Autour de Naples : 5 visites hors des sentiers battus
La Campanie regorge de sites majeurs. Autour de Naples, les occasions d’excursion ne manquent pas. Il y a bien sûr Ischia et Procida, la côte amalfitaine, le Vésuve, Capri ou les deux sites antiques de Pompéi et Herculanum.
D’autres lieux moins connus sont facilement accessibles depuis Naples à moins de deux heures de transport. À l’ouest, les champs Phlégréens. Au nord, le palais de Caserte. Au sud, Salerne ou le Cilento. Des destinations remarquables, moins fréquentées que les stars locales, à découvrir le temps d’une journée, ou plus si affinités.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLes champs Phlégréens : l’alternative au Vésuve
Ils fulminent, les champs Phlégréens (« champs brûlants »), d’être régulièrement snobés au profit du grand frère vésuvien.
Alors, depuis quelque temps, ils le font savoir. À l’ouest de Naples (30 min avec la ligne Cumana), les habitants de Pouzzoles et des environs (500 000 habitants) vivent sur une poudrière ou plutôt sur un gigantesque cratère constellé de 70 bouches éruptives qui font frémir l’échelle de Richter et sont la cause du bradyséisme, tantôt une montée, tantôt un abaissement du sol d’origine volcanique.
Pendant longtemps, la Solfatara, ses fumerolles et son paysage lunaire ont attiré de nombreux visiteurs. On pouvait même y camper. Mais en 2017, un accident mortel a eu raison de son activité, du moins touristique même si sa caldeira et ses panaches de fumée sont encore bien visibles – et humables – de la Via Coste D’Agnano.
Au port de Pouzzoles, Rione Terra, sur son podium de tuf, est une ancienne forteresse de la colonie grecque Dicearchia. En 1970, ses habitants ont été évacués après une alerte éruption qui n’a pas eu lieu. Ils n’ont jamais pu revenir et le site est tombé à l’abandon. Aujourd’hui, Rione Terra prépare sa renaissance et ses fouilles s’explorent, accompagné d’un guide… quand les champs Phlégréens le permettent.
À 1 h de bus de Pouzzoles, le parc archéologique de Cumes, la frontière occidentale des champs Phlégréens, propose une agréable balade (17 étapes) dans l’une des plus anciennes colonies grecques, fondée au VIIIe siècle av. J.-C.
Le parcours débute par l’antre ou la grotte de la Sibylle, longue tranchée trapézoïdale dans la pierre, découverte en 1932. C’est ici que la prophétesse d’Apollon, consacrée par le poète Virgile, prédisait le futur. Et alors qu’on accède aux deux dernières terrasses, abritant les temples d’Apollon et de Jupiter, les vues dégagées sur Ischia et Procida ajoutent à la beauté du lieu.
À Baia (Baïes), encore un coup du bradyséisme qui a immergé une partie de – l’ancienne – côte. Résultat, la cité, période romaine, un lieu de résidence très prisé de l’aristocratie d’alors, et Misène, port de la flotte militaire, ont pris l’eau. Créé en 2002, le parc archéologique submergé de Baia permet de découvrir ces vestiges, bouteilles de plongée dans le dos. Port Giulio, murs de la Villa dei Pisoni ou palais de l'empereur Claudius ne sont qu’à quelques battements de palmes.
Mais beaucoup de statues sont des répliques. Les originaux se trouvent au château aragonais qui accueille le musée archéologique des champs Phlégréens. Une visite indispensable tant pour les richesses exposées que pour les panoramas sur le golfe de Naples.
Les fanas d’Antiquité continueront leur route jusqu’au parc archéologique des thermes de Baia (et ses trois vaillantes coupoles) pour atterrir à la piscina mirabilis (visites guidées de 45 min) à Bacoli, un grand réservoir d’eau qui décoiffe, bâti sous Auguste (Ier siècle).
Le site, Campi Flegrei Active, répertorie les principales « attractions » des champs Phlégréens et propose de nombreuses activités selon que vous soyez nature, archéologie, plongée sous-marine ou vin et gastronomie. Des marches, des tours en bateau ou à vélo, des dégustations, des sorties encadrées. Y’a plus qu’à !
