Le Donegal : l’Irlande grandeur nature
Que voir, que faire dans le Donegal en Irlande ?
Le Donegal, le comté le plus septentrional de l’Irlande, déploie des paysages à la beauté sauvage, avec ses falaises battues par des vents puissants, ses montagnes et ses landes rehaussées du jaune vif des ajoncs. Son climat rude est compensé par la chaleur de ses habitants, qui cultivent leurs traditions et une forte culture gaélique.
De Fanad Head à Killybegs, partons à la rencontre d’une région attachante, encore peu connue, qui réserve de belles surprises. Une étape de plus à explorer sur le Wild Atlantic Way, la route touristique qui longe la côte ouest de l’Irlande sur 2 500 km.
Préparez votre voyage avec nos partenairesFanad Head, le phare du bout du monde
Juché sur une pointe du nord du Donegal, le phare blanc de Fanad Head semble défier la mer déchaînée, à l’entrée du port naturel de Lough Swilly. Un endroit particulièrement périlleux pour les marins. C’est d’ailleurs suite à un naufrage que fut décidée la construction du phare : celui de la frégate Saldanha, survenu en 1811, et dont le seul survivant fut… le perroquet de l’équipage.
Aujourd’hui, il est toujours en activité, et sert de repère aux navires qui croisent au large. Plusieurs hébergements y ont été aménagés, séduisant les visiteurs qui rêvent de passer une nuit (ou plus) au bout du monde.
Pour avoir une vue panoramique sur le paysage alentour et jeter un coup d’œil à la lanterne, on peut grimper les 79 marches menant au sommet du phare, qui domine les flots de 39 m.
De retour sur la terre ferme, on luttera contre le vent cinglant en se promenant sur le promontoire rocheux sur lequel le phare est édifié, le temps d’admirer la force des vagues qui viennent se fracasser sur les rochers déchiquetés en contrebas.
De belles balades sont à faire sur la péninsule de Fanad Head. En redescendant vers le sud, on peut notamment s’arrêter sur la grande plage de Portsalon, réputée être l’une des plus belles d’Irlande.
Enfin, situé tout au nord du Donegal, Fanad Head est battu d’une courte tête par le cap de Malin Head, point le plus septentrional d’Irlande (mais aussi l’un des plus ensoleillés !), qui se trouve sur la péninsule voisine d’Inishowen.
Le château de Glenveagh et son jardin exotique
Au cœur du Donegal, le château de Glenveagh (Glenveagh Castle) a une histoire curieuse. En 1857, un certain capitaine John George Adair, ayant fait fortune aux Etats-Unis, créa le domaine de Glenveagh. En 1861, estimant que les petites maisons traditionnelles (blakhouses) installées sur ses terres étaient inesthétiques, il n’hésita pas à expulser les quelque 244 personnes qui vivaient là, par un froid mois d’avril : une décision qui lui valut de rentrer dans le folklore populaire comme la figure type de l’homme cruel. Adair mourut moins de 15 ans après la construction de son château.
Dans les années 1920, la demeure fut occupée par l’IRA, puis par l’armée, avant d’être rachetée par un professeur de Harvard, qui disparut mystérieusement du jour au lendemain, en se rendant sur l’île d’Inishbofin en 1933... Depuis 1981, le château appartient à l’Etat et est géré par le parc national de Glenveagh.
Dressé face au Lough Veagh, il a été bâti en granit local, dans un style écossais, convoquant tout l’imaginaire féodal avec sa tour carrée, son donjon, ses créneaux et ses murs épais.
Tranchant avec cette austérité et celle des montagnes pelées environnantes, de luxuriants jardins ont été aménagés sous la houlette de la veuve du capitaine Adair (apparemment plus avenante que son défunt mari).
On y découvre une débauche de plantes exotiques : palmiers, érables du Japon, azalées rouges et d’énormes rhododendrons. On y croise aussi un chêne respectable, vieux de 340 ans, et des statues asiatiques.
Après la visite guidée du château, ne pas hésiter à faire une pause au salon de thé. Les gourmands y trouveront des gâteaux tout à fait dignes d’intérêt.
Dans le parc national de Glenveagh
Etendu sur 16 000 hectares, le parc national de Glenveagh attire les amoureux des grands espaces et de nature sauvage. Coupé en deux par la vallée qui lui a donné son nom (glen venant du gaélique gleann, désignant une vallée d’origine glaciaire), il décline des paysages de montagnes, de landes, de forêts denses et de tourbières, ponctués de lacs, dont le plus grand est le Lough Veagh.
