Cambodge : Siem Reap, la ville aux portes d’Angkor
Que voir, que faire à Siem Reap ?
Pour les voyageurs, Siem Reap est la porte d’entrée des temples d’Angkor. Mais cette ville en plein développement mérite également d’être découverte… Capitale de la province éponyme à 6 h de route au nord-ouest de Phnom Penh, son histoire a suivi les méandres de celle du Cambodge.
Quant à son nom – qui signifie « Siamois terrassés » –, elle le doit à une victoire du XVIesiècle contre ce qui deviendra la Thaïlande. Le royaume de Siam, de son côté, l’appelle Siammarat, ce qui peut se traduire par « territoire des Thaïs », mais c’est une autre histoire…
Aujourd’hui bourdonnante de touristes et d’une population en hausse, Siem Reap peaufine son art de vivre, distille non seulement des adresses originales – restaurants, artisans, hôtels – mais diversifie aussi ses centres d’intérêt. Alors oui, on vient pour les temples, mais on en repart avec des rencontres amusantes et touchantes, des souvenirs inattendus.
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Si vous êtes déjà venu dans cette ville de près d’un million d’habitants, on n’ira pas jusqu’à dire que vous ne la reconnaîtrez pas, mais elle a clairement profité de la crise sanitaire pour se moderniser. Siem Reap s’est enrichie de 108 km de routes et d’artères, au détriment de certaines maisons et commerces de caractère et au profit d’hôtels et de restaurants chinois sans charme qui bordent la Nationale 6.
En son cœur, la rivière homonyme et ses berges sont bordées d’adresses huppées, mais aussi de stands de street food. On flâne forcément au vieux marché, qui mêle produits alimentaires et artisanat un peu cheap, on admire la rutilante résidence royale depuis son agréable parc public et, en attendant la réouverture promise du Panorama d’Angkor, on s’attarde au musée national d’Angkor dont les nombreuses sculptures clarifient 1 500 ans d'histoire à condition... d'avoir pris l’audioguide pour tout saisir.
Surtout, on déambule entre les échoppes, modestes ou flamboyantes, on fait un crochet par Kandal Village, qui aligne, dans la rue Hap Guan, une brochette de boutiques à la déco bien léchée. Le soir venu, on passe par Pub Street : deux rues – The Passage et The Lane – envahies d’une cacophonie musicale peu reposante tout en restaurants et bars où, finalement, il fait bon ne pas s’attarder pour mieux débusquer des adresses plus tranquilles.
Créé en 2007, le marché de nuit propose un mélange d’artisanat cambodgien – mais pas forcément de meilleure facture – , un peu sur les modèles des night markets thaïlandais. Clairement, on lui préfèrera le marché diurne d’En Haut : aucun touriste, pas d’artisanat, mais une ambiance 100 % cambodgienne et bon enfant. Phsar Leu Thom Tmey, Siem Reap.
Débusquer l’architecture coloniale de Siem Reap
Les vestiges coloniaux et chinois de Siem Reap, peu nombreux, se dévoilent au hasard de flâneries, de part et d’autre de la Tonlé Sap, enjambée par deux ou trois ponts de l’époque française.
On y découvre quelques jolies maisons au toit de tuiles et scandées d’arcades autour du vieux marché, quelques charmants jardins, et deux bâtiments remarquables soigneusement rénovés : l’ancienne demeure du dernier gouverneur français transformée en hôtel de luxe – elle hébergea également le FCC, Club des correspondants étrangers –, et le Grand Hotel d'Angkor, près de la résidence royale. Inauguré en 1932, il possédait le premier ascenseur de la ville. Près d’un siècle plus tard, sa façade blanche campe toujours dans le vieux quartier français, sous l’enseigne de luxe Raffles.
Afin de toucher du doigt l’ambiance coloniale, on prend volontiers un verre au Scribe Bar, de l’ancien FCC – le lieu où se retrouvaient donc tous les journalistes : l’ambiance y est feutrée, le jardin superbe mais vous y croiserez plus de touristes curieux que de reporters ! FCC Angkor : av. Pokambor, Siem Reap. Tél. : + 855 63 760 681.
S’émerveiller devant la richesse de l’artisanat local
Certes, Siem Reap n’est pas la seule région où se concentre l’artisanat cambodgien. En revanche, elle abrite le premier incubateur du pays dédié aux artisans.
