Histoire Périgord - Dordogne
Les prémices d’une guerre
Au début du XIIe siècle, Aliénor d’Aquitaine (1122-1204) est mariée à Louis VII, roi de France, et apporte en dot la Guyenne (ancien nom de l’Aquitaine). Aliénor s’ennuie tellement avec son Louis VII qu’elle va voir le pape pour se faire répudier. Elle parvient à ses fins, récupère sa liberté... et surtout les terres de sa dot. Elle se remarie 6 semaines plus tard au futur roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt, à qui elle remet sa dot.
L’Aquitaine, qui tombe alors dans l’escarcelle du roi d’Angleterre, ne sait pas ce qui l'attend. Vont s’affronter le fils d'Aliénor, Richard Cœur de Lion, et les châtelains périgourdins.
Au XIIIe siècle, un accord entre Saint Louis et Henri III laisse à l’Angleterre la région située au sud, entre Dordogne et Dropt. Le long de cette zone frontière (et plus tard d'autres régions aussi), de belles bastides seront construites, comme Monpazier et Villefranche-du-Périgord.
Mais, en 1337, la guerre de Cent Ans est déclenchée : elle met à mal les villes et châteaux qui passent alternativement dans le camp anglais, puis français... puis anglais, et ainsi de suite... Le Périgord sera libéré en 1450 par les troupes de Charles VII, sur la lancée de l’effet Jeanne d’Arc, juste avant la victoire française définitive à Castillon, en Gironde, 3 ans plus tard.
Des croquants au tourisme
Si le début du XVIe siècle est celui d’un renouveau qui voit s’ériger des demeures Renaissance dans les villes, les guerres de Religion ne vont pourtant pas épargner le Périgord. La cathédrale de Périgueux est saccagée, et en 1562 la bataille de Vergt voit les forces royales écraser l’armée protestante.
Au siècle suivant, les mille et un châteaux et demeures se multiplient. Mais en même temps le soulèvement des « croquants », paysans révoltés, entre dans la légende et inspirera le romancier Eugène Le Roy qui fait de son Jacquou le Croquant une figure emblématique locale.
Le visage du Périgord, devenu département de la Dordogne en 1790, ne changera vraiment qu’au Second Empire, avec le désenclavement par le chemin de fer et le développement urbain. Ruraux et ouvriers en feront aussi une terre de résistance au moment de la Seconde Guerre mondiale.
Amorcé dès 1863 avec les découvertes préhistoriques et les fouilles aux Eyzies dans un département peu industriel, c’est cependant le tourisme qui a constitué le tournant du XXe siècle périgourdin. La grotte de Lascaux, découverte par quatre gamins à la recherche de leur chien un beau jour de 1940, et le feuilleton Jacquou le Croquant, diffusé à la télévision dans les années 1960, seront les deux locomotives de l’engouement du grand public pour la Dordogne-Périgord. Sans oublier l’installation de Joséphine Baker, artiste de music-hall américaine qui racheta le château des Milandes et fit venir le Tout-Paris dans les mêmes années.
Si Lascaux, victime de son succès, a dû fermer en 1963, son fac-similé ouvert au public en 1983 fut le site le plus visité du département, jusqu’à l’ouverture fin 2016 d’un Centre international de l’art pariétal, baptisé Lascaux en toute simplicité, qui compte bien accueillir 400 000 visiteurs par an.
Gabariers de la Dordogne
On est au pays de l’eau et l’histoire du département est intimement liée à celle de ses rivières. La Dordogne, la Vézère et l’Auvézère en constituent le trio de tête, auquel il faut ajouter l’Isle et la Dronne, et encore le Céou et la Nauze, ces derniers étant de plus petit calibre, certes.
C’est donc cette rivière longue de 475 km, et qui fut dès le début de notre ère une voie de communication importante, qui a donné son nom au département ; juste retour des choses quand on sait que l’enclavement des vallées et la pauvreté des voies terrestres firent de la rivière le chemin le plus court pour rallier le centre de la France, jusqu’au XIXe siècle.
Un passage obligé
La découverte d’amphores dans le lit de la Dordogne atteste d’un certain trafic maritime datant d’avant notre ère. Zone stratégique durant les différentes guerres, notamment celle de Cent Ans, la rivière fit longtemps office de frontière entre les Plantagenêts et les Capétiens. Son rôle économique et politique devint alors déterminant : le seigneur qui avait la main sur cette voie navigable (comme à Beynac) touchait les taxes de passage, gérait les flux et dominait la vallée.
C’est une des raisons de l’établissement de si nombreux châteaux fortifiés. Les villages au pied des forteresses tiraient profit des taxes portuaires, des pêcheries, mais aussi des haltes que constituaient ces villages pour les bateliers.
Le trafic était riche et varié : bois de chêne du Massif central pour la fabrication des tonneaux dans le Bordelais, expédition de la pierre du Sarladais, papier fabriqué dans la vallée de la Couze, et transport des vins du Bergeracois jusqu’à l’océan. De la mer, on remontait du sel et du poisson séché.
La gabare, véritable train de marchandises
Regroupées sous le nom de gabares, les embarcations qui naviguaient sur la Dordogne portaient le nom de courpets ou couralins. Ces derniers, plus sophistiqués, étaient équipés d’un habitat édifié sur le pont arrière et d’une cale sur l’avant. Construites en bois rustique et fragile (bouleau, hêtre...), avec un faible tirant d’eau et un fond plat (pour éviter les écueils), les gabares n’étaient pas faites pour durer. Elles étaient le plus souvent détruites à l’arrivée et revendues au prix du bois de chauffage aux gens des villes. Celles qui remontaient le faisaient en partie à la voile ou tirées par des chevaux depuis le chemin de halage.
De la voie d’eau à celle du chemin de fer
C’est l’arrivée du train dans la seconde moitié du XIXe siècle qui enterrera l’économie fluviale de la Dordogne. L’activité décroît doucement pour disparaître complètement à la fin des années 1920, quand le maillage ferroviaire de toutes les grandes villes du Sud-Ouest est établi.
Il faudra attendre l’explosion du tourisme pour que les gabares sortent des hangars et retrouvent le fil de l’eau.
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