Oiseaux du Cambodge
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Passionné par la photographie animalière, Didier Goetzinger (alias tyger-sly), membre de la Communauté Routard, a sillonné l'Asie du Sud-Est à la découverte de la faune locale. Il nous présente une sélection des images d'oiseaux qu'il a réalisées au Cambodge, fruit du travail de nombreuses années sur le terrain.
À lire également l'interview de Didier Goetzinger.
Guêpier à queue d'azur, Sihanoukville
Un des plus jolis oiseaux qui affectionne tout particulièrement les étendues d'eau pour y capturer en vol toutes sortes d'insectes, guêpes, libellules, papillons, abeilles puis les tape violemment sur une branche avant de les engloutir. J'ai toujours eu du plaisir à les observer, de plus ils ne sont pas vraiment farouches si l'on se tient immobile derrière un obstacle naturel. Le lac qui est à proximité de l'Independence Hotel nous offre la possibilité d'en observer plusieurs espèces différentes et cela tout au long de la journée.
Loriot de Chine, Sihanoukville
Avec ses 27 cm il est le plus grand représentant des espèces de loriot, assez semblable à son cousin d'Europe. Là aussi il m'a fallu de la patience et de l'observation. Le spécimen photographié avait l'habitude de se poser sur le même arbre dans un jardin une heure avant le coucher du soleil. Il suffisait donc de me cacher derrière des herbes et d'attendre avec patience de voir son joli plumage jaune vif.
Pics à dos rouge, Parc national de Ream
Ce mâle et cette femelle passaient comme des fusées d'un cocotier à un autre en ayant toujours un œil sur moi. Je dois avouer qu'ils m'ont donné du fil à retordre, c'était comme un duel entre nous à savoir qui aller abandonner le premier. Finalement, j'ai eu de la chance.
Garde-boeuf d'Asie, Parc national de Ream
Cet échassier est assez commun dans toute l'Asie, on le trouve le plus souvent avec les buffles dans les prairies marécageuses et même le long des routes. Il suit pas à pas les bovidés qui remuent la boue libérant des petits crustacés, des crabes et des grenouilles. J'ai remarqué qu'il y avait toujours un ou deux guetteurs perchés sur le dos d'un buffle.
Martin triste, Sihanoukville
Cet oiseau tropical de la famille des sturidae est considéré comme une espèce envahissante par l'IUCN. Omnivore, il est plutôt opportuniste et, à l'occasion, s'accommode très bien de déchets alimentaires dans les zones urbaines. Peu farouche il vient sans gêne grappiller des miettes qui trainent sur le sol, et pour les plus audacieux, sur les tables pas encore débarrassées des restaurants. Son comportement est parfois comparable à nos pigeons. On lui jette de la nourriture tandis qu’il nous regarde d'un air miséreux. Comme ce spécimen attiré par des restes de chips sur la plage de Victory.
Epervier Shikra, Sihanoukville
Appartenant à la famille des accipitridae, il regroupe également 6 sous-espèces de l'Afrique subsaharienne en passant par l'Inde et l'Asie du Sud-Est. Très matinal, c'est au lever du jour que je l'ai aperçu perché sur une branche de manguier scrutant le sol. C'est un rapace plutôt opportuniste qui s'adapte selon les 2 saisons. Il capture aussi bien des rats que des petits lézards ou des grenouilles. Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de chance d’avoir pu le photographier. J'ai eu l'impression qu'il m'avait fait une faveur en me fixant d'un air de dire qu'il m'avait vu le premier.
Coucou Koël, Sihanoukville
Pour moi cet oiseau tout noir de la famille des cuculidés restera à jamais "le Coucou fantôme", tant de fois je l'ai entendu dans Bangkok "Khaosan road" sans jamais le voir. Son chant mélodieux bien reconnaissable est considéré comme signe annonciateur de l'arrivée d'un orage. Celui que j'ai photographié dans un jardin de Sihanoukville s'était posé exactement sur la même branche que la veille, avec une ponctualité digne d'un ouvrier Suisse. J'ai eu souvent le plaisir de l'observer en Asie que ce soit au Laos, au Cambodge et au Vietnam mais c'est indéniablement en Thaïlande qu'il m'a laissé le plus de souvenirs.