Trois mois. Il aura fallu seulement trois mois à Pierre-André Romano, le cofondateur, pour réunir les fonds, et autant pour ériger le centre Satcha. Ouvertes en décembre 2022 à l’écart du centre, six élégantes structures en bambou accueillent une cinquantaine d’artisans. Choisis dans la région parmi plus de 300 candidats, à chacun sa spécialité : de la sculpture (sur pierre, bois…) au tissage (rotin, soie, coton, jacinthe d’eau…) en passant par la laque, la peinture ou la dinanderie.
Le but est non seulement de conserver et transmettre un savoir-faire ancestral mais aussi de créer des objets au design contemporain. La formation est gratuite, et les artisans ont trois ans pour voler de leurs propres ailes, laissant la place à d’autres.
Au fond du jardin, la boutique s’est réfugiée dans une maison ancienne joliment restaurée. Elle propose naturellement l’ensemble de la production : de quelques dollars à plusieurs centaines pour les plus belles pièces, difficile de ne pas craquer. De plus, Pierre-André envisage d’y vendre également la production des artisans récemment expulsés du périmètre Unesco d’Angkor, désormais trop éloignés du site pour recevoir le chaland. Satcha House : 256 BBU Road, Siem Reap. Tél. : +855 63 968 983.
S’enticher de rats
Mais pas n’importe lesquels ! Ceux d’Apopo, une ONG belge spécialisée dans le déminage et qui œuvre dans 6 pays, dont le Cambodge. Ils s’appellent Ezron, Dora, Sophea ou Valerie : 12 rats géants de Gambie, dressés en Tanzanie. Ils sont âgés de 4 à 9 ans, certains à la retraite, d’autres encore utilisés aux démonstrations du centre d’interprétation.
La visite permet de comprendre à quel point le pays a été et demeure l’un des plus touchés au monde avec près de 6 millions d’engins non explosés éparpillés sur le territoire, et d’apprendre comment opèrent les rats pour sécuriser les terres cultivables et les rendre aux agriculteurs. Tenu en laisse par son maître et guidé par un opérateur, l’animal, qui peut flairer le TNT jusqu’à 1 m sous terre renifle consciencieusement la terre et gratte lorsqu’il trouve un engin.
L’avantage ? Il est bien trop léger pour actionner les mines et surtout, bien plus rapide qu’un être humain. Il ne leur faut qu’une demi-heure pour fouiller environ 300 m² contre 4 jours pour un démineur et son attirail.
Il est possible d’adopter un des rats d’Apopo. Non pour le rapporter chez vous, mais pour financer leur formation. En 2022, Rotutu, Princess Diana et Sharleetu ont été désignés les 3 meilleurs HeroRats du Cambodge. Qui sera votre prochain protégé ? Apopo Visitor Center : Koumai Road, Siem Reap. Tél. : + 855 81 599 237.
Passer une soirée au cirque
19 h. Il ne faut que quelques minutes au tuk-tuk pour arriver à Phare. L’entrée, joyeusement éclairée de guirlandes, mène à une vaste cour façon guinguette ; des tables, des stands de food street, un bar et une petite scène. Le spectacle ne commence que dans une heure, le temps de partager brochettes de poulet et rouleaux de printemps ou poisson à la noix de coco en regardant de gracieux gamins faire une démonstration de danse royale.
On rejoint le chapiteau à l’ancienne : des gradins de bois font la ronde autour de l’arène qui semble bien petite. Et pourtant, une heure durant, voltigeurs, danseurs, équilibristes, chanteurs et musiciens, s’emparent de l’espace, jouent avec les spectateurs tout en racontant une histoire contemporaine presque sans paroles – traduites en anglais sur écran. Transpire une énergie folle, une cohésion touchante, un vrai bonheur de performer. On ressort de ce spectacle non seulement enchanté, mais dopé ; 23 spectacles sont proposés, variant chaque semaine.
Ce qui épate tout autant, c’est la genèse de ce cirque. À l’origine ? Véronique Decrop, une travailleuse humanitaire qui a d’abord fondé une école de dessin à Battambang, la seconde ville du pays, avant d’élargir la palette des arts enseignés. Baptisé Phare Ponleu Selpak – « lumière des arts » en khmer –, elle scolarise plus de 1 000 enfants aujourd’hui.
Il est également possible de visiter les backstages avant le spectacle, guidé par un des membres du staff. On observe les circassiens à l’entraînement, on en apprend plus sur la troupe, mais aussi sur l’établissement de Battambang et la philosophie d’enseignement de cette entreprise sociale. Certes, ce n’est pas donné, mais 75 % des bénéfices sont reversés à l’école. On peut également soutenir ce formidable projet en achetant une bricole à la boutique – du tee-shirt au krama en passant par des sacs en pneus recyclés. Cirque Phare, route Circulaire, au sud de l’intersection de la route de Sok San, Siem Reap. Tél. : + 855 92 225 320.
