Un routard au Japon, de Kyoto à Osaka
La cuisine japonaise des moines
Les moinillons se déplacent comme des chats, tout en souplesse, en douceur et en courbettes polies. Notre repas du soir (comme le petit déjeuner) est servi dans la chambre par ces jeunes novices, des étudiants qui effectuent des retraites spirituelles au monastère. La cuisine des moines est végétarienne, exquise, très bien présentée, dans la grande tradition du raffinement japonais. L’alcool n’y est pas banni. Nous avons droit à un carafon de saké. Nous dînons face à une table basse, accroupis sur le tatami, en position du lotus, les jambes repliées sur les cuisses. Avant de manger, il convient d’admirer la présentation et la variété des plats. Au Japon comme en France, la cuisine se classe au rang des beaux-arts. Une quinzaine de petites assiettes, de bols en bois laqué, de coupelles en porcelaine, se répartissent sur deux plateaux, formant un tableau coloré et charmant. Y a-t-il une autre cuisine au monde qui se soucie autant d’esthétique ? Pas de forme sans fond, pas de fond sans forme : l’un marche avec l’autre.
Les visiteurs peuvent aussi assister à la prière bouddhiste qui a lieu habituellement à 6 h-6 h 30 du matin (sans engagement de leur part, sans obligation de se convertir, le bouddhisme étant libre et tolérant). Le petit déjeuner se prend vers 7 h du matin. Dans la journée, ils sortent en ville pour visiter les sites et les monuments. Le soir, les temples ferment très tôt leurs portes, habituellement vers 21 h. Pas question d’aller s’amuser dans la ville, d’ailleurs au mont Koya il n’y a rien à faire à la nuit tombée. Il convient donc d’être de retour au temple avant 18 h car le dîner du soir est servi vers 18 h-18 h 30, jamais plus tard. Pensez-y ! Les hôtes doivent suivre le rythme monacal.
Les repas peuvent être servis soit dans la chambre soit dans une pièce commune, selon les temples. Pour se laver, on utilise les salles de bains collectives (les hommes et les femmes séparés). On y retrouve le même confort et le même esprit pratique que dans le reste de l’hôtellerie japonaise à savoir d’un côté des douches basses (avec petits tabourets bas) pour se décrasser, et de l’autre un grand bassin d’eau chaude fumante venue de la montagne, où le baigneur s’immerge nu comme ses voisins. Dans la culture japonaise, la nudité est synonyme de pureté des origines, de nature, donc rien d’incorrect à condition de rester pudique. Idem pour les femmes (mais elles portent une serviette). Au mont Koya après le dîner, il n’y a rien à faire sinon lire, et se coucher tôt pour se lever tôt le lendemain.
- Introduction
- La tête à Tokyo, le cœur à Kyoto
- L’esprit léger du papier de riz
- La nuit sous les étoiles de la rivière Kamo
- Geisha et maiko, l’élégance japonaise
- Renards et corbeaux de Fushimi Inari
- Un rêve made in Japan
- Osaka ou le vent de la modernité
- Carpe Diem, l’éphémère est universel
- Le mont Koya : la sagesse cachée de l’arrière-pays
- Loger dans un temple (shukubo)
- La cuisine japonaise des moines
- Jizo, divinité des voyageurs
- Le vieux chemin du Tokaïdo
- Le candélabre de Caron
- « Onsen », pour être dans le bain nippon
- Infos pratiques
Texte : Olivier Page
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