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Histoire et dates-clés San Francisco

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En 1579, le grand corsaire anglais Francis Drake aborde la côte californienne, à quelques encablures de ce qui ne s'appelle pas encore la baie de San Francisco, et prend possession du territoire au nom de la reine d'Angleterre.
La Californie avait été « découverte » et baptisée quelques décennies plus tôt par Cortés, mais les Espagnols n'en avaient pas encore exploré le nord.
Curieusement, ce n'est qu'au XVIIIe siècle que la baie elle-même est découverte, par des missionnaires espagnols : cachée par le brouillard, elle avait échappé aux investigations précédentes ! Saint François d'Assise étant le patron de ces religieux, la ville prend naturellement le nom de San Francisco. On construit alors une première mission qui lui est dédiée, un fort à l’entrée de la baie, ainsi que la forteresse du Presidio, au-dessus. Des colons espagnols venus du Mexique commencent à s’installer et les populations peu nombreuses d’Indiens Ohlone sont converties. La Pérouse y fait escale en 1786, suivi par George Vancouver en 1792. Des commerçants en fourrures russes fréquentent aussi la région.

Après l’indépendance du Mexique (1821), San Francisco, alors connue sous le nom de Yerba Buena, voit s’installer quelques colons américains. En 1846, un groupe de 240 pionniers mormons débarque, faisant doubler la population !

La folle épopée des chercheurs d'or

Début 1848, la guerre américano-mexicaine, déclenchée par l’annexion du Texas, se termine par la cession aux États-Unis d’un immense territoire à l’ouest - la « destinée manifeste » du peuple américain à occuper tout le continent reçoit alors sa plus belle contribution (1,3 million de kilomètres carrés). Parmi les prises d’armes figure la Californie, encore très peu peuplée.

San Francisco n’est encore qu’un tout petit village quand, un jour, à quelque 220 km de là, John Marshall apporte à son patron, le Suisse John Sutter, la première pépite d'or.

C'est le début de la ruée et du mythe de San Francisco. La Golden Gate (« porte de l’Or ») y gagne son nom : non parce qu’elle est en or, mais parce qu’en la franchissant, on pénètre au pays de l’or... Quelle fièvre ! En à peine 2 ans, toute la région est envahie d'aventuriers, de mineurs, de chômeurs, de filles de joie, de commerçants et de scélérats de tout poil venus du monde entier.
San Francisco pousse comme un champignon : sa population est multipliée par 62 (de 400 à 25 000 habitants), alors même que la ville subit six incendies en un an et demi, entre décembre 1849 et juin 1851 ! On parle alors de Barbary Coast pour désigner son turbulent cœur populaire, où se multiplient les excès en tout genre. La prostitution, le jeu, l’opium, l’empoisonnement au laudanum (dérivé d’opium) et la corruption y ont fait leur nid, tandis que les engagements forcés sur les navires se multiplient. On évoque même une épidémie de choléra, débarquée d’un navire venu d’Orient...

Le petit Paris de l'Ouest

Une dizaine d'années plus tard, le filon est tari. Mais, ô miracle, après l'or, l'argent fait son apparition dans les montagnes des environs.
Cette fois, ce sont les investisseurs et les mineurs professionnels qui accourent. Sur fond de guerre de Sécession, les années 1860 sont aussi marquées, à l’Ouest, par la construction du chemin de fer transocéanique jusqu’à Sacramento : en 1869, enfin, côtes Atlantique et Pacifique sont reliées entre elles. Il ne faut plus que 6 jours de voyage au lieu de 2 mois, auparavant, en transitant par l’isthme de Panamá ! Les travailleurs chinois, très majoritaires dans les travaux d’aménagement du « cheval de fer », s’installent en ville mais font l’objet de discriminations flagrantes : des lois hostiles sont même adoptées pour décourager leur immigration.

San Francisco sort peu à peu de son ambiance Far West pour prendre des allures de métropole plus sérieuse, avec ses banques, ses commerces et ses bureaux. Basée à San Francisco, la Wells Fargo s’impose dans tout le pays à travers ses réseaux maritimes et de diligences..
Les cable cars commencent à grimper le long des rues pentues, tandis que naît le Golden Gate Park (1887). À Nob Hill, les premiers magnats des chemins de fer et du business se font bâtir de fastueuses résidences victoriennes en bois. À la fin du siècle, de nombreuses écoles, un hôpital et une bibliothèque sont construits sous la gouverne du maire James Phelan.

