Voyage en Bulgarie : pays d’histoire et de cultures
La Bulgarie est avant tout une destination culturelle. De l’Antiquité à la Renaissance nationale, qui a vu le pays libéré du joug ottoman à la fin du XIXe s, chaque époque a laissé des traces, souvent fascinantes. Et on pourrait même étendre le cadre temporel jusqu’à l’époque communiste…
La Bulgarie : un fascinant voyage dans le temps et les cultures, à découvrir ici...
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Préparez votre voyage avec nos partenairesLa Bulgarie antique
Remontons le temps. Si les Grecs de l’Antiquité ont bel et bien fondé des comptoirs sur les rives de la mer Noire (on parlait alors de Pont-Euxin), il n’en reste rien. Les plus anciennes richesses du pays sont toutes liées aux Thraces, ce peuple indo-européen qui, du Ve au IIIe s av. J.-C., s’imposa sur un vaste territoire s’étendant de la Turquie d’Europe au nord-est de la Bulgarie. Hellénisés en partie au fil des échanges avec leurs voisins du Sud, les royaumes thraces ont légué au monde de fastueux tombeaux sous tumulus mêlant inspirations grecques et caractère local (colonnades, caryatides, fresques…).
Les plus emblématiques, à Svechtari et Kazanlak, ont été classés au Patrimoine mondial, mais il y en a d’autres, pour la plupart au nord de Kazanlak, à ne pas manquer (Goliama Kosmatka, Chouchmanets, Ostroucha…). Rois et dignitaires étant inhumés avec leurs trésors et leurs chevaux, les archéologues ont mis au jour un mobilier funéraire d’une richesse incomparable : couronnes de feuilles de chêne en or, masques funéraires, vaisselle et kylix (coupes) tout aussi précieux, cratères (vases), casques en bronze, etc. On découvre ces trouvailles aux musées archéologiques de Sofia, de Plovdiv, Kardjali, Pleven, Kazanlak, Choumen (l’un des plus intéressants) et Nessebar.
Le musée archéologique de Varna ramène carrément à des temps plus anciens : il expose la splendide collection d’artefacts en or découverts dans un cimetière néolithique du Ve millénaire av. J.-C., qui atteste de l’existence de la plus ancienne civilisation européenne connue à ce jour.
Au sud du pays, 2 autres sites ramènent à l’Antiquité : le légendaire « tombeau d’Orphée » à Tatoul (pas très spectaculaire) et les vestiges de l’acropole de Perperikon, dont l’oracle aurait prédit à Alexandre le Grand qu’il allait conquérir le monde… Il semble qu’on y pratiquait le culte de Dionysos.
Intégrée à l’empire romain, la Bulgarie compta de grandes cités comme Serdica (Sofia), Trimontium (Plovdiv), Diocletianopolis (Hissaria), Odessos (Varna) et, dans une moindre mesure, Dezudava (Sandanski). Toutes, à des degrés divers, conservent des ruines de cette époque — aucune plus impressionnante que l’amphithéâtre de Plovdiv, bâti à flanc de colline. Dans la ville basse, le Centre culturel Trakart-Eirene, établi sur le site d’une villa romaine de la fin de l’Empire, conserve de forts belles mosaïques et une collection de verrerie. À Varna, les ruines des thermes sont les plus grandes d’Europe de l’Est.
Des églises paléochrétiennes à l'ère ottomane
Chose rare, la Bulgarie a réussi à préserver ou restaurer plusieurs églises paléochrétiennes des IVe-VIe s, notamment à Sofia (basilique Sveta Sofia, Rotonda Sveti Guéorgui), Plovdiv (Malka Basilica) et Sandanski (au parc archéologique). Certaines trahissent des influences byzantines.
S’il ne reste quasi rien de Pliska et Preslav, les 1ère et 2e capitales bulgares, il faut absolument voir le très grand bas-relief du Cavalier de Madara (Unesco), sculpté au VIIIe s sur une falaise (vers Choumen).
Sous le Second Empire (1185-1393), la Bulgarie rayonne depuis Veliko Tarnovo, amarrée au puissant bastion naturel du Tsarevets, encerclé par les méandres de la rivière Yantra. La visite de cette ville aux maisons empilées sur les flancs raides dominant le cours d’eau, reste incontournable. Partout, alors, les zones isolées et montagneuses voient s’édifier ou se développer des sanctuaires orthodoxes couverts de fresques.
Plusieurs ont été classés au Patrimoine mondial, comme le monastère de Rila, l’église de Boyana (aux portes de Sofia) et celles, rupestres, d’Ivanovo (près de Roussé). Parmi les autres incontournables, citons Rojen (près de Melnik), Batchkovo (au sud de Plovdiv), Troïan, Preobrajenski (Veliko Tarnovo), Aladja. C’est à cette période, aussi, que Nessebar, la « ville aux 40 églises », sur la côte de la mer Noire, connaît son âge d’or.
La période ottomane (1396-1877) a principalement laissé des mosquées. Si beaucoup ont été détruites après la libération de la Bulgarie en 1878, chaque grande ville compte encore la sienne. Au sud-ouest, dans les Rhodopes, où vit la minorité pomak, musulmane, et dans la région de Kardjali, les minarets rythment les paysages. Signalons aussi le han (caravansérail) de Hadji Nikoli à Veliko Tarnovo.
La Bulgarie du 18e s à nos jours
Dès le XVIIIe s, un vaste mouvement de Renaissance nationale, subventionné par des marchands bulgares enrichis grâce au commerce à travers l’Empire ottoman, a commencé de projeter le pays vers ses racines retrouvées. La vieille ville de Plovdiv, malgré son grand âge, doit l’essentiel de son apparence actuelle à cette époque. Mais beaucoup de bourgades ont alors connu un grand essor. On les retrouve aujourd’hui en villages-musées, comme les emblématiques Melnik, Koprivchtitsa et Tryavna (musée des Icônes), déclinant ruelles empierrées, vénérables églises, demeures à encorbellement cachant des salons à l’orientale — dont certaines sont devenues musées historiques, ethnographiques ou dédiés à des artistes (l’occasion d’y pénétrer).
Il y en a beaucoup d’autres, plus ou moins connus : Bansko, Kovatchevitsa et Chiroka Laka dans les Rhodopes, Lovetch, Bojentsi (notre chouchou), Arbanassi (avec l’exceptionnelle église de la Nativité et ses fresques), etc. On aime bien aussi le village-musée d’Etara, animé l’été par des artisans. Quelques monastères furent également construits à cette époque, comme celui de Sokolski (Balkan).
L’époque communiste n’invite pas à la nostalgie, et pourtant… La fascination liée à la dictature du peuple déchue reste intacte. Comment ne pas frémir devant l’ovni colossal du centre de conférences de Bouzloudja, planté sur une crête des Balkans, au-dessus du col de Chipka ? Ahurissant édifice à l’abandon, dont certains osent franchir l’enceinte à leurs risques et périls pour découvrir des fresques et des slogans ramenant à un temps révolu… Marx et Engels les y saluent encore.
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Texte : Claude Hervé-Bazin
Mise en ligne :