Palerme, nos coups de cœur

Palerme, nos coups de cœur
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Que voir, que faire à Palerme ? Découvrez nos coups de coeur !

Des Phéniciens aux Autrichiens, en passant par les Byzantins, les Arabes, les Normands ou les Aragonais, plusieurs peuples et cultures se sont succédé à Palerme jusqu'à son intégration à l'Italie en 1860. Ils ont légué à la capitale de la Sicile un patrimoine d’une étourdissante richesse, auquel la patine du temps a conféré un charme fou, conjuguant décadence aristocratique et énergie populaire. Car Palerme n’a rien d’une ville-musée. Il suffit d’arpenter ses ruelles et ses marchés grouillants de vie, au pied de palais souvent délabrés, pour s’en convaincre : lovée entre mer et montagne, foisonnante et frénétique, profondément sicilienne et métissée, Palerme est l’une des villes les plus fascinantes d’Italie. L’un des moments forts d’un voyage en Sicile.

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La chapelle Palatine, chef-d’œuvre du palais des Normands

La chapelle Palatine, chef-d’œuvre du palais des Normands
Chapelle Palatine © EleSi - stock.adobe.com

Attention, chef-d’œuvre ! Nichée au cœur du palais des Normands, fortification arabe du 9e s remaniée par les Normands au Moyen Âge (aujourd’hui parlement de Sicile), la chapelle Palatine (12e s) est l’un des sommets de l’art arabo-normand, qui a fleuri dans la Sicile médiévale. Entièrement recouvert de mosaïques à fond d’or, l’intérieur de la chapelle, d’une beauté époustouflante, représente des scènes bibliques majeures aux côtés d’un Christ en majesté dans un style byzantin. Des muqarnas, typiques de l’art islamique, complètent l’ornementation exceptionnelle de cette chapelle, parfait exemple de syncrétisme artistique.

Après la visite de la chapelle, on peut également visiter les appartements royaux du palais, les jours où le parlement ne siège pas, ou prendre le frais dans les jardins où un ficus géant enserre un pin parasol. Un autre chef-d’œuvre, bien naturel cette fois…

La cathédrale de Palerme, ou l’art de la fusion

La cathédrale de Palerme, ou l’art de la fusion
Cathédrale de Palerme © lapas77 - Fotolia

À proximité du palais des Normands, la cathédrale de Palerme est également un splendide exemple de fusion entre les arts et les cultures. Bâtie au 12e s à l’emplacement d’une ancienne basilique romaine transformée en mosquée, elle impressionne par des dimensions et l’éclectisme foisonnant de son architecture extérieure.

Car cet édifice arabo-normand s’est enrichi au fil des siècles de deux tours, d’un attrayant porche à colonne gothique catalan et d’une superbe porte sculptée ou encore d’une nef baroque, remaniée et coiffée d’un dôme à la fin du 18e s. Le parvis, agrémenté d’un petit jardin planté de palmiers, offre un très beau point de vue sur l’ensemble. Un monument emblématique de l’histoire de Palerme par son hétérogénéité de styles.

La Martorana et le palais de la Zisa, autres trésors arabo-normands de Palerme

La Martorana et le palais de la Zisa, autres trésors arabo-normands de Palerme
La Martorana et l’église San Cataldo © wildman - stock.adobe.com

Le court règne des Normands en Sicile (1130-1194) a légué un patrimoine exceptionnel à Palerme et dans ses environs, avec pas moins de 9 sites arabo-normands inscrits à l’Unesco, témoignant de la fusion entre les cultures occidentale, byzantine et islamique.

Située au cœur du vieux Palerme, sur la très belle piazza Bellini, l’église Santa Maria dell’Ammiraglio (12e s), dite La Martorana, recèle également de magnifiques mosaïques byzantines. Un palmier la sépare de l’église San Cataldo, érigée à la même époque, et combinant un plan basilical rectangulaire avec des dômes rouges à bulbe de style oriental.

