La Toscane, en terre de Sienne
Le Crete Senesi, quand la terre fait des siennes
De Pienza, en remontant plein nord, le charmant petit bourg de Montefollonico mérite une halte pour s’attabler à la Botte Piena : pecorino di Chiusure (un fromage de brebis goûteux), cinta senesi (le meilleur cochon qui soit), cœurs d’artichauts, sans oublier la truffe blanche, mise à l’honneur chaque année en novembre à San Giovanni d’Asso.
Un prélude délicieux à la région des Crete Senesi, littéralement les argiles siennoises, ou le monde du Beau. Ici, la nature est généreuse, douce, harmonieuse. Elle ondule en vagues diffuses qui tantôt s’enlacent, tantôt se pénètrent, changeant parfois de couleur, à la faveur d’un champ fraîchement retourné, d’une levée de blé tendre ou d’un champ d’oliviers. Cette terre est rougeâtre, brune, grise, écrue, au gré de la fantaisie des oxydes qui la composent …
Proverbialement assoiffées, ces terres arides et multiples ont produit du travertin, du tuf et de la brique pour construire les villes, de l’argile pour les potiers d’Asciano, sans oublier les fameuses terres bolaires qui enchantèrent les fresquistes ou les maîtres de la tempera (détrempe).
Le plus bel exemple de cet hymne à la terre nous est donné par le Sodoma (1477-1549) dans l’Abbaye de Monte Oliveto Maggiore (à ne pas manquer, photo). Là, dans un véritable feu d’artifice de pigments, l’artiste a retracé la vie de saint Benoît.
Un vrai original, ce Sodoma. La sensualité qui se dégage de ses personnages est troublante. Notre homme, qui vivait entouré d’une incroyable ménagerie – corbeaux, blaireaux, perroquets, ânes nains –, n’a jamais véritablement pu s’imposer à Sienne. L’élite du moment lui préférait Beccafumi, fils de paysan, né à Montaperti pratiquement 250 ans après la fameuse bataille… Sienne serait-elle terre-à-terre ?
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Eric Milet
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