois se sentirent à l’étroit dans cette union.

Stockholm fut proclamée capitale de la Suède en 1419. Sa position stratégique aux abords de la mer Baltique ainsi que son poids économique en firent une place importante dans les relations entre les rois danois de l’union de Kalmar. Elle vit de nombreuses batailles se dérouler, comme celle de Brunkeberg gagnée en 1471 par Sten Sture le Vieil contre le roi du Danemark, Christian Ier. Le mouvement de rébellion fut cependant sévèrement réprimé par Christian II de Danemark qui entra dans Stockholm en 1520, malgré la défense héroïque de Kristina Gyllenstierna, la veuve de Sture. Il exigea des Suédois qu’ils le reconnaissent comme roi, et pour asseoir son autorité, il fit ensuite décapiter une petite centaine d’opposants issus de la noblesse. Le bain de sang de Stockholm mit un terme à l’union de Kalmar.

Les Vasa

Cet acte déclencha un nouveau mouvement de révolte, mené par Gustav Ier Vasa, qui, 2 ans plus tard, libéra Stockholm et la Suède de la domination danoise, devint roi et inaugura le début d’une nouvelle ère. Ce membre de la haute noblesse suédoise unifia et consolida le royaume de Suède, instaura la monarchie héréditaire et introduisit la Réforme (vu les gros besoins d’argent, la sécularisation des biens de l’Église fut la bienvenue !).
Stockholm s’agrandit et, en 1600, comptant déjà 10 000 habitants, elle devint une ville européenne d’envergure, capitale politique et économique de la Suède. Sa transformation est encore visible à travers le réseau de rues rectilignes actuel, héritage direct de cette époque. Peu après furent instaurées des règles qui lui conférèrent un monopole sur les échanges entre les négociants étrangers et les territoires scandinaves.
Cette époque glorieuse, due au règne de Gustave II Adolphe (1611-1632), vit naître nombre de châteaux et de palais, dont la Riddarhuset et le palais royal.

Expansion suédoise mais successions désordonnées

Les règnes de la reine Christine, de Charles X Gustave, Charles XI et Charles XII furent une succession de conflits territoriaux, d’accaparement des terres par la noblesse, puis de repartage de ces mêmes terres.

La guerre de Trente Ans opposait la Suède à la tête d’une coalition protestante contre les armées catholiques du Saint Empire romain germanique. Ce conflit interminable ensanglanta le continent européen. Ce XVIIe s fut aussi la période expansionniste et conquérante de la Suède. L’armée suédoise intervint militairement dans de nombreux conflits dans le but d’acquérir la maîtrise de la Baltique, notamment par la possession de la Finlande, de la Poméranie (nord de l’actuelle Pologne) et de l’Ingrie (où se trouve aujourd’hui Saint-Pétersbourg). Puis Charles XI musela une noblesse trop remuante et gouverna en souverain absolu d’un État dont la prospérité s’accroissait grâce à un commerce actif.

Bien que la guerre du Nord (1700-1721) ait entraîné la destruction partielle de la ville et un ralentissement de sa croissance, Stockholm conserva son rôle de capitale politique de la Suède et affirma sa supériorité culturelle. L’Opéra royal en est un bel exemple.

De l’ombre à la lumière

En 1703, un jeune tsar aux dents longues, le futur Pierre le Grand, contesta la mainmise suédoise sur ce mare nostrum scandinave. Charles XII (Voltaire écrit sa biographie) commit l’erreur fatale d’envahir la Russie et de marcher sur Moscou. Ce fut le commencement de la fin : la Suède perdit petit à petit son rang de grande puissance. En 1719, la noblesse imposa un régime parlementaire connu sous le nom d’« Ère de la liberté », dans lequel 2 partis, les Chapeaux et les Bonnets, se disputaient le pouvoir. L’essor économique se poursuivit, dynamisant les sciences et la culture et autorisant la liberté de la presse. Mais les Chapeaux entraînèrent le pays dans un nouveau désastre militaire contre la Russie en 1742, et le pays glissa lentement vers l’anarchie.

Le sursaut vint de Gustave III, un érudit de Stockholm, qui, soutenu par l’armée et le peuple, prit le pouvoir en 1771 par un coup d’État. Despote éclairé dans l’esprit des Lumières, protecteur des arts et des sciences, fondateur de l’Académie suédoise de Stockholm, il resta en butte à l’hostilité de la noblesse qui prépara son assassinat, perpétré en 1792, lors d’un bal masqué.