La majeure partie de la chaîne montagneuse des Derryveagh Mountains se trouve sur son territoire, ainsi qu’une partie du mont Errigal, le deuxième plus haut d’Irlande (752 m). À condition d’être un peu sportif, on peut y accéder en partant de Dunlewey, pour profiter d’une vue magique sur tous les alentours, l’océan Atlantique et les îles.
Avant de partir randonner dans les montagnes, il est recommandé de signaler sa présence et son itinéraire au centre d’accueil du parc, situé à l’extrémité nord du Lough Veagh. Ceux qui ne sont pas des marcheurs avertis opteront plutôt pour des balades faciles, comme le View Point Trail, une boucle de 1 km qui permet de dominer tout le paysage et le château.
Parmi les animaux visibles dans le parc, on mentionnera de nombreuses espèces d’oiseaux, dont l’aigle royal, qui est l’objet d’un programme de réintroduction. Deux grandes hardes de cerfs (red deers) vivent également ici, n’hésitant pas à venir brouter les jeunes pousses dans les espaces verts du château, au grand désespoir des jardiniers.
Après avoir usé vos chaussures de rando sur les sentiers du parc national, vous pourrez aller jeter un coup d’œil à la Dunlewey Church, une romantique église en ruines du 19e siècle, installée au pied du mont Errigal et dominant le Lough Dunlewey. Une vraie carte postale irlandaise, coqueluche de tous les photographes.
Glenveagh National Park. Le centre d’accueil (Visitor Centre) est ouvert de 9h15 à 17h30 du 17 mars au 13 octobre, et de 9h à 17h de novembre à mars. L’entrée du parc est gratuite. Pour aller au château, on peut soit marcher 4 km, soit prendre la navette (3 €). Visite du château : 7 €. http://www.glenveaghnationalpark.ie
Les falaises de Slieve League : grandiose !
C’est l’endroit où l’on est, à coup sûr, estomaqué par la splendeur sauvage de la nature irlandaise. A la pointe sud-ouest du Donegal, à environ 7 km de Carrick, les abruptes falaises de Slieve League se jettent dans la mer. Culminant à 609 m, elles figurent parmi les plus hautes d’Europe.
Ceux qui ont envie de marcher pourront suivre le One Man’s Path, un étroit sentier serpentant sur les crêtes, pas toujours praticable et à déconseiller aux personnes sujettes au vertige… Arrivés au col, les randonneurs entraînés continueront sur la boucle du Pilgrim's Path. Les autres privilégieront le sentier de Bunglas à Malinbeg, moins difficile.
Plus simplement, depuis les belvédères aménagés non loin du parking, on peut aussi se contenter de regarder le spectacle fascinant des flots bouillonnants venant s’écraser contre les falaises qui plongent à pic dans la mer.
Et pourquoi ne pas faire une petite balade sur la lande qui borde le précipice ? Attention à ne pas trop vous approcher du vide : le terrain peut être glissant, et les vents puissants. En chemin, vous croiserez forcément des moutons blancs à tête noire, paissant paisiblement, pas effrayés du tout par les nombreux visiteurs qui fréquentent les lieux.
Après cette balade revigorante et iodée, vous aurez bien mérité un Irish coffee dans un des pubs de Carrick !
Le cœur de l’Irlande bat au Donegal
Au Donegal, on cultive avec force l’identité et la culture irlandaises. La langue gaélique est très présente et les drapeaux nationaux vert, blanc, orange flottent un peu partout. Le fait que le comté soit coincé entre l’océan et l’Irlande du Nord, en territoire anglais, y est sans doute pour quelque chose.
Dans les pubs, on écoute de la musique traditionnelle en dégustant l’une des sept bières de la petite brasserie Kinnegar, installée près de Letterkenny.
Arrêt obligatoire à la Leo’s Tavern, à Meenaleck (pas loin de Donegal), un lieu mythique. Sur la façade, le nom gaélique se détache : Tabhairne Leo. C’est ici que grandirent la chanteuse Enya et ses frères et sœurs, membres du groupe Clannad (« famille », en gaélique). Sur les murs, s’affichent les disques d’or et de platine, ainsi que les photos des célébrités qui sont venues ici. Même Bono est venu y passer un moment, c’est dire !