Huppe fasciée, Sihanoukville
La huppe fasciée passe le printemps et l'été dans le sud de l'Europe et hiverne en Afrique. En Asie et spécialement au Cambodge, on l'aperçoit surtout pendant la période de nidification en mars et avril. La huppe que j'ai photographiée avait fait son nid dans la terre près d’un temple, entre le sol et un énorme rocher. L'entrée du nid était très étroite, prévue pour éviter toute intrusion de prédateurs car les chats et les singes y sont nombreux. J'étais posté à quelques mètres seulement attendant son arrivée toute les 3 minutes, avec le plus souvent des cafards dans son bec effilé. Un régal pour un photographe.
Pie-grièche brune, Sihanoukville
Ce passereau est très répandu un peu partout en Asie et son territoire de prédilection sont les jardins et les prairies dégagées. Pourtant il passe souvent inaperçu par sa discrétion. Embusqué à 2 mètres du sol, il guette le moindre déplacement d'insectes ou de petits lézards. Pas très farouche, il se prête au jeu du photographe si l'on garde ses distances.
Aigle pêcheur, Parc national de Bokor
Sa majesté l'Aigle pêcheur m'a toujours fasciné et il a toujours été le but de mes sorties en bord de mer. Je l'ai aperçu un peu partout le long de la côte jusqu'à la frontière thaïlandaise, et dans le parc de Ream. Celui que j'ai photographié était plutôt matinal, il tournoyait au soleil levant à 20 mètres de la plage. Il était sans doute attiré par un banc de poissons. Il était coopératif, j'ai passé un bon moment en sa compagnie.
Coucal rufin, Sihanoukville
Photographier cet oiseau n'est pas de tout repos, on l'entend, on l'aperçoit furtivement en vol, on le traque en vain et pourtant il cohabite parmi les hommes. Il chasse les lézards dans les jardins et les arbres en toute discrétion sans même faire aboyer les chiens. Ce coucal est apparu comme le diable qui sort d'une boîte alors que j'étais embusqué dans des buissons et ne m'a laissé qu'un court instant pour faire mouche.
Etourneau à cou noir, Sihanoukville
Ce petit lac derrière l'hôtel Indépendance est un paradis pour les ornithologistes avertis. J'y ai passé de nombreuses heures au lever du soleil et 70 % de mes photos d'oiseaux proviennent de cet habitat naturel. L'Etourneau à cou noir sait se faire entendre, mais n'est pas toujours d'humeur à se laisser approcher même pour un photographe expérimenté. Il s'envole à la moindre alerte dans un vacarme assourdissant. Je n'ai eu que très peu d'occasion de l'avoir dans la ligne de mire de mon objectif. Cette photo reste donc à mes yeux un peu exceptionnelle.
Bulbul orphée, Parc national de Virachey
Dans plusieurs îles de l'océan Indien, le bulbul orphée, appelé également merle de Maurice, est considéré comme une espèce envahissante voire nuisible. Il est chassé et consommé comme un met de choix. En Asie du Sud-Est il est très recherché comme oiseau de compagnie. A Vientiane c'est assez courant de voir des cages accrochées devant une maison avec ce pauvre merle à l'intérieur sautillant à s'en abîmer les plumes. Le parc de Virachey n'est pas le meilleur endroit pour photographier ce merle chanteur mais le hasard m'a conduit vers un couple qui se gavait de fruits au petit matin.
Aigrette sacrée, Sihanoukville
Alors que j'étais sur le chemin du retour, je me suis dit que je devais faire un détour par la plage de Victory mais sans vraiment savoir pourquoi. Mon intuition me porta chance, une aigrette sacrée était là dans les vagues avec son long bec effilé prête à embrocher un poisson ou un crabe égaré. A ma grande surprise j'ai pu l'approcher à quelques mètres accroupi derrière un rocher.
Coryllis vernal, parc de Ream
Ce petit oiseau de 13 cm de la famille des psittaculidés regroupe 14 sous espèces en Asie. On peut le trouver aussi bien dans les forêts primaires qu'à proximité des habitations. Il se nourrit surtout de fruits, figues et goyaves. Ce spécimen photographié au parc de Ream avait trouvé un emplacement idéal dans ce tronc d'arbre pour y faire son nid. A mon arrivée, il s'est mis à tournoyer autour en me fixant, l'air de me dire que ce tronc lui appartenait et qu'il me fallait en chercher un autre. Il était bien déterminé à le défendre. Il était si prêt que j'aurai pu le photographier en mode macro.
