Culture Pouilles

Par leur situation géographique, les Pouilles sont un trait d’union entre l’Orient et l’Occident. Cette région a été marquée par les traversées, les invasions et les conquêtes de différentes civilisations. C’est avant tout une histoire d’échange, de dialogue et de partages entre les peuples et leurs cultures. Le règne de Frédéric II (roi de Sicile de 1198 à 1250 et empereur germanique de 1215 à 1250) et, plus généralement, le XIIIe s constituent « l’âge d’or » de cette région, aussi bien dans le commerce et l’agriculture que dans les arts. À l’époque des grands pèlerinages et des croisades, la région profite de sa position de relais entre l’Occident et l’Orient. Châteaux et églises s’élèvent : forteresses de Bari ou de Castel del Monte ; cathédrales de Ruvo di Puglia et de Bitonto, mais aussi de Trani, Bari, Barletta... Les influences se mêlent (arabe, byzantine, normande, souabe, lombarde, pisane, française...), et de ce mélange naît un art propre aux Pouilles, dont l’étonnant bestiaire roman sculpté, qui demeure sans doute l’élément le plus distinctif.

La Renaissance parvient peu à s’implanter dans la région, mais l’art connaît une grande période de splendeur avec le baroque, qui s’impose dans plusieurs villes, trouvant là un épanouissement des plus original. La cathédrale de Lecce, avec sa pierre tendre et blonde, docile sous les instruments des sculpteurs, en est l’expression la plus achevée.

Le trullo (au pluriel trulli) est une petite maison à toit conique, typique des Pouilles, atypique et unique au monde. Ces habitations sont le témoignage d’une tradition séculaire de construction en pierres sèches dont l’origine est liée au passé agricole et rural. Aujourd’hui, ils sont le symbole de la région, attirant des milliers de touristes, chaque année.

Son origine semble dater du XVe s, à la suite d’un décret du royaume de Naples visant à taxer tout nouvel édifice. Les paysans imaginèrent alors un bâti facilement et rapidement destructible : les trulli sont ainsi nés. Lorsque les délégués du roi venaient réclamer les impôts, ils pouvaient alors rapidement les détruire, les réduisant en tas de pierre. Au XIXe s, on assiste à une construction massive de trulli après un mouvement de population, des villages vers la campagne environnante. Les villageois ont construit de nombreux trulli autour de places communes, ce qui formera par la suite de véritables petits villages. Puis tout au long du siècle, les terres cultivées ont été transformées en vignobles et champs d’oliviers face à une demande accrue de produits viticoles et oléicoles. Malheureusement, après avoir connu une importante densification jusqu’au début du XXe s, ces drôles de constructions ont peu à peu été abandonnées, la population préférant s’installer dans des maisons récentes en ville.

Le trullo a été déclaré monument national dans les années 1920. Actuellement, la réhabilitation des trulli est très demandée mais pour préserver leur authenticité, notamment face à l’engouement touristique, de nombreuses règles ont été mises en place pour éviter la saturation de ces habitations traditionnelles.

Les trulli sont très répandus dans la Murgia dei trulli, plateau situé entre les villes de Bari, Brindisi et Tarente. Dans cette plaine, les trulli sont éparpillés dans la campagne ou présents en agglomérations comme à Alberobello où l’on en compte plus de 1500 et qualifiée de « capitale dei trulli ». La ville a été inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en 1996.

Les trulli sont construits selon une technique héritée de la préhistoire (et toujours en usage dans la région) avec de la pierre sèche, procédé qui ne nécessite pas l’utilisation de mortier ni de ciment. Les matériaux de construction sont pauvres et les pierres calcaires proviennent des zones rocheuses locales. Les habitations sont surmontées de toits en encorbellement en dôme ou coniques et possèdent des murs très épais. Les trulli faisaient office d’habitation temporaire, d’entrepôt ou d’habitation permanente pour les propriétaires terriens ou les ouvriers agricoles (ils sont semblables à d’autres constructions traditionnelles du Bassin méditerranéen, comme les bories dans le Luberon).

Ces édifices atypiques étaient construits individuellement, par groupes ou en de grandes fermes, les masserie. Un trullo, quelle que soit sa taille, ne logeait jamais plus d’une famille. Les pièces dans un trullo sont généralement de taille variable, avec différentes niches et alcôves. Il abrite toujours une pièce centrale à usage d’habitation, et 1 ou 2 pièces plus petites, aux diverses fonctions (repos, cuisine ou chauffage), y sont rattachées. Des alcôves dans l’épaisseur des murs et protégées par un rideau servent de lit aux enfants ou d’espaces de rangement. Les toits des trulli sont souvent ornés de signes mythologiques ou religieux en cendre blanche et d’un pinacle décoratif censé éloigner le mauvais sort. L’eau de pluie est collectée au moyen d’avant-toits saillants et canalisée vers une citerne creusée sous la maison.

Découvrez notre reportage Les Pouilles, au pays des trulli

Depuis quelques années, un engouement pour les trulli est apparu. Leur architecture unique et atypique a rendu ces logements très prisés par les touristes. Leurs caractéristiques permettent aux visiteurs de s’immerger dans les traditions rurales des siècles passés et d’être près de la nature. De nombreux édifices ont été restaurés, modernisés et convertis en logements touristiques et tables d’hôtes à la décoration élégante et entourés de luxuriants jardins méditerranéens et de piscines. De nombreux trulli abritent également des boutiques de souvenirs et d’artisanat.

Son architecture baroque caractéristique vaut à la petite ville de Lecce le surnom de « Florence du Sud » ou « Florence baroque ». Véritable joyau architectural et artistique du Sud de la région des Pouilles, son centre-ville abrite de nombreux monuments historiques et des joyaux architecturaux au style baroque. Son style est unique. Il est à la fois léger et raffiné et il se caractérise par l’utilisation d’une pierre calcaire aux tons lactés. Longtemps influencée par différentes civilisations (Romains, Normands, Byzantins), son art baroque naît au XVIe s lorsque la ville acquiert un nouveau statut de centre culturel, commercial et religieux. Dans cet esprit de renouveau, les autorités religieuses et les familles nobles font construire plusieurs édifices par des grands architectes, comme Giuseppe Cino, maître du baroque local.

Ce style baroque est caractérisé par des formes allégoriques, des animaux mythologiques, des fruits locaux (raisin et grenade) et des fleurs qui font écho au territoire des Pouilles et à son abondance. La pierre leccese (de Lecce) a permis aux artistes de réaliser des éléments décoratifs agricoles et floraux extrêmement détaillés et abondants, ce qui rend cette architecture baroque des plus particulière et unique.

Dans le centre historique, les édifices témoins du style baroque sont présents à chaque coin de rue ! Sur la piazza del Duomo, au centre de la ville, on peut admirer la cathédrale, le campanile et le palais épiscopal, architectures baroques par excellence. Le monument le plus représentatif est sans nul doute la basilique Santa Croce (et le palais du couvent des Célestins qui la jouxte), avec une magnifique façade, marquée par le foisonnement et l’exubérance du décor sculpté.