Le XIXe siècle

Quand l’Europe fut ébranlée par le bouillonnement des guerres napoléoniennes, la Russie, temporairement alliée à la France, s’engagea à contraindre la Suède anglophile à se joindre au blocus continental. Le tsar Alexandre Ier lança en 1809 une offensive militaire et conquit la Finlande en quelques semaines, tant la Suède était minée par des décennies d’instabilité politique et de luttes d’influence. Le roi Gustave IV fut alors renversé au profit de son oncle Charles XIII qui accepta une Constitution établissant la séparation des pouvoirs. Charles XIII n’avait pas d’enfant. On choisit donc un brillant maréchal de Napoléon, Jean-Baptiste-Jules Bernadotte (Béarnais d’origine), qui, nommé prince héritier, devint Charles XIV Jean. Il obtint la Norvège dans le lot, contrainte d’accepter ce troc pour que sa Constitution et son autonomie interne soient reconnues (drôle de manière d’obtenir son autonomie). Oscar Ier et Charles XV, fils et petit-fils de Bernadotte, entreprirent de nombreuses réformes qui libéralisèrent le pays, donnant un coup de fouet à l’économie et modernisant l’agriculture.

Stockholm, un temps affaiblie, retrouva son rôle de pôle économique avec l’apparition de nouvelles industries, devint un centre commercial et de services important, ainsi que la principale porte d’entrée de la Suède par sa proximité avec la mer Baltique. Une forte immigration fit croître sa population : à la fin du siècle, seuls 40 % des habitants de la ville y étaient nés. Des quartiers commencèrent alors à se développer au-delà des limites originelles de Stockholm, dans la campagne et sur les côtes. C’est aussi à cette époque que la ville accrut son rôle central dans l’éducation et la culture, avec l’ouverture de nombreuses universités, attirant encore davantage d’intellectuels et d’érudits.

Le XXe siècle

Sur le plan national,le XXe siècle consacra la rupture par la Norvège de l’union avec la Suède (1905), l'adoption du suffrage universel (1918-1921), la neutralité pendant la Première Guerre mondiale, puis l'avènement de la social-démocratie en 1932. En 1936, la nouvelle neutralité est à nouveau de mise, et pendant la Seconde Guerre mondiale, la Suède refusa d’intervenir officiellement, malgré des combats menés en Norvège contre l’envahisseur. Entre-temps, le gouvernement de Stockholm s’est installé en 1923 dans le nouvel hôtel de ville, construit à la place du premier moulin à vapeur, détruit par le feu. Après 1945, Stockholm réhabilita une grande partie de son centre ancien, alors composé de rues étroites enchevêtrées et devenues problématiques en raison de l’accroissement de la circulation. De larges rues piétonnes furent tracées, bordées de buildings. Dès 1950, lancement de la construction du métro.

Quant à la Suède, elle est aujourd’hui une monarchie héréditaire et constitutionnelle à chambre unique, élue pour 4 ans. Les sociaux-démocrates, après 44 ans de pouvoir incontesté, ont dû céder par intermittence la place à une coalition centriste et aux partis de droite. En 1995, la Suède adhéra à l’UE.

En 2003, en pleine campagne sur le référendum d’adhésion à l’euro, la ministre des Affaires étrangères, Anna Lindh, était assassinée à Stockholm alors qu’elle faisait ses courses. Les Suédois revécurent alors le souvenir tourmenté de la disparition d’Olof Palme, mais il s’avéra rapidement que l’agression mortelle avait été le fait d’un déséquilibré.

Finalement, l’affaire n’influença que peu la volonté d’une majorité de Suédois de barrer encore la route du passage de leur couronne à l’euro, le « non » l’emporta par 57 % des voix. Les milieux d’affaires suédois s’arrachèrent les cheveux, mais les partisans de la monnaie européenne furent bien obligés de reconnaître que l’annonce de la quasi-récession économique de la France et de l’Allemagne ne les avait pas beaucoup aidés à convaincre des électeurs assez conservateurs, qui ne voyaient pas pourquoi une couronne en bonne santé devait laisser sa place à un euro plutôt faiblard.

L’extrême droite au Parlement

Aux élections législatives de 2006, la coalition de centre droit arrive en tête et forme un gouvernement, dirigé par Fredrik Reinfeldt, qui rogne le système de l’État providence en allégeant les impôts pour les plus aisés et certaines prestations sociales.

Législatives de 2010 créent la surprise : les sociaux-démocrates obtiennent leur plus mauvais score depuis 1914 et, surtout, l’extrême droite des Sverigedemokraterna (Démocrates de Suède) fait une entrée historique au Parlement, avec 20 députés. Créé en 1988, issu de la mouvance néonazie, le SD a su convaincre 5,7 % des votants en militant pour une limitation drastique de l’immigration, un durcissement de la lutte contre la criminalité et une aide accrue aux personnes âgées. Le parti de centre droit du Premier ministre sortant arrive tout de même en tête de ces élections, mais sans majorité absolue. Refusant de négocier avec l’extrême droite, snobé par les Verts qui lui reprochent sa politique de construction d’autoroutes et de centrales nucléaires, Fredrik Reinfeldt se voit contraint de former un gouvernement minoritaire. Aux législatives de 2014, l’extrême droite renforce son poids avec, cette fois, 13 % des voix, soit plus du double de son score précédent, même si la gauche, composée des sociaux-démocrates, des Verts et du Parti de gauche, remporte (très petitement) les élections, contraignant Fredrik Reinfeldt à démissionner au profit de Stefan Löfven.

