Les nuits du Caire
Welcome !
« Welcome ! »
« I like the way you walk ! »
« You are beautiful ! »
« You have beautiful eyes ! »
« Hello ! »…
Non, non, ce n'est pas Marilyn Monroe descendant la 5e avenue, c'est moi déambulant le soir sur la Talaat Harb Street ! Rien de tel pour regonfler un ego en berne : se promener seule dans les rues du Caire à la tombée de la nuit !
Non, non, je ne porte pas de tenue affriolante : on ne me voit que le cou et les mains. Et les cheveux. Mais je dois me rendre à l'évidence : autour de moi, ce n'est qu'un ballet de hijabs informes, enveloppant des corps lourds et nonchalants, de niqabs noirs effrayants qui ne laissent percer qu'un regard non moins inquiétant et de voiles plus légers aux couleurs vives assortis aux tuniques portées par les adolescentes. Elles vont toutes ainsi, les Égyptiennes, sur l'avenue bordée de vitrines. Qui, accrochée au bras d'un époux, qui, tendrement agrippée à celui d'une mère, d'une cousine ou d'une amie. Elles sortent goûter la fraîcheur du soir, lécher les vitrines ou déguster une gourmandise. Beaucoup d'hommes arborent la zibiba, cette corne noirâtre au milieu du front, que je prends d'abord pour de la saleté, mais qui en réalité atteste d'une pratique fervente des prières quotidiennes. De mauvaises langues racontent que certains se frottent au papier de verre pour la rendre plus voyante…
Texte : Sylvie Lasserre
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