Formentera
A la recherche du soleil disparu
Comme tous les habitants du nord de la France, suite aux longs mois pluvieux de ce printemps 2001 (26 jours de pluie en avril !), j'avais le moral en berne. Comme tout un chacun, chaque matin je scrutais machinalement les cieux à la recherche d'une éclaircie. En vain. Depuis six mois, aucun rayon solaire n'avait réussi à percer la sombre couche nuageuse qui plombait le ciel de Paris d'où se déversait un mur de pluie quotidienne. La France sinistrée avait les pieds dans l'eau. Cette catastrophe climatique alimentait les médias et nos conversations. On parla d'effet de serre, de réchauffement de la planète… mais aucun responsable ne fut clairement désigné. La gêne des météorologues se transforma au fil des semaines sans soleil en un sentiment d'abdication générale.
Pour lutter contre la dépression saisonnière (forme de dépression hivernale due à un déficit d'ensoleillement), certains s'exposèrent sous les rayons lumineux d'une lampe anti-déprime... Pour ma part, je privilégiai une photothérapie naturelle en décidant de partir à la recherche du soleil disparu ! Mais où aller ? Une amie attentionnée me susurra à l'oreille : " Formentera, une petite île des Baléares, j'en reviens, c'est formidable ! " Je me trouvai alors plongé vingt ans en arrière, où j'avais, sous l'influence du film More de Barbet Schroeder, passé deux mois à Ibiza et Formentera.
De cette dernière, il me restait le délicieux souvenir d'une île écrasée par le soleil, d'un ciel bleu Klein exempt de nuages, d'une mer chaude aux eaux turquoise, de plages désertes au sable blanc. Une sorte d'éden pour adorateurs du dieu Soleil où j'avais vécu tel un Robinson hédoniste.
Deux décennies avaient passé… Qu'était devenue mon île ? Avait-elle succombé comme sa voisine Ibiza au tourisme de masse ? Je devais me rendre sur place pour des retrouvailles que j'espérais heureuses.
Texte : Jean-Luc Bitton
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