Vietnam, l’autre pays du bien-être
Comme d’autres pays asiatiques, le Vietnam est versé dans la recherche de la félicité corporelle et spirituelle. Santé et bien-être y sont étroitement liés, alliant la médecine traditionnelle, des techniques de décontraction, des exercices physiques, et même des soins du corps plutôt surprenants. Partons à la découverte d’une facette méconnue – et délectable – du Vietnam.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLe Vietnam et sa médecine traditionnelle
Fruit d'une longue histoire commune, la médecine traditionnelle vietnamienne emprunte beaucoup à sa grande sœur chinoise. Elle s'appuie sur 3 grands piliers :
- Les énergies (Qi) définissant des canaux internes aux corps (méridiens), distincts des veines ou des nerfs.
- Les 5 éléments fondamentaux : le bois, le feu, la terre, l'eau, le métal correspondant chacun à des organes, sens, tissus, sécrétions... Par exemple, le bois se rapporte au foie, aux muscles, à la vue, aux larmes.
- La nature des choses : le Yin (rattaché aux viscères, aux entrailles) et le Yang (en lien avec la peau, les muscles et les os).
Le corps humain est assimilé à un arbre composé de 5 racines, 12 branches portant chacune 2 rameaux et 2 feuilles par rameau. L’entretenir et le soigner ne repose pas seulement sur la prise d’une pilule matin, midi et soir, mais sur plusieurs disciplines combinées : l'acupuncture, la pharmacopée, les massages (acupressure), la diététique et les arts martiaux (Võ Thuật). À noter que les praticiens vietnamiens combinent ces connaissances médicales à des qualités créatives (musique, peinture, poésie...). L'intuition ayant une grande importance dans le diagnostic.
Bon à (sa)voir : le Musée de la médecine traditionnelle vietnamienne à Ho-Chi-Minh-Ville.
L'acupuncture, une tradition vietnamienne
L'acupuncture se pratique depuis bien longtemps au Vietnam.
Des pierres polies ou des bambous aiguisés étaient employés (2e s av. J.-C.), remplacés plus tard par des aiguilles de cuivre ou de métaux précieux. Au 1er s, 365 points d'acupuncture étaient définis (autant que de jours dans l'année... et que de plantes dans la pharmacopée d'alors). À la fin du 14e s, ces techniques de soin sont promues auprès de la population vietnamienne par l'empereur Ho Qui Ly.
Puis, paraît en Chine, au tout début du 17e s, l'un des écrits les plus complets sur l'acupuncture, le Zhen Jiu Da Cheng, avant que le célèbre médecin Lê Huu Trac (18e s) ne pose les fondements d'une médecine vietnamienne distincte de la médecine chinoise.
De nos jours, l'acupuncture a plus que jamais sa place dans le système de soins, aux côtés de la médecine dite moderne. Et pas uniquement pour des problèmes rhumatologiques ou pour arrêter de fumer. Certaines anesthésies se font sous acupuncture plutôt que de façon chimique. Elle soigne également des problèmes moteurs, des chocs traumatiques (perte de parole...), des angines, coliques, rages de dents...
La pharmacopée vietnamienne fait parler la poudre !
Le premier ouvrage lié à la pharmacopée chinoise (2e s av. J.-C.) recensait 200 plantes dotées de vertus curatives. Trois siècles plus tard, le Sheng Nong Bencao répertorie 365 drogues d'origines végétale, animale ou minérale. Le 9e s accouchera des premières pharmacies proposant des potions « prêt-à-soigner » (et plus seulement fabriquées au cas par cas).
Au 14e s, un traité de médecine vietnamienne de 11 livres, le Nam Dược Thần Hiệu, identifie 182 maladies à soigner par quelque 4 000 remèdes. Le Vietnam ayant un climat très différent de celui de la Chine, les plantes, animaux et minéraux employés dans les drogues diffèrent sensiblement.
Cette pharmacopée traditionnelle demeure très ancrée dans le quotidien des Vietnamiens. Les marchés recèlent des étals où sont proposées des substances « exotiques » à nos yeux occidentaux. Des hippocampes, étoiles de mer et autres serpents séchés... Le quartier chinois d'Ho Chi Minh-Ville voit également fleurir des officines en tout genre. Les pharmaciens y sèchent, décortiquent, émondent toutes sortes de plantes, racines ou substances avant de les peser, broyer, mélanger.
On vous passe certains appétits malsains, qui relèvent de la superstition plus que de la médecine traditionnelle : pénis de tigre ou poudre de corne de rhinocéros pour la libido de monsieur... et qui induisent, jusqu'en Afrique, le braconnage d'espèces en voie de disparition !
Le Dâm Bop Tâm Quât : massage à la vietnamienne
Les Occidentaux réduisent souvent le massage à un moment de plaisir passager. On se fait « tripatouiller », on se rhabille, on paye la prestation et c'est reparti pour un tour de stress. En réalité, en Asie, le massage forme un tout avec la médecine traditionnelle et le contrôle de son corps. Aux côtés des techniques venues d'Inde, de Chine et de Thaïlande, le Vietnam compte aussi de solides traditions dans cette discipline.
