Pérou, terre métisse
Voyage dans l’empire inca
Le nom de Vallée Sacrée en appelle à une certaine magie, mais la réalité est un peu décevante. Passé Sacsayhuáman et ses remparts cyclopéens en zigzags, les autres sites incas manquent d’originalité. Quant au marché de Písac, il est envahi de touristes et les souvenirs y sont désormais bien plus nombreux que les légumes…
Reste une escale saisissante, à ne surtout pas manquer : les salines de Maras (photo). En pleine montagne, près de 4 000 bassins ouatés, en terrasses, se perchent sur le flanc d’un ravin. Le lieu était déjà exploité par les Incas. Les méthodes sont restées très simples : l’eau est amenée par un réseau de rigoles et le sel est récolté à l’aide de deux planches en bois.
C’est d’Ollantaytambo, tout au bout de la Vallée Sacrée, que commence le plus souvent le mythique trajet en train vers le Machu Picchu. La voie sinue au plus près du río Urubamba, qui la dévore parfois lors des inondations (comme en janvier 2010)… Surprise : on ne monte pas, mais on descend ! Rapidement, la montagne pelée cède la place à une forêt de plus en plus humide, sur laquelle prolifèrent les plantes épiphytes. Terminus : Aguas Calientes. La ville, humide, rouillée, bruyante et dégingandée, s’agrippe au rebord du río, le long de la voie de chemin de fer — rebaptisée ici Avenida del Imperio de los Incas !
On se lève à l’aube, le lendemain, pour grimper au site. Certains mettent le réveil à 4 h pour sauter dans les premiers bus et décrocher le sésame autorisant l’ascension du Wayna Picchu (400 personnes maximum par jour). Une sacrée grimpette, mais quitte à suer, on préfère la version pile : l’Inti Punku, à une heure trente de montée sur le versant opposé, d’où l’on découvre l’ensemble de la cité perdue, baignée par la douce lumière du matin, en même temps que ceux qui arrivent du chemin de l’Inca. Un rêve enfin concrétisé.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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