Un routard au Japon, de Kyoto à Osaka
Jizo, divinité des voyageurs
Des fontaines « glougloutantes », des mares rafraîchissantes, des oratoires de poupées, des lanternes de pierre aux flammes vibrantes dans la brume du soir, sous la voûte des arbres immenses. Les chemins du grand cimetière Okunoin ne sont-ils pas une invitation à la paix, à la beauté et au silence plus qu’à la contemplation macabre ? Plus qu’un cimetière, voilà une nécropole occupant un vaste versant boisé du mont Koya, un lieu qui aurait enchanté Chateaubriand, et les voyageurs romantiques du XIXe siècle. Y sont enterrés des milliers de gens pauvres ou riches, des anonymes ou des célébrités, de simples individus mais aussi d’illustres guerriers comme les samouraïs. Sur les bas-côtés, dans les fossés et les fourrés, parfois au creux des troncs d’arbre, souvent aux carrefours des sentiers, surgissent d’étranges petites statues en pierre sculptées, mêlées à la végétation. Elles représentent Jizo, une divinité vénérée des shintoïstes, les yeux mi-clos, à l’expression bienveillante et énigmatique. Pour les Japonais shintoistes ou non, Jizo est le protecteur des voyageurs et des enfants. Assimilation arbitraire ? Non, car n’y a-t-il pas un peu de l’esprit d’enfance dans l’âme voyageuse ?
Il existe plusieurs formes de Jizo. Si c’est un moine au crâne rasé tenant un bâton de pèlerin, ou s’il porte en main un « hôshu », la perle qui exauce tous les désirs, il s’agit de Jizo-bosatsu. S’il porte un bébé dans les bras, c’est Koyasu-jizo. Les croyants lui offrent souvent des bavettes en tissu rouge ou blanc pour le remercier de la protection qu’il accorde aux chérubins. Parfois même, on met un petit bonnet de laine sur son crâne de pierre pour qu’il ne prenne pas froid en hiver… J’aime tellement ce petit Jizo mystérieux et affectueux, humilité des fossés et modestie des buissons, que je l’adopte comme mon ange gardien, le temps d’un périple nippon. Mikimuro est d’accord. Nous sommes tous des enfants de Jizo !
- Introduction
- La tête à Tokyo, le cœur à Kyoto
- L’esprit léger du papier de riz
- La nuit sous les étoiles de la rivière Kamo
- Geisha et maiko, l’élégance japonaise
- Renards et corbeaux de Fushimi Inari
- Un rêve made in Japan
- Osaka ou le vent de la modernité
- Carpe Diem, l’éphémère est universel
- Le mont Koya : la sagesse cachée de l’arrière-pays
- Loger dans un temple (shukubo)
- La cuisine japonaise des moines
- Jizo, divinité des voyageurs
- Le vieux chemin du Tokaïdo
- Le candélabre de Caron
- « Onsen », pour être dans le bain nippon
- Infos pratiques
Texte : Olivier Page
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