La côte amalfitaine, joyau de l’Italie du Sud
« C’est un lieu de rêve qui ne semble pas vrai quand vous y êtes et vous ressentez une grande nostalgie au moment de le quitter » écrivit l’écrivain américain John Steinbeck.
De Sorrento à Salerno, la côte amalfitaine est une des plus belles côtes d’Italie, d’Europe, et sans doute du monde. Des montagnes abruptes dévalent vers la mer Tyrrhénienne, où selon Homère le héros Ulysse rencontra autrefois les Sirènes…
Dans ce paysage digne de la mythologie antique, une route étroite, sinueuse et majestueuse, dessert Positano, Amalfi, Ravello, des villages perchés comme des nids d’aigle entre mer et ciel. Repos des poètes, des artistes romantiques et des célébrités d’Hollywood, la côte Amalfitaine enchante aujourd’hui les touristes.
Un pur joyau, au sud de Naples...
Préparez votre voyage avec nos partenairesSorrento, petit jardin d’Eden face à Capri
A 53 km au sud de Naples, Sorrento se dresse sur une longue falaise surplombant les flots de la baie de Naples, adossée aux flancs de la péninsule Sorrentine. Cette montagne accidentée forme une pointe rocheuse qui finit en beauté face à l’île de Capri au large.
Contrairement à beaucoup de cités maritimes, Sorrento semble s’être hissée pour se défier des caprices de la mer, mais aussi pour mieux la dominer, et l’admirer. Quel paysage extraordinaire en effet, le matin à l’est avec le soleil surgissant derrière le Vésuve, le soir à l’ouest avec l’île de Capri illuminée par les rayons du crépuscule !
Déjà les riches patriciens de l’époque romaine appréciaient ce site remarquable. Plantés d’oliviers, de cyprès, d’orangers et de citronniers, les monts de l’arrière-pays descendent vers le golfe, profitant d’un exceptionnel micro-climat : ciel bleu, soleil estival, air marin et pluies de basse saison… C’est ici que la terre produit les meilleurs citrons d’Italie.
Sorrento est aussi un port (bateaux réguliers pour Capri) et une bonne base, avant ou après une virée sur la côte amalfitaine. Le centre historique et les rues piétonnes, aux immeubles anciens rénovés, s’étirent entre le corso Italia (l’artère principale) et le port, la piazza Tasso en marquant le centre.
Moins bourdonnante que Naples, cette ville fut aussi la cité de cœur d’Enrico Caruso (1873-1921), une des plus belles voix d’opéra de tous les temps. Le célèbre ténor napolitain y louait une suite à l’année à l’hôtel Excelsior-Vittoria. Ce vieux et luxueux palace, fondé en 1834, est toujours ouvert aujourd’hui…
La côte amalfitaine, quand la nature imite l’art
De Sorrento, la route grimpe en sinuant sur les flancs montagneux de la péninsule. Des citronniers et des orangers exhalent des parfums envoûtants dignes du jardin d’Eden, des bougainvillées couvrent les murs des villas… c’est un incroyable paysage de peintre, « pittoresque » signifiant littéralement « qui est digne d’être peint ».
Au village de Sant’Agata sui Due Golfi, la vue s’étend des deux côtés, surplombant à la fois le golfe de Salerno et celui de Sorrento. Et voici que commence vraiment la route de la côte amalfitaine. Son nom légendaire a fait le tour du monde, pas mal pour cette route à deux voies d’à peine 80 km au total, de Sant’Agata à Salerno !
Il n’y avait aucun moyen de passer jusqu’au XIXe siècle, même pas un sentier de muletier. La route c’était la mer. On se déplaçait en bateau de port en port, de village en village. Imaginez ! Titanesque fut le chantier de construction de cette route terrestre. Il fallut éventrer la montagne, fracturer les falaises à grands coups d’explosifs, creuser des tunnels, tout en évitant de tomber dans le vide.
La route ouverte, on y a ajouté aujourd’hui des parapets protecteurs, des panneaux, et des feux de circulation alternée. Les voitures doivent rouler lentement, se croiser en se frôlant, l’étroitesse et le danger ne sont-ils pas les meilleures leçons de prévention ? Chacun est prudent et les accidents sont très rares.
Mieux vaut néanmoins être à deux dans la voiture, car seul au volant, absorbé par la conduite, vous ne pourrez pas admirer la vue époustouflante de cette côte amalfitaine classée depuis 1997 au Patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.
Positano et le Sentier des Dieux
« Ce n’est pas possible mais cela existe » s’exclama Le Corbusier en voyant les maisons agglutinées aux vertigineuses falaises des villages.