La tendance se confirme aux législatives de 2018 : gauche et droite se retrouvent quasiment à égalité, devant une extrême droite qui progresse de 5 points. Aucune coalition ne parvenant à se former, la Suède reste sans Premier ministre ni gouvernement pendant plusieurs mois. La progression du parti nationaliste et anti-immigration se lit à nouveau dans le résultat des élections européennes de 2019. La formation a récolté 15,4 % des scrutins, contre 16,8 % pour le pouvoir en place.

Dernières nouvelles de Suède

- 2010 : les bonnes consciences sont ébranlées par les révélations, faites dans un livre sulfureux, des frasques sexuelles du bon roi Carl XVI Gustav. Celui-ci s’est dit « peiné par des révélations qui remontent à longtemps » en concluant : « Il est temps de tourner la page. »

- 2011 : la firme SAAB (automobile) est déclarée en faillite.

- 2012 : les employés de la compagnie aérienne SAS sont contraints de revoir leur contrat à la baisse sous peine, d’après la direction, de déposer le bilan. Le fameux sens de la négociation scandinave prend un sérieux coup dans l’aile.

- 2014 : les législatives portent la gauche au pouvoir et renforcent le poids de l’extrême droite au Parlement. Et plus anecdotique, on (re)découvre, à cette occasion, la candidature d’un jeune homme nommé Hravn Forsne, 25 ans, qui serait le « fils caché » de François Mitterrand et d’une journaliste suédoise.
Reconnaissance officielle de l’État palestinien par la Suède.

- 2015 : crise diplomatique avec l’Arabie saoudite. La Suède met fin à sa coopération militaire après que sa ministre des Affaires étrangères a été empêchée de prononcer un discours sur la situation des Droits de l’homme dans le royaume wahhabbite, lors d’une réunion de la Ligue arabe au Caire.
La généreuse politique d’accueil des réfugiés (81 000 en 2014, 163 000 en 2015) est critiquée par ses voisins danois et finlandais ainsi que par une partie grandissante de la population.
La police reconnaît, début 2016, avoir caché des agressions sexuelles lors d’un festival pop à l’été 2015.
De nombreux Suédois considèrent que le pays est arrivé à la limite de ses capacités et le gouvernement compte sur ses partenaires pour en relocaliser une partie.
La ministre suédoise des Finances annonce en novembre 2015 que le gouvernement doit emprunter et renoncer à certaines dépenses et réformes.

- 2016 : sur 163 000 demandes d’asile déposées en 2015, la Suède annonce qu’elle va expulser 60 000 migrants vers leur pays d’origine et durcir les conditions d'accueil. Les Suédois transfrontaliers qui travaillent à Copenhague perdent chaque jour 1h en contrôles anti-immigrants.

- 7 avril 2017 : attentat terroriste à Stockholm. Un camion fonce dans la foule et fait 5 morts et 14 blessés graves. Le chauffeur, un Ouzbek dont la demande d’asile avait été rejetée, a depuis été condamné à la prison à vie.

- 2018 : le parti social-démocrate remporte une majorité (très) relative aux élections législatives. Avec 28 % (score le plus bas depuis 1911), il ne parvient pas à reconduire la coalition avec ses alliés verts et communistes. Les modérés arrivent en 2e position avec 20 % et l’extrême droite, forte de 17,5 %, remporte le plus grand succès de son histoire avec 62 sièges. Le Parlement ainsi partagé peine à dégager une majorité. Stefan Löfven est démis de ses fonctions avant de parvenir à un accord en janvier 2019 et de réinvestir la charge de Premier ministre.

- 2019 : les élections européennes confirment la progression amorcée par l’extrême droite.
- 2020 : la Suède défraie la chronique à cause de sa stratégie de lutte contre la pandémie mondiale. Refus du confinement, du port du masque… Un choix qui fait couler beaucoup d’encre, d’autant plus que le pays se classe 7e parmi les nations les plus touchées par la Covid-19.

- 2021 : séisme politique avec la chute du gouvernement fin juin, suite à une motion de censure, une 1re en Suède ! Stefan Löfven est néanmoins réélu, mais cède finalement la place à Magdalena Andersson (parti social-démocrate) en novembre. Celle-ci renonce aussitôt, faute d’alliés au Parti de l’Environnement, puis... forme un gouvernement minoritaire. Quelle valse !
- 2022 : la guerre en Ukraine, la question de la sécurité et les enjeux de l’immigration s’invitent dans les élections législatives de septembre. Tandis que l’adhésion de la Suède à l’OTAN est devenue une évidence, les élections donnent la victoire aux partis de droite et d’extrême droite (20,5 % des voix pour ce dernier). En octobre, Ulf Kristersson devient le nouveau chef du gouvernement, à la tête d’une coalition entre les Chrétiens-démocrates (KD) et les Libéraux (L), avec le soutien des « Démocrates de Suède », le parti d’extrême droite.

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Carte postale de la ville
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