Partir à la rencontre des derniers éléphants
Il faut moins d’une heure pour aller à la rencontre des éléphants de David Piot. Avec son père, il a fondé Kulen Elephant Forest. Dans le lodge principal, les premières explications : non, ce n’est pas un énième sanctuaire pour amuser les touristes, mais une véritable maison de retraite pour les onze pachydermes utilisés auparavant par la Compagnie des Éléphants d'Angkor pour les balades à travers les temples. Un projet à vocation pédagogique pour que les visiteurs comprennent l’intérêt de la conservation des éléphants au Cambodge.
D’ailleurs, depuis octobre 2022 le site est certifié ACES Agent Captive Elephant Standard, un label international de bien-être animal. Un projet un peu fou, autofinancé, qui a nécessité plusieurs années de réflexion. Un accord avec le gouvernement et la population locale permet de transformer une forêt en réserve et de créer un fonds d'urgence communautaire. Le domaine ? Quelque 200 ha de bois et 15 ha de terrain privé cultivés.
Ce matin-là, on part avec deux femelles et leur cornac pour une promenade à leur rythme. Ce sont elles qui donnent le pas, s’arrêtant pour manger ou écraser nonchalamment une énorme branche tombée sur le chemin. Il y a un côté magique à caresser l’animal, à lui tendre une banane. Et le mahout veille. Au retour, la récompense : le bain dans cet étang boueux où les pachydermes se roulent avec délectation.
Les balades sont organisées en demi-journée et incluent le déjeuner. Le départ s’effectue de Siem Reap même. On a une préférence pour celle de l’après-midi qui permet de pique-niquer dans la nature. Il est également possible de camper sur le domaine. Un feu de camp, une tente, et bien sûr, juste à côté, les éléphants ! Kulen Elephant Forest : 52e rue 26, Siem Reap. Tél. : + 855 85 577 177.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Aucune compagnie ne propose de vols directs depuis la France mais Vietnam Airlines constitue la meilleure option en termes de temps de vol et tarifs, avec une entrée ou une sortie à Siem Reap ou Phnom Penh. Comptez environ 18 h de vol au départ de Paris-CDG vers Siem Reap. D’autres compagnies comme Cathay Pacific, Singapore Airlines, Thaï Airways… proposent également des vols multidestinations. Trouvez votre billet d’avion.
Bonnes adresses
– Anjali Hotel : 1705 Korean-Cambodian Friendship Route 30, Krous Village, Svay Dangkum. À 10 minutes du centre, cet hôtel est un véritable havre de paix. Doté d’une piscine et de deux restaurants, on craque pour les vastes chambres – dont une familiale – sous les toits, la décoration élégante et épurée. À partir de 49 € la chambre pour 2, 138 € pour 4, petit déjeuner et navette en tuk-tuk vers le centre jusqu’à 19 h inclus.
– Sala baï : Wat Svay, Route Tonle Sap. Déjeuner de produits frais et faire une bonne action : Sala Bai forme et insère des jeunes défavorisés dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration. Et c’est très bon ! 13,5 $ le menu, boisson incluse. Réservation nécessaire.
– The Embassy : Sangkat Sala Kamreuk. L’une des meilleures tables du pays qui vient juste de déménager. Menu en 6 plats d’une ébouriffante cuisine locale modernisée par deux jeunes Cambodgiennes. 49 $ le menu.
– Miss Wong : rue 26. Il y a du speakeasy dans ce bar à l’écart de la foule. Ambiance feutrée, charmant jardin et déco indochinoise des années 1920 pour siroter un cocktail en oubliant le temps.
– Theam's Gallery : 100 m après l’école Mok Neak, Route 30. Phum Veal, Kokchak district. Theam a ouvert ce lieu fabuleux, mi-musée (objets du quotidien et instruments de musique traditionnels), mi-galerie, où, en sus de ses propres œuvres, il offre l’opportunité à de jeunes artisans de travailler et de vendre leur production dans la boutique.
– Biniky Chic Nomad : 10 rue Hap Guan. Une des jolies adresses de Kandal Village : accessoires et vêtements de belle facture, à offrir ou à s’offrir.
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Texte : Pascale Missoud
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