Positano ! Une petite ville agrippée à une montagne pliée comme un entonnoir glissant vers la mer, des demeures aux couleurs vives au bord d’un unique chemin menant à une petite plage de sable gris volcanique. Tout est en pente ici, rien de plat ou presque rien…
En descendant la via dei Mulini, un vieux palais abrite un luxueux hôtel, le Palazzo Murat. Fils d’un pauvre aubergiste, devenu maréchal d’Empire, Joachim Murat épousa Carolina Bonaparte et devint le beau-frère de Napoléon.
Après la conquête française de Naples et du sud de l’Italie, Murat fut couronné roi de Naples de 1808 à 1815. Il expropria les propriétaires de ce palais du XVIIIe siècle pour en faire sa résidence d’été, et y recevoir discrètement ses maîtresses.
Très haut perché au-dessus de Positano, après Montepertuso, le village de Nocelle est un merveilleux cul-de-sac dans un environnement divin. C’est ici que débute Le Sentier des Dieux (il sentiero degli Dei), un chemin panoramique reliant Nocelle à Bomberano (dans les hauteurs de Praiano). « Réveillez le rêve en empruntant le Sentier des Dieux qui surplombe la baie magique des Sirènes » écrit Italo Calvino.
Rendez-vous donc au bout du village de Nocelle (interdit aux voitures) au niveau de la Casa Cucarro (excellente adresse du Routard). Le sentier sinue ensuite à flanc de montagne, dans la garrigue avec des échappées époustouflantes sur la mer Tyrrhénienne.
Après environ 3h de marche, on arrive à Bomberano… à moins qu’une muse divine ne vous ait retenu en route !
Amalfi, une destinée liée la mer
« Quand les habitants d’Amalfi gagnent le paradis, pour eux, ce n’est qu’un jour comme un autre » a dit le peintre italien Renato Fuccini.
À Amalfi, même splendide paysage qu’à Positano, mais avec une histoire plus riche. Inaccessible par la terre, la cité se tourna très tôt vers la mer. Amalfi développa sa flotte et devint au Xe siècle la première république maritime italienne, dirigée par un duc reconnu par Byzance (Constantinople).
Comme Venise elle entretenait un commerce très actif avec l’Orient, où elle possédait de nombreux comptoirs. Rien qu’à Constantinople, la communauté amalfitaine était plus importante que la colonie vénitienne ! C’est un marchand d’Amalfi qui fonda à Jérusalem l’hôpital Saint-Jean, à l’origine de l’ordre militaire des Hospitaliers.
Ce coin de la côte a séduit plusieurs célébrités dont le danseur russe Rudolf Noureïev qui posséda un des îlots de l’archipel Li Galli au large. Selon Homère, c’est aux abords de ces îles qu’Ulysse fut séduit par le chant des sirènes, ces divinités au visage de femme avec des ailes et des pattes d’oiseaux. Pour entendre leur chant sans devenir leur victime, il s’attacha au mât de son bateau tandis que ses marins se bouchèrent les oreilles avec de la cire.
Détachons-nous à présent pour admirer le style byzantin du Duomo, la belle cathédrale d’Amalfi, construite au XIe s. avec une imposante façade polychrome fermée par une porte en bronze fondue à Constantinople. Voilà le monument le plus expressif de l’histoire amalfitaine. Sur le flanc gauche du duomo, le cloître du Paradis (chiostro del Paradiso) mérite bien son nom, avec son jardin entouré de galeries aux arcades de style oriental.
Ravello, refuge des âmes inspirées
À 5 km d’Amalfi à vol d’oiseau, Ravello semble pourtant si lointaine ! Après 16 km d’une route étroite et sinueuse, on arrive enfin dans ce nid d’aigle loin de l’agitation du monde.
Miracle ou mirage ? Ravello surgit de la brume marine comme un belvédère sublime, niché dans des jardins de bougainvillées, de palmiers, de pins parasol.
Un des premiers à y trouver l’inspiration fut le toscan Boccace (XIVe s.). C’est surtout au XIXe s. que Ravello devint un refuge pour les âmes inspirées. À la recherche du cadre idéal pour son opéra Parsifal, Richard Wagner eut un coup de foudre dès son arrivée : « J’ai enfin trouvé les jardins de Klingsor ! » s’écria-t-il. Il séjourna plusieurs mois (en 1880) à la Villa Rufolo, dans ce paysage enchanteur. Parsifal est ainsi né à Ravello.
En 1926-1927, D.H. Lawrence y écrivit une bonne partie de L’Amant de Lady Chatterley , et André Gide termina « L’Immoraliste » au palais Vescovile (via dell’Episcopio).