Château de la Zisa © lapas77 - stock.adobe.com

Légèrement excentré quant à lui, le château de la Zisa, de l’arabe al-Aziz (« la splendeur »), porte bien son nom. Palais de plaisance de style arabo-normand, il était doté d’un système de climatisation unique au Moyen Âge grâce à un ingénieux système de ventilation et de circulation de l’air. À l’intérieur, un petit musée recèle des pièces rares, comme une pierre tombale du 12e s en 4 langues (hébreu, latin, grec et arabe), ainsi qu’une belle salle de la fontaine ornée de mosaïques et de muqarnas.

Les palais de Palerme, des voyages dans le temps

Les palais de Palerme, des voyages dans le temps
Palazzo Mirto © Jean-Philippe Damiani

Au 18e s, la Sicile était un royaume (sous domination des Bourbons) et Palerme une capitale où il était de bon goût d’avoir son palais. Princes, ducs, comtes et marquis rivalisaient de prodigalités pour édifier et entretenir leurs demeures. Aujourd’hui encore, le vieux Palerme regorge d’anciens palais, témoignant d’un âge d’or, singulièrement défraîchi toutefois. 

La plupart sont délabrés, et l’on a parfois du mal à imaginer la magnificence d'antan devant les façades lézardées et les balcons branlants de ces splendeurs d’un autre âge. Et pourtant, le charme de Palerme est bel et bien là, au fil de ces balades urbaines à la recherche du temps perdu…

Quelques palais, ouverts au public, permettent de revivre, le temps d’une visite, les fastes de la Palerme d’autrefois, à commencer par le Palazzo Gangi où Luchino Visconti tourna la fameuse scène de bal du Guépard avec Alain Delon et Claudia Cardinale. Réservation à l’avance obligatoire et visite très chère (50 €).

D’autres sites sont toutefois plus accessibles : le Palazzo Comitini, qui abrite aujourd’hui le conseil de la province, très bien restauré et entretenu avec sa décoration baroque, ses fresques et ses superbes majoliques ; le palazzo Alliata di Villafranca et le palazzo Mirto dont la trentaine de salles ont conservé leur décoration et leur mobilier d’époque, pas toujours bien entretenu. De vraies machines à remonter le temps…

Balade dans la vieille ville : Palerme fait son show

Balade dans la vieille ville : Palerme fait son show
Quattro Canti © lapas77 - stock.adobe.com

Ponctué de palais, d’églises, de cours et de passages secrets, strié de venelles et de ruelles – dont certaines ont parfois l’air de coupe-gorges – bordées d’immeubles populaires où le linge est suspendu aux fenêtres, le vieux Palerme offre en journée un spectacle de rue permanent.

On peut par exemple partir du superbe carrefour des Quattro Canti, nombril de la ville, flanqué de 4 bâtiments à façade concave ornés de fontaines surmontées de statues, pour flâner sur l’élégante via Maqueda, l’artère principale (piétonne) où se succèdent les demeures aristocratiques pas toujours en bon état.

Piazza Pretoria © banepetkovic - stock.adobe.com

Arrêt obligatoire sur la piazza Pretoria où se dresse la mairie de Palerme et surtout une étonnante fontaine baroque ornée de nus et de figures étranges, à l’atmosphère presque surréaliste à la nuit tombée.

Juste après, sur la piazza Bellini, l’église Santa Caterina Vergine e Martire sert d’écrin à une explosive orgie baroque, à admirer avant de grimper sur les toits, d’où l’on a un panorama saisissant sur Palerme et le port. À ne pas manquer avant de repartir, au fil de son inspiration, dans le labyrinthe palermitain.

La Loggia et le quartier du Port : des pépites dans les ruelles

La Loggia et le quartier du Port : des pépites dans les ruelles
Place et église San Domenico © robertdering - stock.adobe.com

Des Quattro Canti, la via Vittorio Emanuele descend vers le quartier du port, resté populaire, où, là aussi, les immeubles délabrés côtoient des églises baroques et de majestueux palais.

Adossée au port, l’adorable piazza Marina, avec son jardin à l’ombre de gigantesques ficus, invite à faire une pause pour admirer les superbes palais qui la bordent, attablé à une terrasse. Tout près, l’élégant palazzo Abatellis, de style gothico-catalan, recèle une belle collection de peintures (italiennes et flamandes) et un ensemble remarquable d’art religieux sicilien.