Salerne : porte d’entrée de la côte amalfitaine
À 40 min de train, Salerne n’est pas la plus convoitée des villes limitrophes de Naples. Elle jouit pourtant d’une situation privilégiée, à l’est de la côte amalfitaine et au nord du Cilento mais aussi de biens jolis atouts.
On pense d’abord à son Duomo, dédié à Saint Matthieu et à la Vierge et consacré en 1084 par le pape Grégoire VII, qui repose dans la cathédrale. Et il n’est pas le seul à y couler des jours heureux puisque les restes de Saint Matthieu se trouveraient également dans la crypte, une merveille de bustes en bronze, de marbres et de fresques.
Si la ville ne tourne pas le dos à son passé, elle ne craint ni le post-modernisme, ni le gigantisme. On en veut pour preuve la Piazza della Libertà, rafraîchie en 2021 par l’architecte Ricardo Bofill qui y a enroulé son Crescent, une demi-lune de 300 m fourmillant d’appartements, de parkings, de restaurants et de commerces.
Salerne, la récidiviste, n’en était pas à son coup d’essai et avait déjà inauguré en 2016 sa nouvelle gare maritime, œuvre de Zaha Hadid. Non loin de là, le front de mer (lungomare Trieste), reste une balade très appréciée, surtout pour ses vues sur le golfe de Salerne qui se dégustent également en haut du Castello di Arechi.
Surprenante et incongrue présence que celle de l’aqueduc du IXe siècle, écrasé par les immeubles modernes et mangé par la végétation. Au croisement des rues Arce, Velia, Fiera Vecchia et Generale Ferrante Maria Gonzaga, cet ouvrage médiéval de guingois résiste au temps et aux voitures. Normal, on dit qu’il aurait été construit avec l’aide du Diable.
Le parc national du Cilento : la nature en vert et bleu
À 1 h 15-1 h 30 de train au sud de Naples, le Cilento « naturel » perle le long de la mer Tyrrhénienne plusieurs villages de charme perdus dans des abîmes de forêts et de criques sauvages. Il faut randonner dans le parc national du Cilento, du Val de Diano et Alburni, 180 000 ha, pour humer cette Campanie bleue, d’abord, qui prend aussi un malin plaisir à aligner les plages divines.
Parmi les plus belles étendues de sable : celles de Santa Maria di Castellabate, del Lago, Marina Piccola ou di punta Bracale et, plus au sud, celles de l’Area marina protetta della Costa degli Infreschi e della Masseta – il vous faudra marcher un peu ou vous y rendre en bateau. Autres spots de rêve, la Cala Bianca, la spiaggia del Pozzallo ou à celle de Baia degli Infreschi.
Les amateurs de plongée se régaleront avec les grottes marines du cap Palinuro (Grotta Azzurra, del Sangue, d’Argento, della Cattedrale, dei Monaci ou la Grotta Sulfurea), pas avares en camaïeu azur et poissons multicolores.
Mais ce qui saute aux yeux quand on arrive dans le Cilento, c’est bien ce vert massif et l’horizon émeraude. Ici, dans le deuxième plus grand parc protégé d’Italie, patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998, les forêts sont denses et épaisses, les monts (comme les monts Bulgheria et Stella) costauds et moussus, la faune diverse.
Les pins d’Alep côtiers tiennent la dragée haute aux hêtres majestueux des monts Gelbison et Cervati (le plus élevé de Campanie, 1 898 m), sous le regard placide d’autres raretés végétales et des orchidées sauvages de la valle delle Orchidee. Avec un peu de chance (et pas mal de sang-froid), peut-être croiserez-vous la route (mais on en doute) d’un loup ou des chats sauvages qui y ont élu domicile.
Des cascades (Casaletto Spartano) et des grottes (Pertosa-Auletta, Castelcivita, Bussento, une sorte de canyon) viennent aussi éventrer ce territoire dentelé qui ravira tous les amoureux de la nature.