Aujourd’hui, si Leo, le père et fondateur de la taverne (en 1968), est décédé l’année dernière, son fils Bartley poursuit l’œuvre familiale avec autant de passion. Et, bien sûr, des concerts y sont régulièrement organisés.
Un héritage bien gardé
Plus au sud, à Ardara, c’est l’artisanat qui est à l’honneur, avec le tweed et la laine. Eddie Doherty y a son atelier-boutique. À plus de 75 ans, il est l’un des trois derniers tisseurs du Donegal à fabriquer du tweed et des couvertures en pure laine de manière artisanale, sur un métier à tisser ancien.
Egalement à Ardara, la famille Molloy est dans le tweed et les lainages depuis cinq générations. Passée progressivement du « fait main » à la mécanisation et à l’électronique, l’entreprise fait aussi appel à quelque 300 couturières à domicile. Des visites des ateliers sont organisées tous les jours en été (et à la demande le reste de l’année).
Pour faire un bond dans le passé et voir la manière dont vivaient les habitants du Donegal autrefois, direction le Glencolmcille Folk Village, qui fête ses 50 ans cette année. On y découvre notamment un pub-épicerie, une maison de pêcheur, une école du 19e siècle, et le cottage du Père McDyer, qui a fondé ce village-musée et a œuvré pour développer l’économie locale dans les années 1950. Dans la boutique, on trouve aussi plein de produits locaux, avec, bien sûr, de la laine et du tweed !
Avant de repartir, n’oubliez pas d’aller vous promener sur le grand port de pêche de Killybegs, où sont amarrés des chalutiers aux couleurs vives. Il s’y passe toujours quelque chose.
Fiche pratique
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Comment y aller et se déplacer ?
Il n’y a pas de vol direct pour le Donegal depuis Paris. Il faut donc faire escale à Dublin, avant de prendre une correspondance pour l’aéroport de Donegal (avec Aer Lingus, British Airways…).
Un conseil : ne manquez pas de regarder par le hublot lorsque l’avion descend sur l’aéroport de Donegal, qui vient d’être classé 2e parmi les plus spectaculaires du monde (par la société Private Fly). Et pour cause : la vue sur la mer aux tons turquoise, la plage de Carrickfinn et le mont Errigal est tout simplement magnifique.
Une fois sur place, vous pouvez louer une voiture (ici, on roule à gauche), histoire de pouvoir sillonner la région. Sinon, il y a aussi des cars.
Où dormir ?
- Castle Grove Country House, à Letterkenny. Une belle demeure de 1695, à la décoration classique, entourée de jardins soignés. On se délasse devant la cheminée, avant de passer à table au restaurant, qui propose une cuisine raffinée dans un cadre élégant. Chambre double à partir de 120 €, petit déjeuner inclus.
- Woodhill House, à Ardara. Pas très loin du centre-ville d’Ardara, ce manoir propose des chambres de style classique dans le bâtiment principal et d’autres dans l’annexe, donnant sur le jardin. L’accueil est particulièrement sympathique, et le soir, on se régale au restaurant de l’hôtel. Chambre double à partir de 120 €, avec le petit déjeuner.
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Où manger ? Où boire un verre ?
- Nancy’s. C’est le pub incontournable d’Ardara. On apprécie ses petites salles à la déco typique et l’accueil sympa. On y boit de la Guinness (ou de la Kinnegar), à moins qu’on ne préfère le whiskey. Et, « cherry on the cake », on y mange très bien. Au menu : huîtres, saumon fumé du Donegal ou encore la seafood chowder, cette soupe de poisson épaisse, typiquement irlandaise. Ambiance authentique garantie !
- Leo’s Tavern à Meenaleck. L’un des pubs mythiques du Donegal, essentiellement pour ses concerts. A ne pas manquer.
Shopping
AlgAran. Installée à Malinmore, Italienne Rosaria Piseri s’est lancée dans la production de produits à base d’algues, ramassées sur les rivages du Donegal et séchées dans son atelier de production, où elle organise des visites. Juste à côté, dans le magasin qu’elle vient d’ouvrir, on trouve des algues alimentaires séchées, mais aussi des condiments, des savons, des crèmes ou des sels de bain. Le tout bio.
Texte : Olivia Le Sidaner
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