Jacqueline Kennedy vint à Ravello pour se changer les idées. Acteurs et réalisateurs d’Hollywood s’y plaisaient. Truman Capote, John Huston et Humphrey Bogart y habitèrent le temps du tournage de Plus fort que le diable (1952-1953).
Dans ces années-là, Mamma Agatha était la cuisinière préférée des vedettes hollywoodiennes : Liz Taylor et Richard Burton, Lauren Bacall et Bogart. Ce dernier demandait à manger trois fois par jour de son succulent gâteau au citron. Le succès aidant, Chiara la fille de Mamma Agatha a ouvert une école de cuisine à Ravello.
Villa Cimbrone, une terrasse sur l’infini
Au fil des ruelles et des placettes de Ravello, quelques vieux palais chargés d’histoire s’offrent au regard. La villa Cimbrone appartient à ces demeures remarquables où l’on accède à pied par un adorable chemin fleuri à flanc de coteau.
En 1938, la star hollywoodienne Greta Garbo y cacha ses amours secrètes avec le chef d’orchestre Léopold Stokowski, déjà marié et de 23 ans son ainé. Poursuivi par les paparazzi, elle s’énerva contre un reporter « c’est cruel d’embêter les gens qui ne demandent qu’à vivre en paix ».
Ce petit palais du XIXe siècle découvert à l’état d’abandon, fut sauvé et restauré par lord Grimthorpe, un riche gentleman britannique qui aima Ravello. Il abrite à présent un hôtel de grand luxe. On ne visite pas la villa Cimbrone, mais le plus intéressant ce sont les jardins (6 ha) surplombant la mer Tyrrhénienne. Un incroyable balcon suspendu au-dessus de l’abîme !
Plusieurs scènes de film y furent tournées. La promenade commence par l’Avenue de l’Immensité qui aboutit à la Terrasse de l’Infini où une balustrade en pierre supporte une collection de bustes représentant des figures mythologiques. De gros papillons Machaon virevoltent au-dessus des hortensias, des dahlias, des magnolias et des camélias. Un petit paradis pour les volatiles et les humains !
Au bout du promontoire, le sentier passe près du Temple de Bacchus niché dans un bosquet, et la grotte d’Eve (statue d’Eve sculptée par un élève de Canova). Il traverse ensuite un vaste sous-bois avant de revenir au point de départ (la villa). Wagner classait la villa Cimbrone parmi les plus beaux sites d’Europe.
De Maiori à Salerno
Maiori n’est pas aussi connue que les autres localités de la côte amalfitaine. La petite ville ne s’agrippe pas à la montagne.
En 1946, Roberto Rossellini tourna Paisà à Maiori, un film avec Anna Magnani (avec laquelle il eut une liaison) et les scènes finales du Voyage en Italie (1954) avec Ingrid Bergman (qu’il épousa). Quelques vieux villageois s’en souviennent encore.
Le patron du Ristorante Paisà a décoré l’intérieur de son osteria sur le thème Rossellinien. Des scènes de ces deux films enjolivent le bar et les murs de la salle. Les cinéphiles aimeront cet endroit. On reconnaît bien la grave Anna Magnani et la superbe Ingrid Bergman.
Encore quelques virages serrés au niveau de Vietri sul Mare (très beau musée de la céramique), puis la route descend vers la plaine. Voici Salerno, ville étendue au fond d’une vaste baie, adossée à des collines. Aujourd’hui elle se trouve au cœur du triangle touristique dit Triangle des 3 P : Pompéi, Positano et Paestum.
Deuxième pôle économique de la région, son port de marine marchande accueille toute l’année des cargos remplis de conteneurs. Comme Naples, il y a un port, et le centre historique ne s’est pas « muséifié », le peuple et la bourgeoisie y cohabitent.
Les ruelles conduisent au Duomo (la cathédrale), qui mêle les styles lombard, normand et byzantin. Au sous-sol, la luxueuse crypte en marbre, qu’on croirait destinée à une sépulture impériale, abrite les reliques de l’apôtre Matthieu (saint Matthieu) depuis l’an 956. Saint Matthieu a dit : « le lampe du corps c’est l’œil ! ». Un œil ébloui par la beauté sublime de la côte amalfitaine.
Fiche pratique
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Office national du tourisme italien
Comment y aller ?
Vols quotidiens vers Naples, directs ou avec escale, depuis la France avec Air France, Alitalia, Transavia, EasyJet…
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Bus vers Sorrento au départ de l’aéroport de Naples.
Comment se déplacer ?
