Sarawak : la Malaisie côté jungle
Sur les traces des naturalistes
Si l'office de tourisme du Sarawak a choisi un imaginaire à la Indiana Jones pour communiquer sur la destination, ce n'est pas un hasard. Cet imaginaire est en grande partie fondé sur les explorations de la jungle par les aventuriers et les naturalistes depuis le XIXe siècle. Tous les parcs nationaux et les centres de recherche sur les animaux sauvages possèdent des structures d'accueil et des points d'observation de la nature, destinés à préserver l'habitat de la faune et de la flore locale.
Au centre de réhabilitation des orangs-outans de Semenggoh, on accueille les individus malades, abandonnés ou victimes du braconnage. Transportés ici depuis la jungle, ils sont laissés, une fois soignés, dans un état de semi-captivité et nourris deux fois par jour par leurs gardiens (à 9 h et à 15 h). On assiste émerveillé à ce spectacle où, descendant du haut des arbres, Ritchie ou l'un de ses collègues viennent se gaver de papayes et de melons sur une plate-forme conçue comme une scène. Puis, nonchalamment, ils scrutent leur public, paradent devant les curieux et disparaissent avec une agilité étonnante derrière un hévéa.
Ils sont d'habitude très ponctuels sauf en pleine saison du durian, leur fruit préféré, laissant leurs observateurs sur leur faim, pour se délecter en solo dans les épaisseurs de l'immense forêt qui entoure le centre. On se contentera alors d'écouter attentivement les récits des guides ou des gardiens sur le comportement espiègle de ces bonshommes poilus et orange quand ils s'en prennent aux sacs à main des dames pour les vider et jouer avec leur contenu. On atteint facilement ce centre en 40 mn par les bus de la compagnie Sarawak Transport qui partent à 7 h, 8 h 10 et 14 h (retour à 8 h 50 ou 10 h, puis 16 h). L'entrée est gratuite, mais on doit se munir d'un permis de visite, au Visitors Information Center à Kuching.
Le parc national de Bako est le plus proche de Kuching (à 37 km de la capitale). Il s'agit d'un parc maritime ouvert sur la mer de Chine avec des calanques isolées et des promontoires rocheux accidentés surmontés de falaises sculptées par les pluies et l'érosion depuis des millions d'années. En arrivant par bateau sur la plage, devant le centre d'informations, vous apercevrez les formations de grès rose et couleur de fer sur le fronton des falaises.
Le parc possède 17 sentiers de randonnées avec différents degrés de difficulté allant de 30 minutes à 7 heures de marche. Prévoyez des chaussures adaptées aux terrains humides et glissants, surtout lors des montées. L'un des points d'observation les plus intéressants, surtout le matin, est la mangrove avec sa faune marine peuplée de différents crabes. À l'intérieur des terres, sur les hauteurs, les cascades se jettent dans des bassins d'eau douce.
La végétation offre sept écosystèmes allant de forêts dyptérocarpes mixtes de plaines aux arbustes rabougris de type désertique. Parmi les espèces rares, on admire la dischidée rafflesiana, une plante grimpante aux feuilles creuses où habitent des fourmis qui déposent leurs excréments servant de nourriture à la plante insectivore cephalotus.
La faune du parc est exceptionnelle et le singe nasique (orang belanda), une espèce endémique propre aux forêts de Bornéo, est très présent. Le mâle possède un nez en forme de concombre, tandis que celui de la femelle est pointu. Il est courant de les voir passer derrière les cabanes au coucher du soleil quand ils se replient, eux aussi, vers leur zone de " couchage ". Le cochon barbu vient souvent chercher de la nourriture autour de la cantine et des cabanes. On voit également des macaques à longue queue et des lézards géants comme le varan arboricole et le varan d'eau. Le soir est le moment du chant des chicadas, des insectes plus gros qu'une cigale, ainsi que des roussettes, de petites chauves-souris.
Pour se rendre à Bako, il existe plusieurs possibilités, soit en bus, en van ou en taxi, puis en bateau, soit en se joignant à une excursion organisée. Le bus, au village (Kampung) de Bako, coûte 2,50 RM l'aller simple (45 mn de trajet), 7 RM pour le van et environ 60 RM un taxi que l'on peut partager à quatre. Une fois arrivés à la Bako Receiving Jetty, l'embarcadère pour rejoindre le parc, le trajet de 30 mn en pirogue à moteur revient à 80 RM par bateau pouvant transporter six personnes. Mais il faut toujours demander la permission pour traverser aux bateliers, car ils connaissent les marées hautes et basses. L'entrée simple au parc coûte 10 RM par adulte et 5 RM pour les étudiants. Les prix des cabanes au parc varient entre 40 RM pour une auberge pour quatre personnes avec toilettes et douche et 300 RM pour un chalet de deux lits. Toutes les cabanes ont des draps et un ventilateur. On prend les repas à la cantine, où les prix sont très raisonnables. Possibilité de faire des grillades, toutes les cabanes sont équipées d'un barbecue, mais il faut penser à acheter sa viande en ville avant d'arriver au parc. Il y a aussi un terrain de camping. Les excursions organisées coûtent environ 160 RM par personne et incluent tous les transports depuis Kuching, deux jours / une nuit dans une cabane avec deux lits, deux déjeuners, un dîner et un petit-déjeuner, boissons en sus. Il faut prévoir un bon répulsif anti-moustiques et des serviettes si l'on veut y passer la nuit. Le parc de Bako possède deux groupes électrogènes fonctionnant en permanence, mais il n'y a pas d'eau chaude pour autant.
Texte : Claudio Tombari
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