Au Vietnam, on « tapote » et on « pince » (traduction littérale de Dâm Bop Tâm Quât) avec les doigts, la paume et le tranchant des mains. Des points de compression sont exercés sur tout le corps, du cuir chevelu jusqu'aux doigts de pieds pour drainer les lignes d'énergie. Des tapotis et vibrations redynamisent la masse musculaire. Des étirements assouplissent les articulations. Le résultat est plutôt agréable.
L'opération peut s'accompagner d'un baume (lavande, noix de coco, vitaminé...). On peut aussi vous couvrir le dos de pierres chaudes, emmaillotées dans une serviette éponge, avant de vous en masser l'échine et l'arrière des jambes. À noter enfin, la pratique courante de la réflexologie plantaire : chaque partie du pied correspondant à un point d'énergie ou à un organe.
Certains centres pratiquent le massage thaï, tonique, voire traumatisant pour les plus douillets. Les pouces y sont employés, mais aussi le coude (ouille !), et le masseur grimpe parfois carrément sur le patient, pour le piétiner (aïe !).
Centres et lieux de massage
Difficile d'avoir une cartographie précise des bons plans quand on n'est que de passage. Mais les quartiers touristiques foisonnent de salons qui hèlent le chaland d'un sempiternel « Massaaaaa ». Tous ne se valent pas en qualité et en hygiène.
Ajoutons que les centres de massage populaires ne sont ni glamour ni confortables. Une bordée de couches séparées par de fins rideaux pour assurer une intimité minimale. Nombre de ces centres emploient des personnes aveugles, généralement dotées d'un toucher très sensible (et puis, ça leur offre un job). Masseurs et clients y papotent beaucoup et ce ne sont donc pas des lieux très zen.
Plus cosy, voire luxueux, certains hôtels chic proposent aussi des soins. C'est évidemment moins typique et bien plus onéreux.
Et puis il y a le cas assez particulier des « massages de rue », courants dans les zones touristiques. On vous massera au choix le cou, les épaules, le visage, les pieds... Certains se font même poser des ventouses (ce qui suppose de se mettre torse nu) à la terrasse de certains bars : très visuel, ça fait rire les copains et ça déclenche le cliquetis des appareils photo des passants.
Dernier exemple d'un massage courant qui n'a pourtant rien à voir avec un centre spécialisé : sachez que dans la plus petite des officines de coiffeur, une coupe de cheveux dure 1 h minimum. Le moment du shampoing s'éternisant autour d'un massage très délassant du cuir chevelu, du front et du visage.
Bon à savoir : massages de 60-90 min, compter 200 000 Dg dans un centre de massage populaire (soit 8 €) et jusqu'à 25-30 € dans des lieux plus chics. Vérifier les équipements, la propreté et les prestations avant de vous décider.
Hôt Tóc... des soins qui en (dé)bouchent un coin !
Le Hôt Tóc ? C'est une discipline traditionnelle pratiquée par certains coiffeurs. Unique au monde, à notre connaissance, elle est censée apporter une forme de bien-être. Il s'agit d'un curetage approfondi des oreilles. Vous avez bien entendu !
On vous installe, quasi allongé, sur le fauteuil du barbier. Équipé d'une puissante lampe frontale, il chausse des lunettes grossissantes et fourbit son attirail. De longues tiges métalliques. À chacune sa fonction. Il y a le rasoir, le grattoir, l'étoupe... À voir cet é(pou)vantail, on avale sa salive et on se contracte légèrement sur le siège.
Commence le rasage des poils du lobe et du pavillon. Petits gestes secs pratiqués avec dextérité. Puis, le curetage proprement dit s'engage : la longue et fine tige métallique s'enfonce dans le canal de l'oreille pour en extraire le cérumen. Ce n'est pas QUE le bord de l'oreille qui est ainsi exploré, mais la tige va vraiment (vraiment !) profond. Très impressionnant. Parfois, le barbier pousse une exclamation, extrait un morceau de cire un peu plus important et vous l'exhibe.
Puis, ultime lustrage, intervient l'étoupe, généreusement enfoncée dans le canal, tournée et retournée avec vélocité, puis ressortie avec un petit mouvement tournant du poignet. Cela conclut le curetage. Ouf !
L'intérieur de l'oreille étant pourvu de multiples terminaisons nerveuses, ce Hôt Tóc est censé provoquer une sensation de bien-être, voire d'extase. La première fois, on parlerait plutôt d'une impression de torture... Les accoudoirs des fauteuils de coiffeurs portent d’ailleurs la trace des ongles des rares touristes qui s'y hasardent.
Bon à savoir : compter 15 minutes la séance et 80 000 Dg (soit 3,50 €).
Fiche pratique
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- Association des aveugles de Hô Chi Minh-Ville : 185 Cong Qu’ynh, en face du marché Cho Thai Binh. Institut regroupant des malvoyants formés au massage traditionnel. Le lieu n’est pas cosy, mais l’expérience vaut le détour. Compter 70 000-80 000 dong pour 1 h de massage.
- Pharmacopée traditionnelle chinoise : Thuan Loi 108, Ha Thuong Lan Ong, quartier 5 à Hô Chi Minh-Ville. Au cœur de Cholon, une boutique vendant plantes médicinales, lézards desséchés, scorpions et serpents marinés dans de l’alcool de riz…
Texte : Fabrice Doumergue