Une randonnée copieuse (comptez 4-5 h et 13 km) et parfois exigeante au départ d’Agropoli, la plus grande ville du Cilento (21 000 habitants). Elle vous offre un bon aperçu de la richesse du parc national du Cilento en bordant la Cala Pastena, la Baia di Trentova (superbes panoramas) ou la Punta Tresino tout en s’enfonçant dans la forêt de pins du Cilento à la conquête du Monte Tresino et du village fantôme San Giovanni. Attention, suivez bien la signalétique (même si certains croisements restent étonnamment peu balisés) et regardez où vous mettez les pieds, on a bien rencontré 5 ou 6 couleuvres noires plus apeurées que nous. Mais les vrais parrains des bois sont les lézards des ruines, aussi appelés siciliens (Podarcis siculus), il en sort de partout !
Paestum : un temple grec majeur en Campanie
Comme Janus, le Cilento jouit de deux visages. À Paestum, à 1 h 15 de Napoli Centrale, c’est sa face culturelle et antique dominée par les oliviers et les vieilles pierres que vous découvrirez. Une brèche dans l’espace spatio-temporel qui vous projettera près de 2 700 ans en arrière : au VIIe siècle av. J.-C. quand une colonie grecque, qui sera mise au pas plus tard par les Lucaniens puis les Romains, s’installa dans le sud de l’Italie, fondant la colonie de la Magna Grecia.
Aujourd’hui, le site de Paestum, au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998, empile les vestiges de ces civilisations devant ses trois imposants temples doriques (un pour Héra, un pour Athéna, un pour Neptune, pas de jaloux mais pas de consensus scientifique non plus).
Superbement conservé, Paestum, concrétion de bâtiments sacrés et civils (thermes, forum, amphithéâtre, aerarium, ekklesiasterion, etc.) fait la nique à certains sites grecs et la découverte de mosaïques au sol ou de son mur d’enceinte romain, préservé, de 5 km égaie, à chaque pas, les pérégrinations des visiteurs.
Enfin, un tour au musée est indispensable pour qui veut en apprendre davantage sur la cité, mais surtout percer le mystère de la fameuse tombe du plongeur, cinq dalles peintes dont une iconique d’un saut de l’ange. Le passage vers l’autre monde ?
Le Cilento n’est pas qu’une affaire de sylves ou de temples. À l’est du parc national, vous trouverez à Padula, la chartreuse de San Lorenzo qui, avec ses 50 000 m², peut se targuer d’être l’un des plus grands monastères d’Europe. Sans surprise inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1998, ce complexe monastique se structure autour de la maison « basse » et de la maison « haute ». Des cloîtres en veux-tu en voilà, des escaliers torsadés, des fresques, une bibliothèque du plus bel effet… Un régal pour les yeux.
Le palais de Caserte : le Versailles du Mezzogiorno
Quelque 1 200 pièces, 1 026 cheminées, 1 742 fenêtres… Les chiffres du palais de Caserte, inscrit au patrimoine de l’Unesco depuis 1997 et à 40 min en train de Naples, ont de quoi donner le tournis comme ses 56 escaliers, dont une copie de celui « des Ambassadeurs », évaporé à Versailles. Charles, l’arrière-petit-fils de Louis XIV et instaurateur de la dynastie des Bourbons à Naples et en Sicile après sa victoire sur les Autrichiens, a été à bonne école. Quand on a connu Versailles et le palais royal de Madrid, on ne jure plus que par le grand et le beau…
C’est l’architecte Luigi Vanvitelli qui s’y colle, avec ambition et gourmandise, à partir de 1752. Les travaux dureront 28 ans avec pour objectif d’embarquer toute la cour dans ce coin reculé (à 20 km de Naples), mais protégé de la menace du Vésuve et de la flotte anglaise. La sauce ne prendra jamais et le départ de Charles III pour l’Espagne en 1759 n’arrangera pas les affaires du palais…
Près de 300 ans plus tard et à la sortie de la gare, le palais de Caserte et ses 240 m de façade piquent les yeux. Et que dire de l’escalier d’honneur ! Un festin de marbre polychrome, de statues, de niches, de médaillons peints, de fresques. Plus haut, l’octogonal vestibule supérieur avec son pavement géométrique, très prisé des cinéastes (deux Star Wars l’ont squatté), distribue une chapelle palatine à tribune, construite par Carlo, le fils de Luigi en 1777, et les appartements royaux.
