Formentera
20 ans après…
Les murs blancs du port de la Savina surgissent de la nuit chaude et humide. La sensation d'aborder un comptoir d'Afrique. Debout sur la proue du ferry, on pense à Rimbaud accostant le port d'Aden en 1880. Aucune habitation ne dépasse les deux étages, nulle barre de béton ne vient polluer ce paisible paysage. Un hippie à côté de moi semble en extase. Je retiens mon souffle. Formentera serait-elle restée en dehors du temps ? Nous descendons sans précipitation sur la terre ferme. Nos compagnons de traversée disparaissent dans l'obscurité en riant avec les amis qui les attendaient. Un chien se lève lentement pour nous accueillir en remuant de la queue. Le chauffeur de taxi connaît notre hôte, chez qui nous avons réservé une chambre.
Si, si, si… El Señor Juan (son prénom) Juan Juan (son nom de famille). Direction Es Calo à 12 km du port de la Savina, en allant vers l'extrémité est de l'île. La réception Mar Blau est fermée. Il est minuit passé… La fatigue du voyage commence à se faire sentir. Devrons-nous dormir sur la plage ? Je finis par trouver Juan Juan accoudé au bar du restaurant de l'Hostal Pascual devant un petit verre de blanc. Il nous accompagne à 3 km d'Es Calo où il possède quelques petites maisons à louer. Les dix chambres de son hôtel, avec vue sur la mer, sont réservées depuis des mois, voire d'année en année. Les maisons-appartements sont proches de la route, mais elles possèdent une terrasse et une cuisine équipée. On se sent tout de suite chez soi, sans oublier les économies réalisées du fait qu'on peut se faire la tambouille. Nous finissons par sombrer dans le sommeil, indifférents à la moiteur ambiante.
Texte : Jean-Luc Bitton
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