Les premières années du XXe siècle ne sont pas des plus heureuses : la surpêche menace et, à une grande épidémie de peste (1900-1905) succède, le 18 avril 1906, un séisme dévastateur, estimé à 7,8 sur l’échelle de Richter. Les canalisations éclatées, les pompiers ne parviennent pas à lutter contre les incendies et près de 80 % de la ville part en fumée. Le centre-ville est presque entièrement rasé et, avec lui, les derniers saloons, salles de jeu et bordels de la Barbary Coast. Quelque 3 000 personnes sont tuées et des dizaines de milliers se retrouvent sans abri... La ville se redresse au gré de scandales de corruption qui valent au maire Eugene Schmitz de se retrouver derrière les barreaux.

San Francisco, berceau de Jack London et des beatniks

Que Jack London soit né dans la ville des chercheurs d’or n’étonnera personne. San Francisco et sa région sont alors placées sous la coupe des redoutables conserveries qui ont fleuri au Fisherman’s Wharf. Jack réussit, mais pas comme il l’avait imaginé : c’est son talent de conteur, d'abord dans la presse, puis à travers des romans devenus classiques (Croc-Blanc, L’Appel de la forêt...), qui fait de lui l'un des premiers millionnaires de l'histoire de l'édition. Cette fortune ne lui fait pas renier ses engagements : il milite toute sa vie pour le socialisme et produit des écrits politiques souvent visionnaires...

L'un de ses fils spirituels est un autre Jack : Kerouac, auteur de Sur la route, ouvrage phare qui a inspiré de nombreux routards. Comme London, Kerouac, natif du Massachusetts, prend la route très tôt et fait tous les métiers avant de devenir célèbre par ses romans largement autobiographiques - à l’origine de la tradition américaine du road movie. Mais il n'est pas qu'un routard : Kerouac se fait le chantre d'une certaine révolte contre les conventions sociales étouffantes, en faveur d'une libération de l'esprit et de l'individu. Il donne naissance au mouvement beat, un mot qui viendrait, selon lui, de « béatitude ». Beat signifie également « pulsation » et, en argot, « au bout du rouleau », « vagabond »...

Tout commence en 1955... Allen Ginsberg (1926-1997) termine son poème Howl, point de départ d’un mouvement de rupture et de ralliement qui a pour objectif de dénoncer les existences mues par l’ambition. Il en fait une lecture publique à laquelle assistent toutes les figures désormais historiques de la Beat Generation : Kerouac, Burroughs, Cassidy, Welsh et MacClure. Ferlinghetti, le fondateur de la librairie City Lights, édite aussitôt ce texte qui prend vite l’allure d’un manifeste. L’ouvrage passe en justice pour obscénité, mais est « relaxé ».

Aux côtés de Ginsberg et Kerouac, leur grand ami William S. Burroughs (1914-1997) est une autre figure essentielle de la littérature américaine moderne. Homosexuel et défoncé notoire, ce fils de famille bourgeoise est insidieusement connu pour avoir tué sa femme d’un coup de revolver lors d’une soirée un peu trop arrosée...

C’est avant tout une nouvelle forme de poésie et d’écrits, qui s’inspire en partie des expériences de Rimbaud et des surréalistes, des romans de Joseph Conrad et du jazz. La voie est ouverte pour que les hippies s’imposent.

Génération hippie

San Francisco fut la ville symbole de la libération hippie. C'est en effet dans la Bay Area (la baie de San Francisco) que tout démarrra, dans des lieux devenus mythiques : l'université de Berkeley et le quartier de Haight-Ashbury.

En 1963, lors des marches de contestation du Free Speech Movement, une certaine Joan Baez prend le micro sur le campus de Berkeley pour appeler à lutter contre la censure et pour la liberté de parole. Un an plus tard, l’agitateur d’idées et « grand gourou » du LSD, Timothy Leary, accompagné des représentants de la Beat Generation Allen Ginsberg, Jack Kerouac et William Burroughs, annonce officiellement l'avènement de la « révolution psychédélique », relais entre le mouvement beat et la génération hip.

À partir de 1965, dans le sillage de la mémorable Halloween Acid Party (sic !), la musique propage ces discours révolutionnaires grâce à l'émergence d'une scène locale incroyablement active - que l'on retrouvera au grand complet au festival de Woodstock, sur la côte est. Parmi les groupes les plus importants de San Francisco figurent les Grateful Dead, pionniers du rock psychédélique, Jefferson Airplane...