De l’autre côté du port de La Cala, on rejoint le quartier de la Loggia où s’installèrent Génois, Pisans et Vénitiens au 13e s. Un incroyable lacis de ruelles, parfois peu engageantes, où se nichent quelques pépites, dont des églises et un oratoire où admirer des œuvres de Van Dyck, Serpotta et autres grands artistes baroques.

La balade s’achève sur l’élégante piazza San Domenico avec l’imposante façade baroque de l’église du même nom, donnant sur la via Roma, l’une des artères principales de Palerme. Juste à côté, on peut prendre un verre sur la terrasse panoramique du grand magasin La Rinascente.

Palerme chic, autour du Teatro Massimo

Palerme chic, autour du Teatro Massimo
Teatro Massimo © majonit - stock.adobe.com

Changement d’atmosphère au nord de la vieille ville. Les rues se font plus larges, les immeubles cossus, la circulation moins chaotique et les boutiques plus chics, si bien que le promeneur a parfois l’impression de se balader dans une autre ville. Pas mal d’hôtels et de B&B se trouvent dans cette partie de Palerme, dont le luxueux Grand Hôtel et des Palmes où Wagner acheva la composition de Parsifal.

Sur la piazza Verdi, le Teatro Massimo (2e opéra d’Italie par sa taille, tout de même !) donne le ton avec son architecture inspirée des temples grecs, son auditorium de style Liberty recouvert de velours rouge et son escalier monumental où se déroule la scène finale du Parrain 3 de Coppola.

De la piazza Verdi, où l’on peut prendre un verre, la via Ruggero Settimo, avec ses grands magasins, est un lieu de passeggiata apprécié des Palermitains. Elle conduit à l’une des places les plus fréquentées de la ville, la piazza Castelnuovo, où se dresse l’imposant teatro Politeama, prolongée par l’élégante via della Libertà, large avenue ombragée par des platanes et bordée par des boutiques de luxe. Un autre visage de Palerme.

Les marchés de Palerme : toutes les saveurs de la Sicile

Les marchés de Palerme : toutes les saveurs de la Sicile
Marché Ballarò © Alessio Russo - stock.adobe.com

Des balades indispensables pour se plonger dans l’effervescence palermitaine et découvrir les bons produits locaux. S’il fallait n’en choisir qu’un, ce serait le marché Ballarò qui s’étend de la place du même nom au corso Tuköry : à l’étroit dans des ruelles aux immeubles délabrés, c’est le plus fascinant de tous avec ses airs de souk.

Il faut le parcourir les sens en éveil, entre les étals débordant de victuailles, les vendeurs haranguant le chaland et les Siciliens dégustant la street food locale, dont le pane ca meusa, un petit pain fourré aux abats. Si le cœur vous en dit…

Mercato del Capo © Peter Adams/Danita Delimont - stock.adobe.com

Autres marchés pittoresques : le mercato della Vucciria, qui s’étend entre la piazza San Domenico et le port, et le mercato del Capo (via Carini), à deux pas du Teatro Massimo où l’on peut faire provision d’olives, de pistaches, de pâtes, d'herbes aromatiques, de poissons, de fruits, de légumes et de viandes…

Profitez de votre balade pour découvrir les saveurs locales en croquant dans une arancine (bouchée de risotto panée), un pane e panelle (boulettes de pois chiche dans un pain), un crocchè (croquette de pomme de terre), une sfincione (pizza épaisse) ou un succulent cannolo fourré à la ricotta. Spectacle et régal assurés !

Monreale : la plus grande icône byzantine du monde

Monreale : la plus grande icône byzantine du monde
Cathédrale de Monreale © cge2010 - stock.adobe.com

À 7 km au sud-ouest de Palerme, une excursion à faire absolument (bien qu’un peu fastidieuse en transports en commun) pour compléter le circuit arabo-normand palermitain. La cathédrale de Monreale (12e s), également inscrite au Patrimoine de l’Unesco, porte l’art de la mosaïque vers les sommets, littéralement, avec la plus grande icône byzantine du monde, représentant le Christ en majesté – 7 m d’écart entre les mains, visage de presque 4 m de haut –, scrutant la nef du haut de l’abside.