Calao pie, Sihanoukville
Il est sans aucun doute le résident emblématique de l'hôtel Independence à Sihanoukville. J'ai souvent eu l'opportunité de le photographier dans un rayon de deux kilomètres de la plage de Victory. Il est assez rare de le voir seul, ils sont le plus souvent en couple avec parfois deux petits qui les suivent. Les clients chanceux de l'hôtel peuvent observer ce grand oiseau dans les arbres gigantesques. Pour les photographier c'est une autre histoire, si les hordes de singes ne les importunent pas et ça, c'est un défi.
Serpentaire bacha, Parc national de Ream
Nous avons joué à cache-cache tous les deux. A mon arrivée il s'est posé sur un arbre protégé par de longues branches feuillues. J'ai vite compris qu'il cherchait à savoir où je me trouvais sans être vu. Caché derrière de hautes herbes, j'ai attendu que le vent balaye les branches et me laisse un espace pour le « shooter ».
Grand Martin, Parc national de Ream
Cet oiseau est assez commun dans toute l'Asie du Sud-Est, particulièrement en Thaïlande à Chiang Mai où, à la tombée de la nuit, ils se regroupent par centaines dans les arbres le long de la route principale dans un incroyable vacarme . Au Cambodge, sa présence est plus discrète, les occasions de le photographier sont alors plutôt rare. Cette photo a été prise à la lisière de la forêt où un troupeau de buffles se nourrissait de hautes herbes. Un couple de Grand Martin avait trouvé son garde-manger sur le dos d’un des herbivore, en lui extirpant des parasites.
Mainates religieux, Parc national de Ream
De la famille des sturnidés cet oiseau bien bavard peut vivre jusqu'à 30 ans. On le trouve dans la plupart des pays d'Asie du Sud-Est, dans les forêts primaires, les prairies, les temples et même près des habitations. Je me souviendrais toujours de ma première rencontre avec cet oiseau. Alors que j'étais chez un ami au Laos, il s'absenta quelques minutes et c’est alors qu'une voix un peu bizarre s'exclama " sabaidee , tchao sabaidee bo ? " , " bonjour , comment vas-tu ?". Surpris je me demandais bien qui pouvait être l'auteur de cette politesse. J'ai alors aperçu dans un recoin une cage avec ce mainate qui continuait à me parler. Il faut dire qu'il peut reproduire la voix humaine ou imiter d'autres oiseaux.
Pipit rousset, Parc national de Ream
Le parc de Ream regorge d'espèces d'oiseaux magnifiques que l'on peut observer dans les arbres ou en plein vol. Le pipit rousset est l'un des rares qui passe son temps au sol à sautiller dans les prairies ou à proximité du bord de mer. D'après mes observations, il supporte assez bien les grosses chaleurs avec un soleil de plomb. Pour le photographier, je suis resté à plat ventre sur le sol pour le mettre en confiance et cela à 4-5 mètres de distance. Il tournait autour de moi comme s’il voulait me faire comprendre que j'étais considéré comme un intrus et qu'il me conseillait vivement de mettre les voiles.
Martin-pêcheur d'Europe, Sihanoukville
C'est le Martin-pêcheur le plus commun et le plus connu sur la planète. Il est facile à identifier avec son plumage bleu sur le dessus et orange en-dessous. Le petit lac de Sihanoukville est gavé de petits poissons qui attirent du même coup plusieurs espèces de martin-pêcheurs plus imposants que celui-ci. Sa petite taille lui permet de se faufiler entre les branches et sa rapidité ressemble plus à un avion supersonique rasant la surface de l'eau mais sans faire de vagues. Pour réussir cette photo il m'a fallu faire preuve de patience et de ruse.
Questions à Didier Goetzinger
Le Routard : Tu as pris beaucoup de photos en Asie, c'est une région qui t'attire particulièrement ?
Didier Goetzinger : Cette envie de connaitre l'Asie commença durant ma période militaire, en écoutant les récits des vétérans de la guerre d'Indochine. J’étais ébahi par leurs histoires, par la description paradisiaque qu'ils me faisait du Vietnam. Eux-mêmes étaient encore sous le charme de ce magnifique pays et m'en parlait avec une nostalgie non dissimulée. Bien plus tard en 2002, j'ai laissé ma vie parisienne pour à mon tour connaitre le paradis lointain qu'on m'avait décrit et qui m'avait fait tant rêver. Le Laos fut ma première destination. J'ai tout de suite compris qu'il y avait une réelle opportunité de faire de belles photos. Je suis tombé sous le charme des paysages, de la biodiversité et de la gentillesse des laotiens. J’avais le souhait d'y gagner ma vie en faisant des photos d'animaux. Entre 2003 et 2013 j'ai travaillé pour l'ambassade de France, pour Nam Theun 2 (EDF), pour divers magazines dont Spotlight, la publication de cartes postales, posters, pour une agence de voyages, pour le guide du Laos de Michel Huteau. Durant ces années j'ai également fait un livre Wildlife in Laos en 10.000 ex, et deux autres ouvrages pour des scientifiques (araignées du Laos et sur la faune du plateau de Nakai). J'ai toujours voyagé seul en Asie et je m'y sens un peu comme chez moi. C'est quand je retourne en France que je me sens comme un touriste.