En 1966, le mouvement prend un nom : dans la revue Rolling Stone, éditée à San Francisco, l'écrivain Hunter S. Thomson est l'un des premiers à employer le terme de « hippies », qui semble vouloir dire « ceux qui ont pigé » en argot noir. Ils se trouvent un quartier à eux : Haight-Ashbury, aussitôt rebaptisé « Hashbury » (jeu de mots évident), alias « Hippyland ». Attirés par les maisons anciennes aux loyers dérisoires, ils s’installent sur Ashbury Street, dans le sillage de Jimi Hendrix, Janis Joplin, Grace Slick, Jerry Garcia et l’écrivain Richard Brautigan.

Les « hips » lisent Zap Comics, la revue rigolote vendue à la criée dans les rues de San Francisco et lancée par les dessinateurs Crumb (qui illustre les pochettes de Janis Joplin) et Shelton (le papa des fameux Freaks Brothers). Les médias s’intéressent de plus en plus aux hippies et leur notoriété grandit. Les Beatles se mettent au diapason avec All you need is love... L’« été de l’amour », le fameux Summer of Love, attire plusieurs centaines de milliers de jeunes au Festival international de musique pop de Monterey, puis à San Francisco même. Ces runaways arrivent de partout, fuyant l’Ouest profond ou le Sud réactionnaire pour goûter à ce courant de liberté que leur promet la ville. Ils viennent pour la musique, pour l’amour libre, mais aussi pour les hallucinogènes.

Sur la côte est, en août, Woodstock marque le point culminant du Summer of Love. Mais les abus en tout genre et les désillusions rattrapent les hippies qui, dès octobre, organisent une parodie de funérailles à Haight-Ashbury pour marquer la fin du mouvement... Janis Joplin et Jimi Hendrix meurent en 1970, anéantis par la drogue. Quelques purs et durs gardent le flambeau « Peace & Love », comme Santana, dont le message pacifiste n'a jamais changé. Quant au groupe Grateful Dead, la mort du chanteur Jerry Garcia en 1995 a mis un terme à son existence, mais les membres survivants continuent à diffuser sa musique planante.

Les tremblements de terre

San Francisco, comme toute la Californie, est située sur la grande faille de San Andreas, née à l’endroit où plaques tectoniques du Pacifique et de l’Amérique du Nord se séparent ; la région est donc particulièrement instable.

Tout le monde garde en mémoire ce sinistre jour d’avril 1906 où un tremblement de terre (évalué à 7,8 sur l’échelle de Richter) endeuilla la ville et, brisant les conduites de gaz, provoqua un gigantesque incendie qui dura 3 jours. Quelque 28 000 maisons furent détruites. Religieux et puritains de tout poil assénèrent alors leur vérité : la catastrophe était une punition divine destinée à châtier cette cité décadente et dévoyée, livrée tout entière au démon du vice.

Comment donc interpréter le séisme d’octobre 1989 ? D’une intensité de 7,1 sur l’échelle de Richter, le tremblement de terre provoqua le dramatique effondrement du Bay Bridge – qui relie la ville à Oakland –, dans lequel périrent la plupart des victimes. Les normes antisismiques rigoureuses appliquées aux immeubles se révélèrent, elles, d’une totale efficacité. Seules certaines maisons en bois du quartier de Marina, construites sur du remblai, s’écroulèrent à la suite de glissements de terrain ; c’est là qu’on déplora les uniques décès en dehors du pont.

Particulièrement connue et étudiée, la faille de San Andreas provoque quelque 200 secousses de magnitude 3 ou plus chaque année (et 2 à 3 de magnitude 1,5 à 2 par jour) ; la plupart sont néanmoins imperceptibles. Plus que d’une faille, on devrait d’ailleurs parler d’un ensemble de failles, étiré sur 1 300 km du nord au sud.
Parmi elles, la faille de Hayward semble la plus dangereuse : passant dans l’intérieur des terres, dans les régions très peuplées d’Oakland et Fremont, près de Berkeley et de San Jose, elle semble la plus susceptible de se déplacer rapidement. Elle inquiète d’autant plus que les constructions de la région ne sont pas, comme à San Francisco, conçues en fonction des normes antisismiques.

Si ces derniers temps ont été plutôt calmes, les scientifiques anticipent un tremblement de terre majeur dans la région de la baie d’ici à 30 ans - avec une probabilité d’occurrence de 62 à 75 %. Ce Big One, comme on le surnomme, fait l’objet d’une sollicitude de tous les instants, au travers d’enregistrements permanents des vibrations du sol.
Il pourrait atteindre 8,5 sur l’échelle de Richter et occasionner entre 800 et 3 400 morts pour 150 milliards de dollars de dégâts.
Certains experts pensent cependant qu’il ne se produira pas à San Francisco, mais sous le centre même de Los Angeles, où a été détectée une faille longtemps restée inconnue, la faille de Puente Hills.

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