Plus de 6 000 m2 de mosaïques sur fond d’or, illustrant des scènes de l’Ancien Testament, recouvrent les parois intérieures de l’édifice, créant un ensemble d’une beauté étourdissante. Autres maelstroms artistiques : les marbres polychromes d’un baroque flamboyant de la chapelle Roano, le trésor de Monreale et son cloître, avec ses arcades supportées par des colonnettes recouvertes pour certaines de mosaïques, mêlant harmonieusement les influences romane et arabe.

Catacombes de Capucins : Palerme macabre

Catacombes de Capucins : Palerme macabre
Catacombes des capucins © toshket - stock.adobe.com

Et, pour finir, une visite hors nombre à déconseiller aux âmes sensibles et une curiosité rare plus qu’un coup de cœur… En dehors du centre de Palerme, dans un quartier un peu glauque, le couvent des Capucins renferme une crypte digne d’un film d’horreur. Dans les galeries souterraines, les catacombes, quelque 8 000 corps momifiés sont suspendus aux murs comme à des crocs de boucher.

La coutume remonte au 18e siècle, quand la bonne société palermitaine trouvait chic d’établir sa dernière demeure chez les Capucins. Bref, un drôle de cimetière… Les momies ne sont pas vraiment en bon état, mais toutes élégamment vêtues. Restent encore des lambeaux de chair, des touffes de cheveux, des poils de moustache. Un vrai festival de zombie !

Fiche pratique

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Bonnes adresses

- Ambasciatori Hotel : via Roma, 111. Un petit hôtel central et bien placé, non loin du centre historique sur l’une des artères principales de Palerme. Chambres de bon confort et petit déj servi sur un toit-terrasse panoramique. Doubles 75-110 €.

- Hotel Joli : via Michele Amari 11. Donnant sur un square près de la via Roma et du teatro Massimo, ce coquet hôtel niché dans un immeuble bourgeois de style Liberty distille un charme désuet dans ses chambres confortables, certaines avec balcon, d’autres avec vue sur le mont Pellegrino. Petit déj buffet appréciable et bon rapport qualité-prix.

- ’Nni Franco u’ Vastiddaru : corso V. Emanuele, 102 (angle piazza Marina). Tlj 9 h-23 h (10 h-1 h w-e et été). Sur la sympathique piazza Marina, l’endroit idéal pour manger sur le pouce avec un vaste choix de panini, arancini et autres délices street food. Goûtez au vastiddaru, un sandwich de porchetta, salami, emmental et champignons ! Jolie terrasse sous les arbres, très populaire.

- La Galleria : salita Giuseppe Artale 3. Tlj sf lun 12 h-15 h et 19 h-23 h. Vraiment une jolie surprise dans une ruelle derrière la cathédrale, un quartier où les bonnes adresses ne sont pas légion. Une trattoria œnothèque intimiste et cosy servant une cuisine locale savoureuse et généreuse, de la terre et de la mer, et des plats de pâtes bien troussés. Belles assiettes de fromages et de charcuteries, beau choix de vins, cadre agréable. Compter 15-20 € le repas.

- Casa del Brodo : corso V. Emanuele, 175 (angle via Paterno). Tlj, sauf mar en hiver et dim en été. Depuis plus de 120 ans, cette vénérable maison, à l’entrée Art nouveau, régale les Palermitains avec une carte des plus classiques : viandes, pâtes à la Norma, involtini, risotto... Grand buffet d’antipasti. Plats 10-25 €.

- Pasticceria Cappello : via Colonna Rotta, 68 (angle via Giuseppe Albina). Tlj 7 h-21 h, sauf mer. La meilleure pâtisserie de Palerme aux dires des gens d’ici. L’occasion de goûter à la cassata, aux cannoli, macarons, et tutti quanti !

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Texte : Jean-Philippe Damiani

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