Je suis resté plusieurs mois au Japon entre 1998 et 2001, dans les montagnes sur les hauteurs d'Osaka. J'ai photographié des serpents et vendu les clichés à un herpétologue Nippon. La Thaïlande et le Cambodge représentent 2 années de ma vie avec des allers-retours pour les visas. Et seulement 1 mois au Vietnam. Je suis une personne curieuse de nature, j'aime partir à l'aventure et découvrir d'autres horizons, avoir des émotions fortes. Je rajouterais aussi que j'ai une préférence pour photographier les serpents ou certains mammifères comme les éléphants ou pister un tigre dans la jungle. Car dans ces conditions périlleuses, j'imagine alors que mes photos ont plus de valeur et une histoire à raconter. Mais cela reste un point de vue personnel.
Le Routard : La photo ornithologique et animalière semble occuper une grande place dans tes voyages, c'est ta passion ?
Didier Goetzinger : Je dirais plutôt que la photo animalière prend une grande place dans ma vie, que je suis un « addict » qui en demande toujours plus. J'ai vécu des moments très fort au Laos, et cela m'a inciter à continuer la photographie et à défendre la cause animale. Les premiers temps, j'étais surtout motivé pour photographier les reptiles mais chemin faisant je me suis vite aperçu que ce pays regorgeait d'espèces animales exceptionnelles et qu'il fallait me diversifier. En 2008, j'ai eu l'idée de faire une collection d'araignées. Ce fut une expérience inoubliable qui m'apporta un grand nombre d'informations en photographiant 526 spécimens. En 2009 j'ai fait un livre à ce sujet spécialement pour les scientifiques, que j'ai présenté à l'arachnologue Peter Jäger lors d'un rendez-vous à Vientiane. Sa première réaction devant cet étalage d'espèces inconnues fut de me traiter de fou.
Le Routard : Quel équipement photographique utilises-tu, retravailles-tu tes photos au retour ?
Didier Goetzinger : J'utilisais au Cambodge un NIKON D 7100 équipé d'un 80-400. Soit un matériel pas trop lourd, facile à transporter et qui me permettait de shooter rapidement. En ce qui concerne mes photos, je les travaille uniquement si je les utilise pour mon compte personnel. C'est-à-dire le recadrage et le contraste. Si les photos sont destinées à un magazine, je fais juste une retouche sur le recadrage et je laisse la rédaction s'occuper à leur guise de ce qui convient le mieux à leur publication. Sachant que pour eux je travaille en format RAW.
Le Routard : Est-ce difficile de prendre les oiseaux en photo, comment t'y prends-tu, as-tu des conseils particuliers ?
Didier Goetzinger : La photo animalière est difficile, c'est un long apprentissage avec des périodes euphoriques et des traversées du désert. J'ai appris en commettant beaucoup d'erreurs dont certaines auraient pu être fatales en photographiant des serpents venimeux. Cela m'a permis de comprendre comment je devais m'y prendre pour approcher un cobra, la première règle est de ne pas causer de vibrations sur le sol et être très attentif. Cette méthode je l'ai utilisé par la suite pour photographier les oiseaux. Avec un peu plus d'expérience, j'avais constaté qu'ils se nourrissent souvent sur le même territoire et aux mêmes heures. Certains oiseaux ont un arbre ou une branche où ils se posent régulièrement. Il suffit donc de se poster à l'affut, de préférence le soleil dans le dos et d'attendre patiemment leur arrivée. Selon les espèces il y a toujours une distance à respecter avant qu'ils ne s'envolent.
Cette sélection n'est qu'une petite partie des photos d'oiseaux et d'animaux de Didier Goetzinger. Particulièrement intéressé par l'herpétologie et l'arachnologie, il a réalisé des photos impressionnantes d'araignées et de serpents.
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