Là, le spectacle se joue surtout aux plafonds ornés de dorures et de fresques aux couleurs éclatantes. Le mariage d’Alexandre et de Roxane par Mariano Rossi dans la salle dédiée à Alexandre Le Grand, la richesse picturale de la salle Mars, plus tardive et datant du règne de Joachim Murat et la salle du trône de 40m de longueur mettront à mal vos cervicales.
Dehors, ce sont vos jambes qui prendront la relève pour arpenter (ça grimpe mais des navettes vous facilitent la tâche) les 123 ha de parc à la française (il existe aussi un jardin anglais), striés de fontaines qui mènent jusqu’à une cascade, l’un des points de distribution de l’aqueduc Caroline, voulu par Charles de Bourbon. À noter que le théâtre, miniature (500 places) de San Carlo, ne se visite que le week-end, de 10 h à 13 h.
À 25km de Caserte, n’hésitez pas à vous perdre dans les ruelles de Sant’Agata de’ Goti. Du ponte Romano sul Martorano, la situation de ce bourg souvent listé parmi les plus beaux d’Italie apparaît dans toute sa majesté. Comme s’il jaillissait du tuf surmontant le ravin du torrent Martorano. Difficile, mais pas impossible de rejoindre Sant’Agata de’ Goti en transport en commun (un bus au départ de Caserte, A/R par jour, 40 min).
Fiche pratique
Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos utiles dans le Routard Naples et le Routard Italie du Sud en librairie
Consulter notre guide en ligne Naples
Vols quotidiens directs vers Naples avec Air France, Transavia, EasyJet de Paris CDG et Orly ; avec EasyJet de Nice et Ryanair de Marseille, en correspondance depuis d’autres aéroports français. Trouvez votre billet d’avion.
Où manger ?
– Azienda Agrituristica Palazzone : Contrada Palazzone, à San Giovanni a Piro. Tant qu’à être dans le Cilento, autant vivre l’expérience à fond et jouer la carte nature jusque dans le cadre et les assiettes. Voici une maison d’hôtes qui propose également un service de restauration, à la pointe sud du Cilento, à 7 min en voiture de San Giovanni a Piro. Dans cette alcôve champêtre qui ne jure que par les circuits courts, la viande est reine, même si les légumes ne comptent pas pour des prunes (miam l’omelette aux asperges et aux courgettes). La grillade mixte (18 €) offre un bel éventail des spécialités et savoir-faire locaux et à la table voisine, l’entrecôte (300 g, 15 €) semblait mettre tout le monde d’accord.
– Casamare : Corso Giuseppe Garibaldi, 214, à Salerno. Les morfales aux bourses pleines pourront défier le menu Cinque Mari à 75 €. Les autres se contenteront – et c’est déjà pas mal vu la qualité – des plats à la carte. Le polpo alla nerano (20€), poulpe grillé accompagné de courgettes et de sticks de provolone, nous a emballés (ni sec ni caoutchouteux), mais pas rassasiés. Alors on a assuré nos arrières avec des fusili spirales fignolées d’un tartare de thon rouge et d’un crumble de pecorino (24 €). Une note plus salernitaine que salée.
– Tenuta Vannulo : via Galileo Galilei, 101, à Capaccio Scalo, à 4 km des ruines. Après avoir visité celui de Paestum, ne manquez par cet autre temple local dédié à la fameuse mozzarella di bufala. On peut jeter aux cuves où le fromage est fabriqué et voir les belles bufflonnes à l’origine des délicieux produits à déguster sur place ou à emporter : fromages, yaourts, glaces, milk-shakes… Également un petit musée et un resto. Une institution locale ! Tlj 8 h-19 h 30 Visite guidée (en français) 6-7 €/pers.
Réservez votre hôtel à Naples
Texte : Florent Oumehdi
Mise en ligne :