En voiture, circulation difficile le long de la côte car la route est sinueuse et étroite. De mi-mai à fin octobre et le week-end, s’attendre à des bouchons. Parkings rares et très chers. Camping-cars interdits entre Positano et Salerno.
Circulation alternée mise en place du printemps à l'automne. Voir les modalités pour 2024
En bus et en train, billets 1 ou 3 jours Unico Costiera
En bateau, liaisons entre Naples, Sorrento, Positano, Amalfi et Salerno.
Sorrento
- Camping Nube d’Argento : via Capo, 21. Compter 25-35 € pour 2 pers/nuit, avec une tente et une voiture. Probablement un des plus beaux campings de la côte Sorrentine. Situé à flanc de montagne, dans un paysage idyllique.
- Hotel Mignon : via Sersale, 9. Doubles 60-105 € selon saison, petit déj inclus.
- Ristorante Sacro e Profano : via Torquato Tasso, 53. Tel : 081-19-00-48-57. Ouv tlj jusqu’à 23h. Plats 9-15 €. Dans une ruelle du quartier historique, une cuisine sorrentine, sincère et soignée.
- Pizza A Metro da Gigino (Università della Pizza) : via Nicotera, 15, à Vico Equense, à 10 km de Sorrento sur la route de Naples. Ouv tlj 12h-3h du mat. Grandes pizzas au mètre 20-36 €, petite pizza individuelle 7-9 €. Une institution depuis 1945. On vient même de Rome pour y déguster des pizze confectionnées au mètre.
Positano
- Pensione Casa Guadagno : via Fornillo, 36. Congés : nov-fév. Doubles 55-150 €, selon saison et vue. Petit hôtel modeste perché au-dessus d’un bistrot de quartier (tranquille). Chambres claires et nettes, simplement arrangées (AC).
- Ristorante Il Ritrovo : via Montepertuso, 77 ; à l’entrée de Montepertuso, à 2 km de Positano. Ouv tlj 12h-16h et 18h30-23h. Menus 25-45 € ; carte 30-35 €. Mieux vaut réserver. Le jovial Salvatore aux fourneaux, Paolo au service : c’est une auberge familiale rustique et chaleureuse, parmi les meilleures de la côte. Il y a même une école de cuisine !
Amalfi
- B&B Villa Adriana : via Comite Orso, 6. Doubles 80-130 € selon saison. Parking 20 €/j. Au pied de la falaise rocheuse, une maison moderne, dans un environnement fleuri de jasmins et de citronniers, 5 chambres impeccables (AC), toutes avec petite terrasse (sauf une).
- Il Mulino : via delle Cartiere, 36. Depuis le centre, remonter la via Capuano, pdt 10 mn. Ouv tlj sf lun. Repas 20-25 € ; pizze 6-10 €.
Ravello
- Agriturismo Monte Brusara : via Monte Brusara, 32, à env 2 km de Ravello. Doubles 90-100 €, petit déj compris. ½ pens 60-65 €/pers. Parking. CB refusées. Encore une merveilleuse adresse bénie des dieux ! Une situation étonnante et bucolique, dans un hameau isolé sur les hauteurs de Ravello.
- Pizzeria Mimi : via San Francesco, 6/8. Tel : 089-85-71-34. Ouv tlj midi et soir, sf lun soir. Pizze et plats 7-12 €. A 300 m de la piazza del Duomo (place centrale), sur le chemin piétonnier qui monte à la Villa Cimbrone, après le Convento San Francesco.
Maiori
- Ristorante Paisà : piazza d’Amato, 2, à Maiori. Tel : 089-87-71-36. Ouv tlj jusqu’à minuit. Plats 8-15 €. Pizze 4-8 €. L’intérieur de ce resto est consacré aux films que Rossellini tourna à Maiori (Paisà et Le Voyage en Italie). On y sert une bonne cuisine classique et notamment des pâtes Paccheri al sugo di scorfano (pâtes, tomates, olives, câpres).
Salerno
- Ostello Ave Gratia Plena : via dei Canali. Réception 7h-minuit. Nuitée env 16-20 €/pers en dortoir ; 28-30€/pers en chambre double ou triple, petit déj inclus. Remarquable auberge de jeunesse qui occupe un bâtiment historique du XVIe s., adossé à une église.
- Osteria Ciccioformaggio : piazza Flavio Gioia, 18. Tel : 089-23-72-42. Ouv tlj sf lun. Plats 10-15 €. Entre le bord de mer et le Corso Vittorio Emanuele (rue piétonne), tous les bons plats de la cuisine de Campanie, à des prix sages.
Réservez votre hôtel sur la côte amalfitaine
Texte : Olivier Page